HRP:

J’avais encore ce rêve qui me revenait. Encore et toujours. Il restait depuis quelques jours. Une semaine presque à présent. Je perdais mes yeux au loin, sur le sol, si désintéressant. Allez savoir pourquoi il devint soudainement si captivant. Je revoyais chaque scène. Les mêmes que cette nuit. Dans le même ordre. Un frisson me parcouru. J’eus un mouvement de recul. Par reflex, je secouais la tête pour remettre mes idées en place. Mes yeux clignaient sans arrêt, à intervalle régulier. Portant une main à mon visage, je me mis à les frotter énergiquement, puis m’étirais. Combien de temps étais-je resté plongé à ce point dans mon rêve ? Suffisamment longtemps visiblement, l’infirmière avait fini de soigner cette jeune fille croisée par hasard dans le couloir. Mon sourire fixé sur mes lèvres, je m’avançais vers un des lits blancs libres et comme un adolescent digne de ce nom, je me laissais tomber dessus. L’infirmière émit un soupire. Elle, elle me connaissait depuis mon arrivé. Du genre à sécher les cours, je venais dormir quelques heures dans cette pièce calme, à l’abri des regards. Bien souvent, je râlais lorsqu’un patient venait interrompre mon tête à tête avec la jolie infirmière… Qui adorait me mettre à la porte à la moindre occasion. Je m’étonnais d’ailleurs qu’elle ne l’ait pas encore fait. Relevant la tête, je m’aperçu qu’elle avait quitté la pièce. Etrange. Ce n’était pas son genre de laisse les malades sans surveillance. Mais peu m’importait.

Je me tournais vers cette jolie demoiselle. De jolis yeux profonds, une chevelure longue et bien coiffée, des vêtements chouettes. Elle était fine. Elle était jolie. Mon regard posé sur elle, je l’observais. Je l’écoutais. Elle était maladroite aussi, si j’avais bien comprit. La maladresse, je connaissais que trop bien. Moi que ne pouvais pas sortir de mon lit rapidement sans me ramasser à terre ou encore, marcher dans le noir sans me prendre un mur, un meuble… J’étais également incapable de faire la vaisselle sans casser quelque chose. Sans me retenir, je lâchais un rire léger suite à ce flot de souvenir qui revenait. J’avais une bonne mémoire, c’était un avantage. Mais aussi et surtout un gros inconvénient. Surtout lorsque l’on veut à tout prix oublier un évènement passé qui nous hante jour et nuit. A la manière d’un enfant, je m’enroulais dans la couverture. Sans doute ressemblais-je à un sushi. Miam, des sushis. Je ne mis à saliver. Sans attendre, je portais une main à mon menton pour essuyer ce qui coulait dessus. Et zut ! Ça recommençait. Je la regardais toujours, la détaillant de haut en bas. J’aimais ses yeux. Si beaux, si doux, si profonds ! Je sautais hors du lit et vint m’installer sur le sien. Profiteur ? Juste un peu. J’aimais les belles choses, c’était différent. Je tapais d’un coup sur mon crâne puis la regarda, la langue pendue, avant de me remettre à rire à nouveau. Calmé, je m’installais un peu plus confortablement près de la jeune femme. D’ailleurs, quel âge pouvait-elle bien avoir ? Seize ? Dix-sept ? Peut-être un peu plus. Je m’approchais. Reculais. M’approchais. Et reculais encore. A la manière d’un chaton affamé, je lui sautais dessus et me mettais à la câliner. Elle était douce. Mais j’avais un peu peur de l’avoir choquée sur le coup. Relâchant mon étreinte je la regardais en baissant progressivement le regard, de peur qu’elle ne me déteste après mon saut sur elle. J’ouvrais grand les yeux lorsqu’elle me demandait mon nom. Peut-être que ne me détestait pas finalement.

« Je m’appelle Ikura. Et je suis un super poussin ! »

Elle s’appelait Céleste. Et c’était fou, mais elle était plutôt jolie cette princesse ! J’avais beau me perdre, mes yeux revenaient toujours sur elle. D’une manière ou d’une autre. Mais Peut-être était-ce seulement la profonde couleur de ses yeux qui m’attirait. Elle ressemblait un peu à une enfant, mais en même temps paraissait si adulte. Le bleu de ses yeux, il me rappelait cette fille. La seule que j’avais aimée. Un flot de souvenir m’envahit. Je baissais machinalement la tête, avant de la secoue à la manière d’un chien mouillé. Je fus rapidement prit d’un tournis et m’arrêtais. Fallait bien avouer que j’avais vite le tournis. Ma petite tête de poussin était fragile sous ses airs solides. Moi-même sous mon air de poussin solide, j’étais un petit animal sans défense. Caché derrière un lourd mur de pierre, fermant à jamais mon cœur aux gens qui m’entourent. J’avais dans la tête ce rêve un peu bête. Je ne savais même pas pourquoi je l’avais fait. Peut-être étais-je en manque d’affection au fond. Et peut-être même que ce manque d’affection m’avait poussé à prendre la jeune princesse dans mes bras une nouvelle fois. AH ? J’ouvrais les yeux lorsque je me rendis compte de mon action. Ma conscience avait prit le dessus, je l’avais prise contre moi encore une fois. Même pas fait exprès.

Lorsque je m'aperçu de ce que j’avais fait, je sursautais. Étonné par mon propre geste. Je l’avais mise dans un drôle d’état il fallait dire. Elle semblait un peu… Chamboulée. Pas trop, juste un peu. Je crois… Enfin, je ne suis pas certain de ce qu’elle ressentait en fait. Elle me regardait avec de petits yeux. Surprise. Étonnée. Choquée. Je me reculais, jusqu’au pied du lit, doucement. Bien sûr, c’était sans compter sur le fait que je tomberais au bout du meuble moelleux. Ma tête heurta le sol dans un petit bruit pourtant bien audible. Je restais là, par terre. Les jambes encore sur le lit, le reste du corps au sol. Je gardais les yeux fermés, comme pour me protéger du mal de tête s’emparant de moi à cet instant. J’étais maladroit, certes, il fallait l’avouer. Très maladroit. D’habitude, lorsque la gravité m’emportait, je souriais bêtement, racontais une bêtise ou encore, me mettait à rire avec les témoins assistants à ce piètre spectacle. J’étais un poussin qui ne savait pas voler, pas même plané. Au fond, juste un petit animal qu’on avait teint un jaune doux pour faire croire à un animal agile… C’était faux. Mais même si je ne savais voler, j’avais le cœur d’un petit poussin ayant perdu sa petite maman. Ma main gauche posée maladroitement en travers de mon visage, je me mis à bailler un peu. Puis, j’ouvris les yeux, avec douceur. Combien de temps s’était-il écoulé entre ma chute et mon ‘’réveil’’ ? Peut-être juste quelques minutes. Je laissais entre voir une partie de mes yeux. J’avais la lumière en pleine figure, et c’était peu agréable… L’infirmière était là. Elle se redressa en voyant mes yeux ouverts, puis retourna à son bureau. J’allais avoir une belle bosse sur le crâne… Je soupirais. Mon bras glissait sur ma tête et bientôt, touchait le sol. Je me redressais et frottait cette même bosse en soupirant un bon coup. Assis en tailleur, je fixais la jolie Céleste avant de sourire de nouveau. Je lui fis signe que tout allait bien en riant comme un enfant qui ouvre son jouet de noël. Mais prit d’un vertige, je me laissais tomber au sol avec tout de même plus de douceur que la première fois, sans ajouter un mot, essayant tant bien que mal de calmer ma tête.

[HRP : Désolé pour l’attente.]

Céleste & Ikura

Céleste sentit qu'Ikura l'avait reprise contre lui une fois de plus, elle souriait un peu sans trop savoir pourquoi. Puis sans tout comprendre elle le vit se reculer jusqu'à tomber du lit de l'infirmerie. Elle se précipita au bord.

- " Est-ce que ca va ?"

Il avait dû perdre connaîssance, Céleste appella l'infirmière qui le souleva et le réinstalla, allongé sur son lit, Céleste assise au bout, à ses pieds. Elle attendait patiemment qu'il se réveille, elle n'allais pas non plus le laisser en plan. Elle l'entendit qui se réveillait et clopina à côté de lui, se mettant à genoux par terre et en posant ses bras sur le lit. L'infirmière aussi était là, elle partit rapidement lorsqu'elle vit Ikura se réveiller. Il s'assit ensuite et elle aussi, se rassit sur le bord du lit. Il riait, mais quelques secondes après il vacillait de nouveau vers le sol. Céleste le regarda, cette fois il n'avais pas perdu connaissance. Elle aurait bien voulu l'aider à se relever, mais avec sa cheville ça allait être dur.

- " Eh bien... Je crois que c'est raté pour ma balade au parc. "

Au fond, elle se disait que ce n'était pas si grave que ça et qu'elle aurait pleins d'autres occasions de se rendre au parc, pour l'instant elle devait laisser reposer sa cheville et voulait rester un peu avec Ikura, il n'avait pas l'air d'aller très bien et elle se dit qu'un peu de compagnie ne ferait pas de mal, enfin, elle, elle aurait préféré. Tout simplement, pourquoi ne pas lui demander ? C'est ce qu'elle fit.

- " Tu préfère que je reste ou que je m'en aille, pour te laisser tranquille ?"

Au fond, elle espérait pouvoir rester, l'infirmière ne verrait aucun inconvénients, après tous nous sommes tous les deux "malades"... Mais fallait-il encore qu'il le veuille bien, Céleste détestais s'imposer et préférait mille fois demander l'avis des autres pour être sûre de ne pas déranger. Elle regardait Ikura, qui semblait encore avoir mal au crâne. C'est horrible le mal de tête. Ca fait mal et des fois on ne peut rien y faire. Céleste avait souvent mal à la tête, surtout en ce moment mais elle ne savait pas pourquoi, elle se couchait tôt, ne buvait pas ni ne fumait... Enfin bref, elle compatissait. Céleste replia ses genoux contre sa poitrine en attendant simplement.

Avec une douceur matinale que je connaissais bien, j'ouvris les yeux. Je les avais fermés à la suite d'une chute, peu agréable, du pied du lit de la jeune Céleste que j'avais amenée jusqu'ici pour une cheville tordue. J'avais tout en tête. Surtout le pourquoi j'étais tombé. Quelle idée j'avais eut de la prendre dans mes bras comme ça, d'un coup. C'était plus fort que moi. Je secouais la tête malgré le vertige qui s'était emparé de moi. Je chassais mes pensées, celles qui me rappelaient de mauvais souvenirs. A mes côtés, cette jeune fille si gentille. Visiblement, je lui avais gâché sa journée au parc, sa promenade, son après-midi au soleil. Je tirais la grimace. Je m'en voulais un peu. Si je n'avais pas fait l'idiot, j'aurais même pu l'accompagner faire sa balade, histoire de vérifier que tout allait bien. Mais visiblement, c'était raté... Maudite maladresse.

Quelle question qu'elle posait là... Bien évidemment qu'elle ne me dérangeait pas ! Pourquoi elle me dérangerait ? Ça serait plutôt l'inverse, normalement. Ce serait plutôt moi, qui devrais la déranger. Avec ma maladresse de gamin. Même un poussin n'est pas aussi maladroit normalement !

« Céleste, tu ne me déranges pas. Mais alors pas du tout ! Imagine si t'avais pas été là, j'aurais pu me cogner plus fort et mourir ! Super Poussin n'a pas le droit de mourir ~ Tu as sauvé Super Poussin, Super Poussin te remercie. »

A ces mots, je m'approchais d'elle et lui déposait un baiser sur la joue. Ben oui, il fallait bien que je la remercie, cette jeune demoiselle. Elle était parti d'asseoir loin, sur l'autre lit. Je m'assied, et lui fit signe de venir s'asseoir près de moi. Elle se sentait de trop ici, et moi, je lui avais gâché sa journée. Lorsqu'elle fut à porte de mes bras, je me laissais tomber sur sa poitrine, enfouissant mon nez entre ses seins. Ben quoi ? Il fallait bien changer cette atmosphère légèrement pesante et peu amusante, quitte à se recevoir une baffe. Ils étaient confortables, ça, c'est certain...