Volodia a toujours eu du mal à juguler ses origines très modeste, son caractère intrépide et d'aventure, avec cette part de lui-même qui a trop longtemps et souvent souffert. Très rapidement, il a compris qu'il était une véritable pile, qu'il pouvait exploser n'importe quand et se déverser sans le vouloir. Toute cette haine, cette rage qui reste en lui-même, qui peut s'apercevoir si la possibilité de transpercer ses fausses bonnes manières, son sourire moqueur est possible, peut-être pathétique pour certains, dangereuse pour d'autres. Volodia s'est toujours demandé pourquoi est-ce qu'il devrait sans arrêt jouer ce jeu, qui lui est demandé, devant ses collègues, devant ses élèves, devant sa hiérarchie... Il a toujours cette façon bien à lui de régler les situations qui l'agace profondément, le plus souvent avec un bon coup de poing, même si il reconnait lui-même que un coup de poing ne règle pas une situation, mais laisse un temps de répit pour penser à autre chose.

Il a vu et vécu la violence, dans une société qui semble en décomposition et qu'il a toujours connu chez lui, comme lors de ses voyages à l'étranger. Il a fallut un énorme travail sur lui pour accepter ses codes de conduite, ce respect hypocrite qui semble juguler toute relation sociale normale, que ce soit dans la vie de tous les jours, comme dans ses nombreuses relations amoureuses. Trop franc, trop direct, trop beaucoup de choses à la fois. Il fait ce qu'il peut pour s'auto-convaincre qu'il ne peut pas suivre cette façon de vivre, surtout à son âge. Mais rien ne semble y faire, il semble entendre toujours cet appel lointain qui le pousse à suivre sa propre route, son propre chemin, sa vie, ses convictions. Toutes les emmerdes passés ne semblent pas l'avoir atteint -Physiquement du moins- et il continue sa propre auto-destruction quelque part, mais n'oblige personne à le supporter là dedans, ni même à l'aider. Voulant profondément aider les autres, il semble avoir cette fierté bien trop mal placé de beaucoup, de sembler pouvoir tout réaliser tout seul, n'importe quand et n'importe où. Une tête de mule en quelque sorte.

Son plus grand problème est justement son attitude et son engouement dans son métier : Certains parlent de relâchement, d'autre de démission de poste de professeur... Son attitude franche, amicale, rempli de profonde camaraderie avec l'ensemble de ses élèves (Par exemple le tutoiement etc, etc), lui ont souvent valut des critiques amères de ses directions, mais lui arrivait à se cacher plus ou moins derrière ses résultats globaux, sur l'ambiance et la possibilité de souder les élèves entre eux. Il sait pourtant que son métier, est plus castrateur que libérateur, mais c'est tellement ce qu'il voulait faire pour sortir de sa pauvre situation initiale, qu'il l'accepte comme un fardeau nécessaire.

Volodia a toujours été le plus grand, aussi loin qu'il puisse s'en souvenir. Sans doute pas à cause de ses origines, ou de son environnement social. Enfin un grand mystère pour bien commencer. Il culmine juste en dessous des 2 mètres donc, ce qui n'est évidemment pas pratique quand tout le monde fait 15 cm de moins que soi. Ses cheveux noirs s'étirent jusqu'en dessous de ses épaules, certaines mèches retombant devant ses yeux et sur son front. Ses yeux justement, sont d'un brun-vert assez marqué, surmonté par des sourcils fins qui s'allongent jusqu'à retomber légèrement d'un bout de son oeil à l'autre, tout comme ses cils. Son nez également, est très fin, traçant une perpendiculaire sur son visage, semblant le séparer presque de manière parallèle, d'un côté comme de l'autre. A croire que cette montagne, qui s'entraîne assez souvent physiquement, à un visage presque enfantin et pourvu de toutes marques ou cicatrices, qui parcourent son corps. Ses lèvres minces laissent parfois entrevoir des dents blanche quand un sourire arrive à se faire voir. Sur con oreille gauche, une boucle d'oreille qui lui avait été offert quand il était adolescent et qu'il a décidé de ne plus jamais quitter, sans doute par nostalgie ou quelque chose comme ça.

Ses mains elles, sont la pire chose qu'il puisse avoir et il le répète souvent. Elles sont rugueuses, sa peau lui donne l'impression de brûler à chaque fois qu'il touche ou caresse quelque chose ou quelqu'un. Sans doute le fait qu'il eu à travailler pendant des années dans des petits boulots manuels qui ont justement marqué largement ses mains. Ses doigts sont longs, il n'a jamais d'ongle, car il a comme mauvaise manie de toujours les ronger. Sur ses deux bras, deux gigantesques tatouages tribaux partent du haut de ses épaules et finissent à l'intérieur de sa paume. Le reste de son corps, que ce son dos, son ventre ou même ses jambes, sont barricadés et remplis de séquelles, cicatrices, coups ou blessures qu'il a pu accumuler en moins d'une quinzaine d'année. Il cache souvent tout ceci par des vêtements amples, le plus souvent des chemises noirs ou rouges, et un jean foncé qui est surplombé la plupart du temps par de grosses Doc Martens lui arrivant à la base du mollet, au lacets de couleurs différents, suivant les jours, l'humeur, la saison... C'est son petit côté anarchiste. Mais pour faire cours, il lui arrive le plus souvent de porter des choses plus sobres, moins voyantes, pour ne pas à devoir se justifier sur tel ou tel comportement ou attitudes prises lors de ses cours. Peut-être qu'au détour d'une rue, vous arriverez à trouver ce drôle de personnage, qui semble accumuler tellement de contradictions au premier coup d'oeil.

Volodia est né le 25 Novembre 1984, dans une petite ville aux confins de la Sibérie Orientale, Anadyr. Son père, d'origine Russe et ancien soldat dans l'Armée Rouge, avait été envoyé conquérir les îles Kouriles à la toute fin de la Seconde Guerre Mondiale, avec des millions d'autres. Après l'annexion, il vécu quelques temps sur place et ce qui devait arriva : Il s'enticha d'une femme locale, d'origine japonaise, qui deviendra la mère de Volodia. Il est le dernier enfant d'une famille composés de 9 frères et soeurs, la plupart morts de malnutritions, de mauvaises conditions de santé, faute de soins etc etc. Son père travaillait à l'usine, tandis que sa mère était blanchisseuse, essayant de gagner de maigres salaires, pour essayer de subvenir aux besoins de leurs propres enfants. Volodia avait hérité de ce caractère de bagarreur, ce caractère farouche qui semblait animé le coeur et l'âme du peule Russe. Ces premières années furent un calvaire, sur tous les plans. Il était très mauvais à l'école, ne supportait aucunement de devoir partir chez les jeunesses pionnières... Dès son plus jeune âge, il faisait déjà tout pour se faire remarquer, tout en refusant grandement toute présence d'autoritarisme, qui allait contre sa propre volonté. Inadapté au système scolaire de ce pays, il appris les rudiments du vol, de la violence ou encore de la charité avec ses deux frères, qui faisaient ce qu'ils pouvaient pour essayer de survivre et d'aider leurs parents. Il supportait assez mal d'ailleurs ses origines, ce qui lui valaient des sobriquets le plus souvent désobligeant, de la part des autres enfants. C'était sans doute la mentalité dans cette région du pays, mais il l'acceptait très mal, rien ne pouvait changer cela. Alors qu'il avait 10 ans, sa mère tomba malade et décéda d'une complication pulmonaire, laissant son père dans le désarroi, le chagrin et l'alcool. Toujours très indiscipliné dans le milieu scolaire, il s'en sortait malgré tout de justesse, de justesse pour ne pas se faire renvoyer, précisons le.

Quand ses frères grandirent et finirent par s'en aller l'un après l'autre, soit pour tenter leur chance en Occident, au Japon et en Russie, soit par maladie ou pour des problèmes avec la justice, il se retrouva seul avec son père. Un père qui était devenu aigri, tout le temps saoul, incapable de travailler correctement et dans un état de sobriété pitoyable, qui rebutait Volodia, attristé par la misère de son père, mais en colère contre son attitude qui consistait à toujours plus s'enfoncer, sans réagir. C'est à partir de ce moment là qu'il commença à enchaîner les petits boulots, des plus morbides (Réclamer de l'argent, nettoyer des enclos...) jusqu'aux plus harassants. (Il avait passé plusieurs années à travailler sur des chantiers navals, ou encore dans le bâtiment). Ce n'est qu'à ses 20 ans qu'il se résolu à utiliser le maigre argent mis de côté par sa famille pour essayer de reprendre des études. Alors sans doute que son père, dans quelques moments de lucidités, auraient voulu que son fils devienne autre chose qu'un voyou, qu'un pilleur de poubelles, un avocat, un médecin, ce que chaque parents voudraient pour leurs enfants.

Et bien non, il se décida pour l'enseignement et plus particulièrement pour la philosophie. A partir de cet instant, à chaque fois qu'il le pouvait, il lisait un ou plusieurs livres en même temps, dans ses pauvres, avant de dormir, quand il avait du temps libre, il allait à la bibliothèque. Il put décrocher son diplôme après six années de labeur, de coups tordus divers, de profonds changements dans sa vie, sa vision du monde, ses idées. Il avait été un petit loubard, qui fouillait les poubelles, qui attendait que les gens "bien portant" finissant leurs assiettes dans les restaurant pour manger leurs restes. Il avait été tout ça, il en avait bavé, il en avait bouffé de la merde, des coups... Mais ça semblait enfin fini. Mais est-ce qu'on tire un trait sur sa vie comme on raye une phase ? Loin de là... Tout fini bien évidemment par le rattraper, l'entraînant de nouveau vers le fond, dans des règlements de comptes sordides, suicidaires qui auraient bien pu lui coûter la vie. On peut estimer son âge au nombre de cicatrices sur son corps, comme un code barre quoi.

Voilà un an de cela, alors qu'il enseignait dans un lycée pas très loin de sa ville natale, son père décéda. Ce ft un grave choc morale pour Volodia, qui bien qu'il n'aimait pas forcément son père pour ce qu'il était devenu -il en était arrivé aux mains avec lui-, cette figure paternel venait de s'envoler, le laissant plus seul que jamais. Il n'avait plus aucune nouvelle de ses rares frères, qui étaient soit mort, ou Dieu seul savait où. Il se mit à boire, puis à fumer, puis à ne faire plus que ça. Il ne venait plus faire cours, tout semblait lui avoir glissé d'entres les mains, s'en était fini, il ne voyait pas bien l'intérêt de tout ça. Un matin, il se présenta malgré tout à un de ces cours, à peine désaoulé, même pas rasé... S'en était trop pour la direction qui avait du supporter les frasques et les ultimatums a répétitions de ce professeur de philosophie, qui semblait irréprochable. Là il ne l'avait plus et c'est dans ce cas de figure, qu'il fut muté ailleurs et si possible, loin de la région. Et même plus loin que la région, car il allait retourner dans un pays qu'il connaissait très peu, le Japon. Depuis la mort de sa mère, il y a déjà si longtemps, il n'avait plus aucune nouvelle de ce côté de la famille, en comptant le fait que son père ne s'entendait pas vraiment avec eux... En fin d'après midi de la même journée, un coup de téléphone chez lui lui indiquait qu'il n'allait plus exercer dans son lycée, mais qu'on allait l'envoyer dans un autre lycée, qui correspondrait "mieux" à ce qu'il recherche. En fait, il avait tout compris de travers, vu qu'il n'était pas en état de comprendre quoi que ce soit. Mais le voilà ici, prêt à tourner malgré tout le page qui vient de se tourner. Il ne sait pas trop à quoi s'attendre, il est même anxieux depuis très longtemps.