Le temps ce jeudi n'était pas des plus magnifique, le soleil montrait simplement le bout de son nez. Je n'avais pas cours. Ou je séchais, qui sait ? Depuis quelques jours, des nuages obscurcissaient le ciel, et tout le paysage était un peu morne. C'était un coup à être déprimé, ce qui n'était mon cas pourtant. J'avais quelques connaissances, mais que très peu, avec qui je m'entendais bien. Cela faisait peu de temps que j'étais au pensionnat, et ma vie était tranquille, calme, amusante. Le pensionnat était joli, les cours sympathiques, je pouvais sortir en boite nuit, et étudier convenablement. En ce qui concernait l'art, c'était un peu plus compliqué. Je pensais ne pas assez travailler. Je m'y remettais peu à peu, mais je passais seulement de heures d'une activité par jour. J'avais dansé, dessiné, mais pas peint, ni joué de la musique. Et à vrai dire, cela me manquait assez. J'avais envie de jouer du piano, mais je n'en avais pas, ici. Où aurais-je pus en jouer ? Aucune idée. Je me creuserais la tête plus tard. J'irais demander au professeur de musique sa salle. Mais pour l'instant, j'avais surtout envie de sortir, de voir des gens, d'en rencontrer même, ou simplement de voir la... civilisation.

Je me dirigeais donc vers le parc, avec un sourire de béatitude sur les lèvres. J'espérais entendre les cris, les rires joyeux des enfants, des adolescents de mon âge qui jouaient. C'était tellement agréable, amusant de les observer, assise dans mon coin. Il m'arrivait aussi d'aller au parc avec mes amis, et là, c'était moi qui criais, qui jouais, qui courrais, mais je ne connaissais pas assez de monde pour ça. Et puis, j'avais besoin de « travailler », si on peut dire que jouer de la guitare était travailler. C'était plus relaxant, et une passion qu'un travail. C'était le début de l'après midi, il devait être 14h. Je sortis donc, ma guitare dans sa housse sur mon dos. Qu'est ce qu'il faisait chaud malgré les nuages. J'étais donc en mini-short en jeans, avec un tee-shirt blanc, manches en dentelle, dos tout en dentelles. J'aimais la dentelle. Bref. Je passais devant un magasin de bonbons, que de bonbons. Je vous jure que j'ai essayé de résister... Mais c'était trop tentant ! Qui ne craquerais pas devant ses poches de bonbons de toutes les couleurs. J'entrais, achetais des fraises tagadas, des chamallow, des dragibus, des petits nounours, un peu de tout. Et ensuite, je pus enfin aller au parc avec mes 4 paquets de bonbons.

Je regardais le parc, il était bondé, et c'était donc difficile de trouver une place à l'ombre. Il n'y en avait pas. Je soupirais. Il faisait trop chaud si je ne pouvais pas me mettre sous un arbre. Et pourtant, le soleil était voilé. Je marchais sur le petit chemin, jusqu'à trouver un arbre, un unique arbre à l'ombre. Un peu au calme. Contente d'avoir eu la chance d'avoir trouvé un petit coin sympathique pour m'installer et jouer sans que les gens me fixent bizarrement, j'y allais d'un pas rapide, et je m'installais. Je regardais les autres arbres. Il y avait parfois 4 personnes autour d'un seul arbres, ou 3 personnes sur un seul petit espace à l'ombre. Je me disais que j'étais un peu chanceuse d'avoir trouvé une place seule. Et qui sait, peut-être que quelqu'un viendrait s'installer à coté de moi, par manque de place. Je m'en fichais, tant mieux, j'aimais bien discuter, ou alors tout simplement être en compagnie de quelqu'un.

Je sortis ma guitare de sa housse, sortis les trois différents cahiers. Un avec des compositions que j'avais écrit, et deux autres remplis de partitions normales, et de paroles. J'avais des crayons à papiers, au cas ou l'inspiration me viendrais. J'aurais bien aimé écrire quelque chose aujourd'hui, mais je ne sentais pas mon esprit près à l'écriture. Je me contentais donc de simplement ouvrir mon cahier à n'importe quelle page, je tombais sur une chanson de « City and Colour », The girl. Ce n'était pas ma préférée, mais je l'aimais bien. Elle était facile, jolie, et très simple à chanter. Surtout que je ne chantais pas subliment bien. Je chantais doucement, de peur qu'on m'entende, car ma voix était banale. Je chantais juste, on me disait que je chantais « assez bien », sauf sur certaines chansons où ma voix est belle, mais ce n'était pas mon point fort, loin de la. En chantonnant sur cette chanson, je regardais autour de moi. Mais les gens n'étaient-ils pas en cours ? Que faisaient-ils là ? Moi, je ne séchais pas, évidemment. J'avais simplement des heures de permanences toute la journée, et je n'avais pas cours de l'après midi, les professeurs devaient être absents où en réunion. Mais les autres ? Plus ça allait, plus le parc ce peuplait, et il n'y avait plus de place libre. Je me demandais si je repoussais tant que cela les gens, pour qu'ils se mettent tous si loin de moi, qu'ils soient tous collés sur un pauvre petit espace plutôt que de se poser un peu plus loin de moi. Je chantais si mal que ça ? Je jouais si mal que ça ? M'avait-on menti en me disant que je jouais très bien de la guitare ou quoi ? Je n'en savais rien, mais bon, je m'en fichais un peu, et j'essayais de profiter au maximum du calme, en finissant mon morceau.

J'étais idiote ou quoi ? Je n'avais même pas remarqué le garçon dans l'arbre. C'était peur être à cause de ça que personne n'était autour de l'arbre. J'avais bien fait de chanter doucement. Autant jouer devant quelqu'un ne me dérangeait pas du tout. Je jouais fort, sans avoir peur, car je savais pertinemment que je ne me trompais presque jamais dans mes notes. Et puis, se tromper dans une note est moins grave que de mal chanter non ? Moins ridicule. Et même si j'avais mes instants de folie, j'avais peur du ridicule.

Une surprise agréable m'attendait. Le garçon, que je ne pouvais pas voir pour l'instant, jouait de la musique, je l'entendais. Mais sa musique venait de se transformer en une musique mélancolique. Il faisait chaud, le temps n'était pas magnifique mais agréable, il y avait de la joie autour de nous, pourquoi une chanson mélancolique ? Surtout que la musique, comme tout art, avait le pouvoir de transformer mes émotions. Une chanson triste, une Lilas triste. C'était comme cela que ça fonctionnait. Autant j'étais souvent de bonne humeur, mais il suffisait un d'un air un peu triste pour me rendre mélancolique. C'était une des seules choses qui pouvaient casser mon éternelle joie de vivre. Car j'aimais la vie, j'étais toujours heureuse.

Je m'arrêtais donc de chanter, pour ne plus qu'on entende ma voix, et je tournais la tête afin de voir la personne qui jouait cet air déprimant. Un garçon. D'une nature n'étant pas timide, je me décalais pour me trouver près de lui, un grand sourire aux lèvres. Malgré l'air triste qu'il jouait, je gardais le sourire. Parce que j'étais contente de trouver un musicien. C'était le deuxième que je trouvais. J'étais toujours contente, après. Parce que, partager sa passion, c'était quelque chose de super agréable, même si certaines personnes n'aimaient pas trop.

Avant de parler au garçon, j'écoutais quelques secondes ce qu'il jouait, puis je jouais quelques accords qui s'harmonisaient bien avec ce qu'il jouait. Et puis je m'arrêtais en lui tendant la main. Encore une fois, je tendais la main à quelqu'un. Je ne retenais pas la leçon : au Japon, on ne se serre pas la main bon sang ! Tant pis, au pire, je savais bien que s'il ne la serrait pas, c'était parce qu'il ne faisait pas cela ici. Même si ce garçon ne ressemblait pas vraiment à un Japonnais. Et de ma voix enjouée habituelle, je lui dis :

«Salut ! Ca fait plaisir de rencontrer un musicien. Moi c'est Lilas, et toi ? Et pourquoi une musique si triste ? »

Bonjour la façon dont j'abordais les gens. Peut-être un peu trop... Joyeuse ? Ou pas assez timide. Et le pire c'est que je m'en rendais compte et que ça me mettais vraiment mal à l'aise, comme maintenant. J'étais mal, parce que je me rendais compte que tutoyer les gens, et leur « taper la discute » ca ne se faisait pas trop. C'était peut-être grâce à cela que j'arrivais assez facilement à me faire des amis. Même si ma façon d'aborder les gens était bizarre, au moins, j'osais les aborder. J'espérais au moins de pas effrayer ce garçon. C'était pas tout les jours que je rencontrais un musicien, et peut-être qu'il accepterait de jouer avec moi. En fait, depuis que je jouais de la guitare, je n'avais pas vraiment eu l'occasion de jouer de la musique avec quelqu'un. Je me retrouvais rarement avec des musiciens. J'avais beau avoir étudié dans une école d'art, la plupart des gens étaient solitaires. L'art, pourtant, c'était quelque chose à partager non ?

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