Emprisonné dans un monde inutile, où seul le mutisme lui tient compagnie, le jeune homme coupé du reste du monde entend la vie dans un bruit assourdissant, mécanique et sans aucune vie humaine. C’est ce qu’il ressent depuis très longtemps. Ne supportant plus la chose qu’il était devenu il a beaucoup de mal à prendre place dans la ronde de ce monde mort et stérile, qu’est la vie et ce n’est pas une quelconque crise d’adolescent qui va résoudre le problème. Bien trop souvent l’enfant qui sommeille en lui souffre des moqueries qu’il a connues ou qu’il connaît encore. Il a beau faire tout ce qu’il peut pour ressembler au commun des mortels, il n’en reste pas moins un ovni parmi les autres dès qu’il ouvre la bouche. L’enfant espiègle et ouvert au monde à vite sombrer dans les dés . Chercher à entrer en contact avec quelqu’un c’est tellement devenu difficile pour lui, une barrière de la langue, une barrière du son, ça n’aide pas tellement. Le jeune homme à beau savoir lire le japonais, il n’en reste pas moins qu’il n’a jamais eu la chance d’entendre la douce mélopée des mots, même si dans son esprit il essayait tant bien que mal d’associer ces mots à une sonorité. Enfin même si pour lui, il a eu la chance d’entendre quelque chose avant de devenir sourd à tout jamais. La seule chose qui lui reste maintenant c’est les souvenirs et les pulsations de la vie qui était la sienne avant.

Maintenant il ne lui reste plus que les yeux pour pleurer sa surdité, lui laissant seulement le manteau de la mélancolie pour le réchauffer dans les longues nuits du silence. Pour autant son handicape, le jeune adulte est tout de même quelqu’un d'aimable, même s’il ne s’agit d’uniquement de geste, puisqu’il se force à garder le silence, laissant plus parfois l’impression qu’il est muet au lieu d’être sourd. Il arrive à pardonner les fautes des autres, mais pourtant lorsque les erreurs n’en sont plus il est rancunier comme il n’est pas permis, le laissant parfois faire des choses peu agréables pour les autres, même s’il n’en est pas fière il se sent obligé de le faire, comme s’il s’agissait de sa seule défense dans sa carapace. Dans ces phases lunatiques, il lui arrive de rêver à d'autres mondes, où tout est possible, le laissant écrire d’une belle écriture des petites pattes de mouche sur un papier blanc pour en donner des textes, pas grand-chose parfois, des maximes, des petits poèmes, voire même juste des gribouillis, des suites de mots qui ne veulent rien dire, mais qui doivent sortir, pour ne pas craquer, dans toute cette pression. Malgré tout le jeune homme arrivé mieux à s’épanouir dans un petit monde restreint ou bien même à travers un écran d’ordinateur, même s’il fait tout pour ressembler à un adolescent comme les autres, à la seule exception qu’il fait tout ce qu’il peut pour ne pas parler, ce cachant soit derrière des écouteurs factice ou bien un livre. Tout excuse est bonne pour lui, afin de pas parler et de rêver aux bruits.

L’apparence, c’est l’un des seuls moyens pour cacher un handicap et c’est la seule chose qu’à trouver Kim pour gagner en assurance, même si elle ne que fictive. L’asiatique aux yeux bruns, aussi sombre qu’une nuit sans lune, a beau cacher son regard quelque peu dépiter par une mèche de sa chevelure noire qui lui recouvre presque la moitié de son champ de vision, il n’en reste pas moins que ses yeux sont fort bridés, mais pour autant ce n’est pas tellement choquant sur visage allongé et quelque peu rondouillard, laissant seulement ces pommettes ressortir sur son masque que représente son faciès. Malgré le fait qu’il soit un homme, il sait que l’apparence est primordiale, de ce fait, il n’a pas honte d’utiliser des produits de beauté que l’on pourrait croire uniquement réserver aux femmes, enfin bon ceci il essaye de le garder un maximum pour lui, car il subit assez de raillerie de la part des autres. Pourtant cette petite caractéristique, il n’en reste pas moins un Coréen comme un autre, ni grand ni petit, il n'arbore un mètre soixante huit pour un poids plume, légèrement musclé, pour lui donner une forme, mais sans pour être autant écœurant. Choisissant toujours avec soin ses toilettes, il essaye toujours de se donner une nouvelle image, même s’il reste toujours un garçon classique et propre sur lui.

A vrai dire le bonheur se paye, mais ne jamais entendre la voix de ceux que l’on aime c’est parfois fort cher. C’est dur de s’imaginer que lorsque l’ont été petit on avait pu entendre le monde qui sa vie à ses côtés, pleurant pour avoir le silence, un bien trop long silence. Alors que son père et sa mère étaient perchés au-dessus du berceau, en train de sourire jusqu’aux oreilles pendant ce qui était la petite sœur du jeune Coréen en train de piquer une crise de jalousie pour avoir un tant soit peu d’attention. Cette époque était bien bruyante pour ce jeune nourrisson, qui entendait encore. C’était ce que l’on pouvait appeler le bon vieux temps pour lui, apprendre la vie, à marcher et à parler, enfin parler… Au début c’était du baragouinage, comme n’importe quel enfant pourtant au lieu de s’améliorer au fil du temps, le petit Kim stagné. Ses mots étaient peu compréhensibles et causaient une grande inquiétude à ce pauvre parent, qui avait cru être toucher par une bonne étoile et ayant ainsi la chance d’avoir un second enfant. Un enfant sourd, malheureusement pour eux. Pourtant, malgré ce problème il l’aimait de tout son cœur et prenait soin de lui, même si sa sœur était un peu jalouse par ce comportement, qu’elle ne comprenait pour son jeune âge.

Elever un enfant sourd, ce n’est pas de tout repos, lui apprendre une langue non plus. Rien n’est simple, tout ce qui paraît être simple pour n’importe qui, ceci revient à soulever une montagne. Aller à l’école comme tous les enfants c’est dur, le petit garçon qu’était Kim, avait dû suivre des cours spéciaux aidé par des spécialistes, même s’il essayait par tous les moyens de se cacher, pleurant de honte, alors que ça sœur commençait à devenir une petite virtuose du piano. Un véritable comble pour la famille. De simple employé de bureau, ayant deux enfants, l’un qui fait taire le bruit, pendant que l’autre fait chanter le son. Ainsi plus l’enfant grandissait, plus il devenait jaloux envers sa sœur, il aurait tout donné pour pouvoir enfin entendre quelque chose, là et maintenant et non avoir des brides de souvenirs de bruits lorsqu’il était nourrisson, mais comment faire un miracle, lorsque l’on est un simple humain. Pourtant ne disait-on pas que Beethoven était l’un des plus grands compositeurs de ce monde, mais qu’il était sourd, alors pourquoi l’enfant sourd n’aurait-il pas la même chance. Enfin c’est une chose plus facile à dire qu’a fait.

Pendant très longtemps l’enfant avait dans l’optique d’apprendre à écouter la musique à travers son corps, ressentant la moindre vibration, sa grande sœur l’avait même aidé, mais fortement en vain, car après tout il avait beau savoir jouer un ou deux morceaux au piano c’était après des efforts considérables, mais sans aucun sentiment, en tout cas pour lui. Il n’arrivait pas à ce dire ce que cela produisait en lui, enfin si c’était seulement de la frustration et c’était quelque chose qui n’aimait pas, lui causant parfois des accès de rage ou de colère, laissant tout en plan. Ainsi il a souvent entrepris plusieurs choses comme ça, pour enfin laisser tomber en plan, le sport, la peinture et il en passe. Ça a toujours été comme ça pour le coréen, pourtant lorsque ses parents avaient été muté au Japon il avait bien dû faire des efforts et apprendre encore une fois tout ce qu’il avait appris en coréen, mais cette fois en japonais. Certes, c’était plus simple que la première fois, mais ce n’est pas pour autant qu’il aimait ça. Le seul moyen qu’il avait trouvé pour passer ses nerfs et pour être tranquille c’était d’écrire. Des bricoles, des idioties, mais le papier était l’un des rares moyens de communication qu’il avait, car il avait beau appris à lire sur les lèvres cela l’obliger tout de même à parler, ce qu’il n’aimait pas vraiment.

Dès lors l’adolescent sourd s’en voulait, sans le vouloir il avait causé la mort d’un être cher pour des broutilles, laissant ainsi son mal-être augmenter de plus en plus. Il laissa tomber les conneries qu’ils avaient commencé à faire pour revenir à un mode de vie beaucoup plus tranquille, s’occupant de sa mère dévaster par le chagrin et son père vide, se remplissant uniquement de bouteille d’alcool à longueur de journée. Mais un jour, sur un coup de folie il décida de quitter le poids qui sévisse sur ses épaules, se décidant une dernière fois d’être égoïste, il demanda à ses parents d’étudier dans un pensionnat loin de toute cette histoire de malheur qui lui donner des terreurs nocturnes, ses parents acceptant à contre cœur, le laissera partir dans un pensionnat loin de Tokyo, qui se trouvait à Matsuyama, le pensionnat Rayen.