Aujourd'hui c'est vendredi, les vielles habitudes ne sont jamais jamais perdues, par conséquent ce soir je sors en boîte. Je me souviens plus pourquoi j'ai décidé d'être surveillant... en tout cas, même si c'est assez amusant de tyranniser les élèves, les journées sont longues parfois. Heureusement, j'ai rencontré un gars plutôt sympa il y a pas très longtemps et on passe pas mal de nos pauses ensemble, un prof d'anglais je crois. Ça fait plaisir de parler à quelqu'un qui a le sourire comme moi, même si parfois on peut avoir un peu le blues, je comprends, mais bon je vois certaine personne dans le pensionnat qui tire la tronche toute la journée, le pire c'est le matin, lorsqu'on se croise, même un bonjour semble difficile pour eux... bon je l'avoue, moi je rigole et sourit tout le temps, mais il faut savoir s'amuser dans la vie, sinon on s'ennuie et puis je me suis toujours amusé, je ne vais pas arrêter aujourd'hui. Ce prof d'anglais est un peu différent de ceux que je croise, il est souriant et sympathique, on discute de tout et de rien, tiens l'autre fois je lui racontais que j'avais attrapé deux élèves qui voulait boucher les éviers à l'étage, il ne m'a pas cru lorsque je lui ai dit que je leur ai fait nettoyer les toilettes, bah quoi ? C'est une punition comme une autre, au moins ils ont compris et puis la plupart des élèves commencent à me connaitre, je suis sympa, mais je fais respecter les règles. Comme je le disais, aujourd'hui c'est vendredi et ce midi lorsqu'on mangeait on a décidé de sortir ce soir, bon c'est moi qui l'ai poussé à sortir un peu, une soirée le motivait, mais pas forcément une soirée d'ivresse.

Je rentrais donc chez moi, après une journée de travail ennuyeuse... aucune animation aujourd'hui et aucun élèves à punir, ils ont même été sages pendant les heures d'études, tous plongé dans leurs bouquins. Arrivée à la maison j'en profitais pour prendre une douche, il faisait chaud dehors et autant être au top ce soir, on ne sait pas ce qui va arriver après tout. Je passais devant mon bureau pendant que je me séchais, souriant devant les dessins que j'avais étalé, mon projet avance bien et j'espère bientôt le concrétiser, mais je m'attache de plus en plus à ce lieu, alors je fais traîner les choses, de toute façon rien ne presse, je préfère que ce soit bien fait, pour une fois que je m'investis dans quelque chose. Je m'habillais simplement ce soir, un jeans clair un peu large avec des basket et en guise de haut un t-shirt rouge, avec un de mes groupes de rock préférer. J'avais un peu l'air d'un adolescent là-dedans, moi ça me plaisait et c'était amusant en plus. J'étais enfin prêt, je prenais mon portable et mon portefeuille, rien de plus, je n'aime pas m'encombrer lorsque je sors. Maintenant je connaissais bien cette boîte, en fait je connaissais bien tous les lieux où il avait de l'alcool et des filles, j'y passais pas mal de mes soirées, seul ou accompagné d'ailleurs. Il faisait relativement chaud, même si la chaleur retombait peu à peu avec la soirée qui s'annonçait.

J'arrivais enfin et c'était déjà bondé de monde, l'entrée était pleine, forcément on est vendredi soir et généralement il y a souvent du monde, surtout que j'ai traîné sur la route. Par chance je connais un peu le videur de l'entrée ce soir, malgré les différents accrochages que j'ai eu à l'intérieur on a sympathisé, c'est un gars assez cool, il en a eu des bonnes, dans cette boîte, je passe pour un enfant de coeur à côté. Du coup, un petit pourboire généreux et il me laisse entrer, beaucoup dans la foule d'interroge et certain peste après moi d'ailleurs, je rentre en rigolant, ne me souciant même pas de ce qu'ils disent. Beaucoup de monde ce soir, même pour un vendredi, mais c'est pour ça que j'aime ces lieux, pour le monde qui s'y trouve. Je me frayais un chemin à travers la foule pour atteindre le bar, c'était devenu comme un rituel dans ce genre d'endroit, avant de commencer à faire la fête je passe par le bar, histoire de commander quelque chose. Assis au bar, Kaemon, le professeur d'anglais, il était donc déjà arrivé, j'espère qu'il n'avait pas trop attendu, on n'avait pas d'heure fixe, mais bon quand même.

-Salut Kaemon ! Alors, prêt pour faire la fête ?!

Ce n'était pas vraiment une question, c'était même plutôt une affirmation, je me souvenais de ce qu'il m'avait dit, que l'alcool il essayait d'arrêter, mais pourquoi ? Cela fait bien longtemps que j'ai oublié d'arrêter, je n'y ai même jamais pensé et ça même après avoir terminé plusieurs soirées complètement déchiré, dans des lieux improbables et souvent en compagnie. Je commandais deux bières auprès du barman, au pire, de la bière ce n'est pas dangereux et puis s'il n'en veut pas je me ferais un plaisir de la boire, mais je dois avouer que c'est une façon de le tenter, on commence en bas de l'échelle et on monte doucement, autant profité de cette soirée, je ne lui en voudrais pas s'il se lâche un peu trop ce soir, j'ai vu énormément de choses et j'en ai entendu encore plus, alors il peut se lâcher avec moi, c'est ce que j'avais essayé de lui faire comprendre lorsqu'on se voyait au pensionnat.

Pendant que les élèves planchaient sur leur contrôle, je restais assis à mon bureau, un stylo à la main tandis que j’interrompus ma préparation de leur prochain cours pour regarder à travers la fenêtre qui donnait sur la cour, le regard pensif. Une sortie en boîte... Qu’est-ce qui m’avait pris d’accepter cela ? Bien entendu j’adorais cela et cela me faisait plaisir de passer du bon temps en dehors de l’école où je pouvais penser à autre chose et voir des collègues, d’autant plus que j’appréciais réellement Yoshi, avec qui je passais de très bons moments. Le seul problème était... qu’en boîte il était compliqué de ne pas boire de l’alcool, et j’étais précisément en train d’essayer d’arrêter. Enfin, « essayer » était encore un bien grand mot, car hier encore j’avais fini totalement ivre mort chez moi. Bref, j’avais accepté, mais je savais qu’il fallait que je déploie de sacrés efforts pour ne pas boire. Après tout, mon alcoolisme était l’une de ces choses que je cherchais à dissimuler du mieux que possible, et cela n’était pas pour rien que j’avais également fuie les Etats-Unis pour revenir dans mon pays d’origine prendre un nouveau départ. Quoiqu’il en soit, je ne pouvais pas me permettre d’être totalement saoul devant un collègue, qui plus est que des élèves pourraient également se trouver dans la boîte le même soir, tout cela m’était déjà arrivé avec Naomi... Et j’avais d’ailleurs eu beaucoup de chance que ce soit sur elle que j’étais tombé...

Je lâchais un léger soupir à peine perceptible et me redressais légèrement sur ma chaise, reprenant ma lecture du passage que je voulais leur faire étudier la prochaine fois, passant ma main sur ma mèche qui dissimulait une partie de mon visage pour m’assurer qu’elle couvrait bien la cicatrice qui barrait mon œil gauche et qui devait rester méconnue. La fin de l’heure se déroula alors normalement, en silence, jusqu’à ce que la sonnerie retentisse dans les couloirs, signalant la fin de l’examen. Les élèves rangèrent donc leurs affaires et déposèrent leur copie sur mon bureau avant de me saluer pour sortir profiter enfin de leur weekend qui débutait. Et le mien avec... Prendre sur moi était une chose que je m’efforçais à faire depuis toujours, quitte à faire constamment apparaître ce sourire doux et heureux sur mon visage alors qu’au fond de moi-même je ne l’étais pas. Mais si je pouvais tricher sur mes sentiments, lutter contre ce besoin douloureux et tortionnaire de ne pas boire était quelque chose que je n’étais encore jamais parvenu à faire, du moins jamais bien longtemps. Et je n’osais même pas imaginer ce que le jeune surveillant penserait de moi s’il me voyait totalement bourré ce soir. Peut-être penserait-il, avec un peu de chance, que cela n’était que pour faire la fête et décompresser un peu comme la plupart des gens, que c’était exceptionnel et rien de plus. Oui, mais je ne pouvais pas me permettre de prendre un tel risque, il valait mieux tout annuler...
Je pris donc mon portable, commençai à rédiger un sms d’excuse, lorsque finalement j’éteins l’appareil. Si je faisais cela, non seulement Yoshi le prendrait mal, mais qui plus est si je voulais me battre contre moi-même pour m’en sortir je ne devais pas chercher à fuir. Je devais affronter mes démons coûte que coûte.

Je rangeai donc mes affaires dans mon sac à bandoulière que je posais sur mon épaule, prenant ma veste courte de l’autre main. Je fermai la salle derrière moi, saluai mes collègues que je croisais au passage et pris la direction de l’appartement histoire de finir de travailler, me préparer et attendre jusqu’à tard que la boîte de nuit s’ouvre. Les heures défilèrent donc les unes à la suite des autres, et je filai prendre une douche afin d’être prêt pour ce soir. Le dernier album de Nightwish, Imaginaerium, passait dans le lecteur cd que j’avais installé dans la pièce d’eau, adorant écouter de la musique à n’importe quel moment. Je ne pouvais pas vivre sans cela, autant je pouvais me passer d’ordinateur ou que sais-je encore sans difficulté, autant il me fallait toujours un fond sonore pour pouvoir me sentir en paix. Du moins un minimum. Je pris ensuite un jean noir ainsi qu’une chemise blanche simple, sobre mais élégante, puis me séchai bien les cheveux pour m’assurer que ma foutue mèche n’est pas bougée. Non pas que cette cicatrice me défigurait, ce qui n’était pas le cas du tout, mais parce que c’était comme un autre moyen pour moi de cacher mon passé et ses horreurs. Au moins nul ne se doutait de rien, prenant ça pour un effet de style ou que sais-je encore, et j’étais tranquille. Une fois prêt, je me dirigeais ensuite vers le coin cuisine et me préparai un café afin de tenir le coup pour la soirée, bien que j’avais l’habitude de ces choses-là lorsque j’étais encore aux Etats-Unis.

Minuit sonna, et je me décidai à partir, ne sachant trop à quelle heure le surveillant souhaiterait que l’on s’y retrouve. Je décidai donc d’y aller à l’ouverture, sachant que j’avais environ une petite demi-heure de marche, ce qui me laisserait encore une petite marge. Je sortis donc de l’appartement, ma veste noir à la main avec la chaleur qui régnait encore à cette heure-ci, et traversai les diverses rues de Matsuyama jusqu’à apercevoir l’enseigne du Crazy Night d’où la musique fusait déjà de l’intérieur. Les malabars qui surveillaient l’entrée me laissèrent passer sans encombre, et je pénétrai alors dans le lieu déjà bondé éclairé par mille lumières fluorescentes tandis que Back in Time de Pitbull battait à plein régime dans les baffles. Je cherchais du regard Yoshi que je n’aperçus pourtant pas, celui-ci n’étant certainement pas arrivé. Je décidai alors de l’attendre au bar, l’endroit le plus simple pour trouver quelqu’un même si c’était celui que j’évitais le plus ces derniers temps. Mais je ne pouvais pas faire autrement de toute manière, il fallait juste que je me maîtrise...
Heureusement, je n’eus pas à attendre longtemps, quelques minutes tout au plus pour apercevoir le jeune homme qui arrivait dans ma direction, un grand sourire aux lèvres.

« Salut Kaemon ! Alors, prêt pour faire la fête ?! » Me demanda-t-il sur un ton qui laissait bien plus penser que c’était une certitude qu’une question.

« Et comment, je suis toujours prêt pour ça ! » Plaisantais-je, même si au fond j’étais un peu angoissé à l’idée de le voir s’approcher du bar... et commander deux bières.

Je le remerciai tout de même et regardais la boisson, réfléchissant... Bon, et puis en même temps une bière n’a jamais tué personne, il n’y avait rien comme degrés là-dedans...

« Bon sinon comment vas-tu depuis ce matin ? » Lui demandais-je avec mon habituel sourire.

Je voyais son regard sur la bière que j'avais commandée, peut-être que je devrais y aller doucement avec lui, même si je ne comprends pas, je ne vais pas le forcer à boire s'il n'a pas envie, on n'en avait vaguement parlé, mais pas assez pour comprendre la situation et puis je ne suis pas du genre à forcer les gens à ce confier et généralement ils le font d'eux même, j'en ai tellement entendu et vu que rien ne me choque, alors s'il cherche quelqu'un pour raconter sa petite vie, je suis la bonne personne, mais ce soir on est là pour faire s'amuser, boire et même sans forcément abuser. En tout cas il avait l'air enthousiaste lorsqu'il me répondait, c'était déjà un bon début, c'est vrai qu'on ne s'était pas vraiment vu en dehors du pensionnat et le cadre change radicalement. Il me demandait ensuite si j'allais bien, en souriant, comme à son habitude, enfin c'est ce que j'avais remarqué, il sourit beaucoup, un peu comme moi quoi, sans doute pour ça qu'on s'entend bien, moi j'aime m'amuser et la vie n'est qu'un jeu, peut-être que lui c'est la même chose, mais je ne savais pas grand-chose de sa vie, on ne parlait pas de tout ça, mais rien de tel qu'une bonne soirée entre amis pour se raconter notre petite vie.

-Bah écoute, moi ça va nickel ! Même si aujourd'hui je me suis fait chier... des élèves sages et personne à punir.

Je rigolais légèrement, je plaisantais, je ne passais pas mon temps à punir les élèves, seulement ceux qui le méritaient, je me prenais un peu pour le "justicier des couloirs", à l'affut de chaque bêtises, prêt à bondir et réprimander les élèves, mais je n'étais pas du genre méchant, sauf certains cas, mais généralement ils le méritent. Je commençais à boire ma bien, en buvant presque deux tiers, ce genre de choses ce bois facilement, je suis habitué à boire plus fort, mais j'avais envie de parler un peu avec Kaemon, avant de finir ivre sur la piste de danse, c'est un gars que j'aime bien, j'avais envie d'en savoir un peu plus sur lui, un futur ami quoi, avec qui je ne passerais pas forcément mes soirées à boire.

Je terminais rapidement ma bière, je suis du genre assoiffé dans ce genre d'endroit et je n'allais certainement pas lui cacher mon goût très prononcé pour l'alcool, après tout il l'aurait bien appris un jour, même certains élèves étaient au courant.

-Et toi alors, ta journée, elle s'est bien passé ? Quand je suis arrivé ici, j'aurais aimé être professeur... mais bon je n'avais pas les diplômes nécessaires... mais surveillant ce n'est pas si mal, je suis un peu partout et je sais tout... enfin presque tout.

J'étais partis d'une simple question, question qu'il m'avait d'ailleurs posé juste avant et j'avais complètement dérivé, ce genre de choses m'arrivait souvent, mais je ne pense pas que ça le gêne, je l'avais déjà fait plusieurs fois et puis je voulais installer la conversation. Je m'interrogeais, prof d'anglais ça devait bien marcher avec les filles, surtout les japonaises, les langues étrangères les intéressent toujours. Je me rappelle dans certain pays, j'étais plutôt bien accueillit pour un japonais, elles aiment ce qui sort de leur petit pays. Du coup je ne pouvais pas m'empêcher de lui poser la question, je le regardais avec un air amusé.

-... Dit, ça marche bien avec les filles prof d'anglais ?... Mince désoler, je pose trop de questions... j'suis un peu du genre bavard.

Je rigolais à nouveau, je venais de lui poser une seconde question, sans même lui laisser le temps de répondre à la première. Je suis quelqu'un de sociable et peut-être un peu trop même, par conséquent je parle beaucoup, je raconte ma vie facilement, enfin il faut avouer que ma vie est amusante et plaisante à écouter, il y a rarement de mauvais moments et ceux-là je les évite. Je ne disais plus un mot, j'attendais sagement les réponses, tout en recommandant une bière au barman qui passait devant moi, le temps qu'il apporte ça, Kaemon aura terminé, ce ne sont que des bières, c'est inoffensif. Une idée me traversais l'esprit, je l'aurais bien emmené avec moi dans un casino, je pense qu'on pourrait bien s'amuser, mais je ne crois pas avoir vu ce genre d'établissement ici, c'est dommage... enfin, je suis du genre à vite me faire dégager, il ne croit pas en la chance dans ce genre d'endroit, mais je pense qu'on pourrait passer une bonne soirée, je l'emmènerais avec moi un jour, histoire de passer une bonne soirée. C'est bizarre, je ne fais jamais de projet comme ça, seulement avec mes amis laisser derrière, il me faisait un peu pensé à eux d'ailleurs, ils étaient comme moi, il aimait s'amuser et rigoler.

Spoiler:

Une charmante serveuse déposa deux chopes de bière sur le comptoir, que je regardais d’un œil inquiet. Etait-ce vraiment raisonnable de boire de l’alcool sachant mes problèmes avec, quand bien même une bière n’était pas ce qui avait de plus compliqué à tenir niveau degrés ? Je n’en savais rien, mais en même temps la voir là, sous mes yeux, me tentait plus qu’autre chose. Et puis je n’étais pas obligé de continuer à boire par la suite, j’étais raisonnable après tout. Enfin non, pour cela je n’étais jamais mais je tenais à tel point à mon secret que j’espérais que cela suffirait pour me dissuader de laisser ma « maladie » prendre le dessus sur ma raison. Je m’empressais donc de détourner mes pensées portées sur l’emprise terrible qu’avait la boisson sur moi, demandant à Yoshi comment il se sentait depuis ce matin et s’il avait passé une bonne journée. Je ne pus d’ailleurs m’empêcher de rire lorsqu’il répliqua que celle-ci avait été ennuyante à souhait, n’ayant eu aucun élève à punir. Je savais pertinemment qu’au fond il n’était pas bien sérieux, du moins dans le sens où s’il se donnait l’apparence d’un surveillant parfois sévère et inflexible, il ne l’était qu’avec les élèves qui le méritaient pourtant. Mais pour être également du métier, je savais bien que des fois nous n’avions pas d’autres choix que d’être strict et sévère lorsque cela s’avérait nécessaire. Chacun avait sa méthode de travail en quelques sortes, la mienne était également assez particulière. Je n’avais jusqu’à présent, et je touchais du bois, jamais eu à lever le ton même face à un élève récalcitrant. Généralement, mon tempérament énergique et en même temps posé faisait que je parvenais naturellement à apaiser les élèves. Ou peut-être était-ce également par habitude, pour avoir une sœur des plus caractérielles et rebelles que j’étais pourtant le seul à parvenir à apaiser.

Yoshi mena sa bière à ses lèvres, tandis que je retenais un soupir, ne sachant pas quoi faire. Oh et puis tant pis, je m’arrêterai à temps. Ça n’était pas avec une bière que j’allais être ivre, et au pire je mettrai cela sur le compte d’une soirée un peu trop festive, point. Comment pourrait-il se douter de mon alcoolisme de toute manière ? Ça n’était pas en une soirée qu’il pourrait en juger après tout. Je pris alors ma chope et en bu lentement son contenu à mon tour, sentant le doux liquide couler dans ma gorge. D’ailleurs, je remarquai que lui aussi semblait avoir « l’alcool facile » au vu de la rapidité avec laquelle il buvait sa bière. Qui sait, peut-être avait-il le même problème que moi ? Je n’en savais rien, et je ne le lui souhaitais absolument pas, quoiqu’au fond cela m’aurait peut-être aidé en quelques sortes d’avoir un collègue dans la même situation que moi. Seul, je n’arrivais pas à lutter contre cela, mais peut-être à deux serions-nous plus fort. Quoiqu’il en soit, je ne pouvais pas tirer de plan sur la comète, n’ayant pas le moindre élément qui me prouverait indubitablement qu’il était strictement dans la même situation que moi. Peut-être pourrais-je orienter la discussion sur ce sujet un peu plus tard et de manière la plus naturelle possible. Mais pour l’heure, la question ne se posait pas, et la nouvelle réplique de Yoshi me tira de mes pensées lorsqu’il me demanda si ma journée s’était également bien déroulée, avant d’enchaîner aussitôt en me disant qu’il aurait bien souhaité pouvoir également être professeur, même si son métier actuel ne lui déplaisait pas non plus. Mais je n’eus pas le temps de lui répondre quoique ce soit, qu’il ajouta sur le ton de l’humour si ma profession facilitait mes rapports avec les femmes, avant de s’excuser de son indiscrétion. Toutefois, je ne pouvais au contraire que le remercier de me parler de la sorte. Son humour et sa façon de parler aussi directe sans être indisposante pour autant me plaisaient, et à vrai dire nous étions toujours sur la même longueur d’onde de ce que j’avais pu constater depuis la première fois où nous avions échangés.

Buvant une nouvelle gorgée de ma bière, je lui répondis en riant :

« Tu crois que je fais ce métier pour quelle raison au juste ?! Non, sérieusement je ne sais pas si c’est spécialement ce qui peut séduire, mais c’est vrai que c’est un boulot que j’adore. Et puis, à vrai dire, ma journée était tout aussi calme que la tienne. Je leur ai tous collé un contrôle donc je n’ai pas à me plaindre ! » Plaisantais-je.

Bien entendu je n’étais pas sérieux puisque je ne leur mettais pas d’examens de gaieté de cœur mais parce que c’était, bien entendu, une obligation pour eux. En tout cas, il était certain que par la même occasion j’avais pu profiter de ce calme qui avait régné dans les classes durant des heures, en profitant pour préparer la suite de mes cours. Je pris une nouvelle fois ma chope, finissant son contenu bien plus rapidement que je ne l’aurais cru. Moi qui avais voulu y aller doucement, ça m’apprendra à ne pas me méfier... Mais j’avais en même temps tellement de choses à me libérer que je trouvais par la boisson la seule solution à mes problèmes que j’oubliais, ne serait-ce même que pour un moment toujours trop court. Soudain, une question me vint en tête, mais comment la lui poser ? Je n’étais absolument pas un adepte des ragots et des rumeurs, toutefois si personne ne pouvait se douter de ce que je cachais quant à mon passé, la liaison que j’avais avec Naomi, mon élève, était quelque chose que je devais à tout prix taire. Après tout, si cela venait à ses savoir les conséquences en seraient plus que catastrophiques pour nous deux... Alors j’avais simplement besoin de savoir. Si lui n’était pas au courant, c’était bon signe...

« Et alors, je suppose que tu dois être au courant de tous les bruits de couloirs. » Lui dis-je, craignant d’entendre sa réponse.

Nous avions toujours fait extrêmement attention. Mais sait-on jamais...

Nous avions tous les deux descendu nos bières assez rapidement, bon dans mon cas c'est une habitude, je suis même plutôt calme pour l'instant, j'ai l'habitude de passer assez rapidement à quelque chose de plus fort histoire de terminer la soirée déchirer, mais ce n'était pas mes plans pour ce soir, peut-être un peu ivre, mais juste assez pour se laisser aller, même si je n'ai vraiment pas besoin de ça. Je voulais connaitre un peu mieux Kaemon et l'idéal pour ça était un verres entre amis, d'ailleurs on avait bien commencé, puisqu'on parlait chacun de nos rôles au sein du pensionnat, d'ailleurs il répondait à ma question avec humour, c'était assez amusant, après tout pourquoi pas ? Les accents étrangers fascinent les femmes et je dois avouer un faible pour les étrangères, elles ont toujours un petit truc de différent et c'est ce qui me plait, même si je ne suis pas contre les autres bien sûr. Bref, je me perdais dans mes pensées tout en écoutant ce qu'il me disait et c'est sa dernière phrase qui m'extirpait de mes rêveries. Je rigolais, il n'avait pas du tout la tête d'un prof sévère, bien au contraire et puis les jeunes aiment les cours d'anglais, c'est une langue qu'on retrouve partout et qui s'incruste dans beaucoup de langues.

-Je ne te vois pas du tout en prof sévère... plutôt le prof assez cool qui essaye d'avoir un cours un minimum intéressant, ce qui n'est pas facile je te l'accorde... réussir à captiver ces jeunes ce n'est pas facile, sorti de leur portable ou d'internet, il ne s'intéresse pas réellement au cours... remarque j'étais pareil, enfin presque, moi je séchais les cours et je passais mon temps avec mes amis, à m'amuser, boire, faire la fête et draguer... de bons souvenirs quoi ! J'ai eu une jeunesse assez cool si tu te poses des questions.

Je concluais par un grand sourire, je savais que ça pouvait paraitre étrange pour quelqu'un ce que je raconte sur ma vie, car j'ai eu vie faite de liberté et d'amusement, je passais mon temps à m'éclater et les études n'étaient pas ma priorité, j'avais l'avantage d'être issu d'une famille riche, je pouvais faire ce que je voulais, mais je n'allais pas lui étaler les détails de ma vie, nous n'aurions plus le temps de boire et la nuit ne suffirait pas à tout lui raconter, sans compter qu'il s'en fout peut-être. J'avais déjà terminé la mienne et lui finissait la sienne, j'en profitais pour recommander la même chose, quelques bières ce n'est pas assez pour nous retourner complètement, c'est juste assez pour nous amuser. Une fois la commande passer, il me posait une question, assez étrange je dois l'avouer, étrange dans le sens que je trouvais ça plutôt cibler, bien sûr je lui ai dit que je savais beaucoup de choses, voir tout, mais je sentais bien qu'il attendait quelque chose de précis, ce qui me faisait sourire, c'est toujours amusant de savoir que quelqu'un à ses petits secrets qu'il n'aimerait pas voir étaler, après tout j'en ai aussi, sauf que moi je me fous qu'il soit dévoilé ou non, sauf une certaine histoire, mais c'est peu probable qu'elle s'ébruite et même si ça vient à ce savoir, ce n'est pas un drame. J'avais envie de le taquiner un peu, le faire suer pour qu'il ait une petite frayeur et voir sa réaction... je suis parfois cruel je l'admets, mais il n'y a rien de méchant.

-Ça dépend... j'entends toute sorte de choses, tu savais que la troisième toilettes du rez-de-chaussée était hanté ? C'est dingue ! Il faut savoir distinguer le vrai du faux et ce sont des jeunes, il leur arrive souvent de faire circuler de fausses rumeurs... mais dans ton cas... j'en ai une bien croustillante qui te concerne...

J'avais un air sérieux, je le regardais fixement, histoire de l'inquiétais un peu plus et j'attendais ainsi quelques secondes, avant de me mettre à ricaner bêtement, c'est trop dur pour moi d'être sérieux même quelques secondes, je ne suis pas quelqu'un de sérieux, j'arrive à l'être si c'est vraiment nécessaire, mais c'est rare. Je souriais pour le rassurer, je ne voulais pas qu'il me claque entre les doigts, la soirée ne fait que commencer.

-Il parait... que tu es... le prof le plus craquant du lycée ! Enfin c'est ce que disent les jeunes, je serais prof tu aurais une sacrée concurrence et dans l'ensemble, il te trouve assez cool, même si certains garçons seraient jaloux de ta popularité, mais je connais ça aussi... dis moi tout, cherches-tu une rumeur en particulier ? Tu peux tout me dire tu sais, j'ai tout entendu... je t'assure, quand ton grand-père se prend pour un mafieux italien le jour, un général de l'armée russe la nuit et qu'il se confie souvent à toi, tu entends beaucoup de choses et puis, j'en ai tellement vu... alors hésite pas, je peux te dire s'ils parlent de quelque chose en particulier, je peux lancer une rumeur et je dois même pouvoir en faire taire une, c'est en ça que j'aime mon métier, tu es le point central du lycée, toujours entre les profs et les élèves, tu navigues dans les deux mondes.

Je ne voulais pas le forcer à se confier, seulement lui faire comprendre que sous mes airs de fêtard alcoolique et accroc à la cigarette, je peux être un véritable ami et un grand confident si la personne en vaux la peine, en plus c'est toujours intéressant de m'avoir dans ses amis, si on a envie de s'amuser, pour décompresser ou déstresser, si on veut rencontrer des filles ou comme je l'ai dit, au sujet des rumeurs. Un élève se confira plus à un surveillant qu'à un prof et entendre des rumeurs en tant que surveillant c'est assez facile, je n'avais pas vu cet aspect la au début et je dois admettre que c'est assez sympa.

Nos deux bières arrivaient enfin, je ne perdais pas un instant pour boire quelques gorgées, parler me donne soif et puis je profite aussi de la soirée, mais peut-être que Kaemon préférait en rester là, ce que je comprendrais bien sûr et je comprendrais aussi s'il finissait ivre sur le trottoir, c'est arrivé tellement souvent pour moi, mais c'est ce qui est drôle avec l'alcool, si on boit trop on ne contrôle plus rien et c'est la surprise le lendemain, j'en ai d'ailleurs eu de très bonnes.

-Dis le moi si tu veux autre chose ou si tu veux arrêter là... moi c'est une question d'habitude, par ordre de préférence il y a... les femmes, la cigarette, l'alcool... j'aime la compagnie d'une fille magnifique, je suis accroc à la nicotine et j'aime l'alcool, pire encore, être ivre me plait assez, ça donne un peu de piquant et tu as la surprise le lendemain... et puis on a qu'une vie, alors autant en profité, c'est ce que je me dis depuis que je suis en âge de parler.

Je rigolais à ce que je venais de dire, c'était la vérité en plus, c'était en quelque sorte ma philosophie, il faut profiter de la vie, demain on peut se retrouver sauvagement écraser par un bus, en prison avec un codétenue qui vous prend pour son sextoy ou pire encore, alors autant y aller à fond, du coup depuis assez jeune je vis dans l'excès, bien sûr je le regretterais peut-être un jour, mais peu importe, je ne regretterais rien. Bien sûr je n'imposais rien à Kaemon, je voulais juste qu'il se sente à l'aise et qu'il ne se force ni à boire, ni à se retenir, je ne suis pas comme tout le monde, avec moi il faut être naturel, je ne me prends pas la tête.

Spoiler:

La musique résonnait dans la boîte de nuit, les corps se déchaînant au rythme de Get Up de Korn et Skrillex tandis que Yoshi et moi continuions de discuter autour d’une bonne bière. Une soirée tranquille comme je les aimais, quand bien même je n’étais au fond pas si serein que je l’aurais souhaité avec le fait que je surveillais sans cesse ma consommation d’alcool. Mais nous étions sur la même longueur d’onde tous les deux, et pour une raison que j’ignorais je lui faisais réellement et parfaitement confiance. Pourtant c’est le genre de chose que l’on n’accorde que difficilement à autrui, d’autant plus que même si nous avions de nombreuses fois échangés nous ne nous connaissions pas tellement au fond. Mais je ne sais pas, il y avait quelque chose chez Yoshi qui me plaisait, peut-être ce côté sérieux et en même temps totalement déjanté, cette envie de s’amuser tout en sachant revenir sur terre lorsqu’il le fallait. A vrai dire, nous nous ressemblions sur énormément de points, et d’une manière ou d’une autre je savais que je pouvais lui parler sans craindre quoi que ce soit. Peut-être me trompais-je, certes, mais très sincèrement j’en doutais. Bien entendu je n’allais pas tout lui révéler à mon sujet, chose que je n’avais de toute manière jamais fait avec personne si ce n’est peut-être Naomi, mais peut-être qu’un jour l’occasion se présentera malheureusement. Et même sans être poussé d’une manière ou d’une autre à le faire si jamais j’étais dans une situation embarrassante, je sentais qu’il était précisément le genre de personne avec qui je pourrais nouer une réelle et franche amitié. Mais seul l’avenir me le confirmera !

Tout en buvant une nouvelle gorgée, Yoshi reposa sa chope en me disant qu’il ne me voyait absolument pas en professeur sévère, mais plutôt quelqu’un de paisible qui essayait de moduler ses cours de tel sorte à intéresser vraiment ses élèves, ce en quoi il avait tout à fait raison. Il ajouta à cela que ça n’était pas chose simple, il en avait parfaitement conscience, car lui-même lorsqu’il était encore un étudiant préférais passer son temps à s’adonner aux plaisirs de la vie plutôt que se rendre en classe, avant de ponctuer sa phrase par un grand et franc sourire lorsqu’il ajouta avoir eu une jeunesse plutôt sympathique. Je lui rendais son sourire, tout en lui répondant :

« Je comprends bien ça. Moi ça allait, je ne séchais pas mais quand j’avais du temps libre une fois le travail terminé je ne me gênais pas non plus pour faire la fête et me lâcher ! Après tu n’as pas tort, j’essaie vraiment de les intéresser. Beaucoup de professeurs à mon sens dégoûtent les élèves plus qu’autre chose en leur bourrant le crâne avec leur matière. Personnellement ce que je fais me passionne vraiment, mais je ne peux pas les forcer à aimer non plus. Alors j’essaie de les intéresser au maximum et de leur transmettre ma passion pour la langue anglo-saxonne et sa culture. Après ça reste des jeunes et je ne suis pas bien vieux non plus donc si certains sèchent je pars du principe qu’ils le paieront avec de mauvaises notes ou en loupant leurs examens. Ils sont responsables de ce qu’ils veulent faire de leur vie, je n’ai pas à dicter leur conduite. Et puis mince, il faut profiter aussi ! » Ajoutais-je en rigolant.

La vie était bien trop courte pour que l’on s’acharne à la rendre plus morne qu’elle ne l’est déjà. J’en savais quelque chose... J’aurais aimé qu’Arisa connaisse bien plus de choses, qu’elle fasse ses études, qu’elle vive tout simplement sa vie comme s’aurait dû être le cas. Mais le destin en avait décidé autrement...
Yoshi passa une nouvelle commande de bières, tandis que je m’égarai un instant dans mes pensées. Après tout, un surveillant devait être absolument au courant de tout, alors si jamais il y avait quoi que ce soit qui aurait pu s’ébruiter au sujet de Naomi et moi... Mais comment serait-ce possible puisque nous avions pris toutes les précautions qu’il soit en se cachant le peu de temps que nous passions ensemble ? Et puis même, il m’en aurait certainement parlé de lui-même si jamais c’était venu à se faire savoir. A moins qu’il n’y croit pas et qu’il ait préféré omettre ce genre de chose. Ou bien peut-être attendait-il que je lui en fasse part ? Non je n’en savais strictement rien, mais peut-être pouvais-je aborder le sujet de manière détournée... ?
Le serveur posa nos boissons sur la table, avant que cette fois ce soit moi qui pose un billet sur le comptoir. C’était bien normal que je l’invite à mon tour après tout ! Je tournais alors mon regard vers lui, et lui dis :

« Et alors, je suppose que tu dois être au courant de tous les bruits de couloirs. »

Autant jouer la curiosité, même si je savais pertinemment que cela ne prendrait pas avec lui. D’un autre côté quel professeur n’aimerait pas savoir ce qui pouvait bien se raconter dans son dos à son sujet ? A vrai dire j’étais assez curieux de le savoir, même si cette fois le sujet de mon inquiétude que je ne laissais pas ressentir me préoccupait bien plus qu’autre chose.
Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Yoshi. Se doutait-il que je désirais cacher quelque chose en particulier ? Non j’en doutais, comment pourrait-il penser quelque chose pareil ? Quoique... Non à vrai dire je n’en savais rien, et franchement je ne préférais pas me poser trop la question pour le coup.
D’une voix quelque peu mystérieuse, celui-ci me dit alors que cela dépendait, étant donné qu’il entend toutes choses de bruit, à savoir par exemple que le troisième toilette du rez-de-chaussée avait pour réputation d’être hanté, ce qui m’arracha un léger sourire, quoique très bref. Il poursuivit, ajoutant à cela qu’il était nécessaire de toujours faire la part des choses dans ce que l’on entendait, quoi qu’en ce qui me concernait il avait soi-disant une rumeur pour le moins croustillante à mon sujet. Laissant là sa phrase en suspens, je voyais qu’il guettait ma réaction à cette annonce. Mon visage se crispa l’espace d’une fraction de seconde avant que je ne m’efforce de lui sourire, lui demandant sur un ton que je tentais difficilement de garder assuré :

« Ah, vraiment ? » Fis-je avec une sorte d’innocence.

Et pour la première fois depuis longtemps, je priais Bouddha, Jésus, Allah et que sais-je encore pour que cette rumeur ne soit pas celle que je craignais. Si jamais c’était le cas, Naomi et moi étions tout bonnement perdus...
Mais heureusement et à mon plus grand soulagement, son air jusqu’à présent si sérieux et son regard inquisiteur se transformèrent en une expression d’amusement avant qu’un ricanement moqueur ne sorte de sa bouche. Il s’était bien foutu de moi celui-là ! Là, il me dit alors qu’il paraissait... que j’étais le prof « le plus craquant » du lycée selon ses dires et surtout ce qu’il avait entendu de la part des élèves. Ce sourire auparavant crispé devint alors bien sincère, alors que je retenais un soupir réellement soulagé.

« Le plus craquant, rien que ça ? » Plaisantais-je, étonné d’entendre une telle chose.

Certes il est vrai que j’avais toujours eu un certain succès auprès d’eux et de la gente féminine en général, mais cela me surprenait toujours de l’entendre, quoique je j’avouais bien en profiter à de nombreuses reprises. Non pas par prétention bien entendu, mais tout simplement pour en jouer. Yoshi ajouta également que ceux-ci me trouvaient cool, quoique les garçons avaient tendance à presque jalouser ma popularité. Le surveillant me demanda toutefois si je désirais connaître une rumeur en particulier. Je l’écoutais alors avec plus d’intérêt que jamais lorsqu’il m’expliquait pouvoir me rapporter tout ce que je pouvais savoir, de même qu’il pouvait lancer ou faire taire une rumeur si je le désirais. Faire taire une rumeur... Oui, si un jour la relation qu’il y avait entre Naomi et moi venait à se savoir il était certain que cela pourrait être un sérieux atout de pouvoir l’avoir à mes côtés. Oh bien entendu je n’étais pas non plus intéressé par lui à cause de cela, mais peut-être que si un jour une réelle amitié venait à naître entre nous je pourrais peut-être lui en parler et lui demander de m’aider dans ce sens.
Je lui souris alors avec chaleur, et lui répondis :

« Pour le moment je ne vois pas mais si un jour j’ai besoin des services de l’agent double que tu es alors je ne manquerai pas de te le faire savoir ! » Plaisantais-je.

Buvant à nouveau nos boissons, Yoshi déclara que si jamais je désirais autre chose ou bien que je désirais m’arrêter là pour le moment il n’y avait pas de mal. Visiblement, il semblait avoir remarqué ma gêne manifeste par rapport à l’alcool, même s’il avait la décence de ne pas me le faire directement comprendre. Il me dit également que ses trois plus grands intérêts étaient les femmes, la cigarette et l’alcool, et ce dans l’ordre de préférence, ce qui me fit réellement rire.

« Je suis bien d’accord, même si je ne devrais pas l’avouer aussi facilement ! Non sérieusement c’est vrai qu’une bonne cigarette et une vraie cuite de temps en temps ne font pas de mal. Et les femmes restent les femmes, on ne peut jamais être insensible. D’ailleurs cela doit faire à peu près dix bonnes minutes que la blonde juste derrière toi te regarde, alors... Enfin moi je dis ça, je dis rien ! » Plaisantais-je, dans une moue d’innocence volontairement et théâtralement exagérée, avant de porter la boisson à mes lèvres.

Je m’interrompis un instant, lâchant un bref soupir. Il fallait que je lui dise, il me comprendrait mieux que quiconque, et sans aller dans les détails bien trashs, je me devais au moins de lui expliquer cela.

« A vrai dire... » Commençais-je, avant de lâcher un nouveau mais néanmoins bref soupir, décidé.

« Je te fais confiance, vraiment, alors je sais que je peux t’en parler. Et peut-être que si un jour tu entends quelque chose là-dessus quand bien même je fais tout pour le cacher alors peut-être... peut-être pourras-tu m’aider à ce que cela ne s’ébruite pas trop ? En réalité cela fait quelques années que j’ai de sérieux problèmes avec l’alcool. Je vais essayer de me faire soigner mais, comme tu peux le voir, résister n’est jamais simple. Bien au contraire même. Heureusement je ne suis pas arrivé non plus au point de sécher mes classes pour aller descendre plusieurs bouteilles, car à vrai dire c’est surtout mon travail qui me fait tenir le choc, mais il est vrai que le matin je ne suis pas toujours très frais comme on dit. Donc voilà, tu sais à peu près tout... »

Ou pas, car il était encore des années lumières de tout savoir à mon sujet, mais j’espérais réellement qu’il ne vienne pas à découvrir le reste de ma trop grande part de ténèbres en moi... Reste plus qu’à savoir comment il allait déjà diriger cela... Et j’espérais de tout cœur ne pas avoir à regretter ma décision de lui avoir fait confiance !

Sa théorie sur les cours était intéressante et ça confirmait ce que je pensais, il faudrait plus de profs comme lui. C'est un peu comme mon rôle de surveillant, je suis certes parfois un peu cruel, mais ce n'est qu'en apparence, car en réalité je suis souvent complice avec les élèves, je ne cherche pas à les punir constamment, je veux qu'ils s'amusent et fasses des bêtises, j'en ai fait des tonnes à leur âge, alors pourquoi leur faire la morale ? Ce n'est pas juste pour eux, on a tous fait des conneries dans notre jeunesse, moi le premier, je n'arrêtais pas, du coup on ne peut pas se permettre d'être trop sévère avec eux, bien sûr il faut savoir poser des limites, comme on nous en a posé, mais lâcher la bride à du bon parfois, ça nous aidait à avoir leur confiance. Moi et Kaemon avions la même vision des choses, nous voulions que les élèves soient libérés et qu'ils aiment l'école, on ne voulait pas les gaver, que ce soit avec des cours ou avec des punitions et des heures de colles. L'école et encore plus un pensionnat, doit être un super moment dans notre vie, on doit s'amuser et en profiter, c'est important de travailler pour notre avenir, mais nous devons faire en sorte qu'il profite de leur jeunesse. Je regardais le professeur avec un grand sourire, son petit discours m'avait plu et j'étais d'accord avec lui.

-Tu as tout à fait raison... ce n'est pas pareil, puisque je n'enseigne rien aux élèves, mais je suis plutôt cool comme surveillant, je ne cherche pas à constamment punir les élèves, je suis même parfois complice de leur bêtises... Je préfère qu'ils s'amusent avec de simples bêtises, plutôt qu'ils ne cherchent à défier l'autorité avec des choses plus graves et puis on a tous été jeune, on fait des bêtises et des erreurs, eux aussi on le droit d'en faire après tout... c'est à nous de les aider ensuite, bien sûr il faut des limites, pas question qu'il fasse pire que nous, n'est-ce pas ?

Je lançais ma question avec un large sourire amusé, je suis sûr que tout comme moi quand j'étais jeune Kaemon avait fait un tas de bêtises, je doute qu'il en ait fait plus... j'avais une famille plutôt cool et j'en ai fait une bonne partie avec eux, surtout avec mon oncle quand j'étais plus grand et avec ma tante dans ma jeunesse. Nous sommes plus ou moins de la même génération, il n'a que quelques années de plus que moi, donc forcément on a vu les mêmes choses, après nos vies et nos chemins sont surement différents, nous avons sans eu des aventures et des galères différentes, bien que les miennes ne soient pas nombreuses, j'ai eu une vie plutôt cool de ce côté-là.

Nos bières arrivaient juste à temps, puisque j'avais attiré sa curiosité avec ce que j'avais dit, qui n'aimerait pas savoir ce qui se passe dans un tel endroit ? J'étais au centre de tout ça et en plus j'aimais tout savoir ce qui se passe, sans pour autant me forcer à écouter, c'est simple, rien qu'en tendant l'oreille dans les couloirs on entend ce qui se passe. Je crois que c'est en partie pour ça que j'aime le rôle de surveillant, je suis le lien entre profs et élèves, que demander de mieux. J'avais joué la carte du sérieux, je voulais voir ce qu'il allait dire et sa réaction, je notais une légère gêne, mais sans plus, sans doute dû à ce que j'avais dit, on a toujours peur de ce qui peut se raconter et de ce que les élèves peuvent inventer comme rumeurs sur nous ou les autres élèves, parfois j'en entends de belles sur un peu tout le monde et même à mon sujet, mais celle me concernant, je les laisse circuler, c'est une bonne façon de toujours rester dans l'esprit des gens.

-Surtout hésite pas, fait les pires conneries qui te tente et si ça se sait, je te promets de faire le nécessaire pour mettre un terme à la rumeur, je suis réglo quand je donne ma parole à quelqu'un.

J'affichais un large sourire, je me doutais bien qu'il pensait à quelque chose, mais je ne voulais pas insister, je préférais le laisser en parler, ce n'est pas mon but de percer ses secrets, après si je dois l'aider, c'est vrai qu'il faut que je sache à quoi m'attendre, mais je ne vais pas le juger, j'ai tout vu et tout entendu déjà. D'ailleurs la suite de la conversation se dirigeait bien, il aimait lui aussi les femmes, la cigarette et l'alcool, ce qui me faisait sourire et encore plus lorsqu'il me faisait remarquer qu'une jeune femme blonde s'intéressait à moi. Je prenais une gorgée de bière, faisant mine de seulement remarquer ses regards, elle semblait plutôt gêner, je lui levais ma bière avec un large sourire et elle levait son verre en me retournant un large sourire.

Pas vraiment le temps d'aller faire connaissance avec elle, ce soir je passe une soirée tranquille avec Kaemon, on a encore beaucoup de choses à se dire. D'ailleurs il prenait un air un peu plus sérieux, il s'apprêtait à m'avouer quelque chose, je reposais ma bière et je l'écoutais attentivement. Un léger sourire venait s'afficher sur mon visage à la fin de ses aveux, je ne me moquais pas de lui et je ne le jugeais pas, c'est juste que pour moi, ce n'est pas un mal de boire. Depuis longtemps je bois et je ne m'en cache pas, j'ai terminé dans des caniveaux, même en prison à cause d'une bagarre qui avait dégénéré, mais je n'ai jamais cherché à le cacher, d'ailleurs, beaucoup d'élèves sont au courant de ça et j'imagine que c'est mieux ainsi, je ne compte pas arrêter.

-Quand j'ai vu ton air sérieux, je me suis dit que tu allais m'avouer être un tueur en série... Mais si ce n'est que ça, personnellement je ne vois pas où est le problème dans l'alcool... Tu vois je bois beaucoup et ça depuis longtemps, je ne vais pas te le cacher j'ai même pris de la drogue... Et alors ? Je préfère profiter des bonnes choses, je verrais plus tard pour les conséquences... alors, bien sûr, si tu arrêtes le travail pour passer ton temps dans les bars, là c'est un problème... pas un problème d'alcool, mais quelque chose de plus profond que tu cherches à noyer. Après, rien ne t'empêche le soir de prendre une bonne cuite entre potes ou même en charmante compagnie, ce n'est pas la fin du monde pour autant... je te rassure, je peux te citer des situations plutôt étrange lorsque je me suis réveillé, mais parfois de bonnes choses me sont arrivés et je ne cache pas mon goût pour l'alcool.

J'avais dit ma tirade si sérieusement, j'en étais presque surpris, mais je reprenais vite un sourire et je reprenais la discussion presque aussitôt pour le rassurer.

-En tout cas, je suis content que tu te confis à moi, je ne vais pas te juger pour si peu... tout le monde à ses problèmes, j'en ai entendu des bien pires tu sais, donc ne t'en fais pas, ton secret est bien gardé avec moi... et si tu veux que je fasse taire toutes rumeurs à ce sujet... dis toi que c'est déjà fait, il n'y a pas pire alcoolique que moi dans le personnel du lycée.

Je me mettais à rire et je terminais ma bière d'une traite, elle était aux trois quart, je voulais prouver ce que j'avançais, même si ce n'est qu'une bière. J'étais content qu'il se lâche un peu avec moi, c'était un type plutôt cool, je l'aimais bien, alors si l'envie lui prenait de se confier à moi, je serais à son écoute et s'il a besoin d'aide, je suis disposé à lui proposer la mienne. Je suis très sympa avec ceux qui le méritent, je suis du genre gentil malgré un côté complètement déjanté et j'espérais qu'il comprenne ça chez moi, je voulais qu'il soit lui-même.

Finalement, le déroulement de la soirée n’était pas si complexe que je l’avais encore cru quelques instants plus tôt. Plus nous parlions, et plus j’avais la nette sensation que je ne devais pas autant m’imposer de limites. Certes il en fallait un minimum pour ne pas faire non plus n’importe quoi et me laisser aller, mais dans tous les cas je savais au plus profond de moi-même qu’il n’était pas de ceux qui me jugeraient. En réalité, nous n’étions pas si différents que cela, bien au contraire même, et plus nous parlions et discutions de nos points de vue au sujet entre autre des cours, plus je me rendais compte que nous étions sur la même longueur d’onde. Du moins à en juger par son sourire qui s’agrandissait perceptiblement au fur et à mesure que je lui expliquais ma conception de l’éducation, je sentais que nous avions plus à partager que quelques verres. C’était vraiment une bonne chose d’avoir échangé, et ces quelques fois où nous nous étions croisés au détour d’un couloir ou durant les heures de pauses m’avaient déjà permis de me faire une idée sur lui. Mais à présent, les choses étaient plus fixées, disons, ou plus certaines.

Lorsque j’eus finis ma tirade à propos de ma manière de fonctionner, Yoshi me dit alors que même s’il travaillait sur un autre versant envers les étudiants pour ne pas être en position de professeur mais de surveillant – ce qui devait certainement être bien plus complexe question autorité et rapports – tout comme moi il préférait laisser une certaine marge de liberté à ces derniers. Rien ne servait de leur tenir sans cesse la bride, bien au contraire il préférait les laisser purement et simplement profiter de leur jeunesse et faire à l’occasion quelques coups du moment que les choses n’allaient pas trop loin ou seraient préjudiciables pour qui que ce soit. Tout n’était au fond qu’une question de savoir gérer les choses et leur faire confiance, tout en leur laissant faire des erreurs comme nous en avions fait avant eux. D’ailleurs lorsqu’il s’exprima sur ce dernier, il ne put s’empêcher de me lancer un sourire rieur, comme s’il était sûr que je devais également être du genre à faire les quatre-cent coups à l’époque. Me mettant alors à rire, je répondis :

« Crois-moi, je n’en ai pas fait tant que cela ! Je passais plus de temps à m’occuper de ma sœur qui me battait sur bien des points à ce niveau-là qu’à faire moi-même ce genre de choses. Quoique bon, j’avoue que j’ai bien dû faire deux ou trois trucs de travers, mais ce n’était pas bien méchant. Enfin, je ne crois pas... » Plaisantai-je, sachant parfaitement que ce que j’avais bien pu faire par le passé n’avait jamais été un problème pour qui que ce soit. Juste des bonnes parties de fou-rire entre amis.

Une chose était certaine en tout cas, ce qui me préoccupait bien plus que mes histoires d’ado’ en ce moment-même était ce qu’il pouvait m’apprendre en ce qui concernait ces fameuses rumeurs qui circulaient comme toujours de droite à gauche. Faire des bêtises pour être poli était une chose. Mais ce que je commettais avec Naomi était bien plus grave que le reste. Entre le futur de la jeune fille qui serait à jamais gâché si cela venait à se savoir, la réputation qu’elle pourrait avoir à mauvais titre, mon métier que je verrai me passer sous le nez et les accusations pour détournement de mineur entre autre, nous serions tous deux extrêmement mal si quoi que ce soit venait à se faire savoir. C’est pourquoi avant de prendre des décisions pour remédier à un problème potentiel qui pourrait émerger, je devais être certain que tout soit hors de danger pour nous deux. Que rien ni personne ne pourrait se mettre entre nous pour tout faire foirer et faire un peu plus de cette vie un véritable enfer. Mais comme il me l’avait expliqué et confirmé avec sincérité, rien de tout cela n’était visiblement à l’ordre du jour. Jamais aucune rumeur n’avait circulé à mon sujet, à part celle de ma réputation envers les jeunes filles que je ne laissais, à ses dires, pas réellement insensibles et les gars qui, eux, voyaient moins cela d’un bon œil. Rumeur qui, d’ailleurs, m’arrachait un sourire amusé.

Chose en tout cas qui me touchait réellement venant de sa part fut lorsque Yoshi me promit que si jamais quoique ce soit de gênant venant à se savoir sur mon compte il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour faire taire la rumeur. Je lui rendis alors son sourire, le mien laissant transparaître toute ma gratitude. Car oui, je lui étais réellement reconnaissant, et bien plus encore qu’il ne devait sans douter. Mais préférant tous deux changer de sujet, nous en étions revenu à l’alcool qui trônait une nouvelle fois à notre table, ainsi qu’à tout ce que représentait les femmes et la cigarette à qui il vouait presque un culte. D’ailleurs en parlant de femmes, je lui fis remarquer d’un air innocent que cela devait bien faire un quart d’heure à présent qu’une blonde occidentale pour le moins ravissante était en train de le reluquer, son sourire s’agrandissant d’autant plus tandis qu’il prenait sa bière et lui adressait un regard qu’elle lui rendit. Mais apparemment, il ne semblait pas en vouloir plus pour ce soir.

Je baissai le regard pendant ce temps, regardant ma bière d’un air indécis avant de lâcher malgré moi un soupir que le son de la musique qui battait son plein dans les sonos camouflait largement. Intrigué, Yoshi me lança un regard interrogateur, attendant que je lui fasse ces aveux qu’il méritait bien de toutes manières. Je me mordis alors légèrement la lèvre inférieure – son alcoolisme n’étant pas quelque chose que l’on déclare ouvertement – et lui expliquai enfin mon problème qui, au point où j’en étais, devenait de plus en plus grave. SI je voyais que Yoshi m’écoutait avec grande attention, je n’osais pas pour autant relever le regard vers lui le temps de mes explications, plus honteux qu’autre chose. J’étais vraiment un minable, il n’y avait pas à dire... Mais s’il pouvait déjà m’assurer une certaine sécurité si un jour je venais à ne pas être dans mon état disons normal en cours, alors je me devais de le mettre dans la confidence. Et puis d’une manière ou d’une autre je le désirais, me sentant à l’aise avec lui.

Lorsque j’eus terminé mes explications, le surveillant me dit alors qu’à voir mon air grave il pensait que j’allais plus lui avouer être un tueur en série qu’autre chose. Un sourire amusé se dessina alors sur mes lèvres, tandis qu’il poursuivait plus sérieusement, m’expliquant que lui aussi n’était pas tout net de ce côté-là, prenant également de la drogue à quelques occasions, comme je l’avais également fait. Mais tant que je ne manquais pas mon travail pour picoler cela pouvait encore se gérer selon lui. Peut-être avait-il raison au fond... Peut-être voyais-je cela d’un œil bien trop strict... En même temps je savais que j’étais depuis le temps sur le fil du rasoir, et j’avais tout intérêt à me surveiller avant que les choses n’empirent un peu plus. Mais à ses dires, c’était peut-être effectivement moins grave que la manière dont je le voyais... Non, je pense que pour le coup c’était surtout mon envie terrible et de plus en plus pressante de boire qui parlait à ma place. Il était à des années lumières de tout savoir sur mon compte, c’était pour cela que ses paroles étaient plus que censées, mais tout à fait inappropriée dans mon propre cas. Mais d’un autre côté... si jamais je ne tenais pas le coup ce soir et me laissais disons aller, il ne m’en porterait pas préjudice...
Je fermai les paupières un instant, tentant de chasser cette pensée aussi séductrice que parasite de mon esprit. Ce fut toutefois sa voix qui me permit de revenir dans la réalité, alors qu’il reprit pour me dire qu’il était heureux que je me sois confier à lui, et qu’il n’allait pas me juger pour « si peu » à ses dires. Mais quant au fait qu’il n’y avait pas pire alcoolique que lui dans cette école... cela restait à démontrer. Une chose était certaine en revanche, je me sentais bien moins seul à présent. Mon sourire s’agrandit alors à ses paroles, tandis qu’il ponctuait ses paroles d’un rire tout en buvant d’une traite son verre.

« Bon sinon dis-moi, que fais-tu de ton temps-libre en dehors de Rayen ? » Lui demandai-je, histoire d’un peu mieux le connaître.