Joyeux, fêtard, dragueur, Kyoya est un exemple parfait de l’adolescent moderne. Toujours entouré de sa bande d’amis, il est extraverti au possible. Il déteste se sentir seul et isolé. Son passé le hante. Il préfère se cacher derrière un masque souriant et de bonne humeur de laisser ses émotions prendre le dessus et lui rappeler à quel point il est faible. Le blondinet ne connait pas l’amour. En effet, il n’est jamais tombé amoureux de qui que se soit, bien qu’il soit sans cesse entouré de jeunes filles plus mignonnes les unes que les autres. Cependant, malgré le fait qu’il n’ait jamais aimé, il n’en reste pas moins vrai qu’il a eut des attirances plus ou moins fortes aussi bien pour les demoiselles que pour les damoiseaux. Au cours de ses nombreuses aventures, on compte autant de femmes que d’hommes. Kyoya aime beaucoup faire la fête. Il ne rate pas une occasion de sortir s’amuser. Souvent, il rentre tard, accompagné, bourré (note de Kyota : et impuissant). De ce fait, il se couche très tard et se lève très tard aussi. C’est une véritable marmotte (note de Kyota : qui met le chocolat dans le papier d’allu !). L’effet marmotte est d’autant plus grand l’hiver : Kyoya déteste le froid et préfère se fourrer dans sa couverture que de mettre le nez dehors. Sa saison préférée, c’est l’été. Durant l’été, sur la plage, il y a de jolies filles.

Sous son caractère de dragueur se cache un être sensible et susceptible. Il ne supporte pas d’être comparé à ses parents, fêtards eux aussi. Lorsqu’on le compare à eux, il devient brusquement agressif, insulte tout ce qui passe sans pour autant devenir violent physiquement. Sa logique : ne jamais frapper, parce que ça laisse des traces sur le corps et que le corps d’un homme est sacré. En réalité, derrière cette logique, se cache la peur de finir comme ses parents.

Son passe temps favori lorsqu’il est chez lui est de travestir son frère. Il prend un malin plaisir à le faire enrager à cause de son visage efféminé (note de Kyota : même s’il a le même...). Bien qu’ils soient très différents, les jumeaux sont très proches et s’aiment énormément. Ils ne pourraient pas passer deux jours séparés sans devenir complètement fous. Kyoya a besoin de Kyota et Kyota a besoin de Kyoya.

« T’as d’beaux yeux tu sais ? »
Oui, ils savent. Que ce soit Kyoya ou Kyota, ils ont tous les deux les mêmes yeux. Normal pour des jumeaux. Leurs iris sont bleues océan et ils en sont bien conscients. Surtout Kyoya qui use de ce magnifique regard pour appâter toutes les demoiselles et damoiseaux qui tourbillonnent autour de lui. Kyota s’en fiche, quand à lui, de la couleur. Il la trouve même trop flashante et essaie de la cacher. Accordés à leurs yeux, leurs cheveux sont blonds comme les blés. Kyoya les porte légèrement plus longs et plus désordonnés que son frère. Kyota quand à lui les préfère ordonnés.

« C’est du chocolat ou des muscles que t’as là ? »
Des muscles évidemment. Et pas qu’un peu. Kyota est très sportif, il est donc normal qu’il soit musclé. Mais pas trop. Juste ce qu’il faut, où il faut. Kyoya n’est pas sportif du tout. Mais, néanmoins, il suit son frère lors des entrainements. Il lui faut entretenir son corps pour continuer à attirer les gentes masculines et féminines. Au niveau du poids, ils sont dans les normes : Kyota pèse 80kg tandis que Kyoya pèse dans les 78kg. Pour ce qui est de leurs tailles, ce sont des perches. Kyoya mesure 1m87 et Kyota 1m89.

« Whaaaah ! T’as la classe ! »
Et pour cause ! Ils ont un style à la fois commun et hors du commun. Autant, lorsqu’ils sont habillés normalement, ils adoptent un style simple mais classe. Une chemise, une cravate, un jean, une veste, des chaussures, des chaussettes, un boxer. Pas de soutien-gorge, évidemment. Kyota porte toujours un haut à manche longue, même lorsqu’il fait beau et chaud. Grâce aux manches, il cache sa cicatrice. Kyoya porte toujours divers accessoires pour se démarquer et toujours plus attirer les regards. Bracelets, chapeaux, barrettes et piercing d’oreille sont au rendez-vous. Mais, lorsqu’ils sont dans leurs journées à thèmes, ils adoptent complètement le style et le mode de vie de ce en quoi ils sont déguisés. Lorsqu’ils sont déguisés en chats par exemple, ils passeront la journée à jouer, à ronronner, à miauler, à manger et à dormir. Kyoya en profite souvent pour aller se cacher dans le décolleté des demoiselles et réclamer des câlins à tout bout de champ. Kyota est toujours assez retissant quant à ces coutumes, mais suit tout de même son frère dans ces délires qu’il apprécie même s’il refuse de l’admettre.

Tokyo ; le treize octobre mille neuf cents quatre-vingt-dix. (13/10/1990)
La fête battait son plein dans l’hôtel où étaient logées les classes des écoles venues en voyage scolaire depuis Hokkaido. Dans la salle principale, accoudée au bar, Emily Stanford, une jeune anglaise, avait délaissé sa correspondante Japonaise chez laquelle elle était en séjour pour deux ans. Elle préférait de loin prendre un verre ou deux (ou trois) seule, ou mal accompagnée, que de danser sur les tubes qu’elle considérait comme pourris de J-Pop du moment. Le serveur lui tendit alors un verre rempli de vodka, précisant simplement qu’il venait de la part du jeune homme accoudé de l’autre côté du bar. En s’approchant, ils commencèrent à faire connaissance et s’aperçurent qu’ils avaient beaucoup de choses en commun et qu’ils habitaient la même ville : Wakkanai. Ayant beaucoup bu, ils se réveillèrent le matin, avec une magnifique gueule de bois, dans le lit d’Akio Katsunobu. Ils avaient alors seize ans. Et c’était le début de leur histoire.

Hokkaido ; le vingt-cinq décembre mille neuf cents quatre-vingt-quatorze. (25/12/1994)
Neuf mois auparavant, il y avait eut une tempête, plongeant la ville dans la pénombre. Emily révisait ses partiels de sciences naturelles. Au chapitre ce soir là, « la reproduction sexuée chez l’homme ». Lorsque la lumière se coupa brusquement, Akio lui proposa un cours de travaux pratiques. C’est alors que les ennuis commencèrent. Cinq mois plus tard, à la suite d’un malaise, Emily fut hospitalisée, découvrant après une complète panoplie d’examens divers et variés qu’elle était enceinte de cinq mois. Ce fut un véritable choc pour le couple qui ne désirait pas d’enfant. Refusant de croire à cette éventualité, la future mère considéra qu’il était impossible qu’elle mette au monde un enfant et de ce fait, ne passa aucun examen obligatoire en théorie. Quatre mois plus tard, elle fut à nouveau hospitalisée le jour de noël : quelques heures plus tard, elle donnait naissance à deux enfants qu’ils ne désiraient pas. Kyoya et Kyota étaient nés.

Wakkanai ; début des années deux-mille.
Alors qu’Emily et Akio rentraient à peine leur tour du monde qu’ils avaient effectué en six ans, les jumeaux étaient accueillis chez leur tante où ils vivaient des jours heureux. Leur cousine, Momoko, avait prit l’habitude, les trouvant mignons, de les travestir en fille. Ce qui ne leur déplaisait pas plus que ça. En rentrant chez eux, ils gardèrent cette habitude, innocents, ils trouvaient ça marrant. C’était, pour eux, un jeu. Mais pour leurs parents, ce fut un des nombreux motifs qu’ils évoquèrent pour les frapper, les maltraiter. Du moins, ce fut le premier qu’ils employèrent pour commencer à les cogner. En réalité, ils trouvaient n’importe quel prétexte pour passer leurs nerfs sur leurs enfants qui n’avaient pourtant rien demandé. Plus sage qu’eux à leur âge, il était difficile de trouver. Habituellement, les enfants de six ans sont turbulents et désobéissants. Ils sont en âge de commencer à découvrir ce qu’il se passe autour d’eux, courent partout, jouent dans la boue, se salissent, font du vélo, s’amusent avec leurs nouveaux copains dégotés à l’école. Leurs pantalons propres le matin reviennent sales et déchirés le soir. Mais Kyoya et Kyota n’étaient guère comme cela. Ils préféraient de loin rester au chaud dans l’appartement familial que sortir par le froid qui commençait à gagner le pays début octobre.

Petit à petit, les enfants grandissent, évidemment. Les jumeaux ne changèrent pas leurs habitudes jusqu’au début du collège, alors qu’ils avaient douze ans. C’est à cette époque que leurs caractères commencèrent à s’affirmer. Kyoya, ayant toujours été un bout en train, ne perdit pas cette habitude. Il s’entoura très vite d’une bande d’amis quasiment inséparables. Ce qui déplaisait à ses parents qui en profitèrent pour le battre de plus belle. Mais Kyota n’était pas de cet avis. Il en avait plus qu’assez que ses géniteurs se défoulent sur eux et tout particulièrement sur son frère qu’il adorait. Il commençait à s’interposer entre eux et recevait les coups qu’il n’osait pas rendre à cette époque. Au collège, il était seul, froid et isolé. Il ne souhaitait pas s’entourer de gens qu’il considérait comme étant hypocrite. Plus que tout, il détestait qu’on commente son visage aux traits féminins. Il n’hésitait pas à en venir aux mains dès qu’un idiot venait l’embêter. Mais derrière son caractère de gros dur se cachait un adolescent fragile et sensible qui ne haïssait rien plus que la violence.

A quinze ans, ils entrèrent au lycée. Quelle ne fut pas leur surprise en ouvrant les paquets contenant leurs uniformes scolaires : ceux-ci contenaient deux uniformes complets… féminins. Ce qui enchantait Kyoya, et déplaisait fortement à Kyota qui râla pendant trois jours, jusqu’à la rentrée. Mais n’ayant pas d’uniforme de rechange, ils durent affronter le premier jour dans cette nouvelle école avec leurs jupes, s’attirant d’ores et déjà les foudres de l’administration. Les filles se ruèrent sur les jumeaux qu’elles trouvaient mignons mais abandonnèrent rapidement Kyota à cause de sa façade brutale. Et les années lycées commencèrent. Les jumeaux ne s’arrêtaient pas là : ils avaient un déguisement différent pour chaque jour. Le lundi, Kyoya était habillé en fille. Le mardi, c’était le tour de Kyota. Le mercredi, ils étaient déguisés en chats. Le jeudi, Kyoya en abeille et Kyota en ours. Le vendredi, les deux en loups. Le samedi, en personnage de fiction. Et le dimanche, vacances, à poil. Se déguiser, se travestir, était devenu une habitude. Cela leur permettait de s’évader dans un autre monde, d’être quelqu’un d’autre. En effet, ils ne faisaient pas que se déguiser : ils adoptaient le mode le mode de vie de ce en quoi ils se déguisaient. Ce qui était d’autant plus amusant pour eux, comme pour les autres.

Au retour des vacances d’été, que les jumeaux avaient passé chez leur tante, ils découvrirent leurs parents plus violents que jamais. Leur père buvait, leur mère se prostituait. Ils étaient endettés jusqu’au cou et rejetaient la faute sur leurs enfants. Un soir, alors qu’Akio était ivre, il s’empara de Kyoya par les cheveux et voulu le balancer du haut des escaliers. Kyota s’interposa une nouvelle fois, empêchant son frère de dévaler les marches, tombant à sa place. En bas, il arriva avec tellement de force qu’il heurta violemment la porte vitrée. Celle-ci se brisa en mille morceaux. Un des bris de glace vint profondément entailler son bras. Ce fut cet acte qui les poussa à partir à l’autre bout du pays En effet, durant les vacances ils avaient un pensionnat à Matsuyama. Pendant que la partie administrative se réglait, ils iraient habiter chez leur tante, à Tokyo. C’est en Novembre qu’ils arrivèrent enfin au Pensionnat Rayen.