Skylar possède une multitude de facettes. Toutes ces personnalités différentes qu’elle a appris à apprivoiser pour se servir de la plus appropriée avec son interlocuteur ont fait d’elle une personne très sociable et compréhensive ; elle arrive à adapter son caractère.
Elle a développé un sens de l’observation hors du commun, doublé d’un instinct aiguisé. Elle remarque sans effort le moindre tic nerveux, la plus légère des lueurs dans un regard, la respiration irrégulière provoquée par une émotion même contenue… Et si elle ne parvient pas toujours à trouver les mots qui conviennent à chaque situation, elle manie à la perfection le langage corporel. Incapable de consoler par la parole, elle excelle dans l’utilisation de gestes tendresses qui peuvent apaiser les blessures les plus profondes du cœur.
Cette jeune femme cherche toujours à comprendre les personnes qui l’entourent. Telle une chasseresse elle tente de se mettre à la place de sa proie, de façon à anticiper ses réactions.
Elle n’aime pas voir les gens souffrir. Pour éviter ça, elle est prête à prendre la douleur des autres sur ses épaules ; quitte à se détruire à leur place. Elle n’agit pas de cette façon uniquement avec les personnes qu’elle affectionne, il en va de même avec chaque individu. Par ailleurs elle n’a que très peu d’amis, elle ne supporte pas de se lier aux autres… L’attachement lui fait peur, elle a conscience de son dangereux handicap qui pourrait blesser fortement quiconque oserait lui vouloir du bien.
Tout ceci mis à part, Skylar est une grande fêtarde. Elle adore s’éclater, danser jusqu’au petit matin, flirter et prendre du bon temps. Ses qualités font d’elle une redoutable séductrice, elle n’hésite jamais à user de son charme pour obtenir ce qu’elle désire – peu importe ce dont il s’agit. Elle profite aussi des soirées pour goûter à tout ce qu’elle trouve, que ce soit de l’alcool, des joints ou bien de la drogue dure. Ce sont ses petits péchés mignons, elle peine à y résister…
Elle prend beaucoup de plaisir à apprendre de nouvelles choses. Attentive, elle prête une attention particulière à chaque cours, chaque échange constructif. Elle adore découvrir, notamment quand il s’agit de musique – un sujet sur lequel elle peut passer des heures.
Il y a une chose que très peu de personnes savent à son sujet. C’est son plus grand secret, la porte vers le monstre qui sommeille en elle et déchaine sa fureur sans crier gare.
Elle est bipolaire. De façon générale, le « bon côté » de cette maladie réussi à avoir le dessus. Elle se montre joyeuse, heureuse de vivre, agréable avec son entourage. Mais, le reste du temps…
Elle fait du mal à quiconque l’approche. Enfoncée dans son malheur, perdue dans les ténèbres de son esprit, enfermée dans une prison obscure dont personne ne peut la libérer elle se laisse mourir. Le monstre la pousse à bout, lui susurre que la destruction est l’unique solution… Et elle n’a d’autre choix que le croire, il est le seul à la comprendre. Il a faim, et se nourrit de sadisme, a besoin de sa dose de souffrance. Une fois rassasié, après avoir plongé la jeune fille dans des abîmes dont elle ne peut ressortir indemne, il disparait.
Jusqu’à la prochaine fois.

Skylar est une beauté froide.
Elle possède un corps incroyable. Sa peau est pâle et douce comme celle d’un bébé, dénuée d’imperfection. Elle est plutôt de petite taille, mesurant 1m60 tout rond et pourtant ses jambes fines et musclées semblent interminables. Son ventre plat contraste avec sa forte poitrine et son derrière bien rebondi, atouts que l’on ne s’attend pas à retrouver chez une personne aussi mince.
Elle prend grand soin de son corps, qu’elle a entrainé durant des années dans l’optique de se lancer dans le pole dance, un sport qu’elle a commencé l’année précédente et qui lui a permis d’allier souplesse et force. Ce serait une énorme erreur de la sous-estimer à cause de son gabarit, et ceux qui l’ont faite ne récidiveront sans doute jamais.
Elle a complété ce travail sur son corps par un tatouage : trois immenses griffures dans le dos. La première commence juste sous son épaule gauche, et s'éternise jusqu'à sa fesse. La suivante est espacée d'environ deux centimètres et s'arrête dans le bas de son dos, parallèle aux deux autres. La dernière quant à elle apparaît juste sous sa nuque pour se finir à peine plus haut que la précédente. Toutes sont d'un rouge vif, et ce n'est qu'en touchant sa peau que l'on voit que cette blessure n'est qu'une illusion.
Pour ce qui est de son style vestimentaire, elle n’en a pas vraiment. Elle s’habille selon son humeur, et porte de tout du moment que c’est bien assemblé. De même, elle n’a pas de préférence au niveau des couleurs.
Elle a un visage fin, encadré par de longs cheveux blonds aux pointes noires qui descendent jusqu'à ses épaules et dont le volume rappelle la crinière d’un lion. Ses dents d’un blanc éclatant sont cachées par ses lèvres charnues et douces.
Le plus frappant chez elle reste son regard. Elle a de grands yeux verrons, dans son cas bleus avec une pointe de marron dans l’œil droit. Leur couleur n’est pas le plus impressionnant, c’est sa façon de regarder. Toujours très expressive, elle peut faire passer n’importe quelle émotion à travers son regard. Il arrive que ses interlocuteurs se sentent mal à l’aise quand ils croisent son regard… Même quand il est bienveillant.

Cour de récréation, 2002.
« Regarde, toujours toute seule cette fille ! Elle est trop bizarre ! »
Des rires. Les ombres l’entourent.
« T’es trop moche Skylaide ! Tu fais pitié, lui lance l’enfant.
- Laissez-moi tranquille… supplie-t-elle, au bord des larmes.
- Tais-toi ! »
Le plus grand prend un caillou, et l’envoie. Elle a tout juste le temps de se protéger avant que le projectile ne la touche. Elle pleure, encore, toujours.
« Ouh la pleurnicharde ! Skylaide, Skylaide, Skylaide ! »
Ils se mettent à danser autour d’elle, répétant sans arrêt cet ignoble surnom. Elle reste repliée sur elle-même, impuissante face à cette humiliation qui n’est ni la première, ni la dernière.

Gare, 2010.
Il est tard, presque minuit. Le prochain rer devrait arriver d’ici environ 5 minutes.
Il n’y a que deux personnes à la station, une jeune fille de sa classe et elle-même. Elles ne se sont jamais parlées mais ça fait déjà plusieurs mois que Skylar l’observe, ce qu’elle est en train de faire discrètement. Il fait sombre, ce qui ne l’empêche pas de remarquer les larmes qui coulent sur son visage, très légèrement éclairées par la lueur de la lune. Elle distingue ses frissons, ses mains qui tremblent.
« Ça confirme ce que je pensais, c’est pour ce soir. » pense Skylar, désormais sûre d’elle.
Elle entend le rer qui arrive au loin. Sa camarade s’approche du rebord en attendant le véhicule.
Ensuite, tout se passe très vite.
Le premier wagon n’est plus qu’à quelques mètres. Skylar court vers la jeune fille. La demoiselle se penche vers les rails. Elle commence à basculer, un sourire mélancolique aux lèvres. D’un coup, elle est tirée en arrière et jetée avec force sur le bitume de la gare. Elle est choquée, ne bouge pas d’un poil.
Skylar la prend dans ses bras comme une princesse et s’éloigne de ce qui a failli être la tombe de sa collègue. Elle la fait s’assoir sur un banc devant la gare et prend place à côté d’elle. Tout est calme.
Elle passe délicatement sa main dans les cheveux de la rescapée, et après lui avoir déposé un doux baiser sur le front lui murmure :
« Tout ira bien. Je suis là, maintenant. Tu n’as plus rien à craindre… »

Ruelle, 2011.
Il n’est que 23h et Skylar rentre de soirée. D’un coup, elle a senti les prémices d’une violente crise et a préféré s’éclipser. D’ici moins de dix minutes, elle serait chez elle. Serrant les dents pour contenir les sanglots dans sa gorge, elle hâte le pas.
« Bonsoir, mademoiselle ! C’est pas une bonne idée de vous promener si tard vous savez… »
Elle se retourne. Un homme plutôt jeune, la vingtaine peut-être, vient de poser la main sur son épaule.
« Je rentre chez moi. Passez une bonne soirée.
- Vous avez peut-être besoin que je vous raccompagne ? On ne sait jamais dans le coin… dit-il en descendant sa main sur le dos de la jeune femme.
- Non merci, ce ne sera pas nécessaire. Bonne soirée. » lâche-t-elle d’un ton sec en se dégageant du contact de cet inconnu. Après lui avoir lancé un regard froid, elle reprend sa marche rapide en direction de sa maison. Mais à peine a-t-elle fait trois pas qu’elle sent sa main se poser sur sa hanche, la forçant à se retourner.
« Ne soyez pas si ingrate ! On pourrait passer un petit moment sympathique, rien que tous les deux… »
Son sang ne fait qu’un tour. Répugnée par cet homme qui se permet de poser la main sur elle sans son autorisation, en proie à un désespoir pressant qui lui rappelle qu’il faut qu’elle rentre chez elle pour pouvoir se calmer tranquillement, elle s’écarte d’un geste brusque et toise l’être qui se tient devant elle, de la haine dans les yeux.
« Salope ! » laisse échapper le type, qui ne s’attendait visiblement pas à une telle réaction.
Le monstre en elle grogne. Il est réveillé. Mais, surtout, il est affamé.
« Ecrase-le. » lui susurre la voix grave du monstre dans sa tête.
Le désespoir et la douleur deviennent haine, et elle se jette de toutes ses forces sur le pauvre humain.
Des cris de souffrance déchirent le paisible silence de la nuit, qui ne s’arrêteront que des heures plus tard, quand la folie de Skylar se calmera et la laissera exténuée, dans un état second, un cadavre étendu à côté d’elle.

Immeuble, 2012.
« Maman, je vais partir. »
Sa mère se retourne, un brin étonnée par cette déclaration pour le moins directe, et concentre toute son attention sur sa fille.
« Mais, pourquoi ? Et où comptes-tu aller ?
- Il faut que je quitte cette ville. J’ai vraiment besoin de changer d’air, de voir de nouvelles choses. Je t’en prie, ne pose pas plus de questions. Je me sens mal ici, tu le sais bien. »
Silence. Sa mère baisse les yeux, elle se doutait que ce jour arriverait. Elle l’avait redouté et espéré en même temps, car si elle sait que sa fille lui manquerait énormément, elle est aussi convaincue que vivre ici ne lui est pas bénéfique.
« Je vais au Japon. J’ai trouvé un pensionnat qui me semble très bien, j’ai juste besoin de ton accord. »
Skylar livra à sa mère toutes les informations qu’elle avait pu collecter à propos du Pensionnat Rayen, et eut la permission de s’y rendre sans difficulté.
« Merci, maman. Je t’aime, ne l’oublie jamais. »