Les jours défilaient et les choses devaient de plus en plus claires entre la pom-pom girl et le professeur d’anglais.
Mais il y avait un autre problème que Naomi n’avait pas encore réglé. Elle n’avait pas encore parlé de cette histoire à son meilleur ami, Rin. Elle ne pouvait plus garder sa pour elle. Ce secret devenait trop dur à porter. D’ailleurs plusieurs fois, Rin lui avait demandé si tout allait bien comme s’il se doutait de quelque chose.

La pom-pom girl avait croisé Rin en revenant de son cours de danse. Elle était complètement épuisée. Elle arrivait seulement à récupérer son retard. Mais comme à son habitude, Rin lui demanda si elle était sûre que tout allait bien. Une fois de plus, Naomi lui répondit que oui tout allait bien. Quelque chose sur son visage devait la trahir. D’un autre côté, Rin était la personne qui la connaissait le mieux au sein du pensionnat. La jeune fille n’avait pas prolongé la conversation. Elle avait pas mal de boulot en retard. Après s’être douchée et avoir prit soin de démêler ses longs cheveux roses. Elle se mit sur ses devoirs mais tout en ayant l’esprit ailleurs.
Elle saisit son portable et écrivit un message :


Elle l’envoya à Rin en espérant qu’il ne s’inquiète pas d’ici demain. Ce n’était rien de grave dans le fond. Elle avait juste succombé aux charmes de l’un de ses professeurs et risquait l’exclusion s’ils se faisaient surprendre. Mais, Naomi avait entièrement confiance en Rin. De plus, elle avait besoin de savoir ce qu’il en pensait de tout ça. Même si de ce côté-là, ce n’était pas facile pour lui non plus. Entre ses diverses ruptures avec Cassiopea et ses histoires avec Ayame, il n’était pas gâté.
Une fois ses devoirs terminés et ses leçons relues, la jeune fille fut soulagée de retrouvée son lit. Elle s’endormit dans les minutes qui suivirent.

Le lendemain matin, elle reprit les choses habituelles. Elle se leva à 6h pour faire son jogging. Les beaux jours revenaient peut à peu avec l’arrivée du printemps. Vêtue de son survêtement et de son sweat, la pom-pom girl partit courir au bord de la plage. Cela se sentait qu’elle n’avait pas couru depuis un moment. Au bout d’une trentaine de minutes, elle dut s’arrêter et marcher un petit moment afin de bien récupérer. Elle en profita pour jeter un œil à l’horizon. La mer était bien calme se matin malgré les quelques coups de vent. Le soleil commençait son ascension dans le ciel de plus en plus tôt. Naomi pouvait sentir les premiers rayons sur son visage. Elle ferma un instant les yeux. A partir d’aujourd’hui c’était fini les mensonges avec Rin. Ce qui faisait peur à la demoiselle était que Rin lui en veuille de lui avoir menti. Elle savait au fon d’elle-même que c’était absurde mais elle ne savait pas pourquoi elle avait peur. Elle rouvrit les yeux et repartie en direction du pensionnat avec détermination.
La journée de cours se déroula normalement. La jeune fille resta concentrée un maximum. Ses professeurs lui avaient reproché d’être trop lunatique ces derniers temps. D’ailleurs, l’un de ses professeurs lui fit remarquer qu’il était content qu’elle soit à nouveau sérieuse.

A la cafétéria, la bonne humeur était au rendez vous. Les élèves rigolèrent de tout et de rien. Cela faisait longtemps que Naomi n’avait pas mangé dans une telle ambiance et franchement ça lui faisait un bien fou.
En se dirigeant vers la salle où elle avait cours cet après midi, elle croisa Kaemon. Elle le salua poliment en essayant de contrôler ses émotions. Il fit de même. Mais dans leurs regards, on pouvait voir quelque chose de différent.
Les cours de l’après midi passèrent assez rapidement. Lorsque la sonnerie retentie dans le pensionnat. La plupart des étudiants se dirigèrent dans la cours ou en ville pour profiter des premiers soleils. Naomi, quant à elle, se dirigea d’un pas assez déterminé vers le toit du pensionnat. Au moment de monter les marches qui la conduisait vers le lieu du rendez vous, la pom-pom girl sentit son estomac se nouer. Elle s’arrêta un instant. Refusant de faire marche arrière, elle reprit son chemin et ouvrit la lourde porte en métal qui menait au toit.

Les rayons du soleil éblouirent la jeune fille, qui jeta un vif coup d’œil. Rin n’était pas encore là. Elle se dirigea vers le bord du toit. Elle posa son sac contre le mur et s’y assit, attendant l’arrivée de son ami. Elle savait qu’il finissait les cours plus tard qu’elle, ce qui lui permettait de réfléchir à ce qu’elle allait lui dire et surtout de quelle manière…
Plus les minutes passèrent, plus la pom-pom girl s’embrouillait dans sa tête. Elle ferma, donc, les yeux et prit de grandes inspirations pour se détendre. Elle sentit le vent souffler sur son visage et balayer ses longs cheveux roses qu’elle avait prit soin de tresser ce matin.

Soudain, Naomi entendit la grosse prote en métal s’ouvrit. Elle rouvrit vivement les yeux et tourna la tête en direction de la porte. Rin marchait dans sa direction. Ce n’était plus le moment de reculer…

Assis sur mon lit, les yeux rivés vers le sol tandis que j’avais lâché sans soin mon sac à terre en venant de terminer cette épuisante journée de cours, je lâchais un profond soupir. Décidément il fallait que j’apprenne à prendre du recul, car à chaque fois il fallait que je me prenne la tête pour quelque chose. Certes j’avais repris du poil de la bête en cours, tout se passait pour le mieux avec Cassiopea et j’avais réussi à m’expliquer avec Ayame, mais... cette fois c’était Naomi qui me préoccupait. Pourquoi ? Je n’en savais trop rien. Elle était étrange ces derniers temps, vraiment distante. Etait-ce parce qu’elle avait mal pris ce que je lui avais raconté vis-à-vis d’Ayame et moi ? L’avais-je déçu au point qu’elle refuse de me parler et préfère m’éviter ? Non. Même si cette perspective m’angoissait, je la connaissais beaucoup trop pour savoir qu’elle n’était pas de ce genre-là. Je lui faisais on ne peut plus confiance, mais ce que je ne comprenais pas c’était pourquoi ça n’était pas réciproque au fond. Je voyais bien que quelque chose clochait, qu’elle allait mal ces derniers temps et qu’elle avait constamment l’esprit ailleurs, mais alors pourquoi ne me parlait-elle pas au lieu de continuer à me faire ce faux sourire et à prétendre que tout allait bien alors que je savais pertinemment que ça n’était pas le cas ? Je ne voulais pas non plus la harceler en le lui demandant 36 fois par jours, mais je me sentais vraiment mal de ne rien pouvoir faire pour elle. Si au moins elle vidait son sac une bonne fois pour toute... Mais elle ne semblait franchement pas décidée à le vouloir... D’un autre côté, peut-être les choses changeraient-elles ce soir. En effet, elle m’avait envoyé un message la veille pour me dire qu’elle avait quelque chose d’important à me dire et qu’elle m’en parlerait plutôt aujourd’hui après les cours, ce qui n’avait fait que m’angoisser un peu plus.

La porte de la chambre qui s’ouvrit m’extirpa de mes pensées. Ayame venait de rentrer de cours, et elle me salua alors d’un sourire quoiqu’un peu gêné, que je lui retournais. Les choses avaient beau s’être améliorées à présent que nous avions pu discuter, tout n’était pas aussi limpide qu’autrefois. Normal en même temps, après tout ce qu’il s’était passé entre nous... Et je n’arrivais toujours pas à digérer le fait qu’elle ait tenté de se suicider en grande partie à cause de moi. Jamais je ne pourrais me le pardonner même si j’essayais de faire bonne figure devant elle. Qu’elle voit à quel point je me haïssais ne serait-ce qu’à cause de cette histoire l’agacée puisque, selon elle, ça n’était pas entièrement de ma faute si elle en était arrivée à une telle extrémité. Peut-être bien oui... Mais dans tous les cas ma conscience ne sera jamais tranquille.
Alors qu’elle posait ses affaires sur son lit, elle me fit remarquer en riant que j’avais ma tête des mauvais jours. Je la gratifiais alors d’un sourire moqueur, et, après une certaine hésitation, je lui demandais :

« Dis-moi... Tu ne trouves pas Naomi bizarre ces derniers temps ? »

Elle me répondit alors qu’elle n’avait pas eu l’occasion de la croiser bien souvent, ce qui ne m’étonnait pas le moindre instant. Apparemment elle se repliée pas mal sur elle-même. Ayame me demanda alors pourquoi je lui demandais une telle chose, ce à quoi je lui répondis, le regard absent :

« Non, pour rien... »

Celle-ci haussa alors les épaules et rangeais ses affaires, tandis que je me relevais pour aller prendre des affaires de rechange dans le placard. Après une bonne douche j’aurais peut-être les idées au clair. Enfin, je l’espère...
Je pris alors mon portable et lui envoyais un texto pour lui dire :



Je rentrais alors dans la salle de bain pour me laver et me changer rapidement avant de rejoindre Naomi. Après m’être lavé en un temps record, je me séchais rapidement et passais mon jean noir ainsi que ma chemise bien entendu de la même couleur avant d’ajouter ma ceinture cloutée par-dessus. Puis je sortis de la salle de bain, enfilais rapidement mes rangers et quittais la pièce pour me diriger vers les escaliers que je montais au pas de course.
Une fois arrivé au quatrième étage, je poussais la lourde porte d’acier qui menait sur le toit, et aperçu la silhouette de Naomi qui se tenait dos à moi, tournée vers l’horizon. Sa longue tresse virevoltait sous l’effet du vent tandis qu’elle semblait regarder le paysage d’un air absent. Non, elle n’allait vraiment pas bien.

Je m’avançais alors doucement vers elle, les mains dans les poches, et, une fois parvenu à sa hauteur, je lui dis d’une voix douce et basse, un peu embarrassée :

« Hé. Salut »

Je me mordillais la lèvre, ne sachant trop quoi lui dire.

« Je ne te demande pas si tu vas bien, je me doute de la réponse... »

Je lui avais dit cela sur un ton dénué de reproche. Je ne lui en voulais pas, bien entendu, ais j’espérais juste pouvoir un peu mieux comprendre pourquoi ma meilleure amie était si étrange ces derniers temps. Mais j’allais enfin avoir ma réponse ce soir...

La veille avant d’aller se coucher, Naomi avait envoyé un message à son meilleur ami, Rin, lui disant qu’elle devait lui parler de quelque chose d’important. Effectivement, depuis un petit moment, Rin semblait être inquiet pour Naomi. Il lui demandait souvent si tout allait bien. Il connaissait bien Naomi et il devait se douter qu’à ses réponses quelque chose clochait. La pom-pom girl ne lui avait pas encore parlé de sa petite histoire avec le nouveau professeur d’anglais. Mais pourquoi ? Même elle ne savait pas trop… Sans doute par peur, mais peur de quoi ? Elle savait que Rin ne la jugerait pas, bien au contraire il lui dirait quoi faire. De plus, elle avait marre de lui cacher. Ce petit jeu était fini. Demain, elle dirait toute la vérité à son meilleur ami, il méritait de savoir.

La journée de cours passa normalement. La jeune fille réussit à se concentrer une bonne partie de la journée. D’ailleurs un de ses professeurs était content de la voir de retour et en forme.

Quand la dernière sonnerie retentie, la plupart des étudiants se précipitèrent dans la cours ou en ville pour profiter du beau temps. Le printemps commençait à s’installer sur le Japon. Les beaux jours se faisaient sentir ce qui réjouissait beaucoup de monde. La pom-pom girl se dirigea vers le toit, qui était le lieu de rendez vous donné à Rin. Elle montait doucement les marches mais à demi chemin, elle sentit un nœud se formé au niveau de son ventre. Ce n’était plus le moment de reculer. Elle devait mettre les choses au clair ce soir. Dans la forêt, il avait été franc avec elle. Aujourd’hui c’était à cette dernière d’être franc avec lui.
Elle attendit patiemment l’arrivée de son ami en cherchant les mots justes. Soudain, la jeune fille attendit la lourde porte s’ouvrit. Très rapidement, Rin arriva à sa hauteur. Naomi regardait l’horizon, tellement elle se sentait honteuse d’avoir cachée la vérité à son meilleur ami.

« Hé. Salut » Dit-il d’une voix douce mais légèrement embarrassée.

La pom-pom girl ne sut pas quoi répondre à cela. De plus, elle n’en eut pas le temps parce Rin ajouta rapidement.

« Je ne te demande pas si tu vas bien, je me doute de la réponse... » Dit-il assez sèchement.

Naomi se mordit la lèvre. Elle s’en voulait de ne pas lui avoir dit plutôt. Elle savait qu’il n’était pas en colère après elle mais il aurait aimé savoir ce qui se passe bien plutôt.
La pom-pom girl se racla la gorge plusieurs fois avant de pouvoir dire quoique ce soit. De plus, elle n’osait pas regarder son meilleur ami pour pouvoir maîtriser ses émotions.

« Avant toutes choses, je tenais à m’excuser de ne t’avoir pas parlé de ça plus tôt… » Dit-elle en regardant toujours l’horizon. « Ce n’était pas contre toi, je ne remets pas notre amitié ni la confiance que j’ai pour toi mais je ne pouvais pas t’en parler immédiatement. C’était trop dur pour moi… Et je ne voulais pas t’inquiéter, tu avais déjà assez de problèmes avec Cassiopea et Ayame donc je ne voulais pas en rajouter… »

Naomi s’interrompu. Elle tourna, alors, le regard vers Rin, qui la fixait intensément.

« J’espère juste que tu comprends mieux maintenant… » Ajouta t-elle d’une voix gênée.

L’adolescent semblait compréhensif comme à son habitude mais la jeune fille pouvait voir sur son visage qu’il attendait la raison, maintenant.
Naomi détourna, une nouvelle fois, le regard vers l’horizon. Le soleil commençait sa descente pour laisser place à une nuit belle et éclairée.
La pom-pom girl mit quelques minutes à commencer son histoire. Avec une voix tremblante, elle prit son courage à deux mains et prit la parole.

« Je ne sais pas trop comment te dire les choses, tellement je crains ta réaction… Je ne peux pas prédire ta réaction sur ce coup là… » Commença t-elle. « Tu vois qui es le nouveau professeur d’anglais ? » Lui demanda t-elle en se tournant vers lui.

Naomi sentit les poils s’hérisser sur les bras. Elle ne pouvait plus refaire marche arrière. Elle devait aller au bout des choses même si Rin la jugeait par la suite, c’était trop tard pour renoncer.

« Nous avons une relation qui est plus qu’une simple relation prof-élève… » Avoua t-elle enfin avec une voix tremblante.

C’était dit. L’adolescente détourna le regard vers le ciel orangé illuminé par les derniers rayons du soleil. Elle ne pouvait pas regarder son ami, qui était à ses côtés. Elle avait trop peur de lire sa réaction sur son visage sans qu’il ne dise un mot. C’était la première fois que la pom-pom girl avait aussi peur de la réaction de son meilleur ami.
Celle-ci serrait les dents pour ne pas craquer sous la pression. Rin était son seul bon ami du pensionnat. La peur de le perdre à cause des ses actes, lui faisait mal au cœur.
Rin était toujours silencieux. Naomi ferma les yeux pour retenir ses larmes. Ce silence était trop lourd pour elle.

Depuis que j’avais reçu son message, mon cerveau travaillait de plus en plus. J’avais peur pour elle, c’est vrai, car je ne comprenais plus ce qui lui arrivait. Jamais elle ne me fuyait d’ordinaire, et lorsqu’elle avait des problèmes elle venait toujours me les confier. Mais depuis quelques temps elle était distante, et j’avais l’impression que même avec ses amis avec qui elle traînait elle était différente. Avaient-ils eux aussi remarqué quelque chose ? Je n’en savais rien, mais ça n’était en tout cas pas à moi qu’elle pourrait mentir avec ce sourire en continuant à prétendre que tout était parfaitement normal et que je me faisais sans doute des films. J’étais déjà très observateur, mais la connaissant surtout comme je la connaissais elle ne pourrait pas prétendre le contraire. Et avoir reçu son texto ne faisait que confirmer enfin que mes inquiétudes étaient fondées. Elle ne devait pas se sentir prête d’en parler avant, c’est tout.
Ce qui m’inquiétait le plus c’était de savoir ce que ça pourrait bien être, car pour qu’elle n’ait pas réussi en parler avant c’est que cela devait vraiment être grave ou tout du moins très important et embarrassant ou bien douloureux. Mais j’avais beau me creuser la tête, je n’étais pas voyant alors impossible de ne serait-ce que supposer ce qui n’allait pas chez elle.

Je lâchais un soupir et me relevais de mon lit sur lequel je m’étais assis quelques secondes pour me poser après cette journée de cours bien fatigante. J’allais prendre une douche rapide pour me détendre et me changer, puis irais rapidement sur le toit, lieu où la pom-pom m’avait justement donné rendez-vous pour que l’on discute enfin de ce qui la tourmentait.
Je pris alors rapidement mes affaires dans mon placard, filais à la salle de bain et pris une douche très rapidement pour me rafraîchir à présent que les beaux-jours arrivaient, emmenant avec eux une chaleur presque estivale.
Au bout de dix minutes je sortis et me changer à vive allure pour ne pas la faire attendre plus longtemps, enfilais mes vans et saluais rapidement Cassiopea qui venait de rentrer dans la chambre. Je l’embrasser rapidement et lui dis que je la rejoindrais après car j’avais quelques trucs à régler. Inutile de rentrer dans les détails, car si Naomi avait des problèmes et désirait me les confier, cela ne devait rester qu’entre elle et moi.

Je courais presque dans les couloirs pour rejoindre les escaliers que je montais quatre à quatre, puis parvins au quatrième étage, plutôt essoufflé par ma course. Je repris ma respiration le temps d’arriver au bout, et devant cette fameuse porte métallique qui me séparait de ma destination finale. Je la poussais donc et pénétrais sur le toit, duquel je vis Naomi, tournée face au vide, scrutant le paysage d’un air triste et angoissé. Je fronçais brièvement les sourcils, ayant mal de la voir ainsi alors que la plupart du temps elle rayonnait de joie. Du moins quelques temps avant que je ne la vois plus aussi souvent qu’avant et qu’elle ne cherche à fuir toute présence à ses côtés...

Je m’avançais tranquillement vers elle, les mains dans les poches, ne sachant pas trop comment l’aborder. Elle ne se retourna pas un instant, mais je pouvais quand même apercevoir un air honteux sur le visage. Si elle l’était pour ne pas m’avoir parlé depuis ces quelques jours, je voulais qu’elle cesse rapidement. Je ne lui en voulais pas, absolument pas, et j’espérais qu’elle le comprendrait vite. J’étais simplement très inquiet pour elle...

« Hé. Salut » Lui dis-je alors d’une voix douce mais un peu gênée, ne sachant pas trop comment m’y prendre.

Même si je n’étais plus seul à présent, l’art de m’exprimer ne m’était pas encore donné, surtout dans ce genre de situation. Mais j’y allais doucement, prenant simplement garde à ne pas la brusquer et à la laisser parler à son rythme et selon ce que lui dictait son cœur.
La seule chose que je me permis de lui dire, même si ça n’était pas très malin, fut:

« Je ne te demande pas si tu vas bien, je me doute de la réponse... »

Je me mordis aussitôt la lèvre, espérant qu’elle n’ait pas mal pris mes paroles. Ça n’était vraiment pas une remarque ni une réflexion que je lui avais faite, et je priais intérieurement pour qu’elle n’ait pas pris cela comme tel.
Je détournais mes yeux d’elle pour regarder le paysage à mon tour, n’osant alors plus rien dire, même si je cherchais vivement quelque chose pour l’apaiser. Toutefois, rien ne me vint et à mon plus grand soulagement ce fut elle qui rompit se silence.
Au début elle se racla à plusieurs reprises la gorge pour trouver ses mots et surtout le courage de les prononcer, pour enfin me dire en continuant à regarder devant elle:

« Avant toutes choses, je tenais à m’excuser de ne t’avoir pas parlé de ça plus tôt… Ce n’était pas contre toi, je ne remets pas notre amitié ni la confiance que j’ai pour toi mais je ne pouvais pas t’en parler immédiatement. C’était trop dur pour moi… Et je ne voulais pas t’inquiéter, tu avais déjà assez de problèmes avec Cassiopea et Ayame donc je ne voulais pas en rajouter… »

Elle s’interrompu ensuite avant de tourner enfin la tête vers moi, pour ajouter:

« J’espère juste que tu comprends mieux maintenant… » Dit-elle avec une gêne presque palpable.

Je l’avais regardé avec attention, frappé de voir ce visage si préoccupé et torturé qu’elle n’avait pas d’habitude, du moins à de rares occasions. Je lui fis alors un doux sourire pour qu’elle comprenne que je ne lui en voulais vraiment pas, et posa ma main sur son épaule en lui disant:

« Ne t’en fais pas Naomi. Je comprends bien que si tu n’as pas pu le faire avant c’est parce que ça t’étais difficile. La seule chose c’est que ça n’était pas évident de te voir comme cela sans rien pouvoir faire, c’est tout. Et je ne veux pas non plus que tu te sentes bloquée vis-à-vis de ce que je peux vivre de mon côté. Tu as toujours été là pour moi, et saches que je le serai aussi pour toi, quoiqu’il arrive. D’accord ? »

Je lui avais parlé avec toute la sincérité que je possédais, et j’espérais vraiment qu’elle l’ait perçu.
L’adolescente tourna une nouvelle fois le regard vers l’horizon, et ne dis rien pendant de longues minutes. Je la laissais faire sans rien dire, lui laissant tout le temps dont elle avait besoin. Je lui caressais un instant le bras pour qu’elle se détende et qu’elle voit que j’avais tout le temps, qu’elle n’avait pas à se dépêcher. Elle devait se sentir à l’aise, et ce ne serait qu’à ce moment-là qu’elle pourrait prendre son courage à deux mains et tout me dire. Après tout, j’étais passé par là il y a quelques mois à peine en lui racontant ce qu’il s’était passé entre Ayame et moi, alors je pouvais bien comprendre que toutes les choses n’étaient pas toujours faciles à avouer, qu’importe la confiance que l’on pouvait avoir en l’autre.

Je regardais à mon tour la vue que l’on avait sur le toit, remarquant quelques élèves qui discutaient et d’autres s’amusaient en bas tandis que les ombres des arbres qui entouraient le pensionnat commençaient à se dessiner au sol, le soleil d’un rouge de feu descendant lentement derrière les cimes, parant le ciel de couleurs dorées et orangées magnifiques.

Puis la voix de Naomi se fit doucement et lentement entendre. Tremblante, elle me fit enfin:

« Je ne sais pas trop comment te dire les choses, tellement je crains ta réaction… Je ne peux pas prédire ta réaction sur ce coup là…Tu vois qui es le nouveau professeur d’anglais ? » Me demanda-t-elle en se tournant vers moi.

« Shingen ? » Lui demandais-je, ce à quoi elle me répondit d’un hochement de tête. « Oui je l’ai en cours » Repris-je.

Elle sembla se crisper d’autant plus, ce qui éveilla ma curiosité. Que s’était-il passé... ? Mais je ne dis rien, attendant patiemment la suite qui vient alors.

« Nous avons une relation qui est plus qu’une simple relation prof-élève… » Dit-elle d’une voix courte et encore plus tremblante que tout à l’heure, avant de détourner une nouvelle fois son regard pour le diriger une nouvelle fois devant elle.

« Oh... » Dis-je, surpris.

Si je m’étais attendu à ça... Non, j’avais vraiment tout supposé, mais certainement pas cela, surtout la connaissant. Je ne veux pas dire qu’elle me décevait, bien sûr que non ! Mais simplement que si une telle chose s’était produite c’est qu’il y avait vraiment quelque chose de particulier entre eux. Je connaissais la réputation qu’il avait chez ses élèves, surtout les jeunes filles, mais pour que quelque chose se soit passé entre eux, alors que Naomi était quelqu’un de très prudente et sérieuse, c’est qu’elle devait vraiment avoir des sentiments, du moins je le supposais vraiment.

Je ne sus vraiment pas quoi lui dire à cela, mais visiblement mon silence semblait vraiment l’inquiéter plus qu’autre chose. Je lui demandais alors naturellement, même si j’étais étonné, pour qu’elle cesse de s’inquiéter plus longtemps:

« Et... depuis combien de temps est-ce que vous... Enfin, vous êtes ensemble en fait ? »

Mon « assurance » ne devait vraiment pas la rassurer, c’est clair... C’est pourquoi je passais un bras autour de ses épaules pour lui montrer que c’était loin de me choquer ou bien de me faire changer d’avis sur elle.

« Excuse-moi, tu sais combien je suis doué pour m’exprimer... C’est vrai que cela me surprend, mais vraiment je peux t’assurer que tu n’as pas à t’en faire. Je sais qui tu es après tout, et je me doute bien que ce ne doit vraiment pas être simple comme histoire... »

Naomi avait donné rendez vous à Rin, sur le toit après les cours. La jeune fille finissait plus tôt que le gothique. Elle se dirigea, donc, vers le toit. Mais en montant les escaliers, elle eut comme une boule au ventre. C’était atroce. Elle ne se sentait pas bien mais elle devait le faire. Rin avait le droit de savoir. Il lui avait confié, il y a peu de temps, ses problèmes avec Ayame et Cassiopea. Naomi s’arrêta un instant. Elle fixa intensément la porte qui la menait au lieu de rendez vous et prit une grande inspiration et poursuivit son chemin.
Une fois sur le toit, la pom-pom girl alla s’assoir sur le bord du toit. Elle pouvait voir les étudiants profitant des premiers rayons de soleil. Effectivement, les beaux jours commençaient à se faire sentir et ça faisait chaud au cœur. Mais pour le moment, Naomi avait autre chose en tête. Celle-ci cherchait comment dire les choses à son meilleur ami. Malheureusement pour elle, elle ne put réfléchir plus longtemps. La lourde porte en métal s’ouvrit et quelques secondes plus tard Rin était à la hauteur de la jeune fille.

« Hé. Salut » Dit-il avec une certaine gêne dans la voix.

Voyant son ami dans cet état, Naomi resta silencieuse.

« Je ne te demande pas si tu vas bien, je me doute de la réponse... » Ajouta t-il.

Aux mots de Rin, la pom-pom girl se sentit coupable. Elle pouvait comprendre qu’il lui en veuille après ce qu’elle avait fait. Cela faisait un petit moment qu’elle faisait comme si tout allait bien. Mais le pire, c’est qu’elle avait évité de croiser Rin. Ce dernier devait se douter que quelque chose ne tournait pas rond chez la demoiselle.
Les deux adolescents fixaient l’horizon, silencieux. Naomi ne savait pas trop par où commencer. Et Rin pourquoi restait-il silencieux ? Au moins s’il posait une question la discussion serait lancée. La pom-pom girl prit son courage à deux mains, elle se racla à plusieurs reprises la gorge.

« Avant toutes choses, je tenais à m’excuser de ne t’avoir pas parlé de ça plus tôt… Ce n’était pas contre toi, je ne remets pas notre amitié ni la confiance que j’ai pour toi mais je ne pouvais pas t’en parler immédiatement. C’était trop dur pour moi… Et je ne voulais pas t’inquiéter, tu avais déjà assez de problèmes avec Cassiopea et Ayame donc je ne voulais pas en rajouter… J’espère juste que tu comprends mieux maintenant… » Lui expliqua t-elle avec une certaine gêne dans la voix et sans quitter l’horizon des yeux.

Elle se trouvait ridicule avec cette dernière phrase. Elle savait que Rin comprendrait. C’était le garçon le plus compréhensif qu’elle connaissait au pensionnat.
La pom-pom girl tourna le regard vers son ami, qui en fit de même.

« Ne t’en fais pas Naomi. » Commença t-il en souriant et en posant une main amicale sur son épaule. La jeune fille en eut presque les larmes aux yeux en voyant la compassion de son ami.

« Je comprends bien que si tu n’as pas pu le faire avant c’est parce que ça t’étais difficile. La seule chose c’est que ça n’était pas évident de te voir comme cela sans rien pouvoir faire, c’est tout. Et je ne veux pas non plus que tu te sentes bloquée vis-à-vis de ce que je peux vivre de mon côté. Tu as toujours été là pour moi, et saches que je le serai aussi pour toi, quoiqu’il arrive. D’accord ? » Ajouta t-il.

Naomi acquiesça d’un signe de tête et posa une main sur celle de Rin en guise de remerciement. Puis, elle regarda à nouveau l’horizon orangé par le couché de soleil. Un nouveau silence s’installa entre les deux adolescents. Il fallait du temps à Naomi pour se confier même à son meilleur ami. La pom-pom girl sentit, alors, Rin lui caressa amicalement le bras afin de la détendre. Elle fut touchée par son geste.

Après un long moment d’hésitation, Naomi prit enfin la parole mais avec une voix faible et timide :

« Je ne sais pas trop comment te dire les choses, tellement je crains ta réaction… Je ne peux pas prédire ta réaction sur ce coup là…Tu vois qui es le nouveau professeur d’anglais ? » Lui demanda t-elle en se tournant vers lui.

« Shingen ? » Demanda t-il.

La jeune fille répondit d’un hochement de tête.

« Oui je l’ai en cours » Ajouta t-il alors.

Brusquement, la jeune fille se crispa à la réponse de Rin. Les choses allaient être compliquées. Comment allait-il réagir la prochaine fois qu’il croiserait Kaemon en cours ? Naomi remarqua bien l’air interrogateur sur le visage de son meilleur ami. Alors, elle enchaîna, sans trop tarder, mais en détourna encore le regard.

« Nous avons une relation qui est plus qu’une simple relation prof-élève… » Avoua t-elle d’une voix tremblante.

« Oh... » Répondit –il surpris

Nouveau silence, qui inquiéta Naomi. Pourquoi ne disait-il rien de plus ? Elle lui jeta à bref coup d’œil. Il était très pensif. Que pouvait-il bien penser d’elle maintenant ? La voyait-il autrement maintenant ? Est-ce qu’elle le décevait ? La pom-pom girl avait peur. D’un côté, elle était soulagée de lui avoir dit la vérité mais de l’autre, elle avait peur de son avis.

« Et... depuis combien de temps est-ce que vous... Enfin, vous êtes ensemble en fait ? » Demanda t-il subitement comme s’il avait deviné les craintes de la jeune fille.

Mais, elle n’eut pas le temps de répondre quoique ce soit, Rin passa son bras autour de ses épaules en ajoutant :

« Excuse-moi, tu sais combien je suis doué pour m’exprimer... C’est vrai que cela me surprend, mais vraiment je peux t’assurer que tu n’as pas à t’en faire. Je sais qui tu es après tout, et je me doute bien que ce ne doit vraiment pas être simple comme histoire... »

Ses paroles en plus de son geste rassurèrent Naomi. Cette dernière posa sa tête contre Rin.

« Merci d’être aussi compréhensif Rin » Murmura t-elle soulagée. « Je ne sais pas ce que je ferais sans un ami comme toi ! » Ajouta t-elle.

Les adolescents restèrent silencieux, un instant. La pom-pom girl en profita pour se détendre un peu. Elle ne s’était pas sentie aussi légère depuis longtemps. Comme quoi dire la vérité est toujours mieux. Naomi avait, enfin, compris la leçon.
La jeune fille se redressa et raconta son histoire à Rin.

« Comme tu l’as dit rien n’est simple. Déjà les histoires d’amour en général c’est compliqué mais dans ce cas ça l’est encore plus… J’ai peur des conséquences que cette relation peut engendrer pour lui… » Elle s’interrompu. « … Et pour moi aussi …» Ajouta t-elle d’une voix plus faible.

Elle soupira et tourna le regard vers son ami, qui était très concentré sur ce que la jeune fille avait dit. Celle-ci lui confiait ses craintes même si elle pouvait se douter de la réponse de son ami, elle en avait besoin.

Je connaissais bien Naomi depuis le temps. Elle était après tout ma meilleure amie, et si elle savait cacher ses sentiments pour ne pas montrer ses blessures intérieures, celles-ci étaient pourtant plus qu’apparentes. A vrai dire, je ne l’avais jamais vue si troublée. Sa rupture avec Ryu l’avait plongée dans une grande tristesse, il y a un bon moment de cela à présent. Mais là elle ne semblait pas vraiment triste, plutôt... totalement perdue. Et pour le moment, les mots avaient du mal à franchir la barrière de ses lèvres. Quelque chose lui faisait mal, sans aucun doute, mais quoi ? Je ne le savais pas, mais si elle m’avait demandé de venir après ce long moment de silence, c’était non seulement parce qu’elle était enfin prête à parler de ce qu’elle avait sur le cœur mais que, qui plus est, ce serait loin d’être simple.

Un moment de silence flotta entre nous, tandis que nous faisions tous deux face à l’horizon crépusculaire, sur le toit du pensionnat. Soit disant que ce lieu était interdit... et je ne compte même pas le nombre de fois où je m’y suis rendu.
J’attendais patiemment qu’elle se sente prête, sans un mot. C’était à elle de parler, pas à moi de la pousser à le faire car ça ne serait ni la bonne méthode, ni la façon dont je souhaitais agir. Elle savait qu’elle pouvait avoir confiance en moi, que chaque chose qu’elle pourrait me dire ne resterait qu’entre nous et que nul ne serait au courant de son secret. Je voulais juste attendre le moment où elle serait prête, pour enfin comprendre ce qui la fait tant souffrir depuis quelques semaines où elle paraissait étrange, et encore plus ces derniers jours où je ne l’avais jamais vu si égarée et si fuyante.

Au bout d’un moment, Naomi se décida enfin à parler. Elle toussota plusieurs fois pour trouver le courage, et osa se lancer :

« Avant toutes choses, je tenais à m’excuser de ne t’avoir pas parlé de ça plus tôt… Ce n’était pas contre toi, je ne remets pas notre amitié ni la confiance que j’ai pour toi mais je ne pouvais pas t’en parler immédiatement. C’était trop dur pour moi… Et je ne voulais pas t’inquiéter, tu avais déjà assez de problèmes avec Cassiopea et Ayame donc je ne voulais pas en rajouter… J’espère juste que tu comprends mieux maintenant… » Me dit-elle.

Son regard restait plongé dans le paysage, alors qu’elle ne parvenait pas à tourner la tête vers moi. Que se passait-il ? On aurait dit qu’elle sembler craindre que je la juge... Mais pourquoi ferais-je une chose pareille ? Que s’était-il vraiment passé... ?
Je me tournais vers elle, et posa une main sur son épaule. Là, son regard bleu rencontra enfin le mien, et je lui dis avec une grande douceur, et toute la sincérité du monde :

« Ne t’en fais pas Naomi. Je comprends bien que si tu n’as pas pu le faire avant c’est parce que ça t’était difficile. La seule chose c’est que ça n’était pas évident de te voir comme cela sans rien pouvoir faire, c’est tout. Et je ne veux pas non plus que tu te sentes bloquée vis-à-vis de ce que je peux vivre de mon côté. Tu as toujours été là pour moi, et saches que je le serai aussi pour toi, quoiqu’il arrive. D’accord ? » Lui dis-je.

A mes mots, celle-ci hocha alors la tête. Elle avait toujours été présente pour moi, et il fallait qu’elle comprenne que je serai également toujours là pour elle. Ce que je pouvais vivre de mon côté était une chose, mais les difficultés je connaissais cela par cœur. Je voulais l’aider, si j’en avais les moyens de le faire. C’était la seule chose que je désirais, car la voir souffrir seule et dans son coin je ne le supportais pas. Se sentir impuissant face à la détresse des personnes que l’on aime est ce qu’il y a de plus dur, et si je pouvais faire quoi que ce soit pour elle, alors j’allais le faire.

Naomi posa alors une main sur la mienne, me faisant comprendre à travers ce geste qu’elle me remerciait. Un léger sourire apparu sur mes lèvres, qui se voulait rassurant. Puis elle tourna une nouvelle fois la tête vers le ciel et les lumières de la ville que l’on pouvait apercevoir d’ici, doux décor dans un grand moment d’inquiétude. Et à nouveau ce silence... Je la sentais une nouvelle fois se crisper, et je passais alors ma main sur son bras, le caressant avec douceur pour l’apaiser et lui donner ce courage dont elle manquait. Et après un nouveau moment durant lequel elle hésitait encore, celle-ci se lança enfin, d’une voix faible et incertaine.

« Je ne sais pas trop comment te dire les choses, tellement je crains ta réaction… Je ne peux pas prédire ta réaction sur ce coup là…Tu vois qui es le nouveau professeur d’anglais ? » Me demanda-t-elle en se tournant une nouvelle fois vers moi.

« Shingen ? » Lui demandais-je, ce à quoi elle acquiesça d’un hochement de la tête.

« Oui je l’ai en cours » Lui expliquais-je alors.

Drôle de type d’ailleurs... Pour être sympa, c’est clair qu’il l’était. Mais il était un peu étrange, j’avais du mal à le cerner. Il était du genre à susciter la sympathie et la confiance, mais j’avais pourtant l’impression que son rire et sa façon de sourire cachait de nombreuses choses. Quoi, je n’en savais absolument rien.
A ma réponse, je sentis Naomi se crisper d’autant plus. Je fronçais légèrement les sourcils, intrigué, et elle reprit alors, chassant une nouvelle fois son regard du mien.

« Nous avons une relation qui est plus qu’une simple relation prof-élève… » Me dit-elle d’une voix particulièrement tremblante.

Je ne répondis rien sur le moment, totalement abasourdi.

« Oh... » Lâchais-je simplement, ne sachant vraiment pas quoi lui dire.

Si je m’étais attendu à ça... Je comprenais sa crainte, c’était certain, d’autant plus celle du jugement, car entendre qu’un élève à une liaison avec son professeur fait vraiment un drôle d’effet. D’un autre côté, je connaissais Naomi, et je savais qu’elle était à des années lumières d’être ce genre de fille qui sautait sur tout ce qui bouge. Je savais aussi que les étudiantes avaient des vues sur lui, mais c’était généralement le genre d’attitudes qui dégoûtait Naomi, beaucoup moins superficielle que les autres.

« Et... depuis combien de temps est-ce que vous... Enfin, vous êtes ensemble en fait ? » Lui demandais-je, ne sachant pas vraiment comment m’y prendre.

En tout cas, je parlais comme un manche, cela ne changeait pas de ce côté... Je voyais et je ressentais sa détresse et sa gêne, et franchement je la connaissais suffisamment pour lui faire non seulement confiance, mais pour savoir également qui elle était en réalité. Je passais alors mon bras autour de ses épaules, et repris :

« Excuse-moi, tu sais combien je suis doué pour m’exprimer... C’est vrai que cela me surprend, mais vraiment je peux t’assurer que tu n’as pas à t’en faire. Je sais qui tu es après tout, et je me doute bien que ce ne doit vraiment pas être simple comme histoire... »

Naomi posa alors doucement sa tête sur mon épaule, et me répondis avec soulagement :

« Merci d’être aussi compréhensif Rin. Je ne sais pas ce que je ferais sans un ami comme toi ! » Me dit-elle.

J’eus alors un léger sourire en entendant ses mots, et lui répondis :

« Tu parles, c’est bien normal. Je suis là pour ça, tu le sais bien. »

Un nouveau silence flotta dans les airs, tandis que tous deux réfléchissions à cette histoire. Je ne savais vraiment pas quoi penser de tout cela, car à vrai dire, même s’il était également mon professeur, je ne le connaissais pas. A vrai dire, c’était cela qui me gênait. Non pas que je ne sache pas qui il est, car c’est le cas pour tous mes professeurs, mais c’est cette impression qu’il donne à être extrêmement proche de nous, presque comme un ami avec qui on serait vraiment à l’aise pour discuter, tout en se rendant compte, au fond, qu’il est vraiment difficile à cerner.
Naomi se redressa au bout d’un moment, me sortant alors de mes réflexions. Puis elle me dit :

« Comme tu l’as dit rien n’est simple. Déjà les histoires d’amour en général c’est compliqué mais dans ce cas ça l’est encore plus… J’ai peur des conséquences que cette relation peut engendrer pour lui… » Commença-t-elle, avant de s’interrompre.

« … Et pour moi aussi …» Ajouta-t-elle, sur un ton bien moins audible, avant qu’elle ne lâcha un soupir.

Je l’avais écouté avec attention, réfléchissant à chacune de ses paroles. Qu’est-ce que je pouvais lui dire au fond ? La situation était on ne peut plus complexe... Pourtant, je lui répondis :

« Je comprends... et sincèrement je ne sais pas quoi te dire, si ce n’est qu’une chose. Tu es responsable et mature, et c’est d’ailleurs l’une des nombreuses choses qu’il a remarqué sur toi. Lui, je ne le connais pas, mais j’ai l’impression que ça n’est pas le genre à être un manipulateur de première classe. Mais surtout ce que je me dis, c’est que quand bien même ça pourrait être le cas, je ne vois pas pourquoi il prendrait autant de risque pour une étudiante, s’il n’avait vraiment pas de sentiments pour toi... » Lui dis-je.

Je m’interrompus un instant, réfléchissant à nouveau, et repris :

« J’ai beau me creuser la tête, je ne suis pas non plus à ta place. Mais tout ce que je peux te dire, c’est que, à mon avis, s’il avait pris cette décision sur un coup de tête, au vu des risques que cela pourrait entraîner, ce serait vraiment plus que stupide. Et voyant comment il est, je ne pense franchement pas qu’il soit du genre à faire absolument tout et n’importe quoi. Il a l’air posé comme type, non ? Alors la décision n’appartient qu’à vous deux, mais la seule chose dont je suis certain, c’est qu’il ne faut vraiment pas chercher une quelconque logique lorsque l’on a des sentiments. »

Que ce soit un professeur ou pas, si elle l’aimait vraiment, il ne fallait pas chercher plus loin... Mais le dilemme y était dans tous les cas. A elle de savoir ce qu’elle était prête à faire.

« Je pense que tu n’as qu’une chose à te demander. Est-ce que tu penses que cela vaut le coup. Si tu n’es pas prête, laisse tomber. Mais si tu sens que tu l’aimes vraiment, alors... »

Naomi venait d’avouer toute la vérité à Rin. Même s’il était son meilleur ami, elle appréhendait sa réaction était donné que Kaemon était aussi son professeur. Elle avait un poids en moins mais tant que Rin n’avait pas donné son avis, elle n’irait pas mieux.

« Oh... » Répondit-il simplement comme s’il n’avait pas les mots.

Naomi resta silencieuse face à la réponse de son ami. Peut être allait-il ajouter quelques chose ? Effectivement c’est ce qu’il fit dans les secondes qui suivirent.

« Et... depuis combien de temps est-ce que vous... Enfin, vous êtes ensemble en fait ? » Demanda t-il maladroitement. « Excuse-moi » Reprit-il. « Tu sais combien je suis doué pour m’exprimer... C’est vrai que cela me surprend, mais vraiment je peux t’assurer que tu n’as pas à t’en faire. Je sais qui tu es après tout, et je me doute bien que ce ne doit vraiment pas être simple comme histoire... »

Soulagée Naomi posa, doucement sa tête sur l’épaule de Rin.

« Merci d’être aussi compréhensif Rin. Je ne sais pas ce que je ferais sans un ami comme toi ! » Lui dit-elle.

« Tu parles, c’est bien normal. Je suis là pour ça, tu le sais bien. » Répondit-il en souriant et avec sincérité.

Nouveau silence. Tous deux réfléchissaient à cette histoire. Naomi se demandait si elle avait bien fait de se confier à Rin. Il avait beau être son meilleur ami, n’allait-il pas faire une remarque un jour à Kaemon ? Ce n’était pas son genre mais Rin pouvait dire les quatre vérités à quelqu’un s’il en avait envie. Mais elle savait que l’adolescent ne dirait rien. Il respecterait son choix enfin elle l’espérait. Au bout d’un moment, elle se redressa et prit la parole :

« Comme tu l’as dit rien n’est simple. Déjà les histoires d’amour en général c’est compliqué mais dans ce cas ça l’est encore plus… J’ai peur des conséquences que cette relation peut engendrer pour lui … Et pour moi aussi … » Lui avoua t-elle en baissant les yeux et en soupirant.

Rin était très attentif à ce que venait de dire la pom-pom girl. Il réfléchit un instant avant de répondre.

« Je comprends... et sincèrement je ne sais pas quoi te dire, si ce n’est qu’une chose. Tu es responsable et mature, et c’est d’ailleurs l’une des nombreuses choses qu’il a remarqué sur toi. Lui, je ne le connais pas, mais j’ai l’impression que ça n’est pas le genre à être un manipulateur de première classe. Mais surtout ce que je me dis, c’est que quand bien même ça pourrait être le cas, je ne vois pas pourquoi il prendrait autant de risque pour une étudiante, s’il n’avait vraiment pas de sentiments pour toi... » Lui expliqua t-il.

Il s’interrompit un moment et se remit à réfléchir. Naomi ne dit rien. Elle savait que Rin n’avait pas fini.

« J’ai beau me creuser la tête, je ne suis pas non plus à ta place. » Reprit-il « Mais tout ce que je peux te dire, c’est que, à mon avis, s’il avait pris cette décision sur un coup de tête, au vu des risques que cela pourrait entraîner, ce serait vraiment plus que stupide. Et voyant comment il est, je ne pense franchement pas qu’il soit du genre à faire absolument tout et n’importe quoi. Il a l’air posé comme type, non ? Alors la décision n’appartient qu’à vous deux, mais la seule chose dont je suis certain, c’est qu’il ne faut vraiment pas chercher une quelconque logique lorsque l’on a des sentiments. »

Le visage de la pom-pom girl se crispa quand Rin lui dit que Kaemon avait l’air d’un mec posé. Il était loin d’être posé. C’était un genre qu’il se donnait pour ne pas que les autres se posent des questions à son sujet.

« Je pense que tu n’as qu’une chose à te demander. Est-ce que tu penses que cela vaut le coup. Si tu n’es pas prête, laisse tomber. Mais si tu sens que tu l’aimes vraiment, alors... » Ajouta t-il.

« Oui tu as raison Rin… Il faut que j’y réfléchisse sérieusement de ce qui est mieux… » Répondit-elle en soupirant. « Mais tu dois savoir quelques détails à son sujet… »

Naomi sentit le regard de Rin se posa sur elle mais celle-ci n’osait pas le regarder.

« Il n’est pas aussi posé qu’il en a l’air… » Commença t-elle. « Il porte un très lourd passé. Quand il avait 18 ans, il a eu un très grave accident qui a couté la vie à sa petite amie et il ne s’en est jamais remis. D’ailleurs, il cache une des ses cicatrices d’arrière sa mèche. Depuis son accident, il a coupé les ponts avec sa famille tellement il se considère comme un monstre. Et aujourd’hui, à cause de tout ça, il a des problèmes d’alcool… » Lui confia t-elle timidement.

La demoiselle releva le regard vers Rin. Le visage de se dernier semblait s’être crispé aux mots de la pom-pom girl. Celle-ci passa son bras autour des épaules de Rin.

« Ne t’inquiète pas » Le rassura t-elle en souriant. « Il n’a pas l’alcool mauvais et il m’a dit qu’il ferait tout son possible pour se faire soigner et je le crois. »

Rin semblait inquiet pour elle.

« S’il m’arrive quoique ce soit tu seras le premier mis au courant, d’accord ? » Ajouta t-elle.

Elle voulait qu’il soit rassuré. Si son meilleur ami n’était pas rassuré, elle ne le serait pas non plus. Il devait lui faire confiance là-dessus. Elle savait que Rin y arriverait mais elle ne voulait pas qu’il regarde Kaemon d’un mauvais œil. C’était deux personnes importantes pour elle…

Cela faisait à présent quelques minutes que nous discutions, mais à chacune de ses paroles je ne pouvais que regretter d’avoir été tellement absent pour elle alors qu’elle devait vivre à chaque instant avec ce secret qui semblait la ronger. Mais qui ne le serait pas dans une situation pareille franchement ? Bien sûr je n’aurais rien pu faire, car elle avait eu besoin de cette solitude, mais pour autant je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir embarrassé. D’un autre côté insister pour la faire parler aurait été la dernière des choses à faire, et n’aurait conduit qu’à une chose : la braquer un peu plus. Pour cela j’étais strictement pareil qu’elle : je préférais d’abord me débrouiller seul, de peur peut-être également de déranger plus qu’autre chose, de même que pousser autrui à parler ne ferait que produire l’effet inverse.

« Comme tu l’as dit rien n’est simple. Déjà les histoires d’amour en général c’est compliqué mais dans ce cas ça l’est encore plus… J’ai peur des conséquences que cette relation peut engendrer pour lui … Et pour moi aussi … » Fit-elle dans un soupir en baissant la tête.

J’écoutais attentivement le moindre de ses mots, tout en restant profondément silencieux. Je ne savais pas réellement quoi lui dire, car il était clair que cette situation devait être plus qu’effrayante. Tellement de choses pouvaient entrer en compte, comme le fait que si cela venait à se savoir Naomi serait certainement virée du pensionnat, son professeur avec. Et bonjour la réputation qu’elle aurait aussi, quoique ça n’était peut-être pas le genre de choses qui pourrait réellement l’affecter. Quoique dans ce genre de cas peut-être bien que si. La mentalité de la plupart des élèves était vraiment stupide, et nombreuses étaient les langues de vipères qui pourraient très rapidement donner à Naomi l’image d’une parfaite débauchée, ce qu’elle n’était absolument pas, bien entendu. Mais outre ce statut de reines, les pom pom-girls avaient déjà la vie dure ne serait-ce qu’à cause du niveau intellectuel qu’on leur attribuait automatiquement sans même apprendre à les connaître. Personnellement je n’étais pas comme cela, pour souffrir moi-même de cette image d’éternel suicidaire et sataniste que l’on conférait toujours volontiers aux gothiques. Je savais ce que c’était de se sentir regardé de travers et humilié, et je comprenais réellement quelle crainte elle pouvait ressentir dans le cas présent. Mais quoiqu’il arrive elle ne serait pas seule, c’était une certitude.

Finalement et après quelques instants de silence, je lui dis :

« Je comprends... et sincèrement je ne sais pas quoi te dire, si ce n’est qu’une chose. Tu es responsable et mature, et c’est d’ailleurs l’une des nombreuses choses qu’il a remarqué sur toi. Lui, je ne le connais pas, mais j’ai l’impression que ça n’est pas le genre à être un manipulateur de première classe. Mais surtout ce que je me dis, c’est que quand bien même ça pourrait être le cas, je ne vois pas pourquoi il prendrait autant de risque pour une étudiante, s’il n’avait vraiment pas de sentiments pour toi... »

J’avais beau retourner la situation dans tous les sens, ce que je venais de lui dire me paraissait évident. Quel intérêt pour lui de prendre autant de risque si ça n’était que pour quelque chose qui pourrait, à ses yeux, être tout particulièrement indigne d’intérêt ? Non, la situation était bien trop risquée pour qu’il prenne cette situation à la légère, d’autant plus en impliquant quelqu’un dans ce schéma-là. Certes je ne le connaissais pas non plus personnellement, peut-être il y avait-il derrière son sourire un côté bien plus détraqué et malveillant, mais je mettrai ma main et ma tête à couper que ça n’est pas le cas. Shingen était le genre de personne en qui on sentait que l’on pouvait avoir confiance et venir parler sans crainte. Il était vraiment proche de ses élèves, même si pour le coup il l’avait été beaucoup trop de Naomi...

Je m’interrompus, réfléchissant activement pour essayer de cerner au mieux possible la situation, mais une seule et même chose me venait à l’esprit. Je hochais alors la tête en haussant les épaules, pour lui dire :

« J’ai beau me creuser la tête, je ne suis pas non plus à ta place. Mais tout ce que je peux te dire, c’est que, à mon avis, s’il avait pris cette décision sur un coup de tête, au vu des risques que cela pourrait entraîner, ce serait vraiment plus que stupide. Et voyant comment il est, je ne pense franchement pas qu’il soit du genre à faire absolument tout et n’importe quoi. Il a l’air posé comme type, non ? Alors la décision n’appartient qu’à vous deux, mais la seule chose dont je suis certain, c’est qu’il ne faut vraiment pas chercher une quelconque logique lorsque l’on a des sentiments. »

Ça, j’en savais particulièrement quelque chose... Le cœur était quelque chose d’éternellement difficile à comprendre. Ne serait-ce que pour Cassiopea et moi les choses avaient été soudaines, alors que pourtant j’étais quelqu’un d’on ne pouvait plus réserver. Alors cela pourrait semblait être absolument absurde et illogique que je tombe amoureux d’elle aussi rapidement, mais pourtant ç’avait été le cas. Et quant à Ayame... Là aussi les choses étaient complexes. Je n’avais jamais cessé d’aimer Cassiopea, mais j’éprouvais une sorte d’attraction envers la gothique, peut-être notamment à cause de nos ressemblances frappantes sur tellement de choses que cela avait fait d’elle bien plus qu’une amie à mes yeux. Mais la question avait été réglée, quand bien même j’avais failli perdre Cassiopea à cause de cette histoire.

Le visage de Naomi semblait s’être crispé tandis que je lui avais expliqué mon point de vue, pour une raison que je ne comprenais pas. Il y avait-il autre chose qu’elle ne m’avait pas dit ? Il semblait bien en tout cas, et le mystère ne dura pas très longtemps, du moins il me fut révéler juste après que je termine en lui disant :

« Je pense que tu n’as qu’une chose à te demander. Est-ce que tu penses que cela vaut le coup. Si tu n’es pas prête, laisse tomber. Mais si tu sens que tu l’aimes vraiment, alors... »

J’avais volontairement laissé ma phrase en suspens. Dans tous les cas c’était on ne peut plus explicite me semblait-il. Dans tous les cas mes paroles ne devaient pas l’influencer mais simplement l’aider, si possible en tout cas. Elle seule pouvait prendre cette décision, et visiblement Shingen semblait vouloir faire la même chose de son côté que de la laisser voir par elle-même si elle était prête ou pas à vivre cette histoire aussi complexe qu’elle l’était.

« Oui tu as raison Rin… Il faut que j’y réfléchisse sérieusement de ce qui est mieux… » Acquiesça-t-elle en soupirant.

Je hochais la tête, ne sachant pas quoi dire d’autre. Malheureusement je ne pouvais rien faire de plus quand bien même j’aurai tout donné pour que cela soit le cas. Mais je n’étais pas à sa place, et c’était à elle et à elle seule de prendre cette décision et de savoir si cela valait réellement la peine de prendre autant de risque.

« Mais tu dois savoir quelques détails à son sujet… » Me dit-elle soudain.

Je relevais le regard vers elle, fronçant les sourcils d’un air interrogateur, teinté d’inquiétude. Sans oser pourtant croiser mon regard, Naomi fixait ses mains d’un regard absent, m’expliquant alors :

« Il n’est pas aussi posé qu’il en a l’air… Il porte un très lourd passé. Quand il avait 18 ans, il a eu un très grave accident qui a couté la vie à sa petite amie et il ne s’en est jamais remis. D’ailleurs, il cache une des ses cicatrices d’arrière sa mèche. Depuis son accident, il a coupé les ponts avec sa famille tellement il se considère comme un monstre. Et aujourd’hui, à cause de tout ça, il a des problèmes d’alcool… » M’expliqua-t-elle avec embarras.

Je me raidis aussitôt, totalement abasourdi par ce que je venais d’entendre. On parlait réellement du même homme ? De ce professeur d’anglais que rien ne semblait pouvoir venir perturber son éternelle bonne humeur ? C’était tout bonnement incroyable... Mais ce qui m’inquiétait réellement dans tout cela n’était pas tant son passé, quoique j’étais le premier à savoir que celui-ci nous faisait bien souvent commettre des actes que nous regrettions, mais le fait qu’il se noie visiblement dans l’alcool. Ce genre de personne n’était jamais vraiment digne de confiance dans ces moments-là, mais si jamais il venait à lui faire le moindre mal ou je ne sais quoi... Non, là je ne pourrais pas rester sans réagir, c’était certain.
Mais comme si Naomi avait lu mon inquiétude à travers mon regard, je sentis son bras entourer mes épaules. Je tournais alors la tête vers elle, apercevant son sourire qui se voulait apaisant lorsqu’elle me dit :

« Ne t’inquiète pas. Il n’a pas l’alcool mauvais et il m’a dit qu’il ferait tout son possible pour se faire soigner et je le crois. »

Je ne répondis rien, me contentant de lâcher un léger soupir malgré moi.

« S’il m’arrive quoique ce soit tu seras le premier mis au courant, d’accord ? » Me fit-elle alors pour me prouver qu’il n’y avait rien à craindre.

J’acquiesçai d’un hochement de tête, pour lui dire finalement :

« Alors je lui fais confiance. Fais ce qui te semble être le mieux pour toi, vraiment. Par contre si jamais il vient à se produire quoique ce soit parce qu’il est ivre, ne me demande pas de rester là sans rien faire. Je ne le pourrais pas. S’il se soigne c’est parfait, mais au moindre faux pas qu’il pourra faire contre toi je ne resterai pas les bras croisés. Par contre je peux aussi te promettre que quoiqu’il arrive je serai une tombe, je ne dirai rien sur vous deux. Tu peux avoir confiance en moi, vraiment. »

Au moindre faux pas je ne le laisserai pas lui faire du mal. Il n’a peut-être pas l’alcool mauvais, mais les blessures dont on souffre ne sont pas toujours physiques. Et si jamais il vient à se produire quoi que ce soit de cet ordre alors qu’il soit mon professeur ou pas n’y changera rien. Je ne le laisserai pas lui faire du mal, et ce quel qu’en soit le prix à payer pour moi.

Les deux adolescents s’étaient retrouvés sur le toit après les cours. Ils ne s’étaient pas vus depuis un moment et beaucoup de choses s’étaient passées dans leur vie respective.
Naomi avait une relation avec un de ses professeurs et Cassiopea, la petite amie de Rin, avait fait son retour après au moins quatre mois d’absence.
La pom-pom girl avait demandé à son meilleur ami de la rejoindre sur le toit parce qu’elle pouvait lui faire confiance. Elle ne pouvait pas garder cette histoire pour elle.
Une fois qu’elle lui eut confié ce terrible secret, Naomi fut soulagée. Et Rin acceptait sa relation avec le professeur d’anglais. Mais ce n’était pas tout. Elle ne voulait rien lui cacher.

« Mais tu dois savoir quelques détails à son sujet… » Dit-elle subitement après un moment d’hésitation.

Naomi sentit le regard interrogateur et inquiet de Rin se poser sur elle. Celle-ci ne voulant pas croiser le regard de son meilleur ami, elle fixa intensément ses mains.

« Il n’est pas aussi posé qu’il en a l’air… Il porte un très lourd passé. Quand il avait 18 ans, il a eu un très grave accident qui a couté la vie à sa petite amie et il ne s’en est jamais remis. D’ailleurs, il cache une des ses cicatrices d’arrière sa mèche. Depuis son accident, il a coupé les ponts avec sa famille tellement il se considère comme un monstre. Et aujourd’hui, à cause de tout ça, il a des problèmes d’alcool… » Lui expliqua t-elle avec une certaine gêne.

Elle savait que Rin pouvait accepter cette relation mais accepterait-il qu’elle le fréquente malgré ses problèmes ?
La pom-pom girl sentit son ami se raidir à ses paroles, ce qui était compréhensible. Kaemon semblait quelqu’un de posé à première vue. Toujours un superbe sourire sur ses lèvres. C’est quelqu’un qui semble n’avoir aucun problèmes et à qui la vie réussie. Mais Naomi apprit rapidement que ce n’était pas le cas.
Pour rassurer Rin, la pom-pom girl passa son bras autour des épaules de ce dernier. Quand il tourna le regard vers elle, elle lui sourit.

« Ne t’inquiète pas. Il n’a pas l’alcool mauvais et il m’a dit qu’il ferait tout son possible pour se faire soigner et je le crois. » Dit-elle pour le rassurer un peu plus.

Rin ne dit rien mais soupira. Son soupire voulait tout dire.

« S’il m’arrive quoique ce soit tu seras le premier mis au courant, d’accord ? » Reprit-elle pour lui faire comprendre qu’elle n’avait vraiment rien à craindre.

Il acquiesça finalement d’un signe de tête.

« Alors je lui fais confiance. Fais ce qui te semble être le mieux pour toi, vraiment. Par contre si jamais il vient à se produire quoique ce soit parce qu’il est ivre, ne me demande pas de rester là sans rien faire. Je ne le pourrais pas. S’il se soigne c’est parfait, mais au moindre faux pas qu’il pourra faire contre toi je ne resterai pas les bras croisés. Par contre je peux aussi te promettre que quoiqu’il arrive je serai une tombe, je ne dirai rien sur vous deux. Tu peux avoir confiance en moi, vraiment. » Dit-il.

Le sourire de Naomi s’agrandit.

« Merci Rin ! » Dit-elle en déposant un baiser amical sur sa joue.

Naomi savait que Rin ne dirait rien. Par contre, elle savait de quoi il était capable. La pom-pom girl se souviendra toujours de l’horrible soirée au cours de laquelle ils ont été agressés en pleine ruelle. Rin avait pris de sacrés coups pour la défendre. Naomi aussi avait fait preuve de courage ce soir là mais ce n’était rien à côté de Rin. Elle lui devait une belle chandelle d’ailleurs.
La pom-pom girl était heureuse d’avoir un ami comme Rin. Elle se remémora le soir de leur rencontre. Elle en rigola intérieurement. Naomi était, maintenant totalement soulagée. Mais d’autres choses la préoccupaient… Rin… Elle avait remarqué le retour de Cassiopea depuis quelques temps. Elle se demandait où ils en étaient dans leur relation. Même si elle n’avait jamais demandé à Rin comment il allait pendant l’absence de Cassiopea, elle savait qu’il en avait beaucoup souffert.

« Et toi ? » Finit-elle par demander après un instant d’hésitation. « Tu n’auras pas quelque chose à me dire ? » Ajouta t-elle.

Rin se tourna vers elle et lui lança un regard d’un air de dire « Moi ? Non ! »

« Tu sais très bien de quoi je veux parler Rin… » Répliqua t-elle. « Alors n’essaie pas d’ignorer le sujet. » Dit-elle en pointant son index sous son nez.

L’adolescent n’avait plus le choix et il savait très bien qu’avec Naomi il ne pouvait pas mentir. La pom-pom savait qu’elle avait touché un point sensible, Rin baissa la tête et détourna le regard. La jeune fille prit délicatement le visage de Rin à l’aide de sa main et le tourna dans sa direction.

« Je sais que tu n’aimes pas trop en parler mais je m’inquiète pour toi et j’aimerais savoir comment tu vas ? » Lui dit-elle avec sincérité.

Cassiopea était un sujet délicat de plus la pom-pom girl savait très bien que Rin ne se confiait à personne au sein du pensionnat. Naomi n’aimait pas le voir souffrir. Il souffrait depuis son enfance de l’assassinat de ses parents donc elle était capable de tout pour le voir sourire.

J’avais écouté avec une grande attention les détails du passé de Shingen. Jamais je n’aurai pu me douter d’une telle chose... Moi qui me targuais d’avoir la fâcheuse tendance naturelle à observer les autres et déceler chez eux leur moindre tic, leur moindre expression qui traverserait involontairement leur visage, jamais je n’avais pu suspecter que cet homme ait tant souffert. A vrai dire, la seule chose que j’avais pu croire c’était que ce sourire qui nous adressait bien souvent n’était pas réellement sincère, mais nombre de ses gestes et son comportement global me donnaient toutefois un sérieux doute sur ce sujet. Le fait était que je n’avais jamais pu le cerner, et c’était peut-être ce qui parfois m’avait rendu quelque peu mal-à-l’aise, du moins au début. Mais outre cela, je devais bien dire qu’il jouait son jeu à la perfection, à tel point que ses rares tics qui m’avaient donné cette sorte d’intuition avaient bien rapidement été effacé de ma mémoire pour que je ne me concentre que sur son cours. De toute manière son histoire ne me regardait pas, quoique maintenant rien n’était moins sûr. Bien entendu c’était son passé et leur relation – à laquelle je ne devais d’ailleurs pas censé être au courant – mais Naomi était ma meilleure amie, et en cela je ne me sentais plus réellement étranger à ce subterfuge. Bien entendu j’allais garder le silence, c’était d’une évidence absolue, mais très sincèrement je ne pouvais plus m’empêcher d’être réellement inquiet pour elle. Non seulement cette histoire dans laquelle ils s’engageaient promettait d’être extrêmement complexe à vivre pour eux deux, mais également bourrée d’embûche. Et si elle était suffisamment intelligente et prudente pour pouvoir les éviter – quoiqu’un accident était très vite arrivé – les problèmes de cet homme pouvaient s’avérer être une toute autre histoire. Pouvait-on réellement faire confiance à quelqu’un qui buvait à ce point ?
Mais comme si Naomi avait captée ma profonde inquiétude à son sujet, je la sentis passer son bras sur mes épaules avant de me sourire et de me dire d’une voix qui se voulait rassurante :

« Ne t’inquiète pas. Il n’a pas l’alcool mauvais et il m’a dit qu’il ferait tout son possible pour se faire soigner et je le crois. »

Je ne répondis rien à cela, lâchant toutefois malgré moi un soupir qui en disait long. Si elle le croyait tant mieux pour elle, mais j’étais loin d’en être aussi sûr... Enfin bon, d’un autre côté je ne le connaissais pas personnellement non plus, mais peut-être aussi que le fait d’être extérieur à leur histoire me permettait d’être bien plus objectif qu’eux. Quoique pouvais-je réellement l’être alors ma meilleure amie était en train de s’engager dans une relation qui serait tout sauf limpide et dénuée de danger pour elle ?

« S’il m’arrive quoique ce soit tu seras le premier mis au courant, d’accord ? » Ajouta-t-elle pour que je cesse de m’inquiéter autant, ce qui semblait visiblement être tout à fait manifeste.

Elle avait un sacré don pour pouvoir lire en moi comme dans un livre ouvert il fallait dire... A moins que je ne sois aussi transparent que de l’eau de roche, je n’en sais rien.
J’acquiesçai toutefois d’un hochement de tête, ne voyant plus qu’une seule chose à lui dire. Si elle l’aimait, je n’avais rien à dire. Après tout moi-même côté cœur j’étais à des années lumières d’être un modèle de perfection, alors je n’avais aucun commentaire à émettre sur ce point. Tout ce que je voulais c’était qu’elle puisse être heureuse, tout en sachant une chose : que j’allais veiller sur elle quoiqu’il arrive.

« Alors je lui fais confiance. Fais ce qui te semble être le mieux pour toi, vraiment. Par contre si jamais il vient à se produire quoique ce soit parce qu’il est ivre, ne me demande pas de rester là sans rien faire. Je ne le pourrais pas. S’il se soigne c’est parfait, mais au moindre faux pas qu’il pourra faire contre toi je ne resterai pas les bras croisés. Par contre je peux aussi te promettre que quoiqu’il arrive je serai une tombe, je ne dirai rien sur vous deux. Tu peux avoir confiance en moi, vraiment. » Lui dis-je en tournant la tête vers elle.

A mes paroles, le beau sourire de Naomi ne fit que s’agrandir, mais c’était à mes yeux la moindre des choses. Je ne le laisserai jamais lui faire le moindre mal, j’en faisais le serment, de même que si jamais quelque chose venait à être suspecté entre eux d’une manière ou d’une autre je serai également présent. A mes yeux elle était l’une des personnes qui comptait le plus à mes yeux, alors j’étais absolument prêt à tout pour elle, quoiqu’il m’en coûte.

« Merci Rin ! » Me répondit-elle alors en déposant un baiser sur ma joue.

« Tu n’as pas à me remercier pour cela. Après tout, toi aussi tu as toujours été là pour moi et je ne fais que te rendre la pareille. Et puis de toute manière, même sans cela tu sais que tu peux compter sur moi quoiqu’il arrive. Je te le jure. » Lui dis-je en lui rendant son sourire, plein de douceur.

Un silence s’installa entre nous, comme à l’accoutumée (ça devait être notre marque il fallait croire), dénué de lourdeur. J’en profitais pour fermer les yeux un instant, inspiration cette bouffée d’air frais qui soufflait doucement sur le toit, avant que je ne promène une nouvelle fois mon regard sur l’étendue du paysage qui s’offrait devant moi. Et soudain, la voix de la pom-pom girl retentit à nouveau, lorsqu’elle me demanda :

« Et toi ? Tu n’auras pas quelque chose à me dire ? » Me dit-elle avec une forme d’hésitation.

Je tournais alors la tête vers elle, l’interrogeant du regard, ne voyant pas vraiment ce à quoi elle faisait allusion. Quoique... ah si, d’accord... Je m’efforçais de garder cet air d’incompréhension, faisait mine de ne pas savoir ce qu’elle voulait dire alors qu’en réalité je n’en doutais pas un instant. Chacun son tour pour les sujets qui fâchent...

« Tu sais très bien de quoi je veux parler Rin… Alors n’essaie pas d’ignorer le sujet. » Rétorqua-t-elle en pointant son doigt vers moi d’un air accusateur.

Je baissais alors la tête, fuyant son regard pour le diriger une nouvelle fois vers la ville qui s’étendait à perte de vue, bordée par l’océan. Je haussais simplement les épaules, et lui répondit :

« On n’est pas obligé de parler de cela tu sais. Il y a des choses bien plus graves... » Lui répondis-je d’une voix soudainement lasse.

Mais visiblement, cela ne semblait pas vraiment être une réponse satisfaisante pour elle, comme je m’en doutais...

« Je sais que tu n’aimes pas trop en parler mais je m’inquiète pour toi et j’aimerais savoir comment tu vas ? » Me dit-elle sincèrement.

« Maintenant qu’elle est revenue, ça va. » Lui répondis-je en tournant à nouveau le regard vers elle, un léger sourire sur les lèvres qui, en réalité, était tout sauf sincère.

Bien entendu je me sentais mieux que jamais, mais son absence m’avait véritablement tuée à petit feu. Cependant je m’étais efforcé de sourire à Naomi pour qu’elle cesse de s’inquiéter pour moi, ayant bien d’autres choses plus importante que cela à penser. Mais pour autant elle me connaissait mieux que quiconque hormis Cassiopea, et j’étais sûr qu’elle verrait qu’en réalité je me sentais mal. Profondément mal. Je jetais d’ailleurs un discret coup d’œil à mon poignet gauche dont j’avais retiré il y a deux jours le bandage qui le recouvrait. Je ne voulais pas qu’elle remarque ce que j’avais fait, car je savais d’avance quelle serait sa réaction en remarquant que je m’étais une nouvelle fois mutilé. Après tout, j’avais déjà pu m’en rendre compte avec Maki le jour-même où j’avais fait cela, alors qu’elle avait malencontreusement vu mon bandage après avoir pris ma main dans la sienne, soulevant légèrement au passage la manche de ma veste qui le recouvrait. Et Naomi m’avait déjà empêchée de justesse de commettre disons une énorme bêtise, alors comment réagirait-elle en voyant cela ? J’en avais déjà une bonne idée : elle penserait sans aucun doute que j’avais essayé de recommencer, ce qui serait tout à fait légitime. En réalité non, ça n’était pas ce que j’avais voulu faire. Mon seul était de pouvoir ressentir cette sensation qui me prouvait que j’étais encore vivant, alors que je souffrais à tel point que je n’avais même plus la sensation d’être dans mon corps. Je ne regrettais pas ce que j’avais fait malgré les risques, loin de là même, mais l’accepterait-elle dans ce cas ? Non, bien sûr que non.

« Elle a dû partir pendant tout ce temps pour s’occuper de son père à Venise, qui est gravement malade. C’est pour cela qu’elle a quitté le pensionnat en urgence et que... je n’ai pas eu de nouvelle. Elle n’avait pas beaucoup de temps et se sentait mal, je la comprends... Je ne vais pas jouer l’égoïste et m’en plaindre après tout, ce qu’elle a vécu est tout sauf réjouissant. Je n'ai pas mon mot à dire... » Lui expliquais-je, essayant en quelques sortes de m’en persuader moi-même.

Je pensais bien entendu chaque mot de ce que je lui disais, mais comme toujours je refusais de penser à moi, oubliant ma souffrance qui, pourtant, m’avait une nouvelle fois conduite inextricablement dans les limbes de cet enfer. En repensant à cela, je sentis à nouveau mes profondes entailles au bras se réveiller. Pour le coup, je n’y étais vraiment pas allé mollo... Mais tant pis. J’assumais mes actes et leur conséquence.

« Mais bon, maintenant c’est terminé et elle est revenue. Le seul truc c’est que... »

Me fis une légère pose, peinant à continuer, déglutissant pour garder ma voix la plus neutre possible sans qu’elle ne soit trahie par cette profonde tristesse que je ressentais. Je relevais à nouveau la tête devant moi pour éviter son regard, et repris :

« C’est que j’ai l’impression de toute perdre. Absolument tout. J’ai perdu ma famille, j’ai perdu Cassiopea, Ayame a quitté le pensionnat... J’aimerai ne plus m’attacher aux gens, et franchement je me dis même que j’ai été totalement stupide de me laisser une autre chance de pouvoir aimer, car toutes les personnes auxquelles je tiens finissent par disparaître. C’est pour ça que j’ai peur qu’il t’arrive quelque chose Naomi. Si c’était le cas, je te jure que je ne me le pardonnerai pas. Et j’aime Cassiopea plus que tout, seulement j’ai l’impression qu’un rien peut à tout moment décider à nouveau de l’éloigner définitivement de moi et sincèrement... je suis mort de peur... »

Parler de mes faiblesses était certainement pour moi la chose la plus difficile qu’il m’était donné de faire, mais pourtant avec Naomi les mots étaient sortis tous seuls.

Naomi avait dit ce qu’elle avait sur le cœur. Elle ne pouvait plus rien cacher à son meilleur ami, ça devenait trop dur pour elle et à force elle n’arrivait plus à le regarder en face. Après lui avoir avouer sa relation avec le professeur d’anglais Kaemon Shingen ,la pom-pom girl raconta son atroce passé à Rin et ses problèmes avec l’alcool. Naomi n’avait jamais trop parlé avec Kaemon de ses problèmes d’alcool. Elle ne pouvait pas encore se le permettre. Mais elle était curieuse de savoir où il en était dans sa guérison.
Rin se crispa aux confessions de Naomi mais c’était normal. Kaemon était quelqu’un qui cachait sa souffrance derrière un radieux sourire. La pom-pom girl ne voulait pas que Rin s’inquiète pour elle alors elle le rassura en lui disant qu’il se soignait et que s’il lui arrivait quoique ce soit il serait le premier prévenu. L’adolescent sembla être plus rassuré mais pas totalement, Naomi le connaissait trop bien. Le jour où Rin sera totalement serein est loin… Malheureusement…
Le gothique en profita pour prévenir Naomi que s’il lui arrivait quelque chose à cause de Kaemon, il n’hésiterait pas à rentrer dans le tas quelque soit les conséquences… La pom-pom girl admirait le courage de son ami depuis le fameux soir où ils s’étaient faits agressés dans les ruelles. Depuis un lien puissant les unissait. C’était juste indescriptible ce qui se passait entre eux. Naomi n’avait jamais ressentie une telle amitié pour quelqu’un.

« Merci Rin ! » Lui dit-elle en déposant un baiser sur sa joue pour lui montre sa gratitude.

« Tu n’as pas à me remercier pour cela. Après tout, toi aussi tu as toujours été là pour moi et je ne fais que te rendre la pareille. Et puis de toute manière, même sans cela tu sais que tu peux compter sur moi quoiqu’il arrive. Je te le jure. » Répondit-il en lui souriant.

La pom-pom girl hocha la tête en souriant. Ce n’était pas près de changer entre eux. Rin savait très bien que s’il lui arrivait malheur, Naomi serait là pour intervenir. Elle l’a déjà fait auprès de Cassiopea. Tiens, en parlant d’elle, l’adolescente aimerait savoir comment va Rin. L’italienne était revenue depuis peu au pensionnat… A cause d’elle, Rin avait été malheureux pendant des mois, même si Naomi n’avait jamais osé lui en parler, elle ressentait sa souffrance. Malgré le fait que Cassiopea l’ait fait souffrir plus d’une fois, Rin semblait toujours aussi amoureux d’elle… Naomi avait du mal à comprendre son comportement mais elle respectait son choix.

Un silence s’installa entre les deux adolescents. Ce n’était pas le premier, c’était des habitués mais celui-là était différent. Il était lourd. Chacun de leur côté, ils étaient plongés dans leurs pensées. Naomi était rongée par la curiosité.

« Et toi ? Tu n’auras pas quelque chose à me dire ? » Demanda t-elle avec une certaine hésitation mais en osant le regarder.

Rin la regarda à son tour. Son regard en disait long. C’était du genre « Quoi ? Moi ? Rien du tout ! ». Naomi savait très bien que ce n’était pas vrai, elle connaissait trop Rin et il pouvait toujours essayer de lui mentir ça ne marchait pas.

« Tu sais très bien de quoi je veux parler Rin… Alors n’essaie pas d’ignorer le sujet. » Répliqua t-elle en pointant son index devant son visage.

L’adolescent baissa à nouveau la tête. Puis, dirigea son regard vers l’horizon. Le soleil commençait doucement sa descente.

« On n’est pas obligé de parler de cela tu sais. Il y a des choses bien plus graves... » Répondit-il en haussant les épaules comme si ce n’était pas important.

La pom-pom girl soupira à la réponse de son ami. Elle repassa son bras autour de ses épaules.

« Je sais que tu n’aimes pas trop en parler mais je m’inquiète pour toi et j’aimerais savoir comment tu vas ? » Lui demanda t-elle inquiète.

Rin n’allait pas bien et ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Il était rongé par la peur.

« Maintenant qu’elle est revenue, ça va. » Répondit-il en la regardant et en essayant de sourire.

Naomi comprit que ce n’était pas sincère qu’il souriait pour lui faire plaisir et son petit jeu durait depuis trop longtemps, il devait se libérer une bonne fois pour toute. La pom-pom girl lui laissa le temps qu’il fallait pour qu’il trouve les bons mots. Il hésita plusieurs fois mais trouva le courage de parler enfin :

« Elle a dû partir pendant tout ce temps pour s’occuper de son père à Venise, qui est gravement malade. C’est pour cela qu’elle a quitté le pensionnat en urgence et que... je n’ai pas eu de nouvelle. Elle n’avait pas beaucoup de temps et se sentait mal, je la comprends... Je ne vais pas jouer l’égoïste et m’en plaindre après tout, ce qu’elle a vécu est tout sauf réjouissant. Je n'ai pas mon mot à dire... » Lui expliqua t-il.

« Arrête Rin… Tu as ton mot à dire ! Elle est partie du jour au lendemain sans rien te dire, elle ne t’a même pas laissé un mot ! » Répliqua t-elle. « Elle a souffert à cause de la maladie de son père je le comprends très bien mais elle ne t’a pas donné de nouvelles pendant des mois ! Elle ne t’a pas vu souffrir comme je l’ai vu ! Ça m’a fait vraiment mal de te voir dans un tel état en plus je sais comment tu peux réagir… » Ajouta t-elle d’une voix tremblante.

Naomi repensa au jour où elle avait trouvé Rin dans l’eau gelée. Elle en a encore des frissons quand elle y repense…

« Mais bon, maintenant c’est terminé et elle est revenue. Le seul truc c’est que... » Reprit-il avant de s’arrêter subitement.

La pom-pom girl resserra un peu plus son étreinte pour lui montrer qu’elle était là.

« Je sais que c’est dur Rin… Mais faut que ça sorte… » Murmura t-elle.

Ce dernier se ressaisit et se racla plusieurs la gorge avant de continuer tout en continuant de fixer l’horizon :

« C’est que j’ai l’impression de toute perdre. Absolument tout. J’ai perdu ma famille, j’ai perdu Cassiopea, Ayame a quitté le pensionnat... J’aimerai ne plus m’attacher aux gens, et franchement je me dis même que j’ai été totalement stupide de me laisser une autre chance de pouvoir aimer, car toutes les personnes auxquelles je tiens finissent par disparaître. C’est pour ça que j’ai peur qu’il t’arrive quelque chose Naomi. Si c’était le cas, je te jure que je ne me le pardonnerai pas. Et j’aime Cassiopea plus que tout, seulement j’ai l’impression qu’un rien peut à tout moment décider à nouveau de l’éloigner définitivement de moi et sincèrement... je suis mort de peur... »

Ce n’était pas le genre de Rin de parler de ses faiblesses étant donné que c’était la première fois qu’il le faisait avec Naomi. Celle-ci fut touchée et ressenti sa souffrance encore plus que d’habitude. Il était terrorisé.
La pom-pom girl sentit une larme coulée sur sa joue. Elle se leva et vint s’accroupir devant Rin.

« Je sais que ta souffrance est immense… Je sais que le départ d’Ayame a été dur, il l’a été pour moi aussi mais tu n’y es pour rien ! »

Elle lui saisit les mains et les serra.

« Tu as le droit d’aimer, Rin. C’est la meilleure chose qui peut t’arriver et tu mérites d’être heureux et d’enfin trouver la paix ! »

Naomi plongea son regard larmoyant dans le sien :

« Je te peux te promettre qu’il ne m’arrivera rien ! D’accord ?!? Je te le jure Rin ! Faut que tu y crois sinon tu n’arriveras jamais à être en paix ! » Ajouta t-elle avec conviction.

La pom-pom girl le prit dans ses bras. Elle ne pouvait pas s’imaginer à quel point il pouvait souffrir…

« Et toi ? Tu n’auras pas quelque chose à me dire ? » Me demanda soudain Naomi.

A sa question, me sang sembla se figer dans mes veines. Je déglutis doucement, lui lançant tout juste un regard de biais. Prenant une légère inspiration, je tournais finalement réellement la tête vers elle, l’interrogeant alors que je savais plus que pertinemment où elle voulait en venir. Mais mentir à Naomi sur mes ressentiments revenait à demander à la lune de ne pas chasser l’astre du jour à la nuit tombée. Autrement dit, c’était tout bonnement impossible. Outre sa sensibilité et l’attention qu’elle portait aux autres, elle me connaissait trop bien pour savoir non seulement que je savais très bien de quoi elle voulait parler, mais également que les choses n’étaient pas aussi simples que je voulais et pouvais le prétendre. Et comme je l’avais pressenti, elle pointa un doigt accusateur vers moi, répondant à mon regard :

« Tu sais très bien de quoi je veux parler Rin… Alors n’essaie pas d’ignorer le sujet. »

Bingo... Je baissai la tête, sachant que je ne pourrai pas lui mentir. Et à vrai dire je n’en avais pas l’envie non plus, bien que pour le coup cela m’aurait bien arrangé. Mais en même temps s’aurait été plus qu’inutile, comme je venais de le constater. Relevant le regard vers l’horizon, je tentais de réfléchir à la manière d’aborder le sujet sans l’inquiéter outre mesure. Et puis Cassiopea était revenue, non ? Alors pourquoi me sentais-je aussi mal... ?

« On n’est pas obligé de parler de cela tu sais. Il y a des choses bien plus graves... » Préférais-je lui répondre en haussant les épaules d’un air résigné.

Certes il y en avait. Ne serait-ce qu’il y a quelques jours encore de cela les choses n’étaient pas les mêmes. Au moins je l’avais retrouvée, ce qui m’ôtait un poids conséquent des épaules mais aussi et surtout du cœur. Cependant il était vrai que mon inquiétude ne diminuait pas pour autant. Au contraire même, paradoxalement elle augmentait. J’avais peur de la perdre une nouvelle fois. Une fois encore. Une fois de trop, car je savais que là je ne pourrais absolument pas le supporter. J’en avais déjà tant enduré que j’avais l’impression que la moindre chose pourrait à présent me faire chuter de mon fragile équilibre. Un rien pouvait m’ébranler, et j’avais terriblement peur que la prochaine fois soit la dernière. Comme toujours...

Lâchant un soupir à ma réponse pas réellement satisfaisante à son sens, elle passa un bras autour de mes épaules, son inquiétude en devenant presque palpable au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient les unes à la suite des autres.

« Je sais que tu n’aimes pas trop en parler mais je m’inquiète pour toi et j’aimerais savoir comment tu vas ? » Me demanda-t-elle.

Oui je n’aimais pas en parler. Pas réellement par question de fierté quoiqu’il doit bien y en avoir un soupçon de caché derrière chaque homme, mais surtout parce que montrer mes faiblesses était quelque chose que j’avais peur de faire. Pourtant je savais qu’elle ne les exploiterait jamais, bien entendu, mais plutôt parce que je craignais qu’en abordant le sujet je finisse de réveiller cette douleur que je tentais de nier pour ne plus la ressentir. Moins je me posais de questions sur mon état intérieur, mieux je me portais. Certes rester dans le déni finissait toujours par avoir un retentissement bien plus fort à la longue lorsque le psychisme ne peut plus supporter d’autant se brider, mais c’était encore la seule protection que je m’étais trouvé contre moi-même et mes éternelles et irréductibles idées sombres.

« Maintenant qu’elle est revenue, ça va. » Lui répondis-je simplement, tentant de lui sourire quoique cela s’avérait être plus complexe que prévu.

Ça n’était pas un mensonge non. Seulement une part de la vérité. Mais cela ne lui suffirait pas, et tenter toujours de ne pas lui parler de ce que je pouvais ressentir pourrait lui faire en fait plus de mal qu’autre chose. Je lui portais une confiance littéralement aveugle, et ne pas lui parler revenait à lui montrer l’inverse de cela. Et au fond, tout bien réfléchi, si je fermais les yeux sur cette vérité je savais qu’elle finirait tôt ou tard par me rattraper... Alors tant pis, autant se lancer une bonne fois pour toute. Hésitant, je tentais dès lors de trouver les mots appropriés pour enfin cracher le morceau. Et au bout de quelques minutes de silence, je me décidais enfin à lui expliquer la situation.

« Elle a dû partir pendant tout ce temps pour s’occuper de son père à Venise, qui est gravement malade. C’est pour cela qu’elle a quitté le pensionnat en urgence et que... je n’ai pas eu de nouvelle. Elle n’avait pas beaucoup de temps et se sentait mal, je la comprends... Je ne vais pas jouer l’égoïste et m’en plaindre après tout, ce qu’elle a vécu est tout sauf réjouissant. Je n'ai pas mon mot à dire... » Lui dis-je.

Non, et prétendre l’inverse serait injuste. Cassiopea avait déjà tant souffert, inutile de mon côté d’en ajouter d’avantage à sa peine en la culpabilisant de m’avoir laissé. Et puis il était son père, c’était plus que logique qu’elle s’occupe de lui. Qui étais-je pour oser vouloir le contraire ? Personne, absolument personne. Mais visiblement, Naomi ne l’entendait pas de la même façon.

« Arrête Rin… Tu as ton mot à dire ! Elle est partie du jour au lendemain sans rien te dire, elle ne t’a même pas laissé un mot ! » Commença-t-elle.

Baissant à nouveau la tête, je fixais mes doigts tandis que je l’écoutais parler, sentant ma gorge se nouer à ses paroles. Il est vrai qu’elle ne m’avait rien dit, non... Mais c’était logique en même temps, elle n’en avait pas eu le temps... Logique, oui... Enfin, je crois.

« Elle a souffert à cause de la maladie de son père je le comprends très bien mais elle ne t’a pas donné de nouvelles pendant des mois ! Elle ne t’a pas vu souffrir comme je l’ai vu ! Ça m’a fait vraiment mal de te voir dans un tel état en plus je sais comment tu peux réagir… » Reprit-elle, sa voix devenant au fur et à mesure un peu plus tremblante.

Je lâchai un soupir malgré moi, repensant également à ce jour où j’avais tenté de me supprimer et où elle m’avait trouvé là, sur le point de commettre cet acte. Cet épisode n’avait été connu que de nous deux, Cassiopea elle-même n’en avait pas entendu parler. C’était un évènement que nous gardions tous les deux pour secret, et je l’en remerciais pour cela. J’imaginais sinon sans peine qu’elle aurait la réaction de l’italienne si jamais elle était venue à le découvrir... Et heureusement d’ailleurs que Naomi n’avait pas découvert ces cicatrices récentes qui sillonnaient ma peau, sinon je savais parfaitement comment elle aurait réagi à son tour.

« Mais bon, maintenant c’est terminé et elle est revenue. Le seul truc c’est que... » Lui répondis-je, avant de m’interrompre.

La suite était décidément affreusement difficile à admettre... Mais sentant que son étreinte se resserrait autour de moi pour me rassurer et me montrer que quoiqu’il arrivait elle était là, je tentais de prendre un maximum sur moi pour enfin pouvoir exprimer ce que je n’avais encore jamais osé dire à qui que ce soit.

« Je sais que c’est dur Rin… Mais faut que ça sorte… » Me murmura-t-elle.

J’acquiesçai alors d’un hochement de tête, levant ensuite la tête vers l’horizon avant de toussoter légèrement pour tenter de retrouver la maîtrise de plus en plus difficile de ma voix bloquée dans le nœud de ma gorge. Et enfin, je le lui dis...

« C’est que j’ai l’impression de toute perdre. Absolument tout. J’ai perdu ma famille, j’ai perdu Cassiopea, Ayame a quitté le pensionnat... J’aimerai ne plus m’attacher aux gens, et franchement je me dis même que j’ai été totalement stupide de me laisser une autre chance de pouvoir aimer, car toutes les personnes auxquelles je tiens finissent par disparaître. C’est pour ça que j’ai peur qu’il t’arrive quelque chose Naomi. Si c’était le cas, je te jure que je ne me le pardonnerai pas. Et j’aime Cassiopea plus que tout, seulement j’ai l’impression qu’un rien peut à tout moment décider à nouveau de l’éloigner définitivement de moi et sincèrement... je suis mort de peur... »

Oui, je l’étais plus que jamais. J’avais peur de m’effondrer une nouvelle fois et de passer définitivement à l’acte sans que rien ne puisse m’en empêcher. Pas même Naomi, malgré tous ses efforts. Je sentis mes mains se mettre à trembler, mes yeux me brûlant de ses larmes qui tentaient de sortir malgré que je faisais tout pour les en empêcher. Puis j’entendis Naomi se lever pour s’accroupir à mes côtés, rompant ce nouveau silence de sa voix aussi douce que bouleversée par la situation.

« Je sais que ta souffrance est immense… Je sais que le départ d’Ayame a été dur, il l’a été pour moi aussi mais tu n’y es pour rien ! »

Si j’y étais pour beaucoup, je n’en doutais pas. Tout comme dans la tentative de suicide qu’elle avait faite. Elle avait cru que cette histoire aurait été possible entre nous, elle m’avait réellement aimé alors que je l’avais rejeté après lui avoir laissé cet infâme espoir d’y croire, me perdant moi-même dans ce que je ressentais à son égard. Jusqu’au jour où elle avait enfin compris qu’elle ne serait pas à mes yeux ce qu’elle désirait ardemment être. Alors si, c’était entièrement de ma faute...

« Tu as le droit d’aimer, Rin. C’est la meilleure chose qui peut t’arriver et tu mérites d’être heureux et d’enfin trouver la paix ! » Poursuivit-elle.

Fronçant les sourcils à ses paroles, j’étais loin d’être aussi convaincu qu’elle à ce propos. Si je le méritais tant pourquoi n’y parvenais-je pas ? Pourquoi tout ce que je vivais me conduisait toujours vers cette même direction à l’issue irrévocablement fatale ? Si je méritais de trouver la paix pourquoi les rares moments positifs que je pourrais vivre étaient constamment compensés par d’autres de plus en plus terribles ?

« Je te peux te promettre qu’il ne m’arrivera rien ! D’accord ?!? Je te le jure Rin ! Faut que tu y crois sinon tu n’arriveras jamais à être en paix ! » Me dit-elle avec une conviction profonde, me prenant alors dans ses bras pour me serrer contre elle.

Je passais à mon tour mes bras autour d’elle, sentant une larme glisser sur ma joue. A cette sensation, j’eus un léger rire. Vraiment pitoyable, il n’y avait pas d’autres mots pour me définir.

« Tu crois qu’un jour on pourra avoir une conversation normale tous les deux ? » Plaisantais-je, quoiqu’au fond je me posais réellement la question.

Essuyant cette maudite larme d’un revers de la main, je m’efforçais de lui sourire pour lui dire :

« Tu te souviens de cette après-midi-là, à la bibliothèque ? On se connaissait à peine d’ailleurs, et tu m’avais parlé de ton père et moi de mon histoire. Et on s’était juré à ce moment-là de s’en sortir ensemble alors c’est ce qu’on va faire. Compris ? » Lui dis-je, sur un ton humoristiquement militaire.

Je me levai d’un bond, résolu, et lui tendis la main pour l’aider à se lever à son tour, lui ébouriffant les cheveux au passage d’un air satisfait.

« Je me disais aussi que j’avais oublié quelque chose aujourd’hui... » La taquinai-je.

« Allez, allons-y avant qu’un pion ne nous trouve ici et signe notre arrêt de mort, ce qui serait dommage après cette nouvelle résolution, non ? » Ajoutais-je dans un sourire, avant que nous ne nous dirigions vers la porte d’entrée du toit.

Puis descendant les marches pour rejoindre les dortoirs, je l’accompagnai jusqu’à la sienne avant de la prendre une dernière fois dans mes bras puis déposer un baiser sur sa joue pour lui dire :

« Encore merci pour tout Naomi. Je sais que je te l’ai dit un nombre incalculable de fois mais je ne sais vraiment pas ce que je ferai sans toi. Et ne t’en fais pas pour ton prince charmant, le secret sera bien gardé. Et surtout tu n’hésiteras pas à me trouver si jamais il y a quoi que ce soit la prochaine fois. » Lui dis-je dans un sourire complice, avant de m’éclipser dans le couloir pour rejoindre ma chambre.