Si elle avait su... C'était l'unique pensée qui éclairait la jeune femme en écoutant le beau russe lui refuser le droit de connaître son prénom. Après tout, qu'est-ce que cela pouvait lui faire ? Le récapitulatif de tous les actes de cet inconnu n'était pas vraiment de son côté. Mais.. Cela l'avait distraite. Et cela faisait bientôt un mois que peu de personnes y étaient parvenus. Elle avait rencontré d'admirables étudiants, oui, mais bien trop calme à son goût. Pourtant, si elle avait su ce que cette première à la cafétéria donnerait.. Est-ce qu'elle y serait retourné ? Sûrement, pour le goût du jeu. Mais rien n'en était moins sûre. De plus, le jeune homme semblait avoir décidé de sa la jouer distant dés lors qu'elle lui avait dit de se taire. Tout comme elle lorsque ses paroles ne lui avaient pas plu. A quoi jouaient-ils réellement ? Dés lors que l'un prenait la fuite, l'autre redevenait un tantinet plus agréable, et vice-versa. Peut être avaient-ils des caractères bien trop similaires pour s'entendre.

" - Ne sois pas vexé. Je te demande ton nom. Pas ta biographie. Puis après tout.."

La jeune femme s'arrêta net au milieu de sa phrase afin de réfléchir à ce qui lui apporterait de savoir comment se nommait son interlocuteur. A part mettre un nom sur un visage.. Elle n'en avait aucune idée. Peut être voulait-elle juste pouvoir se remémorer ce midi incroyablement... inhabituel tout en sachant à qui elle pensait. Peu importe, elle voulait connaître le nom du jeune homme. Elle en avait décidé ainsi.

" - Non rien."

D'un coup d'oeil distrait, la belle Alena observa l'attitude du jeune homme qui semblait chanceler entre méfiance et considération. Mais alors qu'elle allait entreprendre de reprendre la parole, le beau russe prit les devants, annonçant son départ imminent. D'un haussement d'épaule la jeune femme le regarda lui sourire sans réellement lui rendre cet ultime geste. Elle ne le quitta pourtant pas des yeux, le laissant commencer à s'en aller vers une destination qui, elle en était sûre, lui était encore inconnue. Ayant errer elle-même pendant plusieurs jours dans le pensionnat à la recherche d'un endroit qui lui conviendrait, elle reconnaîtrait entre mille cette attitude nonchalante.

Allait-elle vraiment le suivre ? Au risque de passer pour une fille qui ne souhaitait pas qu'il parte, ce qui lui donnerait bien trop d'importante ? Ou bien retournerait-elle dans son lit afin de retourner dans les bras de Morphée jusqu'au soir ? Dans un soupire presque inaudible la jeune femme espérait que la nuit apparaîtrait bien plus rapidement qu'en réalité.

" - Attend. "

Une pensée venait de lui traverser l'esprit en observant le jeune homme s'en aller, les bras nus. Elle retira avec délicatesse sa veste qui était resté depuis quelques temps sur ses épaules. Dans un silence quasi-religieux, le jeune femme s'approcha du bel inconnu. Arrivée à sa hauteur, elle lui tendit la chemise légèrement humide d'une moue légèrement désolé.

" - Ceci t'appartiens il me semble, affirma-t-elle avant d'esquisser un sourire. Si tu ne sais pas où tu comptes aller, tu peux toujours venir boire un verre avec moi. C'est ce que je comptais faire. Ou.. Peut être aller sur le toit. C'est un endroit tranquille. Mais.. Si tu veux errer dans le pensionnat, libre à toi, je ne te retiens pas. "
Ceci étant dit, la belle Alena décrocha un véritable sourire tout en récupérant son tee-shirt qui avait eu le temps de sécher au soleil. Elle l'enfila puis haussa les épaules d'un geste désinvolte en attente de la réponse du jeune homme.

Iaroslav partait, et n’était pas parti pour revenir. Même s’il prenait son temps, et qu’il avait invité la demoiselle à le suivre éventuellement, ce n’était pas pour faire demi-tour. Il comptait suivre sa propre direction. Ce n’était pas à elle de décider quelle serait la suite. Une proposition, comme elle l’avait énoncée, était sensée avoir le même effet qu’il ne voulait subir ou accepter. Il n’allait pas venir avec elle. Si elle le désirait, c’était à elle de faire un pas vers lui.
S’arrêtant néanmoins, quand elle l’avait appelé, le grand russe l’observa venir jusqu’à lui. Il regarda d’abord ce visage sympathique, pour faire glisser ses yeux jusqu’à ces pieds qui marchaient. Ainsi, il avait la tête quelque peu baissée, regardant ses chaussures, quand elle lui avait tendu sa chemise. Il ne pouvait la refuser. Encore, si elle était restée si peu vêtue, il en aurait eu le droit. Mais là qu’elle remettait son tee-shirt, c’était hors de question.

« Non, je vais plutôt… aller dans ma chambre. Ça ira pour cette fois. »

Dit-il en essayant de sourire légèrement. C’était chose faite. Seulement, il avait un petit truc à ajouter.

« Mais tu vas devoir me faire une machine. Puisque tu as porté mon vêtement. »

Il n’avait rien contre le fait qu’elle y ait touché. Il lui avait d’ailleurs lui-même proposé, tendu, ou plutôt mise sur les épaules. Elle n’avait pas été consentante, mais voilà que le blond lui infligeait gratuitement une histoire de dette.

« Donc on sera amenés à se revoir. »

Encore un petit air amusé. C’était une technique comme une autre d’arriver à ses fins. Satisfait de sa trouvaille, qui n’était pas non plus un exploit, il inspecta la chemise qu’elle venait de rendre. À vrai dire, il ne trouvait rien d’autre à redire que sur l’humidité dans laquelle il la trouvait. Ce n’était pas grand-chose, et il aurait pu s’en tirer sans prononcer le moindre mot. Mais non, il fallait bien garder un certain contact.

« Je suis chambre vingt-neuf. »

Et il lui tendit la chemise, pour la seconde fois. Il espérait bien qu’elle la prenne, afin de simplifier les choses. Mais ce n’était pas forcément dans ses objectifs. La demoiselle était du genre contrariante, alors… Qui sait ce que cela donnerait.