Il est connus de tous que les Ecossais ont mauvais caractère. Belphegor en est l'illustration vivante. Il est lunatique et violente. Une simple contrariété suffit à le faire enrager. Il s'enflamme et, consume de ses poings tout ce qui vient à le mettre de mauvaise humeur. Un rien, le met de mauvaise humeur.
Ce caractère de braise va de paire la fascination qu'il entretient pour le feu. Les flammes dévorantes entraine sur le jeune homme une profonde sensation de satisfaction. On nourrit un feu comme on nourrit sa rage. Il faut bien dire que pour quelqu'un d'aussi excessif que Bela, les flammes ne peuvent-être qu'un moyen de s'expier. Il faut tout de même avouer que cet amour malsain pour le feu peut amener à des débordements... Pyroman ? Peut-être, que voulez-vous, nous vivons dans un monde si ennuyeux, y ajouter des couleurs aussi chatoyantes est si tentant !
Son esprit chaotique chancèle, trébuche pour finalement s'illuminer couramment d'idées perverses. Individus retords à toutes autorités, à toutes affections ; persécuter n'est pour lui qu'un loisir comme un autre, une expérience, une observation. Tout ce qui peut bousculer l'ordre établit l'attire. Il n'y a pas de satisfaction plus intense que de voir un château de carte s'écrouler. Une seule tombe et tout l'édifice s'écroule. Badaboum.
Il peut-être intéressant d'ajouter que le jeune homme est cynique, sarcastique, foncièrement mauvais et est un manipulateur de talent. Comment une personne si détestable arrive-t-elle à faire exécuter ses envies les plus fantasques aux personnes qui osent s'approcher de lui ? Je parierais sur un charisme léonin. Soyez prudents, ne jouez pas avec le feu.
Bela Belphegor incarne parfaitement le genre de personne imposante par sa stature à qui vous ne voudriez jamais devoir le moindre centime. Ses cheveux couleur d'encre sont comme une crinière, reflet parfait de la bestialité qui l'anime. Une mèche plus rebelle que les autres tombe tristement devant ses yeux marron luisant d'une étincelle malveillante. Son visage en lame de couteau, son torse musclé, ses bras puissants sont marqués de diverses brûlures et cicatrices. Bela laisse ces traces sur son corps ostensiblement visibles. La bête aime intimider ses proies. Ses chemises, la plupart du temps aux couleurs sombres, sont toujours à moitié ouverte, dévoilant ses muscles, illustrant un lion paradant devant ses congénères. Sa ceinture en cuir usée par le temps pends tristement et ne semble pas vraiment remplir sa fonction, les baggys du fauve tombant si souvent sous son fessier. Le cuir de sa paire de Dr.Martens noire est d'ailleurs en aussi mauvais état, témoignant du peu d'attention que Belphegor accorde à ses vêtements. Une boucle d'oreille constituée de trois plumes aux couleurs vives vient compléter l'étrange tableau que représente cet homme déplaisant.
La gangrène. Une fois qu'elle s'insinue dans le corps du pauvre malade, il n'y a plus grand chose à faire pour lui. Les tissus se nécroses, se délitent et dépérissent. La noirceur du monde se greffe sur sa peau, court le long de ses veines et le dévore lentement. Elle peu prendre de nombreuses formes mais se propage partout. Une seule solution ; l'amputation mais, est-ce toujours efficace ?
Une femme se meurt dans les nobles terres d'Écosse et la gangrène apparaît avec une atroce régularité dans le cœur de son marit. Il hait déjà sa femme et son fils. Elle les abandonnent et le petit ne s'en rend même pas compte. Il sourit encore avec la plus imbécile des expressions. Il ne voit donc rien... Il n'a que quatre ans et il déjà seul. Ses cheveux noirs en bataille se trémousse devant sa mère affaiblie qui lui offre un dernier sourire. La rancœur s'emparera de lui aussi mais, plus tard, bien plus tard.
Des années ce sont écoulées et un homme est là, adossé sur un muret de pierre devant une vieille battisse au milieux des champs, au cœur de l’Écosse. Ses cheveux noirs de jais masquent son visage. Dans sa main une cigarette se consume lentement. Le ciel est gris. À l'image de la journée qui se déroule lentement devant ses yeux. Son visage inexpressif fixe l'horizon, c'est son but. Un sac volumineux est posé à ses pieds, il en dépasse quelques canettes de bière. Un vieil homme, certainement son père au vus des traits de son visage sort de la maison et le regarde nerveusement du pas de la porte. Celui-ci attends quelques secondes. Il regarde son fils puis, d'une voix forte il lui demande :
- "Tu comptes aller quelques parts ?"
- "Ouais. Le plus loin possible d'ici.", lui réponds le jeune homme aux cheveux noirs.
- "Et comment tu comptes vivre ?" l'interroge son père, un brin de dédain dans la voix.
- "Tu sais l'vieux. Depuis sa mort il n'y a plus aucuns de nous deux capable de vivre dans cette maison. On ne fait que survivre"
Il prends son sac et commence à marcher le long de la route. Il prend la dernière bouffée sur sa cigarette la jette. Une voiture arrive, le jeune homme tends son bras. Elle s'arrête. Il monte et part sans se retourner. Il est temps de quitter ces terres.
***
Deux ans après, dans les rues de Kyõto, le jeune homme est là. Il n'a pas cessé de fumer. D'ailleurs, il a une cigarette dans la main. Il regarde les passants. Il semble fatigué. Aujourd'hui c'est son anniversaire, il a maintenant 21 ans. Il s'attarde sur les jeunes femmes, certainement l'instinct masculin. L'une d'entre-elles ce démarque. Elle a un haut aux motifs de guépard et est courtement vêtue. Il sourit. L'avantage quand un homme ne dispose de rien, c'est qu'il apprend à se satisfaire de bien peu. En seulement quelques secondes elle disparaît. Il jette son mégot et va errer dans les ruelles. Avec un peu de chance il y aura quelques touristes à détrousser. Le soleil décline lentement, c'est la bonne heure. D'ici peu de temps les autorités locales seront plus occupés avec les conflits entres gangs que part les petits délinquants tel que lui. Après quelques dizaines de minutes d'errance, il se retrouve seul dans une ruelle avec un gosse d'une quinzaine d'années.. Il se rapproche et lui pose la main sur l'épaule.
- "Hey, t'aurais pas une clope ?", lui dit-il sur un oppressant.
- "Non... Désolé je ne fume.", réponds le jeune homme hésitant.
- "Alors dit moi ? Pourquoi tu m'filerais pas les tunes pour aller en acheter ?"
Notre antihéros plaque le jeune garçon contre le mur de la ruelle, ne lui laissant même pas le temps de répondre. Il lui assène un coup de tête avant de le soulager du sac à dos qu'il avait. Notre jeune homme part en courant. Lorsqu'il ce sent hors de portée de quelconques représailles, il se pose sur un banc. Il soupire, allume une nouvelle cigarette et entreprends de vider le sac. Dedans il trouve un vieux baladeur, quelques yens et surtout, un prospectus pour un pensionnat. L'idée est séduisante, loger, nourrit, et s'il est question de reprendre des études, le vieillard qui lui sert de père pourra raquer sans poser de questions.
Il ne lui faudra que quelques jours pour envoyer une lettre à son père et rallier le dit pensionnat en train, Rayen. Tout son être bouillonne déjà d'impatience. Cela va être d'enfer. ~