Le soleil brillait dans le parc. C’était une journée magnifique, pourtant, je ne me sentais pas bien, comme souvent mais cette fois-ci était pire que les autres. Je ne me voyais pas continuer cette vie. Je n’en avais plus la force ni l’envie. Pourquoi vivre lorsqu’on vit dans la souffrance. Non je n’étais pas courageuse, non je n’arrivais pas à me défaire des problèmes que j’avais eu et avais. J’étais une lâche, je le savais, la plupart des gens que j’avais côtoyés me l’avaient fait remarquer lorsqu’ils avaient vu les nombreuses marques sur mes avants bras.

Je ne me sentais pas bien et c’est pour cela que je m’étais mise dans un endroit isolé du parc. Un lieu où je me retrouvais souvent seule, pour lire, écouter de la musique et me faire du mal. C’est pathétique, certes, j’en suis tout à fait consciente mais c’était devenu pour moi une vraie drogue. Le meilleur moyen d’extérioriser mes angoisses, mon mal être. Je n’aimais pas parler, cette option était donc la meilleure pour moi, bien qu’elle soit destructrice. Mais après tout n’étais-je pas auto destructrice ? Oui c’était surement ce que j’étais devenue au fil des années.

J’étais donc là, dans cet endroit isolé des gens bien que je me trouvais encore dans le parc, les gens devaient surement avoir la flemme de marcher jusque-là. Pourtant le lieu était des plus magnifiques : de grands arbres, une pelouse bien entretenu et une vue magnifique sur le ciel, sans immeuble autour. Mais malheureusement je n’étais pas là pour les arbres ou même la vue. Non, j’étais là pour me faire du mal sans que personne ne s’en aperçoive.

Je fouillais dans mon sac, sans me presser, sortant un petit étui noir de l’intérieur. Dedans se trouvait mes diverses lames de rasoir. J’en sortis une de l’étui et la contemplais pendant plusieurs minutes, bloquant sur sa froide beauté. Après l’avoir observer sous toutes les coutures j’enlevais ma mitaine droite. Mon bras gauche étant trop recouvert de coupures. Je n’étais pas très habile de la main gauche mais cela ne m’empêcha pas de rapprocher la lame de mon bras. Un, deux, trois…. La lame venait de s’enfoncer et un trait de sang se formait au fur et à mesure que je faisais bouger la lame. Je continuais ainsi pendant quelques minutes avant de ressortir de mon état d’hypnose.

Je m’arrêtais lorsqu’un oiseau me fit sortir de mes pensées, je posais ensuite mes yeux sur mon portable posé sur mon sac, j’appuyais sur un bouton et l’horloge s’afficha. Il était malheureusement l’heure pour moi de retourner à l’internat même si je n’allais y retourner qu’en apparence. A vrai dire j’avais une autre idée…. Me mettre au calme sur le toit, à cet endroit personne ne me dérangerai et je pourrai continuer ce que j’avais commencé. Je rangeais mes affaires dans mon sac puis me mis en route en direction de l’arrêt de bus.

Je m’allumais une clope en attendant mon transport, une fois allumée je fouillais dans mon sac pour prendre mon mp3 et un mouchoir pour essuyer le sang sur mon bras. Je mis en route mon mp3 puis, à l’abri des regards j’essuyais mon bras. Mon bus arriva pile lorsque j’eu fini ma clope, les portes s’ouvrirent et je montais à l’intérieur. Malheureusement pour moi le bus était rempli, il ne restait plus qu’une place près d’un jeune homme aux cheveux bleus et violets. Je m’assis donc à sa gauche toujours plongé dans ma musique. Je me concentrais sur elle pour ne pas me faire une crise d’angoisse à cause du monde dans le bus.

La musique me faisait un bien fou même si je dois avouer que certaines chansons me mettaient les larmes aux yeux. Je bougeais donc mon bras droit pour enlever les quelques larmes qui embuaient ma vue, effleurant la chemise du jeune homme à côté de moi. Je m’excusais doucement de l’avoir effleurer. Oui je m’excusais pour tout et rien mais c’est une autre histoire. Je me levais ensuite, étant arrivée au pensionnat. Je sortis sans me presser et me dirigeais vers l’intérieur.

J’avais la tête qui tournait à cause du sang que j’avais perdu et aussi à cause des gens qui étaient encore présent dans le hall. Je me dépêchais donc de descendre les escaliers pour rejoindre les sous-sols. Je marchais vite comme à mon habitude et rejoignis mon endroit favori de l’école assez vite. J’ouvris la porte et là une vague de soulagement m’envahit. Il n’y avait jamais personne dans les sous- sols, je m’y sentais donc en sécurité, à l’aise, loin de tout le monde. J’étais bien et mal à la fois, un sentiment assez bizarre en fait mais au moins je pourrai continuer ce que j’avais commencé, au calme, je m’asseyais sur un banc posé dans une salle ouverte, en face de la porte.

Je n’avais pas éteint mon mp3 les chansons continuaient toujours de se lire, à vrai dire je préférai faire ce que je m’apprêtais à faire en écoutant la musique. Cela me détendait, m’apaiser mais bizarrement je me sentais encore plus perdu. Peut-être les paroles qui m’accrochaient, lié au sang cela donnait quelque chose de particulier. Je fouillais encore une fois dans mon sac et sortis la lame que je contemplais une nouvelle fois. Personne ne pourrait me sauver de mon désespoir et ma solitude. Je tranchais encore un peu plus ma peau tout en pleurant.

Il était temps de rentrer. Après tout, cela faisait trop longtemps que je campais dans cette bibliothèque à dévorer tous les ouvrages qui passaient à portée de main. Traités de chimie, thèses économico-sociale, Roman de science-fiction et j’en passe. Bref tout ce qui pourrait étouffer ne serait-ce que pendant un instant ma soif de connaissances. Le résultat n’était pas forcément là mais c’était toujours mieux que rien. Et puis la tête des autres usagers quand ils remarquaient le décalage entre ma tenue vestimentaire et les livres que je lisais. Ça valait bien le détour. Au moins ils apprenaient à ne pas se fier aux apparences. Du moins dans le meilleur des cas. A moins qu’ils ne décident de faire comme si rien ne s’était passé. Comme cela, ils n’auraient pas à réfléchir, à remettre leurs opinions en question. Oui c’était bien plus simple de classifier les gens. Au moins on pouvait rester dans notre bulle.

Ne croyez pas que je partage le même avis. Ce serait simplifier le monde dans lequel nous vivons et à cela je ne peux me résoudre. Je veux apprendre à connaître ce monde tel qu’il est et non pas tel que je pense qu’il est. La nuance est importante. Pour peu que l’on veuille l’admettre. Oui, mais pour cela il faut vouloir réfléchir, admettre de voir la réalité telle qu’elle est. Dure et sanglante. Sanglante ? Pourquoi ce mot ? Il n’avait pas été prévu alors pourquoi ? Quelle était la cause de son apparition. Pourquoi alors que je suis dans un bus bondé ? Des termes comme sueur, agoraphobie ou claustrophobie auraient pu apparaitre mais sanglant… Finalement ce fut mon flair qui m’aida à comprendre en détectant cette fragrance ferreuse si caractéristique de l’hémoglobine. Je penchais les yeux vers ma chemise. Oui, l’odeur venait de là. Mais pourquoi avais-je du sang ? Une chose était sûre, ce n’était pas le mien.

Il faut que je me rappelle. Je monte dans le bus, trouve une place de libre et m’assois. Ensuite une personne monte. Blonde, la trentaine. Elle ne la lâche pas son téléphone, envoie 32 messages dans un intervalle de cinq minutes puis descend du bus. Aucun contact n’a eu lieu, ce n’est pas elle. Personne suivante. Un homme d’affaires de plus de 50 ans. Avec son costume, peu probable. Déjà qu’il semblait énervé de devoir prendre les transports en communs… Restait la dernière personne. Une jeune fille. Probablement deux ans de moins que moi. Nous sommes dans le même pensionnat, j’ai dû l’apercevoir quatre fois sur les derniers mois. Elle était la seule à m’avoir touché. Elle était descendue du bus à l’arrêt précédent.

Je m’empressais de faire de même. Les deux arrêts étaient à 800 mètres l’un de l’autre que je m’empressais de faire au pas de course. Elle n’était plus là. Logique. Elle devait être entrée dans le pensionnat. Quelques foulées plus tard et j’y étais aussi. Elle avait approximativement trois minutes d’avance sur moi. Où pouvait-elle être passée ? Je devais le trouver. Vu la couleur du sang. Ce n’était pas une plaie anodine provenant d’une coupure en surface. La blessure était plus profonde. Et il n’y avait pas des dizaines d’explication à ce qu’elle choisisse de ne pas aller se faire soigner dans un hôpital. Il fallait que je la retrouve. Pour ne pas la laisser seule. Pour ne pas qu’elle se laisse submerger par des problèmes qu’elle ne pouvait résoudre seule.

Alors quelle était cette incohérence ? Là une tâche de sang. Pas encore coagulé. Elle avait descendu les escaliers. Je fis de même. La porte du sous-sol était entre-ouverte. Elle était sûrement passée là. Pour le reste, ce sera plus simple. Le sol était poussiéreux et une seule trace, rendu clairement visible à force de passage me désigna la route à suivre. J’avançais d’un pas plus posé. Je ne voulais pas la surprendre. Je voulais comprendre. Et lui apporter mon aide.

« Tu sais je ne suis pas sûr que ça aide vraiment de faire ça. Au mieux, tu affaibliras ton corps et tu finiras par t’en vouloir. Si ce n’est pas déjà le cas. »

Je m’approchais doucement d’elle. Je ne voulais pas la brusquer. Déjà que mon intrusion devait la mettre mal à l’aise. Personne n’aimait être pris en défaut. Notre société nous demandais d’être parfait. Infaillible. Au final de renier notre nature même d’être humain.

« Dans tous les cas, je ne dirais rien à personne de ce que j’ai pu voir ou deviner. Tu as ma parole là-dessus. Et c’est peut-être présomptueux de ma part sachant que tu ne me connais pas mais si tu le souhaites, je peux t’aider. »

Je lui enlevais délicatement la lame de ses mains. Je ne pouvais pas la laisser continuer. Je ne pouvais pas faire comme si de rien était. Pas avec ses appels à l’aide muets qui me vrillaient le cerveau.

« Je m’appelle Kaijin. Enchanté de faire ta connaissance, même si les circonstances ne s’y prêtent pas forcément. »

Je vis soudain quelqu'un rentrer dans la pièce où je me trouvais, j'enlevais mes écouteurs et le regardais, c'était le garçon du bus, impossible de se tromper mais pourquoi m'avait-il suivit ? Je n'en avais pas la moindre idée et je me sentis légèrement idiote, idiote que quelqu’un me prit la main dans le sac. Comment avait-il fait ? Je mis quelques seconde à comprendre, lorsque je l’avais effleuré j’avais du mettre du sang sur sa chemise. Pris la main dans le sac à cause d’une erreur de ma part c’était tout simplement pathétique…

J’enlevais la lame de sur mon bras et le laissa tomber le long de mon corps tout en tenant toujours la lame en main. Le sang coulait toujours abondamment et ma tête tournait de plus en plus. C’est alors qu’il prit la parole. Je l’écoutais sans dire un mot au début.


« Tu sais je ne suis pas sûr que ça aide vraiment de faire ça. Au mieux, tu affaibliras ton corps et tu finiras par t’en vouloir. Si ce n’est pas déjà le cas. »

J'eus un moment de sursaut lorsqu'il commença à parler, je ne savais pas quoi répondre à cela, à vrai dire il avait tout à fait raison. Je faisais ça pour évacuer ma peine mais au fond cela m’enfermait de plus en plus dans ma haine de moi-même et dans ma dépression, mon désespoir. Il s’approcha ensuite de moi, délicatement mais par reflexe je m’écartais un peu de lui. J’avais peur d’être proche de quelqu’un ce n’était plus à prouver mais pourtant quelque chose de particulier émanait de lui, je n’aurai pas su dire quoi mais cette personne ne semblait pas être comme les autres.

« Dans tous les cas, je ne dirais rien à personne de ce que j’ai pu voir ou deviner. Tu as ma parole là-dessus. Et c’est peut-être présomptueux de ma part sachant que tu ne me connais pas mais si tu le souhaites, je peux t’aider. »

Bizarrement, bien que je ne le connaisse pas j’avais envie d’y croire, envie de croire en quelqu’un. C’était peut-être ça qu’il me manquait, un appui, une aide concrète. Je ne l’avais jamais trouvé mais qui sait… Peut-être était-ce lui. C’est peut-être pour cela que je le laissais retirer la lame de rasoir de ma main. Et puis dans tous les cas avec tout le sang que j’avais perdu je n’étais plus en état de me débattre ou d’opposer la moindre résistance. Il me semblait être proche de la mort, c’était un sentiment assez bizarre que je ne comprenais pas encore.

« Je m’appelle Kaijin. Enchanté de faire ta connaissance, même si les circonstances ne s’y prêtent pas forcément. »

« Je m’appelle Lucy… »

Impossible de finir ma phrase un long vertige s’empara de moi et je me sentis basculer contre la table derrière moi. J’essayais de me rattraper mais cette action fut vaine, j’allais tomber comme une pierre qui tombe à l’eau. Quelle rencontre pathétique… je m’en voulais pour Kaijin qui assistait à cette action des plus pathétique

Je m’empressais de la rattraper. Elle était suffisamment affaiblie pour ne pas rajouter à tout cela des hématomes à cause d’une mauvaise chute. Restait néanmoins un nouveau problème. Que devais-je faire ensuite. Dans un premier temps, réajuster la façon dont ses entailles étaient bandées. Elle avait déjà une compresse de posée mais elle était déjà trop imbibée et la pression exercée sur la plaie n’était pas assez forte. Tant pis pour les convenances, je fouillais dans son sac à la recherche de nouveaux bandages que je découvris assez rapidement, essayant de ne pas trop penser aux lames qui se trouvaient à proximité. Ce n’était pas le moment pour les interrogations.

Je m’attelais à ma tâche, non sans avoir rincé les entailles avec le peu d’eau que j’avais sur moi. Moins efficace que des désinfectants, c’était toujours mieux que rien. Je n’étais pas un expert mais je compensais mon inexpérience par des connaissances théoriques importantes. Au moins le résultat n’était pas déplorable. Les saignements semblaient commencer à se calmer. Maintenant il fallait décider de la marche à suivre. L’idéal aurait été une transfusion sanguine mais je doutais fortement que le pensionnait disposait d’un tel équipement. Tout ce que je pourrais lui offrir c’est un endroit au calme et suffisamment de couvertures pour compenser la perte de chaleur qu’elle devait commencer à avoir. Ma chambre n’irait clairement pas. Autant la sportive serait probablement à l’entrainement mais à moins d’avoir cours, les deux geeks seraient là. Quelles chambres seraient disponibles ? De mémoire, la 1 à la 40 étaient prises. Vu le niveau de saturation, il devait y en avoir d’autres de disponibles, en attente de nouveaux arrivants. Oui ça devrait se trouver, à partir du niveau deux ou trois. Autant prendre le trois pour limiter les risques.

Je soulevais délicatement Lucy, la posant sur mon dos. Elle était légère. Trop même. Mais peu importe. Je devais trouver comment monter directement les étages sans me faire remarquer. Je devais donc privilégier les escaliers secondaires, ce que je m’empressais de faire.
Heureusement, personne ne croisa notre route, sinon j’aurais eu du mal à donner une explication. Je devais donc trouver une chambre de libre et surtout d’ouverte. Cela ne se fit pas sans mal mais je finis par arriver à mes fins. Je déposais délicatement Lucy sur le matelas avant d’ouvrir les placards, en quête de couverture. Une fois trouvées, je revins vers Lucy afin de la border.

« Ne t’en fais pas, ici nous devrions être au calme. Il faut que tu te reposes. Tu as probablement perdu beaucoup de sang. Trop pour être exact. Tu es peut être en train de faire une anémie ou une forte baisse de tension. Dormir te fera du bien. La plaie semble avoir commencé à se refermer alors essaye de ne pas trop bouger. »

Je tirais une chaise à moi afin de m’assoir dessus. L’attente promettait d’être longue.

« Je reste à côté de toi alors tu ne risques rien. Pour l’instant, occupe-toi seulement de toi-même, oublie le reste. Ça n’a aucune importance actuellement ; Seul ton état compte Lucy. Ok ? »

Un long vertige, ça y est je tombe sans pouvoir me rattraper mais soudain ma chute se stoppe. Je sens quelqu’un me retenir, qui est-ce ? Ah oui Kaijin… Pourquoi ne m’a –il pas laissé comme les autres l’auraient fait. Je suis déstabilisée, je l’entends fouiller dans quelque chose. Que fait-il ? Je n’en sais rien mes yeux sont clos et ils refusent de s’ouvrir. Plus aucunes forces, pourquoi a-t-il dû assister à cette scène pitoyable qui est en train de se dérouler. Je m’en veux, je ne le connais même pas et il s’occupe de moi comme si nous étions déjà proche.

Je sentis ensuite un liquide couler sur mon bras, cela me piqua légèrement mais pas comme de l’alcool l’aurait fait, ce devait surement être de l’eau. Bizarre je ne me souvenais pas en avoir dans mon sac, elle devait être à lui. Oui c’était surement ça. J’avais mal alors qu’il me refaisait mes bandages, enfin de ce que j’en avais déduis. Malgré mes yeux clos ma tête tournait toujours c’était comme si ma vie s’envolait, s’évaporait au fur et à mesure que mon sang coulait.

Il venait de me soulever et me mis sur son dos. Où allait-il m’emmener ? Je priais intérieurement pour ne pas qu’il me conduise à l’infirmerie, j’avais en horreur cet endroit et puis s’ils avaient découvert mes marques j’aurai du retourner voir le psychiatre et de fil en aiguille reprendre mes traitement pour la dépression et la schizophrénie. Je n’en avais pas envie, ces choses-là ne marchaient pas et me fatiguaient plus qu’autre chose donc non pas de ces conneries là.

Kaijin avait monté pas mal de marche, je m’en voulais qu’il me porte mais je ne pouvais rien faire dans mon état, je me laissais donc faire comme à mon habitude. Il me déposa ensuite dans un lit puis me borda. Je commençais enfin à ré ouvrir les yeux et vis son visage. Un ange était face à moi, mon ange gardien peut-être. Qui sait mais j’avais déjà une drôle de sensation en moi à sa simple vue.

« Ne t’en fais pas, ici nous devrions être au calme. Il faut que tu te reposes. Tu as probablement perdu beaucoup de sang. Trop pour être exact. Tu es peut être en train de faire une anémie ou une forte baisse de tension. Dormir te fera du bien. La plaie semble avoir commencé à se refermer alors essaye de ne pas trop bouger. »

Il était face à moi assis sur une chaise. Pourquoi faisait-il cela ? Après tout il ne me connaissait pas, j’aurai très compris qu’il ne s’occupe pas de moi… J’ouvris un peu plus les yeux et le regardais, il était si beau… Et sa voix… Elle m’apaisait, me faisait me sentir en sécurité. J’aurai pu avoir tous les problèmes du monde avec lui je me sentais bien, sur un nuage, au paradis…


« Je reste à côté de toi alors tu ne risques rien. Pour l’instant, occupe-toi seulement de toi-même, oublie le reste. Ça n’a aucune importance actuellement ; Seul ton état compte Lucy. Ok ? »

A la suite de sa phrase je me décidais à prendre la parole d’une voix affaibli à cause du sang que je venais de perdre.

« Ok mais j’ai froid, tu ne veux pas venir près de moi, j’ai envie de sentir la chaleur de quelqu’un à côté de moi… »

Je restais interdit. Sa requête m’avait pris de court. Je ne savais pas comment réagir. Je n’avais pas de réponse préconstruite. Pas de domaine d’expertise auquel me rattacher. C’était inhabituel pour moi. D’un autre côte notre rencontre elle-même l’était. Elle non plus ne correspondait à aucun schéma standard. Il n’y avait en cet instant qu’une seule certitude à laquelle je pouvais me rattacher. Lucy avait besoin qu’on l’aide. Que je l’aide. Moi qui suis le seul à connaître son état. Qui suis le seul à pouvoir faire quelque chose. Mais au-delà de cette obligation morale je voulais vraiment la soutenir. Mes actions n’étaient pas guidées par une quelconque contrainte mais par ma volonté propre. Oui au fond de mon être, j’en avais la certitude. Doucement, je laissais ma réponse s’échapper de mes lèvres.

« D’accord, je te rejoins sous la couverture, sans aucune idée déplacée cela va de soi. Donnes moi juste le temps d’enlever quelques affaires pour éviter de mourir de chaud.»

Joignant le geste à la parole, je commençais à me défaire d’une partie de mes vêtements. D’abord les chaussures et chaussettes que je pris soin d’aligner devant la chaise, puis ce fut le tour de mes mitaines et de ma cravate, suivis de près du contenu de mes poches à savoir un téléphone portable, un trousseau de clefs et un portefeuille. Je profitais de l’occasion pour enlever ma ceinture avant de terminer le bal par le gilet qui alla s’installer sur le dossier de la chaise.
Je restais un instant immobile, hésitant et en proie à un conflit intérieur. Il y a une décision que je devais prendre mais elle porterait un coup à ma pudeur. Ou du moins ce qui pouvait s’apparenter à cela. Recommençant soudainement à bouger, contrastant avec la façon dont je m’étais figé, je déboutonnais ma chemise avant de la laisser rejoindre ses camarades, révélant une demie nudité moins embarrassante que ce que je pensais mais néanmoins accompagnée d’une accélération de mon rythme cardiaque. Et puis je venais de révéler par la même occasion plusieurs tatouages supplémentaires sur mon corps. C’était toujours le même dessin, toujours la même étoile. Seuls la taille et l’emplacement variaient de façon erratique. Pourtant il y avait bien une logique derrière, racontant d’une certaine façon mon histoire.

« Attention me voilà »

J’accompagnais cette phrase d’un sourire que j’espérais réconfortant. C’était tant pour Lucy que pour moi qui n’avait jamais eu l’occasion de me retrouver dans une telle situation jusqu’alors. Prenant mon courage à deux mains, je me glissais à mon tour sous la couverture afin de la rejoindre. J’étais hésitant quant à la marche à suivre. Au final j’avais gardé une pudique distance de sécurité, incapable de m’approcher plus d’elle. J’étais trop gêné pour le faire.

« Désolé, je n’ai pas vraiment l’habitude de ce genre de situation. »

Mon dieu, je devais être ridicule. 19 ans et incapable de faire mieux. Au moins, j’avais le mérite de ne pas être trop invasif. Je ne risquais pas de mettre Lucy mal à l’aise en me montrant trop entreprenant. C’était une bien maigre compensation… Moi qui me targuais d’avoir un nombre incroyable de connaissances, j’étais incapable de savoir quoi faire dans une telle situation.

J’étais ridicule. Mais au moins cela me faisait sourire.

Je sursautai, lorsque pour la première fois sa main vint se poser sur ma peau, glissant le long de l’un de mes tatouages. Je ne m’attendais pas à cela. A vrai dire, je ne savais absolument pas à quoi j’aurais pu m’attendre. Tout cela était nouveau pour moi. Mon cœur battait à tout rompre, m’empêchant d’avoir les idées claires. J’étais totalement dépassé par les évènements mais étonnamment cela ne me dérangeais pas, contrairement aux autres fois. Sentir ses doigts glisser sur ma peau était agréable, apaisant, malgré les frissons qui parcouraient mon corps. Et puis les yeux de Lucy vinrent plonger dans les miens, recherchent la réponse à une question que j’ignorais. J’étais troublé. Ces yeux qui sondaient mon âme étaient très doux. Ce n’était pas une inquisition brutale. Au contraire. Ils m’apportaient un réconfort dont j’en ignorais le besoin. Puis son visage se rapprocha du miens, sans que je puisse esquisser le moindre geste, incapable de réagir.

Et ses lèvres vinrent se poser sur les miennes.

Le contact fut doux, légèrement humide. Mon rythme cardiaque était erratique. Je me surpris même à répondre à ce baiser, à vouloir moi aussi chercher ses lèvres. A vouloir l’embrasser. Puis cet instant éphémère prit fin, tout aussi délicatement qu’il avait commencé. La voix de Lucy parvint à mes oreilles mais mon esprit était ailleurs, perturbé par ce qu’il venait de se passer, cherchant à analyser ma réaction, cherchant à savourer à nouveau cette si douce sensation en repassant sans fin cette scène sans que je puisse m’en lasser. Je finis pourtant par répondre.

« Il n’y a pas besoin de t’excuser, c’est juste que j’ai été surpris. »

C’était le moins que l’on puisse dire. Cette expérience était quelque chose de nouveau pour moi.

« C’était la première fois que l’on m’embrassait après tout… »

Ma voix était songeuse. Cette phrase s’adressait tant à Lucy qu’à moi-même, afin d’accepter ce qui venait de se passer. Soudainement mes joues se mirent à rougir, il y avait une question que je voulais poser, qui me déchirait les entrailles afin de pouvoir s’échapper de mes lèvres, qui me mettait mal à l’aise car je ne savais pas comment elle allait réagir. J’avais peur. J’étais terrifié. Et pourtant ce n’était pas désagréable.

« Est-ce que tu penses qu’on pourrait le refaire ? »

J’avais réussi à le dire.

Il venait de me rendre mon baiser cela me fit perdre mes moyens, je ne savais pas comment réagir. J’avais l’impression de fondre, d’être plongée dans un bain de bonheur, je volais au-dessus des nuages blancs, j’étais au paradis. Je ne voyais plus que lui, je le regardais, je me plongeais dans son regard, c’est alors qu’il prit la parole.


« Il n’y a pas besoin de t’excuser, c’est juste que j’ai été surpris….C’était la première fois que l’on m’embrassait après tout… »

J’étais à la fois gênée de l’avoir surpris mais la suite de sa phrase me surpris à mon tour. C’était donc la première fois qu’il embrassait quelqu’un ? En mon fort intérieur j’étais plus qu’heureuse, j’étais sa première fois, il n’avait gouté que mes lèvres, rien d’autre auparavant…. Je lui souris, un sourire qui se voulait des plus sincères. J’étais bien avec lui, j’oubliais mon passé, mes problèmes, il n’y avait que lui qui comptait. J’étais bien tout simplement….

En observant son regard je me rendis compte qu’il avait changé, quelque chose semblait le faire réfléchir. Je me demandais de suite à quoi pouvait-il bien penser mais je ne trouvais malheureusement pas la réponse. J’allais lui poser la question lorsqu’il se décidait à poser une question qui me fit de nouveau sourire.

« Est-ce que tu penses qu’on pourrait le refaire ? »

J’approchais mon visage de son oreille et lui chuchotais alors :


« On pourra le refaire autant de fois que tu le désires… »

Je pris ensuite l’initiative de me mettre sur lui à califourchon, me faisant mal à mes plaies mais ne montrant aucun sentiment de douleur pour autant. Je le regardais à nouveau avant d’approcher lentement mes lèvres des siennes.

Je fermais les yeux et commençais plusieurs longs baisers puis avec délicatesse j’entrouvris ma bouche et insérai ma langue dans sa bouche, sans le brusquer. C’est une chose que je ne voulais pas faire avec lui, je voulais qu’il se sente à l’aise, en sécurité comme je me sentais avec lui.

Au bout de plusieurs minutes je m’arrêtais, le serrant dans mes bras et plongeant ma tête dans son cou. Une larme tombant le long de mon visage pour finir sa course dans le creux de la clavicule à Kaijin. Je voulais que ce moment ne s’arrête pas, je voulais rester près de lui pour l’éternité, je voulais sentir cette sensation de vie dans mon être pour toujours mais lui, voudrait-il de ça ?

Mes larmes se faisaient de plus en plus présentes, me voilà face à une crise d’angoisse. Dans un si beau moment, je ne savais plus ce que je devais éprouver, de la tristesse, de la joie, les deux ? J’étais perdue, j’avais besoin de réconfort. Je me serrai un peu plus contre son corps, je ne voulais pas qu’il sache que je pleure ou qu’il m’entende, Talia détestait la faiblesse et elle risquait de sortir pour ça. Je ne voulais pas qu’il la connaisse.

Je me ressaisis ensuite au bout de quelques secondes, il fallait que je pense à l’instant présent, à cet instant de pur bonheur. Je ne voulais me préoccuper que de ça….

C’était la chose la plus divine que j’avais eu l’occasion d’avoir durant toute mon existence. Tous mes sens étaient devenus hypersensibles, me laissant en proie à d’infinis frissons de plaisir. Je faisais complètement confiance à Lucy. Je m’abandonnais à elle, à ses lèvres si douces, à sa langue qui entrainait la mienne dans une délicieuse danse. C’était tellement agréable. Tellement fort que je n’avais plus confiance de rien, hormis de Lucy. En ces lieux, en cet instant, il n’y avait qu’elle qui existait. Qu’elle qui importait. Elle était l’unique personne qui composait mon univers. Le reste n’en faisait pas partie. Je n’étais pas dans le pensionnat, ni dans une chambre inutilisée. J’étais avec elle.

Mon cœur battait à tout rompre, incapable de résister à quelque chose d’aussi puissant, d’aussi incroyable. Et puis il y avait cette étrange sensation qui partait de mon ventre et me donnais le vertige. Pourtant c’était quelque chose d’agréable, d’apaisant même. Je sentais le cœur de Lucy battre contre moi, chantant sa douce mélodie. Hésitant et mort de peur, je glissai mes bras autour d’elle pour l’enlacer. Je devais probablement m’y prendre comme un pied, mais j’avais envie de la serrer contre moi. D’être sûr qu’elle était là.

Mais je finis par entendre ses pleurs. Était-ce de ma faute ? J’espérais que ce n’était pas le cas. J’essayais de me convaincre que c’était parce que depuis tout à l’heure elle devait être tendue. Puis je finis par comprendre. Ses larmes étaient mécaniques, nerveuses. Je tentai de lui caresser le dos, pour l’aider du mieux que je le pouvais alors que je lui murmurais :

« Ne t’en fais pas, je suis là. Tu ne risques rien, personne ne viendra nous déranger ici. »

Elle semblait s’être calmée d’elle-même, sans que je sache si c’était grâce à ce que je venais de dire ou non. Au final ce n’était pas important. Non, ce qui importait c’était qu’elle semblait aller mieux. Sa respiration s’était faite plus posée et son corps s’était relâché.

« Merci de m’avoir fait découvrir cela, de me l’avoir offert. Je ne pourrais jamais assez te remercier. Je me sens tellement bien avec toi. C’est étrange, c’est quelque chose que je n’avais jamais eu l’occasion de ressentir. Tu vas me trouver bizarre mais c’est la première fois que je me sens complet, que j’ai l’impression d’être réel, de ne pas être qu’un humain fondu dans la masse. Merci Lucy… »

J’avais parlé avec sincérité. C’était étrange de constater que je pourrais lui faire confiance aveuglément, de me rendre compte que je voulais rester avec elle quoi qu’il arrive. C’était la première fois que cela arrivais. C’était la première fois que je m’attachais à quelqu’un.

Doucement, je déposais mes lèvres sur sa joue en un délicat et tremblant baiser, je voulais qu’elle reste là, lovée dans mon cou, allongée sur mon corps.

Je me sentais tellement bien…

« Ne t’en fais pas, je suis là. Tu ne risques rien, personne ne viendra nous déranger ici. »

A ses mots je me calmais totalement, mes tremblements et mes larmes s’arrêtèrent instantanément. Comme si la voix de Kaijin avait certaines vertus, sa voix m’apaisait c’était à la fois déstabilisant et magique. Ma respiration reprit alors normalement et je me sentais mieux, je me détendais, m’étalant un peu plus sur le corps de la personne que j’aimais à présent.

« Merci de m’avoir fait découvrir cela, de me l’avoir offert. Je ne pourrais jamais assez te remercier. Je me sens tellement bien avec toi. C’est étrange, c’est quelque chose que je n’avais jamais eu l’occasion de ressentir. Tu vas me trouver bizarre mais c’est la première fois que je me sens complet, que j’ai l’impression d’être réel, de ne pas être qu’un humain fondu dans la masse. Merci Lucy… »

Je redressais mon visage pour être face au sien. Pour être honnête je ne savais pas quoi lui répondre. C’était en quelque sorte une déclaration, je ne savais même pas si lui s’en était rendu compte. Je le regardais un instant puis me décidais à prendre la parole, la voix mal assurée.


« Et merci à toi, Kaijin, de m’avoir fait redécouvrir l’amour. Avec toi je me sens une personne nouvelle, j’ai l’impression qu’avec toi je peux tout accomplir, je me sens libérée et je t’en remercie du fond du cœur. »

A la fin de ma phrase je plongeais de nouveau mon visage dans son cou, le mordillant légèrement sur l’un de ses tatouages tout en le caressant légèrement. J’aimais tellement cette sensation, j’aurai voulu avoir cent mains pour pouvoir en faire plus mais malheureusement je n’en avais que deux. Je les activai donc sur les parties de son corps que je pouvais toucher, déposant à présent des baisers dans son cou et sur son épaule.

J’étais comme hypnotisée par ce qu’il était, je voulais en savoir plus sur lui, le connaitre, par cœur, autant au niveau physique qu’au niveau psychologique. C’était dans ma nature, j’aimais observer, j’aimais connaitre, j’aimais tout savoir c’était aussi une des raisons pour lesquelles je fréquentais souvent les bibliothèques. En plus d’y être au calme il y avait un nombre incalculable de livre, je m’y sentais aussi bien qu’au parc.

Je m’étais légèrement égarée, pourquoi m’éloigner d’une réalité aussi douce ? Peut-être parce que je n’en avais plus l’habitude. Akihide m’avait fait m’enfermer dans une prison glauque où ne régnait que la peur, la terreur et la douleur. J’avais donc perdu de mes capacités à être douce je ne savais plus vraiment commet m’y prendre. J’apprenais de nouveau des gestes simples mais je ne savais pas si je m’y prenais bien, à priori oui vu que Kaijin ne s’était pas plaint mais après tout peut-être ne voulait-il pas me vexer.

Voilà que je repartais dans mes doutes et mes incertitudes, il ne fallait pas que cela arrive ou je ne pourrai plus m’en défaire. Et d’en un moment pareil c’était juste impossible de sombrer de nouveau. J’étais trop bien, ses bras m’entouraient délicatement, j’étais contre lui, sentant son cœur battre contre ma poitrine. Il était d’ailleurs moins emballé que tout à l’heure peut-être avait-il réussit à se calmer. C’est vrai que j’y étais quand même allé franco surtout qu’il n’avait pas l’habitude.

Il fallait que j’arrête de penser. Trouver quelques choses à dire… Oui mais quoi ? C’est à ce moment-là que mes yeux se reposèrent une énième fois sur ses tatouages, ses étoiles pour être plus précise. Je voulais savoir pourquoi les avaient-ils fait, après tout il fallait bien une raison pour se faire tatouer, enfin ce n’était que mon avis mais je n’aimais pas vraiment les gens qui se faisait tatouer pour rien, je trouvais cela un peu bête, je me décidais donc à lui poser une question qui me brulait les lèvres depuis déjà quelques minutes, je le regardais de nouveau dans les yeux.

« Dis tes tatouages ont une signification ? Personnellement les miens en ont donc je voulais savoir si pour toi c’était la même chose. »

Je souris à la fin de ma phrase m’amusant à toucher les diverses étoiles que je pouvais atteindre, l’air tout de même songeuse.

L’amour ? Etait-ce vraiment possible ? Sa phrase soulevant une interrogation en mon fort intérieur. Et pour moi ? Cette sensation que je ressentais pour la première fois. Si grisante et réconfortante. Etait-ce cela ? Je n’avais aucune idée de ce que l’amour était, au-delà de son propre concept. Au final, c’était quelque chose d’aussi merveilleux ? Aussi fort pour que tant mon esprit que mon corps soient frénétiques et déboussolés. Oui, ce ne pouvait être que cela.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, moi, Kaijin Hisui, j’étais tombé amoureux.

Je n’eux pas le temps d’approfondir cette certitude que déjà Lucy me replongeait dans une tornade de sensations plus incroyables les unes que les autres. Plusieurs soupirs et gémissements s’échappèrent de mes lèvres. Je n’avais plus le contrôle ni de mon corps ni de mes réactions et pourtant je trouvais ça tellement délicieux que j’étais incapable de lui demander de s’arrêter, même si j’aurais pu finir par m’évanouir.

Finalement Lucy stoppa sa si douce torture, me laissant reprendre mon souffle. Je la sentais à nouveau contre moi, l’enlaçant du mieux que je pouvais. Je la laissais perdue à ses pensées, étant dans le même état qu’elle, essayant d’accepter ce qu’il m’arrivait et de m’en réjouir. Moi qui me croyais incapable d’aimer ou même d’éprouver le moindre sentiment, j’étais heureux pour une fois d’avoir tort. Finalement ma vie acceptait d’avoir un sens, d’avoir un but auquel je pouvais me dévouer corps et âme. Il s’agissait d’elle. Il s’agissait de Lucy.

Cette fois-ci ce fut sa voix angélique qui me tira de mes pensées. Elle s’interrogeait sur mes tatouages. Elle était bien la première personne à ne pas en parler pour les critiques ou pour faire une quelconque réflexion dénudée de sens. Elle était la première à s’intéresser à leurs origines. A mon histoire.

« Oui ils ont une signification. Je pense comme toi, un tatouage n’a de sens que s’il veut dire quelque chose. Les miens racontent mon histoire. Mes erreurs pour être plus précis. Ils me rappellent les décisions que j’ai prises par le passé et que désormais je regrette. Ils sont là pour que jamais je ne refasse de tels mauvais choix. Certains ont été plus graves que d’autres, c’est pour cela que leurs tailles varient. D’ailleurs grâce à toi, je vais en rajouter un, pour avoir cru aussi longtemps que j’étais incapable d’éprouver des sentiments, ou de tomber amoureux. Merci Lucy de m’avoir offert ce cadeau. Je ne l’oublierais jamais. »

Oui mon histoire n’avait pas toujours été rose. C’était une histoire humaine. J’avais été confronté à la dureté de la vie trop tôt et ai dû naviguer en aveugle. J’avais pu réparer certaines de mes erreurs, pour d’autres ce n’était pas encore le cas. Il y en avait aussi que je ne pourrais jamais réparer. Mais tant pis, je vivrais avec. Elles sont une partie du fardeau que j’ai accepté de porter.

Mais je ne voulais plus penser à cela. Pas pour le moment. J’avais une autre idée en tête, bien plus intéressante qui rien qu’à son évocation faisait battre mon cœur à tout rompre. Je me redressais lentement, approchant mon visage de celui de Lucy. Je sentais mes joues rougir tellement j’étais embarrassé. Mais je voulais le faire.

A mon tour je déposais mes lèvres sur les siennes, prenant enfin l’initiative de l’embrasser. Délicatement afin de contrebalancer ma maladresse.

« Et de ton côté, quelle signification ont tes tatouages ? »

« Oui ils ont une signification. Je pense comme toi, un tatouage n’a de sens que s’il veut dire quelque chose. Les miens racontent mon histoire. Mes erreurs pour être plus précis. Ils me rappellent les décisions que j’ai prises par le passé et que désormais je regrette. Ils sont là pour que jamais je ne refasse de tels mauvais choix. Certains ont été plus graves que d’autres, c’est pour cela que leurs tailles varient. D’ailleurs grâce à toi, je vais en rajouter un, pour avoir cru aussi longtemps que j’étais incapable d’éprouver des sentiments, ou de tomber amoureux. Merci Lucy de m’avoir offert ce cadeau. Je ne l’oublierais jamais. »

Je souris à Kaijin suite à son explication, elle était sincère et il ne semblait rien me cacher cela me fit en quelque sorte fondre. Son idée d’étoiles pour chaque erreur était d’ailleurs très bien trouvé, je n’y aurai jamais pensé et lorsqu’il me dit qu’il devrait en faire une de plus grâce à moi j’eu les larmes aux yeux. Pourquoi ? Tout simplement parce que de ses dire j’étais la première à lui avoir fait découvrir l’amour et pour tout dire j’espérai ne pas lui faire connaitre que ça, je me surpris à vouloir l’initier mais en serai-je capable vu mes problèmes ? Oui je l’espérai, de tout mon cœur je voulais que cette histoire à peine commencé fonctionne. C’était un sentiment étrange mais j’avais l’impression d’être tombée sur la bonne personne. Certes je ne le connaissais pas depuis longtemps mais avec lui je me sentais capable de tout affronter et pour moi c’était déjà beaucoup.

Prise dans mes pensées je ne vis pas au début que Kaijin se redressa pour arriver à ma hauteur. Je ne le vis qu’à la dernière seconde, il se tenait la encore plus proche de moi, me serrant dans ses bras. Ses joues étaient devenues légèrement rosée ce que je trouvais assez mignon puis délicatement il m’embrassa. Je fermais les yeux et me laissais faire déposant mes bras dans son dos pour le serrer contre moi. Une fois ce doux moment passé il me posa à son tour une question.

Je réfléchis un instant puis je me tournais dos à Kaijin. J’étais pudique mais je préférai lui montrer tout en lui expliquant. J’enlevais donc mon t-shirt lentement. Le déposais devant moi et mis machinalement mes mains au niveau de mon soutien-gorge. Je tournais ensuite la tête vers lui et lui souris légèrement gênée tout de même.

« Bon alors le premier tatouage sur l’omoplate gauche avec l’as de pique signifie la liberté de ma seconde personnalité, celui sur l’autre omoplate avec l’as de cœur signifie ma liberté, l’emplacement de l’as de pique du côté du corps est aussi symbolique ainsi que pour l’as de cœur. Le kanji de l’espoir c’est pour ne pas que j’oublie que malgré mes problèmes il subsiste toujours de l’espoir, même si je ne le vois pas. Et le signe biohazard signifie que j’empoisonne la vie de tous ceux que je rencontre… » Je m’arrêtais après cette explication, songeuse avant d’ajouter d’une voix triste : « Tu verras un jour tu t’en rendras compte et tu me laisseras….

Je tournais de nouveau la tête en direction de la fenêtre cette fois-ci, regardant le clair de lune. Cela me faisait penser à une chanson, l’air me vint automatiquement en tête et une image s’ajouta à cet air, l’image du visage de Kaijin…

« D’ailleurs toi et le clair de lune me faites penser que je dois me faire un nouveau tatouage…. »

Je regardais ses tatouages. Elle aussi avec une longue histoire complexe derrière elle. Sans aucun doute bien pire que la mienne, qui n’était déjà pas franchement rose. Pourtant, elle se tenait là devant moi, cherchant malgré tout à continuer. Je ne pouvais que la respecter pour cela. En même temps, j’étais submergé tant par son corps que par ses tatouages. La dualité qu’ils exprimaient lui allait parfaitement à mes yeux. Sa seule faiblesse était cette peur qui refusait de la quitter. Une peur tout à fait légitime que j’espérais un jour pouvoir faire disparaître.

« Tu sais, un poison n’est jamais efficace à 100%, il y a toujours des personnes qui y posséderont une immunité naturelle. Et moi, je viens de décider d’en faire partie alors ne t’en fais pas, je ne t’abandonnerais pas. Je ne t’abandonnerais jamais »

J’observais le visage de Lucy, son visage auréolé d’une douce lumière lunaire. Elle semblait magique irréelle, le temps d’une éphémère seconde pendant laquelle je fus terrifié à l’idée de la perdre. Je me redressais pour l’enlacer, pour la sentir contre moi. Pour être sûr qu’elle était encore là. Je m’enivrais de son odeur, je plongeais mes lèvres dans son cou pour y déposer de tendres baisers. Oui, elle était toujours là.

« Et quel serait ce nouveau tatouage ? Quelle histoire veux-tu lui offrir ? »

Mes mains se resserraient doucement sur son ventre, essayant de lui apporter un peu de chaleur alors que la nuit commençait à se faire froide. Nous étions tous deux à moitié nus dans une pièce qui n’avait jamais été chauffée depuis longtemps. Je commençais à avoir quelques frissons. Je ramenais la couverture à nous pour nous emmitoufler dans sa chaleur réconfortante, alimentée par nos deux corps si proches.

« Est-ce que ça va, tu n’as pas froid ? »

Je m’inquiétais un peu pour elle. Après tout elle avait perdu suffisamment de sang pour qu’elle manque de s’évanouir. Elle devait avoir encore plus de mal que moi à garder sa chaleur en elle. Je ne voulais pas qu’elle tombe malade. Je voulais que plus rien de néfaste lui arrive désormais. Je voulais la protéger contre le reste du monde. Pour ne plus jamais la voir pleurer.

Parce que je l’aimais.

« Tu sais, un poison n’est jamais efficace à 100%, il y a toujours des personnes qui y posséderont une immunité naturelle. Et moi, je viens de décider d’en faire partie alors ne t’en fais pas, je ne t’abandonnerais pas. Je ne t’abandonnerais jamais »

Ses paroles me rassurèrent un peu, mais pour autant ma peur ne disparut pas totalement. On m’avait souvent sorti de belles paroles lorsque j’expliquais qu’on me laisserai tomber au bout de quelques temps mais au final j’avais toujours eu raison. Cela me faisait peur pour Kaijin, j’étais tombée amoureuse de lui si soudainement et lui aussi que j’angoissais à l’idée que son amour soit éphémère. Pourtant je lui faisais confiance, aveuglément même mais c’est aussi ce qu’il s’était passé avec Akihide.

Certes je savais très bien au fond de moi qu’il ne pourrait pas être comme lui. Personne ne pouvait égaler son niveau de monstruosité, je le savais pertinemment alors pourquoi m’inquiétai-je ? Peut-être parce que c’était dans ma nature. On m’avait tant de fois trahie, tant de fois humiliée, tant de fois abandonné qu’à présent la peur c’était installé en moi, elle s’était lentement greffer à mon âme et mon cœur.

Mais le temps n’était plus à la pensée. Kaijin venait de passer ses mains sur mes épaules pour m’enlacer tendrement. Que j’aimais cette sensation, j’aimais le sentir contre moi, si proche. Il commença ensuite à me faire de doux baisers dans le cou, à cet instant je m’abandonnais totalement à lui, mon corps se détendait instantanément j’étais bien, tout simplement…

« Et quel serait ce nouveau tatouage ? Quelle histoire veux-tu lui offrir ? »

Ses mains étaient à présent descendues au niveau de mon ventre, me caressant légèrement, cela me donna des frissons qui partaient dans tout mon corps, c’était une sensation qui me plaisait tout de même car cette sensation était créée par l’homme que j’aimais. Kaijin nous entourait ensuite avec la couverture, une chaleur en plus s’ajoutait à la première, j’avais à présent chaud mais cela ne me dérangeais pas. Avec le sang que j’avais perdu ma température avait surement du chuter, j’accueillais donc cette chaleur avec joie.


« Est-ce que ça va, tu n’as pas froid ? »

« Non ça va je n’ai pas froid merci… Et pour mon tatouage se serait les mots « Moonlight Densetsu » autour de mon poignet. C’est le titre d’une chanson que j’affectionne particulièrement et dont les paroles me font penser à nous… »

« Nous », je l’avais prononcé ce n’était plus lui et moi mais bien « nous » que j’avais dit. Pour moi cela signifiait beaucoup, pour moi cela signifiait que notre amour durerait éternellement. C’est ce que je souhaitais, oui, plus que tout au monde…

Je me tournais ensuite vers lui et vint l’embrasser délicatement plusieurs fois, ne pouvant détacher mes lèvres des siennes, j’aimais tellement ça que j’aurai voulu que cela ne se finisse jamais mais j’arrêtais au bout de quelques minutes pour le regarder dans les yeux, ses yeux tellement particulier, tellement beau.

Je veux que cela dure toujours….

Ces lèvres revenaient à l’assaut et comme les dernières fois je me laissais faire. Incapable que j’étais de résister au charme de Lucy. D’ailleurs pourquoi aurais-je voulu résister ? Je l’aimais. Maintenant que cette évidence s’était imposée d’elle-même tout semblait devenir plus simple et plus beau. Et que Lucy le soit également était le plus beau cadeau que j’avais jamais eu. Que je n’avais jamais espéré avoir. Enfin je n’étais plus seul.

Ce fut son « nous » qui me toucha le plus. Il semblait si naturel. Si évident. Il était une promesse que je voulais tenir. La promesse que nous resterions ensemble quoi qu’il advienne. J’observais Lucy, j’observais son regard plongé dans le mien. Elle partageait le même sentiment. Le même but, du moins l’espérais-je, bien qu’au plus profond de moi-même j’en fus certain.

« Désolé, je ne la connais pas cette chanson, je n’ai pas une grande culture musicale pour être honnête. Si tu veux, tu me la feras écouter »

Souriant, je retournais gouter une nouvelle fois ses lèvres si douces qu’il m’était impossible d’y réchapper. Elle m’avait envouté dans un délicieux sortilège que je ne voulais quitter pour rien au monde. Tant qu’elle était auprès de moi, plus rien n’avait d’importance à part elle. Je voulais la chérir en toute occasion. J’étais prêt à faire tout, même à construire un empire juste pour son sourire. C’était plus fort que moi, je n’y pouvais rien.

« Et puis cela nous donnera une excuse pour que nous nous revoyons n’est-ce pas ? Parce que je ne compte pas te lâcher aussi facilement »

J’interrompis un instant ma phrase pour me rapprocher de son oreille, pour lui murmurer dans un souffle deux simples mots qui pourtant étaient tellement importants pour moi. Et si durs à dire.

« , mon amour… »

J’avais fini par y arriver. Un cerveau de génie, capable de grandes choses mais incapable de de se confier. Je me sentais un peu pitoyable, mais ce n’était pas grave. Parce que j’avais réussi à lui avouer. A lui dire

« Je t’aime Lucy, de tout mon cœur »

A nouveau mes lèvres se déposèrent sur les siennes. A nouveau je l’enlaçais. Je ne voulais plus la lâcher. Peu importe les conséquences.

« Désolé, je ne la connais pas cette chanson, je n’ai pas une grande culture musicale pour être honnête. Si tu veux, tu me la feras écouter »

Je souris à Kaijin et dit oui de la tête pour le prévenir que je lui ferai écouter la dite chanson après tout il devait bien écouter au moins une fois la chanson qui me faisait penser à nous deux. Cette chanson étaient tellement belle, j’avais d’ailleurs l’air en tête mais je ne plus y réfléchir plus que mon doux amour déposait ses lèvres sur les miennes.

Je profitais à nouveau de cet instant avec toute l’intensité que je pouvais ressentir, la crampe dans mon estomac qui attestait de mon amour pour ce bel « inconnu ». Je n’avais plus envie de le lâcher je mis donc mes bras autour de lui oubliant même la douleur qui me piquait parfois par à-coups. Je me sentais à présent bien bête d’avoir fait cela mais en même temps j’avais été heureuse de le faire parce que si je ne l’avais pas fait je serai passée à côté de la personne qui partage à présent ma vie.


« Et puis cela nous donnera une excuse pour que nous nous revoyons n’est-ce pas ? Parce que je ne compte pas te lâcher aussi facilement, mon amour… »

A l’entente de la fin de sa phrase je me bloquais… Venait-il de dire ce à quoi je pensais ou l’avais-je imaginé. Je réfléchis quelques instants avant de me rendre compte qu’il avait vraiment dit ces deux mots. Ces deux qui étaient si particulier et qui me réchauffait encore plus le cœur. J’avais eu peur de le dire mais à présent je savais que je pouvais moi aussi le dire.

« Je t’aime Lucy, de tout mon cœur »

La phrase qu’il venait de me dire venait de faire exploser mes sentiments, je ne pouvais plus me contenir je me lovais contre lui avec un peu de maladresse et engouffrais ma tête au creux de son cou, quelques larmes coulèrent avant que je puisse prendre à mon tour la parole et lui avouer mes sentiments.


« Je t’aime Kaijin, je t’aime plus que tout au monde… »

Je recommençais à l’embrasser tout en l’allongeant sur le matelas. Ce que je m’apprêtais à faire pouvait sembler osé alors que nous ne nous connaissions que depuis quelques heures mais j’en avais besoin. J’avais besoin de le sentir encore plus proche de moi, de le sentir en moi.

Après l’avoir allongé je laissais délicatement glisser mes baisers dans son cou puis sur son torse jusqu’à ce que j’arrive à l’extremité de son pantalon. Un peu hésitante tout de même je défaisais son bouton et sa braguette.

Il n’avait jamais embrassé de fille j’en concluais donc que c’était la première fois pour lui. Après avoir retiré son pantalon je m’allongeais sur lui et amenais ma bouche vers son oreille pour lui murmurer quelque chose.

« Veux-tu aller plus loin… Mon ange »

Mon cœur s’était emballé à ces quelques mots mais en même temps j’avais peur. Après tout il pouvait très bien refuser, je ne lui en voudrai pas car une première fois doit être inoubliable mais je ois avouer que ma première fois avec lui, si elle se passait ce soir serait tout simplement inoubliable.

Sa réponse me vint droit au cœur. Elle aussi m’aimait. Elle partageait mes sentiments. Elle m’aimait. Pendant un moment, j’eus le vertige et crû m’évanouir mais il n’en fut rien. J’étais toujours là. Je ne savais plus quoi dire ou faire. Je me laissais guider par Lucy. Sans m’en rendre compte j’étais à nouveau allongée et elle était de nouveau sur moi.

Puis ses baisers commencèrent à glisser. Quittant mes lèvres pour rejoindre mon cou puis mon torse. Je sentis mon corps s’arquer, surpris de découvrir ces nouvelles sensations. Ma respiration se fit plus courte, plus saccadée sans que je n’aie plus le moindre contrôle. J’étais à la délicieuse merci de Lucy, aussi ne m’opposais-je pas lorsqu’elle me débarrassa de mon pantalon, bien que je ne comprenne pas immédiatement la raison de ses actes. Dans mon état je n’étais de toute façon pas en état de comprendre quoi que ce soit.

Ce furent finalement ses paroles qui me firent comprendre ce qu’il se passait. Ce qui allait se passer. Mon sang se figea dans mes veines un instant sous la surprise. Puis mes joues se mirent à rougir. Je n’avais rien vu venir. A vrai dire j’étais tellement inexpérimenté dans ce domaine que j’en étais candide. Pourtant, pour Lucy, j’étais prêt à franchir le pas. J’étais prêt à découvrir cette nouvelle expérience avec elle. Parce que je lui faisais confiance. Parce que je savais qu’avec elle tout se passerait pour le mieux.

« Oui je le veux. »

Ma voix tremblait légèrement. Je commençais à paniquer. J’avais peur de ne pas être à la hauteur. Que quelque chose se passe mal à cause de moi. Sans m’en rendre compte, doucement, je me mis doucement à trembler. Mon cerveau saturait, incapable de résoudre le problème qui se présentait à lui. J’étais incapable de l’empêcher. J’étais trop stressé. Il fallait que je me calme. Il fallait que je m’apaise.

J’enlaçais Lucy, je la serrais contre moi, cherchant dans sa présence le réconfort et le courage dont j’avais besoin. Peu à peu je pus me calmer. Mon corps se relâcha, maintenant que les tremblements l’avaient quitté. Ma respiration se posa à son tour, me laissant retrouver mes esprits.

« Désolé. C’est juste que c’est ma première fois. Je ne sais pas du tout quoi faire ou comment m’y prendre. »

Je la serrais contre moi. Déposant des baisers sur sa joue, dans son cou et sur ses lèvres. Je sentais son cœur battre comme elle devait sentir le mien. Il battait vite lui aussi. Je n’étais peut-être pas le seul terrifié. Mais j’étais complètement perdu. Je ne pouvais pas réfléchir sous peine de recommencer à trembler comme une feuille.

« J’ai besoin de ton aide. S’il te plait… »

Mon ton était suppliant. J’étais dans une situation de faiblesse, moi qui détestais cela. Je me montrais vulnérable. Si ça n’avait pas été face à Lucy, je ne savais pas comment j’aurais réagi. Là j’arrivais à l’accepter. J’arrivais à ne pas trop m’en vouloir.

J’arrivais à accepter que je dépendais de quelqu’un d’autre.

Je me laissais faire. A vrai dire j’étais incapable de faire quoi que ce soit d’autre. J’avais trop d’appréhension. Mon cœur battait à tout rompre, appréhendant ce qui allait suivre. Ce que j’allais découvrir. Mes yeux étaient rivés sur Lucy. Ils attendaient de voir ce qu’elle faisait. Sa main glissa le long de mon torse puis de mes flancs. Elle s’attarda un instant sur mon intimité. Puis je vis Lucy se dévêtir un peu plus, ne gardant que sa jupe et son soutien-gorge. Mon appréhension monta d’un cran. Elle était à nouveau sur moi. Mon sang battait tellement fort sur mes tempes que je l’entendis à peine parler.

Puis je sentis mon membre se glisser dans son intimité. Lentement, mon esprit s’enflamma. Les sensations qu’ils ressentaient se faisaient de plus en plus fortes. Trop fortes que l’espace d’un instant il s’éteignit. Je découvrais quelque chose de nouveau, d’incroyable et de parfait. Je ne comprenais pas comment j’avais pu vivre sans jusqu’alors. Mon esprit avait complètement disjoncté. Je n’étais plus guidé que par mon instinct, que par cette intense sensation de bonheur. J’étais heureux de pouvoir partager une telle expérience avec Lucy.

Je gémissais toujours, incapable de contrôler ma voix mais je pouvais recommencer à bouger. Je voulais enlacer Lucy, je voulais sentir nos deux corps unis l’un contre l’autre. Tant bien que mal, je me redressais, l’étreignant dans mes bras.

« Ne t’en fais pas mon amour, tu ne me brusque pas. C’est juste parfait »

Ma voix était complètement saccadée, troublée par ma respiration qui se faisait anarchique. Heureusement qu’elle dirigeait notre dance parce que j’aurais été incapable de le faire. Mon esprit était trop embrouillé. Pourtant, dans ces brumes de désir et de passion, je parvins dégrafer son soutien-gorge et à l’envoyer rejoindre le reste de nos sous-vêtements. Mon étreinte se renouvela. Mes mains commencèrent à glisser le long de son dos et de ses hanches, les caressant du mieux que je pouvais dans une telle situation.

Mes lèvres se joignirent à celles de Lucy en un mélange de passion et de désespoir. Mon esprit submergé passait d’un état à l’autre sans que cela lui pose le moindre problème. Ce moment était juste parfait. Je ne voulais pas qu’il se finisse. Pas encore.

Instinctivement, mon bassin commença à onduler au même rythme que celui de Lucy, mes lèvres quittèrent plusieurs fois les siennes pour se plonger dans son cou. Mes mains continuaient leur ballet incessant sur son corps. Je n’avais pas tout à fait conscience de ce que je faisais. Pourtant il y avait une certitude qui était présente et claire au sein du chaos qui régnait à l’intérieur de mon esprit.

C’était tout simplement divin

J’entendais mon ange en train de gémir, j’aimais tant entendre ce genre de bruit, cela voulait dire qu’il aimait et j’en étais heureuse. Il se redressa ensuite pour m’éteindre. Je bougeais toujours mon bassin alors que mes bras venaient dans son dos pour le caresser.


« Ne t’en fais pas mon amour, tu ne me brusque pas. C’est juste parfait »

J’étais heureuse car c’était sa première fois et à vrai dire je n’avais jamais dépucelé quelqu’un d’autre auparavant. Pour tout avouer j’appréhendais de le faire, il n’avait jamais eu d’expérience et moi moi-même je n’avais pas eu tant de relation, même si on pouvait parfois penser le contraire et surtout c’est pour cela que j’avais peur de le brusquer, c’était la première fois que je me retrouvais dans une tel situation.

Il m’enlevait ensuite mon soutien-gorge, une telle initiative me prit de cours mais pourtant je ne m’en plaignis pas, il commençait à se détendre, enfin c’est ce que je pensais mais j’aimais tellement ça que je ne me redis pas compte au début qu’il m’enlaçait. J’aimais tellement sentir ses bras autour de moi, je me sentais bien, protégée. J’avais cette impression de voler dans la pièce mais j’étais bien sur le lit, j’étais bien sur Kaijin, en train de m’unir à lui et j’eu soudain une idée que je ne pus mettre à exécution car il venait de s’emparer de mes lèvres.

Une douce sensation que j’accueillais avec joie et que je lui rendis. Plusieurs baisers passionnés que je ne pouvais retenir, je le serrai toujours plus fort contre moi lorsqu’il commença à faire bouger son bassin à son tour. Des gémissements que je ne pus retenir tellement mon corps aimait ça. Ses lèvres m’embrassaient tantôt sur mes lèvres, tantôt dans mon cou. Je n’avais jamais ressenti de pareils choses avec mes autres conquêtes mais après tout, Kaijin n’était pas une nouvelle conquête mais bel et bien la personne avec qui je voulais partager ma vie.

Au bout d’un moment je le pris dans mes bras et le faisais légèrement basculer sur le côté pour qu’il se retrouve au-dessus de moi. Se serait à son tour de mener la danse, je lui en demandais peut-être beaucoup mais j’avais envie de voir comment il s’en sortait une fois qu’il dominait en quelques sorte, qu’il conduisait la danse.

Eclairée par la lune je pouvais voir son visage, magnifique, qui semblait pouvoir se briser comme à la fin d’un rêve. Mais cela ne se fit pas, non ce n’était pas un rêve. Nous étions bien là, dans cette chambre en train d’unir nos deux corps et le seul témoin de nos ébats n’était autre que la lune. Il n’y avait qu’elle et nous. Cela signifiait pour moi une promesse éternelle, celle de rester avec lui.

Nous dansions, partagions une même passion tandis que nos corps s’entrelaçaient. Nous ne faisions plus qu’un. Elle aussi commençait à gémir, ce qui me fit un peu gagner confiance en moi. Après tout je ne devais pas m’en sortir si mal, malgré le peu de contrôle que je parvenais à avoir sur mon corps. Mon instinct et mes envies me guidaient. J’avais envie de donner du plaisir à Lucy. C’était la seule notion vraiment consciente que je parvenais à maintenir dans la nébuleuse qu’était mon esprit.

Sans comprendre vraiment ce qu’il se passait, je venais de me retrouver au-dessus de Lucy. C’était à mon tour de prendre des initiatives et j’avoue que je n’étais pas très sûr de moi-même. Pourtant, son visage irradiant de bonheur et de plaisir me redonna du courage. Je voulais être capable de le faire pour elle. Pour qu’elle n’ait plus à avoir le même visage que celui que j’avais vu lors de notre première rencontre. Je me penchais doucement vers elle pour déposer un chaste baiser sur ses lèvres avant de lui murmurer doucement au creux de son oreille.

« Je commence mon amour. »

Lentement, je commençais à bouger mon bassin, ondulant au-dessus de celui de Lucy en de langoureux va-et-vient. Je préférais ne pas aller plus vite dans un premier temps. C’était plus simple pour moi. Je prenais un peu plus confiance en moi. Puis sans m’arrêter, mes lèvres repartirent à la recherche de celles de Lucy, de son cou, de ses seins. Je voulais recouvrir son corps de baisers tant que notre position pouvait nous le permettre. Nos intimités étaient liées l’une à l’autre. Dansant ensemble dans un balet enivrant dont la cadence commença subtilement à varier. Parfois plus lente, parfois plus vive. Parfois même elle s’interrompait le temps d’un baiser plus prolongé avant de reprendre.

Je commençais de nouveau à gémir. Je sentais la sueur commencer doucement à perler sur mon corps. Je n’avais aucune idée de combien de temps il avait bien put se passer et je m’en moquais. Seule Lucy avait de l’importance. Je regardais son visage se mouvoir à cause du plaisir. Le mien devait sûrement faire la même chose. Mais le sien était sublime. Il était tellement naturel, tellement honnête. J’en étais fou amoureux.

« Je t’aime Lucy, je t’aime de tout mon cœur… »

Mes lèvres se joignirent à nouveau aux siennes, je l’enlaçais contre moi, mon bassin continuant sa danse sensuelle. Je voulais sentir son corps contre le miens. Sentir son cœur battre, sa respiration s’agiter.

Je voulais me sentir lié à elle. A mon ange, à ma fée.

« Je commence mon amour. »

Son baiser et sa phrase me rendit tout simplement heureuse, au sommet du bonheur. Surtout lorsque je sentis les mouvements de son bassin, léger, pas du tout violent. Je n’étais pas vraiment habituée à cela, d’habitude à ce genre de chose c’était Talia qui prenaient ma place et qui faisait cette chose. Moi de cela il ne me restait que de simple bribes de souvenirs alors dans un sens pouvait-on dire que c’était ma première fois à moi aussi ? Non pas vraiment mais pour moi c’était tout comme et puis c’était vraiment ma première fois avec Kaijin.

Et tout à coup envoutée par des idées folles soudain mes envies s’envolent, le désir devient ma prison à en perdre la raison. Et qu’est-ce que j’aimais perdre la raison dans un tel instant, je donnais à mon tour des coups de reins, griffant délicatement le dos de mon être aimé. J’aimais tellement cette sensation. Mon esprit avait quitté ma raison, je ne savais plus où j’étais, je savais juste que j’étais avec lui et plus rien avait d’importance.

Ses gémissements se mêlaient aux miens dans une douce mélodie, les va et vient de transformaient en une danse enivrante que j’aurai voulu ne jamais arrêter. Je redécouvrais les joies de la chair avec la personne que j’aimais plus que tout au monde même si je ne la connaissais que depuis une journée. C’était ainsi, les mystères de l’amour, il ne fallait pas chercher à les comprendre et c’est ce que je fis. Je profitais simplement des sentiments qui me submergeaient, qui m’emplissaient d’une chaleur réconfortante.

« Je t’aime Lucy, je t’aime de tout mon cœur… »

Sa voix m’envoyait dans les nuages, dans des rêves inoubliables, j’aimais tellement quand il me disait qu’il m’aimait que j’aurai voulu qu’il ne cesse de me le dire. Je le regardais, le clair de lune l’éclairait toujours d’une façon particulière, il était encore plus beau ainsi, il semblait irréel et pourtant il l’était bien. Il était là, avec moi, en moi et nous partagions un moment d’intimité des plus délicieux.

« Je t’aime par-dessus tout mon ange… »

Je le sentis ensuite se cambrer un peu plus, puis je sentis son membre se contracter, je reconnu de suite qu’il venait de jouir et à cette instant un gémissement sortis de ma bouche. Je me redressais pour prendre dans mes bras Kaijin et l’entrainais vers moi pour l’enlacer encore plus fort, l’embrassant dans le cou puis sur ses lèvres avant de lui dire dans le coin de l’oreille :

« Je suis la plus heureuse d’avoir fait ta connaissance aujourd’hui, c’est la plus belle chose qui me soit arrivé depuis des années. »

Des larmes montèrent de nouveau jusqu’à mes yeux, je ne pouvais pas les retenir. C’était ainsi, je n’étais plus habituée à cela et je devais l’évacuer, mon seul moyen était de pleurer. Je serrai un peu plus fort Kaijin contre moi, mon cœur battait encore la chamade après ce que nous venions de faire

Je mis un certain temps avant de reprendre mes esprits. J’avais encore des étoiles qui dansaient devant mes yeux lorsque j’entendis Lucy parler. Mes émotions étaient encore fortes et mon corps semblait être devenu hypersensible. J’étais incapable de bouger sous la peine de ressentir de violents frissons. Ce que je venais de vivre était magique. Il était l’expression physique de la promesse que nous nous étions faite. De l’amour que nous partagions. C’était si intense que j’en avais encore le vertige.

J’entendais Lucy pleurer. Mais pour une fois cela semblait être des larmes de joie. Je glissais sr son côté pour pouvoir mieux l’enlacer. Pour la sentir contre moi et espérer que cela l’aiderait à la réconforter. Mes mains caressaient délicatement son dos et mes lèvres se posèrent sur son front puis sur ses lèvres. J’étais fou amoureux d’elle. Je voulais rester auprès d’elle quoi qu’il arrive.

« Moi aussi mon amour. Je suis très heureux de t’avoir rencontré. Merci de m’avoir fait découvrir que je pouvais aimer. Merci pour tout. Je t’aime plus que tout au monde. »

Oui, je l’aimais. Aussi nouveau que ce sentiment pouvait être pour moi, j’étais amoureux de Lucy. Ce n’était pas une impression. Juste une certitude. C’était un fait dont la présence ne pouvait pas être contestée. Rien qu’à la sentir lovée contre moi, j’étais le plus heureux des hommes. Dans cette pièce vide, uniquement éclairée par la Lune, nous aurions pu être les seuls personnes sur Terre que cela n’aurait rien changé. Je voulais passer ma vie avec elle. Je voulais la voir sourire à longueur de journée. Je voulais la voir heureuse et épanouie. Je voulais la voir vivre et la chérir. Je voulais lui prouver mon amour.

Je l’enlaçais un peu plus, liant nos deux corps l’un à l’autre. A nouveau, mes lèvres se déposèrent sur les siennes, faisant à nouveau danser nos langues ensembles. C’était si bon que je ne voulais pas que ça s’interrompe. J’aurais voulu rester comme ça une éternité, sans me soucier du reste.

« Je t’aime Lucy. De tout mon cœur. »