Ceux qui possèdent un mauvais caractère trouvent de toute manière des gens qui leur ressemblent et avec lesquels le partager. Personnellement, je ne me définis ni comme une personne ‘mordante’ ni comme un petit rayon de soleil qui illumine la journée de toutes les personnes qu’il croise. Je ne procure ni de plaisir, ni de malheur à personne, plutôt du malaise. Je ne suis pas quelqu’un qui aime ressembler aux autres, qui va se plier aux dernières modes pour plaire. Moi je ne vis que pour être moi ! Le regard des autres m’importent peu, mais si mon attitude leur plait, tant mieux… Je suis d’une froideur qui rebute, qui éloigne les personnes de moi, et parfois je m’en veux pour ça… Néanmoins, je m’assumerai et ce quoi qu’il advient.

Je suis quelqu’un qui aime regarder les autres. Je pourrais m’asseoir sur une chaise, au milieu d’un couloir, et les regarder défiler sans me lasser. J’aime constater leur façon de parler, leur démarche, leur façon de s’habiller. Peut-être me sens-je plus ‘banale’ en constatant toutes les excentricités dont toute cette populace fait preuve ? Piercing, tatouage, pantalon trop bas, type qui ne sait pas aligner une phrase sans la terminer par un « hein » grossier qui fait apparaitre le chewing-gum blanc collé à son palet. Oui, c’est bien probable.

Et si les personnes me fascinent, les cours un peu moins. Je peux être distraite par une simple mouche qui vole. Mon côté volatile m’a attiré plusieurs ennuis auprès de mes professeurs, mais je n’en fais rien. Après tout, je me fiche de ce qu’ils peuvent penser de moi, et leur agacement ne m’est que plus intéressant

Pour une anglaise, je fais plutôt mauvais genre. Pas un seul de mes vêtements n’est accordé, entre le chemisier noir un peu déchiré, ma jupe trop courte d’un brun un peu trop noisetier et mes bas en coton rouge que je me suis amusée à découper et recouper aux ciseaux… Vous pourrez dire ce que vous voulez, mais moi et ma gamme de trente-sept foulards de couleurs et de style différents, on se plait super bien ensemble !

Je ne suis ni trop grande, ni trop petite, ça varie souvent selon la taille des talons de mes bottines. Je peux être fière de ma taille de guêpe, de mes yeux caramel, mais mon visage… Je ne sais pas, je le trouve un peu trop rond… Quant à mes cheveux… c’est le seul endroit de mon corps que mes parents ont réussi à ‘conserver’. Si cela n’avait tenu qu’à moi, cela étant dit, ils auraient perdu de leur couleur brune et aurait viré au rouge cerise depuis longtemps.

Par où commencer…

Je suis née un premier août… mais encore ? En Angleterre, ça vous avance ? Bon, puisque c’est ainsi…

J’ai grandi à Newcastle durant une grande partie de mon enfance, là où on peut apercevoir la plus fabuleuse rue du pays. J’ai grandi entre les cours d’eau du nord, l’humour anglais que je jugerais de parfois vraiment déplorable et l’attention exclusive de mes parents. J’ai été durant toute mon enfance le centre d’attention, le centre de gravité autour duquel leur vie tournait. Un jour, il a bien fallu qu’ils se convainquent à l’idée de me laisser m’éloigner. Le jour de mon entrée à la maternelle. Je garde toujours en mémoire le visage de ma mère, démoli, défait par le chagrin. Et celui de ma maitresse d’école, l’air consterné, qui répétait « Vous pourrez la ramener chez vous à la fin de la journée, ne vous inquiétez pas ». Ma mère a malgré tout continué à sangloter. J’avais 4 ans.

Le cordon a pris du temps à se couper. J’ai pris des cours de piano à une époque. Mon père m’en a immédiatement retirée dès qu’il a aperçu le petit garçon qui jouait un quatre mains avec moi sur le grand clavier. J’avais 8 ans.

A l’âge de 12 ans, j’ai commencé à devenir plus indépendante et à la réclamer, mon indépendance ! C’est à cette époque que j’ai débuté ma collection de foulards et à découper mes jeans un peu trop serrés. J’ai aussi teint quelques de mes hauts, je commençais sérieusement à avoir le blanc en horreur. Mon début d’adolescence, mes parents l’ont plutôt mal pris. Un nombre incontrôlable de contrôles parentales actifs sur mon ordinateurs, plus moyen de discuter tranquillement sur les sites sociaux le soir, inspection de ma chambre tous les matins, à peine s’ils ne m’obligeaient pas à revêtir le costume de marin avec le petit nœud complètement ridicule dans les cheveux ! Non car… c’est mieux les gros, non ?

Et nos ententes ne se sont pas améliorées depuis. Plus je m’affirmais, plus ils avaient envie de m’enfermer dans une petite boite cadenassée. Je n’ai jamais eu le droit à un premier rencart, et encore moins à un premier baiser. J’avais seulement le droit de me rendre à l’école, et encore je me demande s’ils ne me faisaient pas suivre.

A 15 ans, j’en ai eu marre ! Je voulais à tout prix prendre mes distances, et la brochure de cette école a miraculeusement atterri dans mes mains. Une école au japon ?

Il ne m’a fallu qu’un an pour apprendre la langue (ou du moins les rudiments), convaincre mes parents, choisir les vêtements que je placerais dans ma valise. A la fin de ce délai, j’étais partie.

Encore une fois, comme au premier départ, ma mère a beaucoup pleuré.