« Un amour impossible qui devient possible, c'est tout un monde qui s'écroule. »

« Hum… J’ai été nul à chier ou quoi ? »

C’est tout ce qu’il trouvait à dire ? Non mais quel type, à part Quincy, ne remarquerait pas que j’ai dû tout nettoyer et qu’il me répondait à côté de la plaque voir … pas du tout si je n’avais pas essayé de commencer une conversation qui d’ailleurs avait soldé par un échec. Je ne savais toujours pas ce qu’il avait écrit, n’ayant grommelé qu’un simple « hmm », je n’étais pas habituée à m’intéresser aux autres alors en plus quand ceux-ci m’ignore, j’avais subitement des envies de meurtres alors soit par fierté ou pour le taquiner, je me contentai d’hocher la tête tout en levant les yeux au ciel.

« Comme tu as deviné ? »

Répondis-je sur un ton sarcastique mais cela ne semblait pas affecter son sourire qui pour le moment était resplendissant. Il aurait presque pu m’amadouer et me faire oublier son manque d’intérêt plus tôt. Rancunière, moi ? Bien entendu. Tout en lui lançant un regard noir, cela ne semblait pas l’effrayer, bien au contraire, il s’en amusait même ! J’hallucinais … Alors comme ça, il était si sûr de lui quant à son sex appeal au point de ne même pas me croire lorsque je lui avouai qu’il était nul au lit ! Bon, ce n’est pas comme si c’était la vérité … Mais j’allais me garder cette partie de l’histoire par amour propre. Il marcha vers le lit pour me rejoindre, torse nu, la serviette sur les épaules et ayant comme unique vêtement son boxeur mais fait croire que c’était mieux que … rien ! Quoi que … Non, je devais me sortir cette idée de la tête, quelle perverse je fais, faut croire qu’il est contagieux celui-là !

Une fois près du lit, il se pencha et vint déposer un baiser au coin de mes lèvres ce qui me surpris mais je n’étais pas prête à devenir docile du jour au lendemain.

« Je me suis trouvé grave cool moi ! Mais ta raison, je suis moooort…»

Il faut croire que sa vanité prenait le dessus de nouveau. Cependant, je ne pus m’empêcher de sourire face à ses conneries. Je tournais la tête de gauche à droite en signe de « non, n’importe quoi ».

« Pff pour si peu ? J’ai dû tout faire ouai ! »

Me plaignis-je pour le remettre à sa place en imitant un soupire. Sans attendre ou me demander quoi que ce soit, il s’imposa dans le lit, m’obligeant à me décaler alors que j’avais pris l’habitude d’étendre mes bras sur les deux places libres. Lui laissant donc une place suffisante, je tournais la tête vers lui et il en fit de même, c’est-à-dire qu’il se coucha sur le côté, sa tête vers moi. C’était une sensation bizarre de dormir avec quelqu’un car même avec Nabuo, j’avais très peu de fois passé des nuits entières dans ses bras car nous étions jeunes et aucun de nous n’avait d’appartement. Néanmoins, bien que je détestais inviter des inconnus, je ne pouvais parler d’amis comme je n’en ai jamais eu, que j’aimais pouvoir partir quand bon me voulais, je me sentais … bien aux côtés de quelqu’un mais la question à se poser était : est-ce parce que je ne suis pas seule ou est-ce parce que je suis avec Quincy ? Mais cette question, je ne voulais pas savoir la réponse. Après tout, vivre ainsi m’allais bien tant que je pouvais de temps en temps me rapprocher de lui comme ce soir et ainsi nous permettre de ne plus être seuls … Pourquoi se compliquer la vie à chercher des raisons logiques, cette situation nous convenait tous les deux : pas en couple, pas d’officialisation ni même besoin de se cacher à Rayen et aucuns engagements. Et puis, qui verra Quincy sérieux au sujet d’une fille ? Bien que je ne l’avais pas encore vu avec une autre, j’entendais pas mal de rumeurs lors de mes passages dans les couloirs ou encore l’autre pouffe aujourd’hui qui s’était accrochée à son bras telle une sangsue … Non, ce n’est pas de la jalousie mais de l’ironie. Pourquoi devrais-je être jalouse … Comme dit, on ne s’était rien promis.

Sa main vint se poser sur mes fesses pour m’attirer vers lui. Mes jambes entremêlées dans les siennes, ma tête posée sous son bras et mon front collé à son torse, je commençais également à fermer les yeux peu à peu …

« Demain je pars vers onze heures du mat’ pour le taf, enfin la musique quoi, donc t’imagine pas j’sais pas quoi… »

Précisa-t-il d’une voie à moitié endormie. Qu’étais-je censée m’imaginer ? Qu’il parte sans me prévenir … J’étais assez surprise qu’il me précise ce genre de détail mais il aurait très pu me laisser un mot demain matin sur le calepin qu’il m’avait piqué il y avait encore quelques minutes. Les yeux fermés, je commençais à mon tour à m’endormir, pouvait sentir l’odeur et la chaleur que dégagé le corps de Quincy. Pour une fois, le lit n’était pas froid, peut-être pourrais-je passer une nuit calme sans faire de cauchemar … Ou du moins, j’espérais de ne pas le réveiller.

« Ouai ok … ça marche … t’auras qu’à prendre à manger … y a … du pain j’crois enfin tu fouilles quoi ! »

Je réussis encore à prononcer ces quelques mots avant de m’endormir paisiblement, une main sous mon menton et l’autre autour de la taille du rappeur sans que je ne m’en rende compte.


Le lendemain matin, je n’avais pas programmé de réveil alors c’est à 13 heures que je me réveillais … seule. Je fus assez surprise en voyant l’heure car il était rare que je ne me réveille pas durant la nuit en criant ou en sueur, revivant dans mes cauchemars l’accident. Peut-être avais-je quand même criais ? Non, pas à mes souvenirs ! D’ailleurs, je m’attendais à ce que l’afro ne soit pas discret du tout ou me demande quoi que ce soit mais faut croire qu’il a dû se débrouiller. Je pris le téléphone en main qui n’afficha aucun message alors je le reposai. De qui attendais-je des nouvelles ? Je ne sais pas … Je n’avais encore jamais eu ce genre de réflexes. Encore fatiguée, je me recouchai, laissant la place de Quincy vide inconsciemment, je n’occupais qu’une moitié du lit. Non … je ne voulais pas encore affronter la réalité, le monde des rêves était tellement mieux … cette nuit paraissait déjà si loin …

* Oh, peut-être que je bave … Quelle horreur si c’est le cas ! * pensais-je tout en me rendormant. Apparemment, ça ne semblait pas si horrible que ça …