Je n'ai jamais aimé parler de ma personnalité ; je trouve cette chose insignifiante, capable de changer d'un instant à l'autre. Je peux paraître agréable et docile si j'ai eu une journée agréable, tout comme je peux sembler renfermé et froid si ma journée fut morose. Ainsi va la vie, on dit ce que l'on est pas et on fait ce que l'on n'aurait jamais cru.
Cependant, j'ai appris que l'on pense de soi ce que les autres pensent de nous. Ainsi, mes amis proches peuvent éventuellement connaître une part de mon être, que je connais tout autant. J'ai l'air d'une grande brut déjantée : je ne suis pas brut. Je suis d'un naturel rêveur et utopiste. Pour moi, les grands combats se mènent avec de grandes guerres ; où aucun de mes amis ne participe. Si l'on veut quelque chose, il faut se battre pour l'avoir. Sauf si cela empiète sur le domaine amical. Un règle d'or : ne jamais mettre autrui en danger. J'ai tendance à aimer tout le monde et je ne hais même pas mes ennemis. J'aime prendre les plus petits sous mon aile et les défendre contre les méchants en lui expliquant que la vie est belle. S'il y a bien une chose en laquelle j'ai confiance c'est la bonté des gens. Pour moi, le mal n'est pas naturel et chacun devrait être à l'écoute de son prochain. Bien trop ne le sont pas.
Dans un registre tout autre, je suis très peu ordonné. Même mes idées ne sont pas rangées, emboîtées et elles s'enchaînent de telle sorte que je peux parler de treize sujets différents en trois minutes et quarante sept secondes. Chronomètre à l'appui. Aussi, j'ai trop souvent la tête dans les nuages qui me vaut mon caractère maladroit et un peu balourd, parfois. Autrement, j'aime rire et aider. C'est ce à quoi j'aspire le plus. Mais vous aurez l'occasion de comprendre davantage qui je suis si un jour nos routes se croisent.

Je ne sais pas comment les autres me voient, simplement l'image que mon miroir me transmet. Il n'y a pas plus grand que moi, je dirais. Ou si, peut-être, mais c'est rare. En général le haut de mon crâne frôle le haut du miroir que j'observe. Lorsque je lève les bras, je touche largement l'embrasure supérieure d'une porte. Si je me mets sur la pointe des pieds, mes doigts effleurent presque tous les plafonds. Vous l"aurez compris, je regarde les gens de haut, étant donné mon mètre quatre-vingt seize. Ainsi, je passe pour le grand méchant ou alors le vaillant protecteur : j'aime.
De plus, mon physique est assez provocateur. Mon crâne est rasé du côté gauche et j'ai pris le soin d'y insérer des traits imberbes. Le ras de poil est d'un brin indescriptible. Cependant, l'autre partie flamboie de mille feux, où des teintes de rouge se mêlent à la longueur impensable de mes cheveux. Cet aspect de mon visage reflète bien ma personnalité ; aussi éparpillée et différente que chacune de mes fibres capillaires. La diversité est mon mode de vie. Si l'on descend notre course vers le bas de mon corps, on aperçoit des oreilles bien banales mais percées à bien des endroits. Je songe d'ailleurs à me trouer de nouveau, lorsque je trouverais une aiguille convenable.
Ce sont là les seuls éléments vraiment discordants et impressionnants de mon visage. Le reste est bien banal. Un nez, deux yeux d'un noir profond et une bouche sans couleur. Mon menton est quelque peu pointu, ce qui renforce mes allures de forteresse musclée. J'ai souvent complexé de mon cou, lorsque j'étais jeune. Mes camarades se moquaient souvent de son épaisseur et de ces veines qui en dépassaient souvent. Toutefois, le temps arrange les choses et j'ai appris à ne plus souffrir de cette malformation. Cela fait partie de moi et mon reflet dans la glace ne l'enfle plus, désormais.
Je ne suis qu'un homme aussi grand qu'un gratte-ciel, qui aspire à devenir un oiseau, libre comme l'air, touchant les cieux de ses grosses mains maladroites, essayant en vain de soulever son lourd poids vers les nuages, tandis que son cœur et son esprit, eux, sont déjà loin de la réalité.

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