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| | Le retour d'un être pas si cher que ça. | {PV Eisik} | |
| Auteur | Message |
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Ace Seikan |Suicid Master|
Messages : 284 Age du perso : | 17 ans | ♥ Côté coeur : | Ce coeur est en morceaux juste à tes pieds... Alors, y'a pas de chance qu'il puisse aimer de nouveau... |
Carte d'identité ♣ Année scolaire: 2e année ♣ Colocataires: Kyo Shin || Soen Haruka || Hanae Shizumi ♣ Relations: | Sujet: | Le retour d'un être pas si cher que ça. | {PV Eisik} Lun 21 Jan - 3:22 | |
| |Le réveille fut des plus pénible en ce matin d’hiver déprimant. Bon, peut-être pas aussi déprimant que de voir tout le monde autour de soi heureux. Au moins, je n’avais plus à endurer ce petit morveux de petit frère. Encore chanceux qu’il ne soit pas étudiant dans ce pensionnat. Je ne l’aurais pas supporté. Cette petite peste n’avais jamais arrêté de me harceler. Surtout avec son chat. Bah, en fait, surtout en étant présent. Mais je sais bien qu’il était jeune et je ne doute pas un instant qu’il n’est plus du tout le petit frère que j’ai connu. Mais je n’ai pas vraiment l’intention de le découvrir. M’enfin, passons à autre chose. Comme le fait que j’étais à l’infirmerie. Ce n’est pas nouveau. Le nombre de fois où je me suis retrouvé dans l’un de ces lits est incalculable. Depuis mon arrivée à ce pensionnat, j’avais triplé, même quadruplé, le nombre de mes tentatives de suicide. J’avais essayé plusieurs choses. Je m’étais pendu, je m’étais ouvert les veines, j’avais cessé de me nourrir et j’en passe. Je crois bien que j’avais tenté de me suicider plus de fois depuis mon arrivée ici que depuis les deux dernières années.
|Je me mis en position assise et observai les alentours. Il n’y avait personne dans l’infirmerie à part moi. Je passai ma main dans mes cheveux opaque. Je remarquai que mon poignet était bandé. Ouais, c’est vrai. Je laissai retomber ma main sur ma cuisse en la fixant et je soupirai. Est-ce que je ne pourrais pas réussir mon suicide pour une fois? J’aimerais juste mourir et ne plus vivre cet enfer. Je repoussai les couvertures et posai les pieds au sol. Je constatai que je portais encore la même chose que la veille. Tiens? Mais pourquoi? D’habitude, j’ai toujours cet horrible habit caractéristique des endroits comme cela. M’enfin, ce n’était sans aucune importance. Je me levai et à part un léger étourdissement, j’allais bien. Je me dirigeai, non pas vers la sortie, mais vers la fenêtre. J’étais curieux de voir le nombre de personnes dehors à cette heure dans le froid de l’hiver. J’aimais bien l’hiver. Je n’avais pas trop chaud, la température y était agréable. Il n’y avait pas grand monde comme je m’y attendais. Je me retournai et fut surpris de voir quelqu’un. Je ne l’avais pas entendu entrer. Je restai de glace pendant un moment avant de reconnaître la personne qui avait fait son apparition. Mais qu’est-ce qu’il foutait ici? La colère commença à monter en moi. Je ne pouvais pas le croire. Il n’avait pas vraiment changé, à part le fait qu’il était plus grand et plus vieux. Comment Eisik m’avait-il retrouvé, bordel? J’étais resté au Japon justement pour qu’il ne se doute pas que je sois ici. Pourtant, il se tenait bel et bien devant moi.
|Je serrai les poings et cela me fit mal. Je m’approchai de lui et je ne pu pas me retenir. De ma main gauche, je m’élançai et le giflai de toutes mes forces. Depuis le temps que j’attendais de pouvoir faire ça. Je le fixais toujours avec colère. Je ne l’aimais pas. Et ce n’était pas demain la veille que j’allais commencer à l’apprécier. Je me détournai de mon petit frère en ignorant l’affreux craquement qu’avait produit ma gifle. Elle l’avait aussi propulsé au sol. Mon frère était fragile. Je le savais et je l’avais quand même giflé. Je sais qu’il est malade et que cela touche ses os, mais voyez-vous, à l’époque, je me foutais bien de savoir pourquoi mon frère était aussi fragile. Il me semble que cela consiste à l’affaiblissement de ses os. Et moi, je l’avais giflé. De toutes mes putains de forces. Je soupirai. Je ne l’aimais pas, mais il était tout de même mon frère. Et, au fond, je sais qu’il n’aura jamais eu le frère qu’il aurait voulu avoir. Malheureusement, nous n’étions pas nés dans une famille très… soudée. Je fis quelques pas et passai ma main dans mes cheveux. Je me retournai vers lui et m’approchai. Je m’agenouillai près de lui et vérifiai son état. Il allait s’en sortir sans trop de mal. Je le relevai et je savais qu’il était étourdi ou encore sous le choc de ma gifle inattendue.
|« Qu’est-ce que tu fous ici, Eisik? Tu m’as retrouvé, t’es content? À peine arrivé et je te gifle. J’espère, non, je souhaite fortement, que ça suffisse à te faire déguerpir en me haïssant de tout ton cœur. Je ne t’aime pas. Et je ne t’aimerais jamais. C’est clair? Maintenant, fiche-moi la paix. Je suis bien ici sans toi, morveux. »
|Je sais ce que vous vous dites. On ne parle pas comme ça à un membre de sa famille. Hors, Eisik peut bien avoir le même sang que moi, jamais il ne fera partie de ma famille, telle que je la considère. Je me relevai et sortis de l’infirmerie en coup de vent. Je me dirigeai je-ne-sais-où. En fait, je restai dans les couloirs. Tout pour ne pas avoir à revoir mon imbécile de frère. N’empêche, je ne pouvais m’empêcher d’avoir pitié pour lui et d’avoir de la peine. Non, mais regardez-moi. En plus d’être un frère merdique jusqu’à l’os, je suis un lâche. Je fuis devant la réalité des choses. Mon frère est au pensionnat. Il est un élève de ce pensionnat, maintenant. Rien ne pouvait l’empêcher d’étudier ici. Mais la seule idée qu’il ait retrouvé ma trace me rendait d’une humeur exécrable. Je soupirai et jurai. Je m’arrêtai et me laissai choir au sol. J’étais à genoux en plein milieu du couloir non-achalandé. Je fermai les yeux et enfouis mon visage dans mes mains en soupirant. Quel frère suis-je? Je devrais peut-être me rattraper et changer une bonne fois pour toute. Devenir le frère dont tout le monde rêve. La seule chose est que je ne le voulais pas. Je voulais mourir à tout prix, alors je faisais chier tout le monde. Surtout Eisik. Le pauvre, je sais qu’on ne choisit pas sa famille, mais il aurait dû naître dans une autre famille. Il aurait été plus heureux. Papa et maman ne nous ont jamais vraiment aimés. Certes, maman nous protégeait de papa, mais cela ne voulait pas dire qu’elle nous aimait.
|À genoux sur le sol du couloir, je ne savais pas quoi faire. Je ne voulais pas rebrousser chemin, c’était sûr et certain. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser que si je n’avais pas été aussi merdique comme frère, Eisik m’aurait foutu la paix le restant de mes jours. D’ailleurs, je me demandais pourquoi il voulait absolument m’approcher, alors qu’il sait très bien que je le déteste du plus profond de mon être. Je n’avais pas demandé à ce qu’il soit mon petit frère et j’aurais mieux aimé qu’il disparaisse de la surface de la Terre. Sauf qu’en même temps, qu’aurait été ma vie sans ce chiant petit frère? Je crois qu’au fond, j’avais peur qu’il réussisse là où tout le monde avait échoué. Qu’il réussisse ce que je ne voulais pas. J’étais tellement dépressif que c’était facile de vouloir me suicider. Mais qu’en serait-il si on me sortait de cette dépression? Voudrais-je continuer à vivre? Non. Certainement pas. Il n’y avait rien à faire. La mort était la meilleure chose qu’il puisse m’arriver en ce bas-monde. |
| | | | Sujet: Re: | Le retour d'un être pas si cher que ça. | {PV Eisik} Lun 21 Jan - 17:09 | |
| Assis au bureau de ce qui était devenu ma nouvelle chambre depuis hier soir, j’ouvris ma chemise plastifiée pour en sortir tous les papiers que je devais continuer de remettre à l’administration. Poussant un soupir en voyant le monticule de paperasse en ne sachant pas par laquelle commencer, je les classais consciencieusement en vérifiant que tout était bien rempli. Mon regard d’azur se posa inévitablement sur les documents que je devais remettre à l’infirmerie concernant mon dossier médical qui prenait une place prépondérante dans mes affaires. Malheureusement, mais ainsi étaient les choses. Autant commencer par cela, au moins j’en serai débarrassé avant que les cours de sports auxquels j’étais bien inévitablement dispensé ne commencent. M’adossant un peu plus contre le dossier de ma chaise, je passai une main dans mes cheveux châtains clairs presque blonds avant de tournoyer pour me placer face à la fenêtre. Les flocons de neige poursuivaient leur descente dans ce ciel aussi blanc que pur. Un sourire se dessina alors sur mes lèvres tandis que je me relevai, me dirigeant vers la fenêtre pour admirer ce paysage d’un air rêveur. C’était tellement magnifique… Dans la cour située quelques étages plus bas, des élèves couraient et s’amusaient, se lançant des boules de neige tandis que d’autres glissaient maladroitement avant d’éclater de rire. J’adorais l’hiver. Comme toutes les autres saisons, mais voir la nature que je chérissais tant se recouvrir d’une nappe blanche au plus grand plaisir de nombreuses personnes qui trouvaient là un moyen de se divertir plus que jamais était un véritable bonheur. Malheureusement pour moi j’étais des rares qui ne pouvaient guère en profiter, ce manteau de cristal étant à mes yeux aussi beau que dangereux. La moindre chute pouvant m’être fatale, il valait mieux que j’évite de risquer bêtement ma vie en glissant sur une plaque de verglas ou quelque chose dans le genre. Outre le fait que ça ne soit pas une mort des plus glorieuses, je tenais surtout à profiter de la vie le plus longtemps possible. Oui, j’y tenais comme au plus précieux des trésors, à la différence d’autres personnes et surtout d’une en particulier qui attendait la mort avec impatience, son visage infâme devenant à ses yeux celui d’une douce délivrance.
Six ans. Cela faisait six longues années que je n’avais pas revu Ace, mon frère aîné. Mais si nous avions toujours été aux antipodes l’un de l’autre et s’il me haïssait plus qu’il n’était possible de l’être, je ne pouvais pas m’empêcher de sourire en pensant à lui. Avec douleur, certes, mais jamais je n’avais abandonné l’espoir que les choses puissent un jour changer entre nous. Et c’est à cause d’un évènement tragique qui était la dislocation de ma famille suite aux maltraitances de notre père que j’étais ici, certes, mais au moins je savais que grâce à cela j’allais enfin pouvoir retrouver mon aîné. Malgré tout, je sentais une pointe d’angoisse me nouer l’estomac à cette pensée, car si j’étais sincèrement heureux de me dire qu’enfin j’allais pouvoir le revoir, je savais que la réciproque serait loin d’être vraie. Comment allait-il réagir lorsqu’il me verrait ? Je ne m’en doutais que trop bien. J’avais toujours été un fardeau à ses yeux, un jeune frère stupide et infernal qui tentait d’apporter la vie et la joie dans un monde empli de tristesse et de détresse. Pourtant je savais extrêmement bien ce qu’étaient la douleur et la peine, mais jamais je n’avais désiré la laisser m’enfermer dans un monde fait de ténèbres. Jamais je n’avais voulu laisser la mort m’emporter à la différence de mon aîné qui n’attendait plus que cela. C’était sans doute ça, l’injustice de la vie : ceux qui pouvaient vivre le refusaient, et ceux qui allaient partir plus rapidement que les autres voulaient à tout prix lutter. Chose dont mon frère ne s’était jamais douté, bien qu’il savait que j’étais malade. Mais s’il savait l’état dans lequel j’étais à présent… Cela le rendrait-il triste ? Ma maladie le ferait-il changer de vision à mon égard ? Je me plaisais au moins à penser que c’était le cas. Peut-être un jour aurais-je de l’importance à ses yeux, qui sait. En tout cas je refusais de perdre espoir, ne priant que pour une chose : je sois encore en vie à ce moment-là pour pouvoir le voir de mes propres yeux. S’il savait combien je rêvais de pouvoir un jour apercevoir ne serait-ce que l’ombre d’un sourire se dessiner sur son visage…
Un soupir s’échappa de mes lèvres lorsque je m’éloignai de mes pensées pour revenir dans la réalité. Me détournant de la fenêtre, je troquai mon pyjama contre un jean noir ainsi qu’un pull fin blanc, avant d’enfiler une veste courte et des Converses. Puis saisissant mon dossier médical, je sortis de la chambre que je refermai derrière moi avant de m’éloigner dans les couloirs. Descendant les escaliers monumentaux principaux qui débouchaient dans le hall, je parcourai les vastes lieux du regard tandis que les élèves faisaient des allées et venues pour sortir au-dehors profiter de ce temps, ou bien revenir trempés jusqu’aux os en continuant de rire aux éclats. Cherchant du regard un petit écriteau placé sur l’un des murs qui me montrerait la direction de l’infirmerie, je marchai tranquillement, mes prunelles d’un bleu clair se posant avec émerveillement sur la beauté de ce pensionnat. J’avais beau avoir été habitué au luxe et à la richesse dans ma famille, cet endroit était réellement impressionnant ne serait-ce que par sa taille. Arrivant au bout de quelques instants devant une porte blanche sur laquelle trônaient les symboles désignant l’infirmerie, je frappai doucement avant qu’une voix douce et féminine ne retentisse. Entrant timidement dans la pièce, je saluai alors l’infirmière qui me regardait en souriant.
« Bonjour, Madame. Excusez-moi de vous déranger mais je viens pour vous apporter mon dossier médical. Je suis nouveau ici et on m’a dit que je devais vous remettre tout cela. » Lui dis-je dans un petit sourire, mes pommettes rougissant légèrement comme à chaque fois que je m’adressais à quelqu’un d’inconnu de part ma timidité légendaire.
Lui tendant alors les papiers, celle-ci me remercia avant de les feuilleter avec attention, son regard se figeant toutefois sur l’annonce de mon diagnostic. Mais ignorant son visage à ce moment-là, je regardai autour de moi avant que mes yeux ne se figent sur la porte entrouverte qui donnait sur une pièce annexe qui était visiblement la salle de soin. Cette silhouette… je la reconnaitrais parmi cent autres. Mes lèvres s’entrouvrirent légèrement de surprise, avant que la voix douce de l’infirmière ne me rappelle à l’ordre.
« Bien, Monsieur Seikan. Tout est en ordre. Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas. Concernant votre dispense de sport je me chargerai de parler à votre professeur, si vous me le permettez. » Me dit-elle.
« D’accord, je vous en remercie. » Lui dis-je en souriant, avant de me mordre légèrement la lèvre inférieure, d’hésitation.
« Excusez-moi, mais… Cet élève, dans cette pièce… Ne s’appellerait-il pas Ace Seikan ? » Lui demandais-je, mon cœur prenant un rythme soudainement plus rapide.
Acquiesçant d’un hochement de la tête, la femme me demanda alors si j’étais son frère, comme elle le soupçonnait si bien.
« Oui, c’est bien moi. Est-ce que je pourrais aller le voir, s’il-vous-plait ? » Lui demandais-je.
Enfin nous allions nous retrouver… Me dirigeant vers la salle de soin, j’ouvris lentement la porte avant de prendre une légère inspiration et d’entrer en silence dans la pièce. Refermant derrière moi, je m’approchai avec angoisse, devais-je bien l’avouer, de cet adolescent plus grand que moi qui me tournait le dos. Mon regard se posa un instant sur le bandage qui entourait son bras, ne me laissant que peu de doute sur les blessures qu’il dissimulait. M’arrêtant à quelques mètres de lui, je prononçai d’une voix que je tentais de contrôler :
« Ace… ? »
A l’entente de son nom, le jeune homme se retourna avant que son regard aussi dur que l’acier ne se pose sur moi, figé. Un silence aussi lourd que pesant s’installa aussitôt dans la pièce tandis que je le dévisageai. Il avait tellement changé… Et pourtant il était toujours si semblable. Un visage marqué par la douleur, des cheveux noirs comme l’ébène encadraient celui-ci, affublé de traits que je partageais sans le moindre doute avec lui. Ses poings se serrèrent soudainement, au même moment que je sentis mon corps se crisper. Pourtant je ne bougeai pas d’un pouce, même lorsqu’il arriva vers moi d’un pas qui en aurait fait fuir plus d’un. Mais je refusais de m’enfuir, non. Pas maintenant que je l’avais enfin retrouvé, et ce qu’importe sa réaction. Je savais qu’il ne m’accueillerait pas à bras ouverts, je m’y étais attendu alors il était hors de question que je fuis, même si ce sourire habituellement dessiné sur mon visage était totalement absent pour laisser place à une expression qui trahissait ce chamboulement que je ressentais mais que je ne tentais pas de dissimuler. Pour quoi faire, de toute façon ? Et soudainement, une claque aussi forte que violente me frappa en plein visage, avant que je ne m’effondre au sol. Tentant d’amortir ma chute de mon bras, de celui-ci s’échappa un craquement immonde que je ne connaissais que trop bien, m’arrachant un gémissement de douleur. Allongé sur le sol glacial, je me mordai jusqu’au sang la lèvre en ramenant mon bras gauche meurtris contre moi, contenant de toutes mes forces des sanglots de douleur. Je connaissais la souffrance, alors je ne devais pas faiblir devant lui. Pas maintenant. Premier jour ici, premier instant que je le retrouvais et déjà mon bras était en pièces. Ne pouvant plus le bouger tandis que je sentais qu’il commençait à gonfler, je ne bougeais pourtant pas avant d’entendre qu’un soupir résonnait doucement dans la pièce. Là, j’entendis le bruit des pas d’Ace qui se dirigeaient vers moi, avant que celui-ci ne s’accroupissent en face de moi. Mon regard brillant de ces larmes que je tentais de contenir croisa alors le sien, attendant sans le moindre doute une nouvelle réaction violente de sa part et pourtant près à encourir le risque sans vriller. Pourtant il n’en fit rien. M’aidant à me relever alors que je serrais les dents pour éviter de lâcher un nouveau gémissement de douleur, je tenais mon bras gauche presque noir contre moi de mon autre main, alors que sa voix grave retentit à mes oreilles, dénuée de douceur.
« Qu’est-ce que tu fous ici, Eisik? Tu m’as retrouvé, t’es content? À peine arrivé et je te gifle. J’espère, non, je souhaite fortement, que ça suffisse à te faire déguerpir en me haïssant de tout ton cœur. Je ne t’aime pas. Et je ne t’aimerais jamais. C’est clair? Maintenant, fiche-moi la paix. Je suis bien ici sans toi, morveux. »
Et sans que je n’ai eu le temps de lui répondre quoi que ce soit, il s’éloigna pour sortir de l’infirmerie. Ses paroles résonnaient encore dans mon esprit, alors que j’entendais inlassablement combien il me haïssait. Mon visage se crispa à ces mots, mais non pas de douleur. De détermination. Oui Ace, je sais combien tu me hais, mais je n’en ai plus rien à faire. Même si tes paroles sont bien plus violentes encore que tes gestes, je savais que tu me les répèterais encore et encore. Tu mes les as toujours dites, depuis que je suis arrivé sur terre. Et malgré tout je n’ai jamais abandonné. Ce n’est pas aujourd’hui que cela changera non plus, crois-moi… Faisant volte-face, je sortis à mon tour d’un pas rapide malgré que mon corps criait silencieusement de douleur. Ignorant l’interpellation de l’infirmière, je sortis dans les couloirs en le cherchant du regard, tournant la tête à gauche avant d’apercevoir au loin une silhouette que je reconnus aussitôt, agenouillée à même le sol. Me dirigeant vers elle avec détermination, les sourcils froncés alors que je ne le perdais pas le moindre instant du regard, je me dirigeai vers lui avant de m’arrêter à quelques pas à peine.
« Ace. Relève-toi. » Lui dis-je d’une voix aussi douce que tranchante.
Le regard rivé sur lui sans faillir, je ne le perdais pas un seul instant des yeux. J’avais grandi à présent, je n’étais plus ce gamin tout juste bon à pleurer au moindre de ses mots. Je savais ce que c’était que la violence physique et verbale, mais malgré tout je n’en étais pas moins déterminé. Alors oui, j’étais toujours le même : toujours trop sensible, souriant à tout va et prônant que la vie était belle si nous nous donnions la peine de changer de regard, mais j’étais aussi plus fort qu’autrefois. Contrairement à ce que l’on peut croire, ça n’est pas parce qu’on laisse ses larmes couler que nous sommes faibles. Et s’il pensait que je ne dirais pas le moindre mot comme autrefois, alors il se fourrait le doigt dans l’œil. J’avais grandi, qu’il le veuille ou non.
« Je sais que tu ne m’aimes pas, inutile de me le répéter. Malgré que les années ont passées, je n’en ai jamais douté. Mais moi si, je t’aime, et à ce que je peux voir tu n’as vraiment pas changé. » Lui dis-je en baissant mon regard avec douleur sur son bras.
« Papa et maman ont perdu la garde. Je savais où tu étais, et au lieu de partir dans une famille d’accueil j’ai voulu te retrouver. Que cela te plaise ou non tu seras toujours mon frère, Ace, et à présent je ferai mes études ici. Comme toi, que cela te plaise ou pas. Je ne suis pas là pour te faire souffrir, et je sais que pour toi vivre est un synonyme. J’ai grandi, que tu le veuilles ou non, et j’ai changé alors si tu veux essayer de me faire pleurer à tout va comme autrefois, libre à toi. Je n’en ai plus rien à faire. Si ça peut t’aider à laisser sortir cette haine et cette violence que tu as en toi au lieu de la retourner sur toi-même, alors soit. Je suis prêt à en assumer les conséquences. Mais sache une chose : si à mon tour je dois te mettre une gifle pour que tu réagisses je le ferai. Même si je dois me casser l’autre main pour ça, je le ferai. » Lui dis-je sans faillir le moindre instant, à ma propre surprise.
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| | | Ace Seikan |Suicid Master|
Messages : 284 Age du perso : | 17 ans | ♥ Côté coeur : | Ce coeur est en morceaux juste à tes pieds... Alors, y'a pas de chance qu'il puisse aimer de nouveau... |
Carte d'identité ♣ Année scolaire: 2e année ♣ Colocataires: Kyo Shin || Soen Haruka || Hanae Shizumi ♣ Relations: | Sujet: Re: | Le retour d'un être pas si cher que ça. | {PV Eisik} Mar 22 Jan - 23:59 | |
| |Ace. Mon nom. Ce nom qui avait sortie de la bouche de mon frère quelques minutes plus tôt. À genoux dans le corridor, plusieurs choses se bousculaient dans ma tête. Ça ne changeait pas de d’habitude, à vrai dire. Quand j’avais giflé Eisik, j’avais ressenti une pointe de culpabilité et de honte. Je l’avais frappé. Exactement comme mon père nous frappait. Je ne voulais pas être comme ce salopard. Hors, je venais de poser un geste typique de ce personnage horrible. Je savais ce qu’il fallait que je fasse pour ne pas être exactement comme ça. Mais serai-je capable de la faire? Ma détermination était morte en même temps que Sarah était morte. Pas seulement ma détermination, mon goût de vivre et ma motivation aussi. En gros, je n’étais plus moi. En fait, je ne suis plus moi depuis que j’ai commencé à me teindre les cheveux et à mettre du linge différent. Surtout quand je défiais mais parents. Je ne sursautai pas quand Eisik s’arrêta près de moi et m’adressa la parole.
|« Ace. Relève-toi. »
|Me relever? Pourquoi? J’étais bien, là, comme ça. Peut-être était-ce là ma place. Au-dessous de tout. La place d’un lâche. Ouais. C’est ça. Exactement. Je soupirai, découragé. Ce morveux n’était même pas foutu de me laisser tranquille. Que voulait-il? Est-ce que je fais pitié à ce point? Pourtant, même si c’était le cas, je venais de le frapper. Je ne comprenais toujours pas pourquoi il me courait après. Il veut sans doute me sortir de mon état merdique actuel. Mouais. Je m’assis sur le sol en me retournant vers lui. Je le fixai dans les yeux sans aucune expression sur le visage. Allez, Eisik. Dis-moi tout ce que tu as sur le cœur.
|« Je sais que tu ne m’aimes pas, inutile de me le répéter. Malgré que les années ont passées, je n’en ai jamais douté. Mais moi si, je t’aime, et à ce que je peux voir tu n’as vraiment pas changé. »
|Alors comme ça, tu crois que je n’ai pas changé? Ça se peut, selon ton point de vue, petit frère. Il ne savait rien de moi, il ne m’avait vu qu’en surface toute ces années. Peut-être que cette apparence n’avait pas changé, mais ce qu’il y avait à l’intérieur de cette enveloppe dénudée d’émotions avait beaucoup changé. À un tel point que j’en venais à me demander si la personne que j’étais devenue allait changer pour le mieux un de ces jours. J’en doutais fortement, puisque tout à l’intérieur de moi avait été détruit. Ce qu’Eisik ne pouvait évidemment pas voir ni comprendre. Et puis, il se fiche que je ne l’aime pas, et bien, moi, je me fiche qu’il m’aime. Ça m’importe peu.
|« Papa et maman ont perdu la garde. Je savais où tu étais, et au lieu de partir dans une famille d’accueil j’ai voulu te retrouver. Que cela te plaise ou non tu seras toujours mon frère, Ace, et à présent je ferai mes études ici. Comme toi, que cela te plaise ou pas. Je ne suis pas là pour te faire souffrir, et je sais que pour toi vivre est un synonyme. J’ai grandi, que tu le veuilles ou non, et j’ai changé alors si tu veux essayer de me faire pleurer à tout va comme autrefois, libre à toi. Je n’en ai plus rien à faire. Si ça peut t’aider à laisser sortir cette haine et cette violence que tu as en toi au lieu de la retourner sur toi-même, alors soit. Je suis prêt à en assumer les conséquences. Mais sache une chose : si à mon tour je dois te mettre une gifle pour que tu réagisses je le ferai. Même si je dois me casser l’autre main pour ça, je le ferai. »
|Bien, bien. Ah ce que je vois, j’avais totalement raison. Il n’est plus du tout le petit pleurnichard d’autrefois. J’en suis heureux. Bien que mon expression ne montrait rien du tout. Je crois qu’en un sens, inconsciemment, je faisais mon rôle de frère. Je l’ai endurci pour qu’il soit plus force face aux autres et aux risques de la vie. Certes, il est extrêmement fragile à l’Extérieur, mais à l’intérieur, il est beaucoup plus fort que la plupart des gens. Moi, le premier. Je sais très bien que je suis faible. Je me suis laissé emporter par les ténèbres et je ne peux plus en sortir, alors qu’Eisik a choisi de lutter et de ne pas succomber aux ténèbres comme son imbécile de grand frère même pas foutu de lever le petit doigt face à la mort. Ce que la plupart des gens ne savent pas, Eisik le premier, c’est que j’ai conscience de tout cela. Je sais comment je suis, je sais que je suis un fardeau pour tout le monde avec mes histoires de suicides. C’est ce qui me différencie des autres suicidaires. J’avais attendu assez longtemps pour qu’il rajoute quelque chose, mais il ne le fit pas. Je décidai que c’était à mon tour. Je me levai, le regardant toujours droit dans les yeux, le visage n’exprimant rien sauf l’impassibilité. Mon ton était peut-être pas mal sec, mais j’étais frustré.
|« Tu sais que je ne t’aime pas, mais je sais aussi que tu m’aimes. Tu t’en fiches? Et bien, moi aussi, je me fiche que tu m’aimes, Eisik. Je n’ai pas changé? Bien. Je n’ai rien contre ton opinion à ce sujet. Ma façon d’agir à ton égard n’a pas changé, parce que tu es le petit frère que je ne voulais pas avoir. Mes paroles sont très probablement blessantes, mais le mieux aurait été que tu naisses dans une autre famille. Pas parce que je ne t’aime pas, mais parce qu’au contraire, je t’aime assez pour vouloir ton bien. Je sais qu’on ne choisit pas sa famille, mais maman n’aurait jamais dû avoir un autre enfant après moi. Tu serais beaucoup mieux qu’aujourd’hui, car je sais que cette maladie que tu as qui affecte tes os ne s’est sûrement pas améliorée avec le temps, au contraire. Tu sais, à l’intérieur de moi, je tiens quand même à toi, petit frère. Tu n’es pas aussi important que tu devrais l’être, mais je me soucie quand même de ta santé. J’ai beau dire haut et fort que je ne t’aime pas, Eisik, mais la vérité ne se trouve pas dans mes paroles, saches-le. »
|Je pris une petite pause, le temps qu’il assimile tout ce que je venais de lui dire. Mes paroles étaient sincères, quoique brusques. C’est vrai que je ne l’aime pas, mais je le pense tellement fort que je le ressens beaucoup plus que mes véritables sentiments. C’est mon frère, tout de même. Je ne suis pas assez cave pour le laisser totalement tomber. Si quelqu’un veut s’en prendre à lui, je vais me mettre en travers de son chemin. Je sais à quel point la santé d’Eisik est très fragile. S’il faut que je me fasse tabasser à sa place, je le ferais. J’ai plus de chances que lui de survivre. Je sais aussi qu’il veut profiter de la vie au maximum avant de mourir. Et puisque nous ne savons pas de quoi demain sera fait, je veux qu’il ait la chance de vivre pleinement sa vie. Il n’a que 14 ans, bordel! Je suis peut-être suicidaire, mais je ne suis pas assez con pour l’empêcher de vivre avec mes histoires merdiques. Surtout que si quelqu’un veut le tabasser, je vais me poser des questions. Je suis la tête dure dans la famille, c’est moi qui cherche les autres pour me battre. Eisik est tellement gentil que je doute qu’un jour quelqu’un veule lui faire la peau. J’attendis assez longtemps avant de reprendre mon monologue du même ton sec.
|« Je dois être la personne la mieux placée pour savoir que tu as changé, Eisik. Que tu es bien plus fort qu’avant. Tu sais quoi? Ça va te paraître extrêmement bizarre, mais tu me remplis de fierté. Je sais que je ne t’ai pas donné la vie facile, mais au moins, j’aurai réussi à t’endurcir et à te faire réaliser que la vie vaut la peine d’être vécue. Je ne le pense pas, mais il ne fallait surtout pas que tu deviennes comme moi. Je sais que ta maladie en est aussi pour quelque chose, car puisque ton heure peut arriver à tout moment, tu veux profiter de chaque seconde qu’il te reste à vivre. Tu vois, je suis conscient de tout. Je sais que tu es bien plus fort que moi et que je ne suis qu’un lâche. Je me suis laissé emporter par les ténèbres, mais toi, tu as eu la détermination nécessaire pour ne pas y succomber. Et tu peux penser ce que tu veux, mon intention n’est pas de te blesser ou de te frapper de nouveau. Même pas de te faire pleurer. Tu peux bien me gifler autant que tu le veux, rien ne me fera réagir. Je ne veux pas qu’on m’aide, tu peux comprendre ça? Je veux mourir plus que tout. Pour ça, ma détermination est sans faille. » Je baissai les yeux vers son bras. « Je suis désolé de t’avoir mis une gifle et ainsi, de t’avoir brisé le bras. Tu ferais mieux d’aller voir l’infirmière pour qu’elle t’arrange ça au plus vite. » Je levai mon bras enrubanné. « Ne fais surtout pas les mêmes erreurs que moi, Eisik. Tu mérites pleinement de vivre ta vie sans que je ne sois là pour te la gâcher… »
|Sur ces mots, je me retournai et m’éloignai de lui. S’il fallait encore que je le brusque pour qu’il sorte de ma vie, j’allais le faire. Mais pas parce que je le déteste, simplement parce qu’au fond, je l’aime et je tiens à ce qu’il soit heureux. Je suis tellement malheureux que je pourrais bien lui transmettre ma peine. Je ne suis encore qu’un fardeau… |
| | | | Sujet: Re: | Le retour d'un être pas si cher que ça. | {PV Eisik} Mer 23 Jan - 1:42 | |
| Le voir s’autodétruire à petit feu me rendait totalement malade. Il avait tout une longue vie devant lui qui l’attendait, certainement heureuse s’il se donnait la peine d’ouvrir les yeux et de guérir ses blessures, mais il n’en faisait rien. Pire encore : il ne cessait de pleurer la perte d’un être qu’il avait aimé sans se rendre compte que sur cette maudite Terre d’autres tenaient à lui. Mais c’était à croire que je n’étais pas suffisamment important à ses yeux pour qu’il se donne la peine de s’offrir une chance de changer. A quoi est-ce que je m’étais attendu de toute manière ? Il y a quelques secondes encore il venait de me répéter pour la première fois depuis six ans qu’il me détestait. Alors j’étais sans doute la dernière personne qui pourrait le persuader de vouloir sortir la tête hors de ces eaux noires et marécageuses dans lesquelles il s’enfonçait sans lutter, mais pourtant je refusais d’abandonner. Nous avons tous un rôle ici-bas, et si lui ne connaissait pas encore le sien je savais que pour ma part je devais être là pour aider mon propre frère. Certains à ma place lui auraient sans aucun doute tourné le dos depuis longtemps, mais me concernant c’était tout bonnement impensable. Têtu, borné, on pouvait me qualifier de tous les synonymes que l’on voulait pour démontrer mon acharnement, mais j’étais ainsi fait. Rien ne me ferait jamais baisser les bras, d’autant plus quand une vie est en jeu. Surtout quand elle appartient à quelqu’un que vous aimez tant, malgré que la réciproque soit visiblement fausse.
« Papa et maman ont perdu la garde. Je savais où tu étais, et au lieu de partir dans une famille d’accueil j’ai voulu te retrouver. Que cela te plaise ou non tu seras toujours mon frère, Ace, et à présent je ferai mes études ici. Comme toi, que cela te plaise ou pas. Je ne suis pas là pour te faire souffrir, et je sais que pour toi vivre est un synonyme. J’ai grandi, que tu le veuilles ou non, et j’ai changé alors si tu veux essayer de me faire pleurer à tout va comme autrefois, libre à toi. Je n’en ai plus rien à faire. Si ça peut t’aider à laisser sortir cette haine et cette violence que tu as en toi au lieu de la retourner sur toi-même, alors soit. Je suis prêt à en assumer les conséquences. Mais sache une chose : si à mon tour je dois te mettre une gifle pour que tu réagisses je le ferai. Même si je dois me casser l’autre main pour ça, je le ferai. » Déclarais-je.
Mon bras, brisé sous le choc lorsqu’il m’avait propulsé à terre d’une claque des plus violentes, était toujours replié contre moi. Le soutenant de mon second encore valide, je pouvais sentir le sang se propager dedans, faisant naître une douleur des plus atroces. Douleur que je connaissais pourtant par cœur, mais à laquelle j’évitais soigneusement de penser. Gonflant, noircissant, je savais que les dégâts à l’intérieur demanderaient encore de nombreuses semaines avant de se réparer, mais aujourd’hui ça n’était absolument pas ma priorité. Non, celle-ci se tenait devant moi, assise à même le sol comme s’il n’était rien d’autre qu’un être minable qui ne méritait pas de vivre. Pourtant il en avait le droit, comme n’importe quel être humain dans ce monde, seulement il ne voulait pas le voir… Alors qu’importe la souffrance, rien de ce que je pouvais voir de mon frère ne pouvait me blesser davantage que cela. Son visage demeurant totalement fermé, je sentais malgré tout que derrière ses pupilles des milliers de pensées tournaient en rond, affublées de questions qui ne devaient sans doute pas trouver la moindre réponse. Je le vis enfin se redresser devant moi, sans toutefois que le moindre mot ne franchisse ses lèvres. Qu’importe, j’étais près à attendre des heures s’il le fallait, mais il parlerait. Quitte à subir encore de ses insultes et autres mots qui me feraient bien plus de mal qu’un poignard enfoncé en plein cœur. J’étais près à tout endurer pour lui, pour l’aider, mais pour cela je n’avais besoin que d’un seul geste. Celui qui me prouverait que j’étais quelque chose à ses yeux, même si ça n’était qu’en négatif. Je voulais que pour une fois il laisse sortir de sa carapace d’acier ces mots qu’il ne prononçait jamais, enfermé dans sa détresse qui le poussait à l’automutilation. Et enfin, il parla. Enfin j’entendis le son de sa voix cette aussi sèche que le sable en plein désert, mais c’était déjà une immense victoire à mes yeux.
« Tu sais que je ne t’aime pas, mais je sais aussi que tu m’aimes. Tu t’en fiches? Et bien, moi aussi, je me fiche que tu m’aimes, Eisik. Je n’ai pas changé? Bien. Je n’ai rien contre ton opinion à ce sujet. Ma façon d’agir à ton égard n’a pas changé, parce que tu es le petit frère que je ne voulais pas avoir. Mes paroles sont très probablement blessantes, mais le mieux aurait été que tu naisses dans une autre famille. Pas parce que je ne t’aime pas, mais parce qu’au contraire, je t’aime assez pour vouloir ton bien. Je sais qu’on ne choisit pas sa famille, mais maman n’aurait jamais dû avoir un autre enfant après moi. Tu serais beaucoup mieux qu’aujourd’hui, car je sais que cette maladie que tu as qui affecte tes os ne s’est sûrement pas améliorée avec le temps, au contraire. Tu sais, à l’intérieur de moi, je tiens quand même à toi, petit frère. Tu n’es pas aussi important que tu devrais l’être, mais je me soucie quand même de ta santé. J’ai beau dire haut et fort que je ne t’aime pas, Eisik, mais la vérité ne se trouve pas dans mes paroles, saches-le. »
Serrant les mâchoires, je tentais de digérer ce que je venais d’entendre. J’étais près à endurer beaucoup de choses, mais l’entendre m’avouer que même si ça ne serait jamais tel que je pouvais l’espérer j’avais tout de même une place dans son cœur, j’eus l’impression que ce qui était un rêve inaccessible venait enfin de se réaliser. Peut-être ne voulait-il pas de moi, effectivement, car à ses yeux je ne lui étais d’aucune utilité, mais malgré tout par ses mots je ne pouvais m’empêcher de constater qu’il aurait souhaité quelque chose de meilleur pour moi. J’avais tant de choses à lui dire après tout cela… pourtant aucun mot ne me vint. Mes yeux se mettant à briller de ces larmes que je tentais malgré tout de contenir en luttant avec hargne contre moi-même, je profitais de ce silence pour prendre une légère inspiration avant de croiser à nouveau son regard. Aussi dur que l’acier, certes, mais je savais qu’au même titre que ses mots ne reflétaient pas ses pensées, son cœur était loin d’être aussi fade et dépeuplé qu’il ne voulait le montrer.
« Je dois être la personne la mieux placée pour savoir que tu as changé, Eisik. Que tu es bien plus fort qu’avant. Tu sais quoi? Ça va te paraître extrêmement bizarre, mais tu me remplis de fierté. Je sais que je ne t’ai pas donné la vie facile, mais au moins, j’aurai réussi à t’endurcir et à te faire réaliser que la vie vaut la peine d’être vécue. Je ne le pense pas, mais il ne fallait surtout pas que tu deviennes comme moi. Je sais que ta maladie en est aussi pour quelque chose, car puisque ton heure peut arriver à tout moment, tu veux profiter de chaque seconde qu’il te reste à vivre. Tu vois, je suis conscient de tout. Je sais que tu es bien plus fort que moi et que je ne suis qu’un lâche. Je me suis laissé emporter par les ténèbres, mais toi, tu as eu la détermination nécessaire pour ne pas y succomber. Et tu peux penser ce que tu veux, mon intention n’est pas de te blesser ou de te frapper de nouveau. Même pas de te faire pleurer. Tu peux bien me gifler autant que tu le veux, rien ne me fera réagir. Je ne veux pas qu’on m’aide, tu peux comprendre ça? Je veux mourir plus que tout. Pour ça, ma détermination est sans faille. » Reprit-il sur le même ton qu’auparavant.
Bizarre n’était pas le mot. Inattendu incarnait bien plus ce que je ressentais lorsque je l’entendis prononcer celui de « fierté ». J’étais loin de me douter qu’il aurait pu me croire si fort que cela, pourtant aujourd’hui plus que jamais je croyais en ce qu’il me disait. Malgré qu’il ait pu me faire souffrir, malgré qu’il ait pu me frapper il y a encore quelques instants de cela, je savais que quelque chose de plus précieux qu’il ne pouvait le croire n’attendait plus qu’à être éveillé dans son âme. Un trésor que tout le monde possède à sa manière, mais qui était dans son cœur terni par les vicissitudes d’une vie beaucoup trop injuste. Alors sa détermination était peut-être sans faille, mais là était l’un de ces points qui prouvait notre fraternité : j’étais tout aussi buté que lui. Là était-ce sans doute l’un de ces nombreux points qui le poussait à vouloir me fuir, mais qu’importe. Si j’accepterai de le laisser souffler, je ne le laisserai absolument jamais tomber. Plus qu’une parole, c’était une promesse que rien ne pourrait jamais détruire.
« Je suis désolé de t’avoir mis une gifle et ainsi, de t’avoir brisé le bras. Tu ferais mieux d’aller voir l’infirmière pour qu’elle t’arrange ça au plus vite. » Reprit-il, avant de lever légèrement son avant-bras recouvert d’une bande que l’infirmière lui avait apposée pour soigner ses multiples scarifications.
« Ne fais surtout pas les mêmes erreurs que moi, Eisik. Tu mérites pleinement de vivre ta vie sans que je ne sois là pour te la gâcher… » Ajouta-t-il, avant de tourner les talons pour s’éloigner de moi.
Mais nous n’avions pas fini. Non, pas encore. J’avais tant de choses à lui dire, et j’étais certain qu’il en avait bien plus encore. Qu’importe si je sentais que, sous le coup de la douleur et du sang qui pulsait dans mon bras avec violence, j’étais certainement au bord du malaise, je ne devais pas encore rendre les armes. C’était le moment où jamais, moment que j’avais attendu depuis six longues années. Et à présent qui se tenait devant moi, rien ne pouvait me faire rebrousser chemin. J’avais l’habitude de prendre sur moi et de serrer les dents, alors pour de longues minutes encore je pouvais amplement tenir. Quitte à m’effondrer à terre par la suite, mais de toute façon la perspective n’accaparait même pas mon esprit. La seule chose à laquelle je pensais, c’était qu’il fallait que je le retienne.
« Ace, attends ! Ne pars pas ! » Lui dis-je en accourant dans sa direction, saisissant son bras de ma main aussi faible et dénuée de force que l’était mon être tout entier.
« Oui, tu as compris bien des choses, je l’admets, et j’étais certainement loin de me douter de bien d’autres. Cependant il y a manifestement quelque chose dont tu ne te rends pas compte, ou que peut-être tu ne désires même pas réaliser : tu n’as jamais gâché ma vie. Je me contrefiche de mon bras, si tu savais combien de fractures j’ai eu tu en serais plus que surpris. Ace, la douleur je sais parfaitement ce que c’est. Alors certes je n’ai pas la tienne, je ne sais pas ce que tu endures car je ne suis ni dans ta tête, ni dans ta peau, mais à ma façon je sais que la vie peut être totalement injuste voire dégoûtante. Ma maladie a évoluée, c’est vrai. J’ai une ostéogenèse imparfaite, mais je pense que le nom de maladie des os de verre te parlera bien plus. Je suis condamné, j’en ai conscience, et je ne vivrais certainement pas très longtemps quand on voit que le moindre choc peut me mettre en miettes. Mais je m’en fiche de tout ça parce que, vois-tu, tu pourrais penser que j’ai plein de choses à faire plutôt que de m’acharner à vouloir sortir quelqu’un comme toi de sa misère. Mais tu penses que je fais tout cela pour quoi, au juste ? Parce que je veux perdre mon temps ? Parce que j’aime souffrir et entendre toutes ces choses que tu peux sans cesse me rabâcher ? Parce que je suis suffisamment masochiste pour vouloir endurer cela en longueur de temps ? Non, et pourtant je ne vois pas cela non plus comme un sacrifice. »
Je m’interrompis un instant, reprenant mon souffle après toutes ces phrases que j’avais débitées avec force, une larme commençant à couler au coin de mon œil que je tentais d’essuyer sèchement d’un coup d’épaule.
« Je ne suis pas plus fort que toi, j’ai seulement pris conscience de beaucoup de choses. Tu veux que je te dise ? Le problème avec toi c’est que tu passes ton temps à pleurer la perte de Sarah qui t’as aimé et que tu as aimé, j’en ai plus que conscience, seulement tu n’arrives pas à te rendre compte qu’en fermant ton cœur à tout ce que la vie peut t’offrir, tu mets à la porte les personnes qui veulent t’aimer à leur tour mais qui sont loin d’être éternelles. Nous sommes tous condamnés à disparaître, et même si c’est dur je pense que c’est plutôt la seule justice que possède la vie, même si plongés dans notre souffrance on pense l’inverse. Je ne juge en rien ce que tu ressens, Ace, au contraire même je te comprends bien plus que tu ne peux le croire. Mais si je m’acharne autant, si je suis aussi infernal au fond c’est parce que je sais que tu peux t’en sortir. J’y crois plus qu’en n’importe quelle autre chose au monde, sinon crois-moi que je ne perdrais pas mon temps pour cela. Je suis né dans cette famille, mais jamais je ne l’ai regretté, jamais ! La seule chose qui me fait mal c’est de te voir t’enfoncer sans ne rien pouvoir faire, alors que tu as toutes les clés en main pour pouvoir faire face à ce qui t’arrive. C’est ça le plus dur. C’est tellement plus simple de vouloir mourir, mais laisse-moi ne serait-ce que l’espace d’une seule journée pour te montrer que ton regard pourrait être différent. Offre-moi-même ne serait-ce qu’une heure de ton temps lorsque tu le voudras, pour te prouver que tu as plein de trésors autour de toi que tu refuses de voir. Du temps, c’est tout ce que je te demande, grand frère. Seulement tu dois être prêt à vouloir découvrir qui tu es vraiment. Car crois-moi, ce que tu montres de toi est à des années lumières de représenter celui que tu es véritablement. Sarah l’a vu en toi, tout comme je le vois. Accepte seulement de faire un pas et je t’aiderai. Je te le jure Ace, si tu ne veux pas faire ça pour toi, fais-le pour moi. Même si tu t’en contrefiches et que tu ne me dois rien. Laisse-moi quelques instants pour essayer de t’aider. Je t’en pris… » Lui dis-je, à bout de souffle tandis que silencieusement je sentis de nouvelles larmes s’écouler sur mes joues, mes lèvres devenant légèrement tremblantes.
Qu’importe si je pleurais, je n’en avais rien à faire. Ça n’était pas une faiblesse à mes yeux, et quand bien même je l’assumais pour la simple et bonne raison que s’il ne s’en rendait pas compte, le voir dans un tel état était la chose la plus dure que la vie ait en réalité pu m’infliger…
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