Le Pensionnat Rayen est un RPG manga où tu incarnes un adolescent de quinze ans et plus ou un adulte du personnel, dans un pensionnat remplis d'élèves aux caractères bien divers. Entres originaux, musiciens, gothiques, sportifs, pom-pom girls, neutres, racailles, emos, artistes et punks, trouveras-tu ta place ?
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 Entre cascade d'eau et cascade de mots [ Créature ♥ ]

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Arthur Madeck

Arthur Madeck


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MessageSujet: Entre cascade d'eau et cascade de mots [ Créature ♥ ]   Entre cascade d'eau et cascade de mots [ Créature ♥ ] Icon_minitimeMer 6 Mar - 23:44

Y’a des jours comme ça où tout ce que tu désires, c’est qu’on te foute la paix, qu’on te lâche avec l’école, les notes, les règles et toutes ces merdes qui empoisonnent l’existence. Et forcément ce jour est tombé aujourd’hui, la seule journée où je ne peux me délier de mes responsabilités. Il est dix-sept heures et j’ai encore trente minutes à tenir dans cette saloperie de salle de retenue aux relents de bois pourri. Je jette un regard vers ma copie toujours vierge puis lève le nez vers la fenêtre : dehors, il neige.

Le surveillant me tire de mes rêveries en frappant violemment la table. Je détache mon regard de la fenêtre et tente de me concentrer sur ma copie. Comme d’habitude, y’a rien qui vient. Ce n’est pas que j’y mets de la mauvaise volonté : à vrai dire, j’aimerais bien être comme tous ces gens qui commencent un devoir et ne s’en détachent qu’après avoir répondu à toutes les questions. Malheureusement, je suis de ceux qui laissent vagabonder leurs idées des heures et qui ne finissent jamais rien. Encore moins un devoir. C’est d’ailleurs la raison de ma présence ici : excédé de mes absences mentales lors de ses cours, mon professeur d’histoire a jugé intelligent de me séquestrer dans cette salle austère et froide, pour répondre à un questionnaire inutile et ennuyeux. Comme si m’enfermer me motiverait à finir un devoir. Quel con, j’te jure.

La pendule sonne dix-sept heures trente, je n’ai toujours rien rempli. Je referme tout de même mon stylo et me lève. Sans me presser, je range mes affaires dans mon sac puis tends ma copie vierge au surveillant. Ce dernier est sûrement la personne que je connais le mieux dans cette saleté d’internat : je ne compte même plus les heures de retenue que j’ai passé en sa compagnie. C’est pourquoi je m’attends à ce qu’il peste sur mon incorrigibilité et qu’il me dise, non sans un certain cynisme, qu’on se revoit le lendemain. Comme je m’y attendais, il fait glisser un regard suspicieux sur ma copie, un rictus inique sur le visage. Je sers mes poings dans mes poches. Allez, sors-la, ta vacherie, que je puisse me barrer.

« T’as oublié d’écrire ton nom. »

Hébété, je ne réagis pas tout de suite. Je lève les yeux vers lui, comme pour comprendre sa réaction. A-t-il enfin compris que les cris sont inutiles avec moi ? Que s’égosiller contre ma paresse revient à s’abîmer inutilement la voix ? Non, c’est impossible : cet homme est bien trop bourru pour comprendre quoique ce soit à la nature humaine. Persuadé que ce calme précèderait une tempête, je sors mon stylo et signe mon devoir en prenant bien soin de n’oublier aucune lettre. On dirait pas comme ça mais pour un rêveur pathologique comme moi, rien qu’écrire son nom, c’est toute une affaire.

A peine le seuil de l’internat franchi, un vent gelé vient ébouriffer mes cheveux. Je rajuste mon écharpe et m’enfonce dans les jardins, sans vraiment savoir où je m’en vais. Tout comme mes cheveux, mes pensées sont en bordel : pourquoi le surveillant n’a rien dit ? Pourquoi il n’a pas gueulé, comme d’habitude ? Pourquoi la neige est-elle si belle à deux et si mélancolique seul ? Et pourquoi Camille est partie? Je ralentis mon allure. Bien sûr que je sais pourquoi elle s’est barrée sans se retourner. Pas la d’épiloguer là-dessus : elle a détalé parce qu’elle n’était pas heureuse. Parce que cela l’emmerdait que je m’envole à chacune de ses tentatives d’approche. Je soupire profondément et m’allume une cigarette. J’ai soudainement l’envie de m’enfuir loin de tout, de me perdre dans le rien. D’oublier Camille, de prendre son visage et le noyer dans l’océan de l’oubli. Comme pour fuir ce souvenir entaché de regrets, je jette ma clope et me mets à courir droit devant. Il est hors de question qu’un souvenir gâche cette soirée enneigée.

Je ne sais pas combien de temps j’ai couru, mais il fait à présent presque noir. Je cale mes mains sur mes cuisses et reprends lentement mon souffle, l’esprit vidé de tout. Même le malaise de tout à l’heure a repris sa place légitime dans la mare de l’oubli de mon esprit.
Ma respiration se calmant peu à peu, je prends enfin conscience du bruit sourd et impérieux qui déchire la quiétude de la vallée. Je me redresse et me dirige vers l’origine de cette tonalité sourde. Je n’ai le temps de faire que quelques pas que je la vois se dresser gracieusement devant moi, cette somptueuse cascade à semi-gelée. Ébloui par ce spectacle, je plonge mes mains dans ma veste, le nez planté dans les flots tumultueux de la chute d'eau.

Au bout d’un temps, j’avance d’un pas vers le torrent. Mon pied heurte alors quelque chose de dur et gelé. Je n’ai pas le temps de me rattraper à quelque chose pour rétablir mon équilibre. Je me casse la gueule royalement sur le bord de la rivière et ne m’empêche de sortir un grandiose :

« Eh merde... »

Faire une cascade en face d'une cascade, c'est ironiquement pathétique.
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Entre cascade d'eau et cascade de mots [ Créature ♥ ]

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