Comment décrire mon caractère et ma personnalité… Ce n’est pas vraiment simple. Non pas que j’ai une personnalité complexe, elle est d’ailleurs plutôt simple à comprendre. Je suis une solitaire dans l‘âme, j’aime me poser dans un coin avec un livre et éviter les lieux bondés de monde généralement. Je suis sérieuse, j’aime travailler car cela me semble simple et que pour connaitre notre monde rien de mieux que cela. J’en sais plus sur les hommes par les livres que par les relations humaines que j’ai eu durant toute ma vie. Pour ainsi dire, ma vie sociale est quasi nul. Ou du moins, je ne m’entends qu’avec très peu de personnes. Je suis d’une nature très curieuse, ce qui est autant une qualité et un défaut. J’aime en savoir toujours plus même si parfois je me dis que c’est beaucoup trop. Puis je finis toujours par revenir vers mon premier amour, la connaissance.

Il y a autre chose qui qualifie parfaitement ma personne. Je déteste que l’on me marche sur les pieds. Avant, j’aurai accepté les moqueries et le non-respect en me réfugiant dans un livre plus loin. Mais maintenant, je réponds. Je riposte et je n’hésite plus à dire ce que je pense. Je me suis forgé un fort caractère au fur et à mesure du temps. Je suis devenue plus franche et quand on m’attaque, je deviens sans merci. Je suis d’ailleurs même devenue très impulsive parfois à certain moment. Mais cela arrive rarement que j’agisse sans réfléchir. Souvent, je prends le temps de réfléchir puis après j’agis. Mais parfois il m’arrive de m’emporter. C’est-ce qui fait la dualité de mon caractère. Autant je peux agir dans la seconde, autant mon action peut être murement réfléchis. Malgré mon manque de communication, je suis une personne extrêmement optimiste. Je pars toujours en me disant que si on veut quelque chose, on peut l’obtenir tant qu’on y met les moyens. Parfois, je me dis que je devrais quelque chose et aller vers les autres. Mais souvent rapidement, je reprends mes vieilles habitudes en m’éloignant de ceux qui peuvent me juger face à mon physique différent. D’autres réagissent bien, d’autres me repoussent , c’est comme ça. Ainsi va la vie, dans nos sociétés modernes.

Je ne me considère pas comme une fille au physique exceptionnel. Je me trouve juste plutôt jolie, dans la norme en fait. Je mesure un mètre soixante-dix pour cinquante deux kilogrammes. Mon corps n’est pas très athlétique mais je l’entretiens en faisant un peu de sport toutes les semaines. Le sport ne me botte pas vraiment mais c’est une nécessité. Je possède des formes ni trop prononcés ni trop plates. Mes cheveux sont blonds, bouclent très légèrement au niveau des pointes et tombent en dessous de mes épaules. Une frange cachant mon front. Je laisse généralement mes cheveux détachés car je n’aime pas les attacher. Mes yeux sont d’un bleu océan ce qui fait que je ne passe pas vraiment inaperçu du fait de mes origines américaines. Les traits de mon visage sont fins. Sous mon cache œil, ma cicatrice n’est pas très grande en réalité mais je n’aime pas la montrer. Elle est la marque de la couture de mes paupières pour cacher l’œil qu’il me manque. C’est aussi simple que ça. Avec le temps, la cicatrice est de moins en moins visible mais cela saute toujours aux yeux que j’ai un problème. Ce qui est logique. J’ai un tatouage à l’intérieur de mon bras droit qui signifie «  Espérance ».

D’un point de vu vestimentaire, je crois qu’à ce sujet, je suis totalement banale. Je mets tout et n’importe quoi tant que cela ne fait pas tâche, généralement je préfère les tenues qui me font passer inaperçus dans une foule. Mais pas de couleurs sombres, du moins pas seul, j’aime quand même ajouter à mes tenues des couleurs. Je trouve cela largement plus gai. Mon maquillage est inexistant la plupart du temps, je n’aime pas m’encombrer de ça. En revanche, j’aime beaucoup accorder ma manucure à la couleur de mes vêtements et faire des dessins de dessus. Ce n‘est pas parce qu‘on est une intello qu‘il faut pour autant négliger son apparence. Des vêtements banales mais qui ne me font pas ressembler à un sac de patates. Pas de lunettes, et oui toutes les personnes qu’on qualifie « d’intello » ne portent pas des lunettes. Stop au cliché. Ensuite, je porte toujours un bandeau blanc sur mon œil droit, toujours le même. De la même couleur.

Vous voulez mon histoire? Puisque c’est un passage obligatoire, je m’y plierai.

Miki Nakagawa n’est pas mon vrai nom. Du moins, c’est plus compliqué que cela n’y parait. C’est le nom dont j’ai hérité après mon adoption quand j’avais deux ans. La vie avant mon arrivée à l’orphelinat est un véritable néant. Nous ne savons rien de mon passé, de mes parents biologiques ou même d‘où vient ma cicatrice à l‘œil et le fait que j‘en ai perdu l‘usage. Mon prénom n’était même pas connu. L’orphelinat m’a crée une identité pour que j’ai une existence d’un point de vu juridique. Même ma date de naissance a été choisi au hasard. C’est d’ailleurs pour cela que je n’ai jamais accordé réellement d’importance aux fêtes d’anniversaires car je ne suis pas née le jour qui a été désigné comme le 5 mars. J’ai été adopté rapidement. Deux mois pour être précise. Ce qui est relativement rapide, surtout pour une enfant qui a un handicap. Je ne me rappelle pas de cette période car j’étais beaucoup trop jeune. Mais bon, comme tout le monde, je connais mon histoire par l’intermédiaire de mes parents qui m’en ont fait un récit.

Revenons en à mon récit. Mes parents adoptifs sont japonais. A la base, ils n’étaient absolument pas là pour adopter un enfant. Ma mère souhaitait seulement visiter l’orphelinat pour lequel mes parents faisaient un don, pendant leur voyage d’affaire aux Etats-Unis. Mais ma mère et mon père m’ont expliqué que quand ils m’ont vu endormis dans mon lit, ils ont un « coup de foudre » pour moi. Et oui, pour une borgne. Illogique, n’est-ce pas? Immédiatement après, ils ont voulus m’adopter. Les démarches ont été extrêmement longues car je suis américaine de naissance et que donc qu’un couple japonais m’adopte est difficile. Les procédures ont été longues mais mes parents adoptifs se sont battus et comme l’argent aide bien les choses, ils ont finis par obtenir ma garde et à l’aube de mes trois ans j’ai embarqué dans un avion direction le Japon.

Mon enfance a été heureuse, il n’y a vraiment rien à dire là dessus. Mes parents font partis de la catégorie des personnes aisées donc je n’ai jamais manqué de rien. Mon père est directeur de plusieurs restaurants japonais de luxe, qu’il a implanté d’abord au Japon (logique) puis après deux aux Etats-Unis qui lui ont permis d‘asseoir sa fortune. Son souhait le plus cher? Que je prenne sa suite et que je donne ensuite ses entreprises à mes enfants à leur tour pour que l’œuvre de toute sa vie construite à la sueur de son front continue d’exister après sa mort. Mes parents m’ont aimé comme si j’étais leur enfant naturel ou biologique dans le jargon scientifique. Ce qui apparait comme plutôt logique. Je les vois comme mes parents biologiques même si nous n’avons pas le même sang. Je pense que les parents d’un enfant sont ceux qui l’ont élevés et n’ont pas ceux qui les ont enfantés. Je suis restée fille unique, non pas que ma mère et mon père ne pouvaient avoir d’enfant mais parce que j’étais apparemment l’enfant qui permettait leur bonheur alors ils n’ont jamais voulu en avoir un autre. La seule chose qui pourrait entacher tout cela est le fait que ma mère était légèrement trop protectrice envers moi mais elle a fini par comprendre qu’il fallait qu’elle me laisse grandir et affronter les épreuves de la vie sans pour autant me laisser dépourvue de leur soutien.

A l’école, j’ai toujours été excellente. On a découvert très tôt que je possédais une sorte de facilité permise pas ce que l’on nomme une mémoire photographique. Je retiens tout, dès que je le vois, cela rentre dans mon cerveau et y reste. Je retiens réellement tout, même ce qui n’est pas important. Notamment ce qui n’a aucun intérêt. Je connais par exemple toutes les décimales du nombre PI ce qui est particulièrement inutile. Vous ne pouvez pas dire le contraire. Cela n’a strictement aucun intérêt. Parfois j’ai l’impression de saturer, que mon cerveau est plein. Mais ce n’est jamais le cas. Je suis comme un disque dur qui n’a pas de limite. Sauf que au moins sur un disque dur, on peut faire le vide de temps en temps. Chez moi, cela ne fonctionne absolument pas. Bah oui, sinon cela ne serait pas drôle si l’on pouvait dire, j’efface tout et je recommence à zéro. Ce que j’envie parfois les esprits simplistes qui n’enregistrent rien. Mais en réalité, cela me plait si on oublie les inconvénients. Cela me permet d’avoir d’excellente note.

Ma mère a pris l’habitude de dire que ce don était un cadeau pour remplacer l’œil qu’on m’avait volé. Malgré cette capacité extraordinaire pour le plupart des gens, je n’ai sauté aucune classe car mes parents n’ont pas voulu. Ils préféraient que je suive un cycle normal comme tous les autres enfants. Un moyen de diminuer ma différence significative d’avec ceux de mon âge. Dans toute mon histoire, il n’y qu’un point noir: mon œil. Oui, vous devez vous dire, elle nous gonfle avec son œil. Et alors quoi? Perdre un œil n’est pas la fin du monde. C’est vrai, mais les répercutions sur ma vie ont été plutôt significatives. Les regards toujours à tourner vers moi, les moqueries et les insultes en boucle telles que «  Eh, la borgne, où t’as largué ton œil ? » ou encore «  T’as vu ta gueule? Tu ferais mieux de te suicider ». Très constructif comme vous pouvez le constater. Les gens peuvent parfois manquer cruellement d’imagination surtout quand ils se moquent de quelqu’un.

Les conséquences de tout cela ont été que j’ai pris l’habitude de m’isoler. Je côtoie plus les livres que les personnes et le monde environnant. J’observe le monde en retrait sans me soucier de ce qu’il se passe autour de moi au plus grand désespoir de mes parents qui voudraient que je m’intègre aux jeunes de mon âge plutôt que de discuter avec des personnes d’une cinquantaine d’années car ils portent la plupart du temps moins de jugements sur mon œil. Pour éviter et surtout me cacher des moqueries, mais aussi parce que ceux qui ne se moquaient pas de moi avaient peur de moi. Je ne portais pas de cache œil avant l’âge de mes huit ans puis j’ai fini par en porter un pour des raisons esthétiques. Au moins, le dégout face à cicatrice et l’absence de mon œil n’était plus qu’un lointain souvenir. L’on ne voyait plus que le fait que j’avais un problème. Depuis, je le porte tout le temps, le retirant que chez moi ou quand je suis seule. Il est devenu comme une seconde peau. Hormis les moqueries et le rejet de certains, n’avoir qu’un œil n’est pas un problème. On peut parfaitement vivre tant que l’autre œil est valide, la vie est la même. On peut jouer d‘un instrument, faire de la cuisine, du sport comme tout le monde, etc. Puis je me suis toujours dis que ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort.

Mon arrivée dans ce pensionnat a été décidé d’un comme un accord par mes parents car ils veulent que je m’intègre auprès de personnes de mon âge. Ce qu’ils pensent obligatoire dans un orphelinat vu que je vivrais 24 heures sur 24 avec des personnes. Donc pour eux, je serais obligé de les côtoyer et donc je me ferais des amis. Cette idée n’est pas totalement idiote. Encore, faut-il que je souhaite m’intégrer. J’y vais surtout pour terminer mes études dans une bonne école et avoir un diplôme qui tient la route et non pas d’une école sans aucun intérêt. J’ai fini par accepter et donc, me voilà ici.