La normalité et la différence, de parfaits opposés et ce en tout points. Pourtant, sont-ils bien réels, ou alors n'est-ce qu'une vague illusion que l'humain s'est lui-même créé? Certains vous diront que ce n'est effectivement qu'illusoire, l'une des nombreuses difficultés que l'on s'est imposés. Et pourtant, qu'importe de qui il s'agit, si l'on dispose d'un tant soit peu de logique, l'évidence serait de croire que ces deux mots contrastés ne sont pas qu'une invention et qu'ils sont toujours présents, et ce, dans la vie de tous les jours. La conception de la différence n'est que le résultat de l'idée qu'on s'en fait. Si nous prenions par exemple une vingtaine d'hommes, tous vétus de diverses couleurs frappantes et aux cheveux excentriques dans une même salle, et qu'on y ajoutait une femme habillée sobrement et aux cheveux châtains, la différence serait claire. Celle que l'on considérerait comme étant ''normale'' se retrouverait être celle qui était la plus différente dans cette foule. Et qu'en est-il, de moi? Que suis-je? Je ne sais pas. Normal sans tout-à-fait l'être, je crois. Ainsi donc, ce paragraphe moralisateur qui avait pour but premier de m'aider à m'y retrouver n'a servi à rien. Une perte de temps parmi tant d'autres!

De nature, Élysée était du genre à se fondre facilement dans le décor, sans pourtant passer innaperçu. Cela était bien sûr à son avantage, étant malgré lui plutôt timide et parfois même froid aux premiers abords. Il n'était pas rare que l'on se détourne vers lui, à la vue de ses cheveux bleutés qui se démarquaient de la normalité que les gens s'étaient fait. Il était ainsi dans un juste milieu qui lui plaisait, celui où il n'irait pas faire le premier pas, mais l'attendre et ce jamais bien longtemps. On ne lui parlait certes pas tous les jours, mais grâce à son originalité bien dissimilée et pourtant qui se ressentait, il savait attirer l'attention de certaines personnes. S'il vous paraitra d'abord distant avec vous, ce n'est qu'une certaine gêne qui s'estompera peut-être si vous êtes en capacité à mieux le connaître. On dit de lui qu'il est parfois adorable, et lorsqu'on sait comment se rapprocher de lui, qu'il sait être amical. Il n'est pas une mauvaise personne, quand bien même il vous enverra paître quelques fois, mais jamais trop souvent. Tout genre d'humains possède un bon fond, il faut seulement être patient et parfois savoir chercher. Et si vous croyez que c'est peine perdu, ce n'est point le cas; il ne faut pas chercher bien longtemps en Élysée pour comprendre que s'il agit parfois maladroitement ce n'est que la gêne, rien de plus. Mais malgré cette timidité, il est du genre plutôt expressif et il aime protéger ses idées, et les faire connaître lorsqu'il n'est pas d'accord. Certaines fois il aime qu'on le remarque, parfois non. Tout dépend de son humeur, des jours et des circonstances.

Cependant, via l'internet ou lorsqu'il s'agit des jeux vidéos, Élysée perd toutes traces de gêne. Et lorsqu'il n'a pas l'une de ces choses entre les mains, vous trouverez probablement un manga -voir même plusieurs-. L'un des meilleurs moyens de l'aborder d'ailleurs, serait de lui parler de l'une de ces trois choses fondamentales pour lui; internet; jeu vidéo; mangas. Il réagira très probablement positivement, voir même jovialement, sauf si vous commettez l'odieuse erreur d'insulter l'un de ses jeux préférés. Très à cheval sur ses propres opinions, il y a de fortes chances qu'il vous renie pour le reste de ses jours! Alors si vous avez comme but de l'apprivoiser, acclamez ses jeux favoris autant qu'il le fait.

La pluie tombait à flot sur la ville, et le ciel était recouvert d'une épaisse couche de nuages qui ne laissaient pas place à une seule parcelle du réconfortant cyan des cieux. Plusieurs personnes se bousculaient et se précipitaient dans les bâtiments les plus proches afin de se protéger de l'averse qui n'était tout bonnement pas attendue. N'ayant nul part où me rendre dans l'immédiat, j'entrai dans une petite boutique qui semblait vendre des consoles et des jeux vidéos de divers genres. Je m'installai dans un coin, où je pouvais toujours voir l'extérieur au travers de la porte en vitre, afin de surveiller lorsque la pluie daignerait à s'arrêter. À peine quelques minutes plus tard, je vis un jeune homme, trempé de la tête au pied entrer dans la boutique. Il ne sembla tout d'abord pas de très bonne humeur, et il se dirigea vers un présentoir où se trouvait semblait-il les nouveautés. Ses cheveux étaient bleus éclatants, forcément une teinture, incarnant la couleur du ciel qui lui malheureusement était caché pour probablement toute la journée. Ils lui collaient au visage, eux aussi détrempés tout comme le reste de ses vêtements. Ils semblaient plus ébouriffés à l'arrière et sa frange lui retombait légèrement sur son oeil droit. Ses cheveux, dans l'ensemble, descendaient jusqu'au bas de sa nuque. Il ne semblait pas être ordinaire, différent des autres jeunes de mon âge que je voyais en général. Je semblais même étrangement normal comparé à lui, même si d'un certain côté, il n'était pas si différent.

Un sourire enjoué retroussa ses lèvres alors qu'il prit un boitier de l'un des jeux sur le présentoir. Il avait des traits plutôt enfantins, et ses yeux étaient de la même couleur dont étaient teindus ses cheveux. Sa petite taille était trompeuse aussi, lui donnant un air encore plus jeune. Je savais qu'il ne l'était pas tant que cela pourtant, et je n'avais aucune idée pourquoi j'en était si certain. Je l'avais peut-être déjà vu auparavant. Il ressemblait à un enfant devant son nouveau jouet, complètement émerveillé, comme s'il avait la Septième merveille du monde entre les mains. Je n'avais personnellement pas vraiment d'intérêt pour les jeux vidéos, je préférais être dehors que de passer le plus clair de mon temps à l'intérieur à jouer et m'inventer une autre vie. Je suis normal, en fait. Probablement pas comme lui.

Il était vêtu d'un chandail rayé noir et blanc qui lui collait à la peau, encore mouillé, survêtu d'une veste grise foncée. Il ne devait pas être confortable dans ses habits qui étaient détrempés, et je ne l'étais d'ailleurs pas non plus, étant probablement tout aussi mouillé que lui. On faisait tout deux pitiés à voir! Je détachai mon regard de lui pour observer à l'extérieur, et je m'apperçu que la pluie s'était arrêtée. Je soupirai de soulagement et sortit de la boutique, alors que l'autre jeune homme était à la caisse et payait son nouveau jeu.