Seule avec mon poème au bord de la rivière,
Je me laisse bercer par le chant de bonheur
Des oiseaux du pays, qui survolent en chœur
Le décor habillé de couleurs printanières.

Sur ma page égayée par les tièdes lumières
D’un soleil matinal aux rayons enchanteurs,
J’assemble un chapelet de quatrains en l’honneur
De la campagne où meurt ma peine familière.

Dans le paisible écrin de la nature en fleurs,
J’entrevois un futur dont les accents rieurs
Insufflent à mes vers une joie incendiaire.

Grisée par un bouquet de sauvages senteurs,
Qu’éparpille un zéphyr à l’aile aventurière,
Je pare mon cahier de rêveries princières.

Pauline, délicate petite rose. Tout en délicatesse et finesse elle semble vivre sa vie. Virevoltant au gré du vent, suivant son souffle. Elle ne sortirait pour rien au monde des sentiers battus. Calme, sereine, en paix avec elle-même. Politesse incarnée, apothéose de l’éducation digne d’une Lady Anglaise.

Il y a une part de vérité. Mais surtout une part de mensonge. N’est-ce pas ironique que de parler d’un Poète en paix avec lui-même ? Bagarre des sentiments, choc des idées, explosion des émotions.

Un poète est une personne tourmentée. Il ne faut pas y voir une connotation négative. Mais plutôt une cause de questionnement. Un questionnement sur la vie, sur soi, sur les relations… Sur tant de contextes et concepts différents. Un poète porte un jugement de manière subtile. Il n’est pas évident de comprendre leurs pensées, leurs idées.

Si on en croit la définition du mot « poète », c’est une personne sensible. Oui Pauline est sensible, elle est empathe. Mais sous certaines nuances. Elle ne va pas compatir en ressentant la même chose que la personne. Elle ne va pas non plus réagir physiquement par rapport à son entourage. Mais plutôt, cela se ressentira dans ses écrits.

Elle est très observatrice en plus d’être empathe, cela lui permet de voir ce que d’autres ne verraient pas. Elle s’attardent sur des détails qui semblent insignifiants aux yeux du monde mais qui donnent tout un charme au tableau présenté au monde.

Pauline est Poète, est une poète. Elle est subtile, un peu folle pour certain. Elle est moqueuse, souvent piquante et narquoise. Elle parle d’amour, de joie, de peine, de solitude… Elle est souffle, vent, cascade, cours d’eau.

Jeune Suissesse, l’éclat de sa peau rivalise avec les Neiges Eternelles de son Pays natal. D’un blanc nacré adamantin, elle n’est pas habituée d’exposer ce délicat voile au soleil.

Pauline, demoiselle d’albâtre aux cheveux couleur des blés. Ni trop longs, ni trop courts, ils lui arrivent à la moitié de son dos, s’échouant dans le creux timide de ce dernier. Ils viennent également taquiner ses yeux, s’arrêtant juste au-dessus, les narguant d’un jour les couvrir.

Tantôt bleu azur, tantôt vert émeraude, ses yeux sont grands ouverts sur le monde. Telles les deux faces d’un globe unique, ils sont les portes d’un monde Inconnu, mais pourtant constamment exploré par la Demoiselle. Brillant, parsemés d’étoiles. Comme s’ils cherchaient à rivaliser avec l’infinité de l’Univers.

Surmontant un nez fin et aquilin, ajoutés à des lèvres boudeuses, ce Tout est le visage de la Demoiselle, ce que tout le monde voit.

Par-dessous des robes légères, un corps svelte et élancé s’épanouit.

La silhouette de la Suissesse est constamment rehaussée par des escarpins, la Demoiselle ferait un complexe sur sa taille.

C’est dans ce comté Suisse que naquit la petite Pauline de la Rosette le 22 avril 1995. Au sein d’une famille riche et aisée de Suisse, descendante de la noblesse, sa vie allait commencer. Et comme si elle avait compris que son passage sur Terre ne serait pas de tout repos, lorsqu’elle ouvrit pour la première fois ses yeux bleus, elle ne cilla pas, ou presque, à la clarté du matin. Elle ne broncha pas, ou très peu, lorsque pour la première fois, l’air entra dans ses poumons. Comme si elle savait déjà.

Déjà toute petite, la petite Pauline ouvrait de grands yeux sur le monde qui l’entourait. S’intéressant à tout va de ce que la Terre qui l’abritait offrait à son regard, ébahi par tant de merveilles. Ayant une soif intarissable de nouvelles découvertes, la garder n’était pas de tout repos pour sa Gouvernante.


La petite Suissesse eut 6 ans. Comme tous les bébés, elle devint un Enfant. Une mignonne petite fille aux cheveux de blé. Pourtant pleine de vie et d’entrain. On la contenait. L’empêchant constamment de s’extasier. « Pauline, c’est grossier de regarder quelque chose ainsi. » L’empêchant d’aller jouer au parc. « Pauline, tu vas te salir. » ; « Non Pauline, tu ne peux pas. » ; « Pauline, arrête. » Ses parents semblaient toujours être contre elle. Jamais d’accord, jamais contents. Que Pauline pouvait-elle faire si ce n’est tenter de les satisfaire en ramenant de beaux points de l’école ? Et encore, cela ne suffisait pas, elle ne recevait d’eux qu’une main posée sur sa tête.

Mais Pauline avait sa Grand-mère. Sa mamy Malou. Elle l’écoutait, la câlinait, l’aimait. Pauline lui demandait souvent : « Maman ne m’aime pas ? » ; « Pourquoi maman ne me fait pas de câlins ? ». Sa maman devait sûrement l’aimer. Pauline devait persévérer.

La petite de Rosette ne pleurait presque jamais, elle souriait constamment. Avait pleins de petits copains et copines à l’école. Malgré qu’elle ne pouvait trop bouger, elle respirait la joie de vivre par tous ses pores.


Pourquoi Pauline n’avait-elle pas suivi les conseils de Victor Hugo, lui, pourtant si cher à ses yeux ? Elle n’en savait guère. Mais ce dont elle était sûre, c’est qu’elle ne resterait plus longtemps en Suisse.

Voyager n’était pas un problème pour elle. L’argent ne manquait pas. Elle voulait partir le plus loin de ce domaine où elle avait vécu jusqu’alors. Où tant de choses s’étaient déroulées…


Elle avait toujours été fascinée par ce Pays lointain qu’est le Pays du Soleil Levant. Une île à la taille d’un pays. Le rêve de liberté inespéré pour l’adolescente qu’elle était. Elle entama donc des recherches afin de soumettre à ses parents un projet qu’ils jugeraient « acceptable » pour poursuivre l’éducation de leur fille. Pauline était encore mineure, elle ne pouvait partir sans leur aval.

Ils finirent par accepter. Pauline pouvait partir pour le Japon. Elle allait intégrer un Pensionnat du nom de Rayen, dans la ville de Matsuyama.