-« Haan, c’est long ! » soupira Aisya en s’étirant de tout son long sur la banquette arrière de la voiture.

-« A votre place, jeune homme, j’éviterai de me plaindre : nous arrivons. » répondit le chauffeur avec une neutralité naturelle.

C’était un petit homme à la moustache couleur neige qui répondait au nom de Clarence. Il travaillait pour la famille True-May depuis des siècles, accomplissant ses taches avec une austérité qui en devenait presque, déconcertante. En tous les cas, Aisya n’éprouvait pas de sympathie particulière à son égard. Il préférait de loin la jeune servante Hortense, la femme de chambre personnelle du jeune homme. Mais maintenant, elle était loin. Sa chambre était loin. Sa maison lugubre était loin. Son pays était loin. Maintenant, il était seul, affalé dans le siège en cuir de la voiture noire. Il posa son regard lapis-lazuli sur la vitre, observant avec ennui le paysage qui défilait. Un paysage étranger. Un paysage qu’il ne connaissait pas. Ses pensées vagabondèrent au-delà de tout cela, bien plus haut que les nuages.

Bientôt, le véhicule s’arrêta dans un bruit de frein ancien. Le chauffeur se retourna de sa place et invita Aisya à descendre. Le garçon ne bougea pas d’un cheveu qu’il avait noir.

-« Tu ne descends pas prendre mes affaires ? » demanda-t-il avec antipathie.

-« Votre père a dit que vous diriez cela. Cependant, maintenant, mes agissements ne relèvent plus de votre bon-vouloir. »

Devant la mine ahurie du jeune homme, Clarence finit par une phrase aux attraits plus durs :

-« En gros : débrouillez-vous tout SEUL. »

Ce dernier mot résonna comme une lame acérée dans l’esprit embrumé par la drogue d’Aisya. Ses compagnons punks avaient, la veille, organisé une fête pour son départ et bien entendu, la came avait été de la partie. Au bout d’un certain temps, Aisya saisit enfin le sens de ces paroles et sortit de la voiture centenaire en maugréant. Il sortit ses nombreuses affaires du coffre et le claqua avec violence. Il eut juste le temps de se poser sur le côté que la voiture s’éloignait déjà.

-« Sal’té d’chauffeur ! J’vous jure qu’un d’ces jours, je vais le ... »

En vérité, le « un de ces jours » allait être dans longtemps. Car maintenant, il était bien éloigné de son ancienne vie. C’était une situation agréable, n’est-ce pas ? Non pas tellement ... Il avait ses amis, là-bas, en Ecosse. Il maudit encore une fois le chauffeur et s’assit sur l’une des valises, le visage mélancolique, appuyant sa tête lourde de remords dans ses mains gantés de cuir rouge.

Vous est-il déjà arrivé de faire défiler votre vie devant vos yeux, sans même pour cela être condamné à une quelconque mort ? Non, les morts ne sont pas quelconques. Elles peuvent être horribles, ou ridicules, voire accidentelles. Mais jamais quelconque. Entrevoir son existence dans ses yeux comme un fil de couleur est une expérience bien étrange qu’Aisya prit le temps de tester. Assis sur son bagage, il faisait le bilan de ces misérables 16 dernières années. Et il en arrivait à la conclusion qu’elles avaient en grande partie été une perte de temps. Allait-il pouvoir arranger cela ? Peut-être. Ou pas. Tout dépendrait de ce qu’il allait faire de sa carcasse au sein de cet internat. Pour le moment, il faisait ses débuts, ses premiers pas dans ce nouveau monde. Bon, il ne fallait pas exagérer non plus, ce n’était qu’un pensionnat banal ... Banal ? Pas sûr. De toute façon, dans n’importe quel endroit, fût-il mal ou bien fréquenté pouvait s’avérer intéressant pour de nouvelles rencontres ...

-« AAH ! »

Un cri de surprise s’échappa de ses lèvres scellées jusque là lorsqu’un inconnu s’effondra sur lui. Enfin, il ne s’effondra pas vraiment, il trébucha sur le jeune punk anglais avant d’exécuter une roulade et de retomber sur ses pieds. Un acrobate ? Sans doute. Un maladroit aussi, non ? En tout les cas, Aisya était étalé dans la poussière, ses pieds chaussés de Doc’s vertes en l’air. Il n’eut même pas le temps de maudire celui qui avait eu l’audace de le faire tomber que l’inconnu le relevait déjà, lui demandant s’il allait bien. Pourtant, une fois de plus, True-May ne rouspéta pas. Non. Son visage resta figé comme celui d’une statue grecque pendant un instant. Cette voix. Ce son. Cet accent. Il résonna dans tout son corps. Cela lui était déjà arrivé. Au cours d’un concert. Ce soir-là, il était arrivé en retard. A cause de sa sœur. En conséquence, en pénétrant dans la salle bondée et enfumée, le premier chant battait déjà son plein. En passant les portes humides de chaleur humaine, il cru alors que son cœur allait exploser. Pourquoi une sensation si soudaine ? La batterie ... Quoi, la batterie ? C’est la batterie ... A chaque coup de grosse caisse que le musicien enchaînait avec frénésie, son cœur faisait un bond. Et quel est le rapport ? La voix de ce type, elle me fait le même effet que la grosse caisse d’une batterie ! ... C’est une bien étrange comparaison. Mais c’est extraordinaire !

Aisya posa lentement un regard agrandi par la stupéfaction et l’admiration sur le jeune homme qui arborait lui aussi un look punk. Toute colère s’était effacée de son esprit, remplacée avec ardeur par le timbre de cette voix.

-« Oui ... ça va aller ... »

Il ressentait une faible douleur au genou mais elle aussi avait été balayée par l’accent prononcé de l’inconnu. Aisya était troublé ...

Petit, les yeux bridés, les cheveux noirs. Aisya correspondait à peu près à cette description. Cependant, si l’on observait son visage avec attention, on pouvait tout de même distinguer des traits occidentaux : un nez droit, des yeux légèrement à fleur de peau. Ses cheveux étaient noirs, d’accord, mais pas aussi lisses qu’ils en avaient l’air. En effet, les jours de pluie, ils se mettaient à friser, ce qui rendait le jeune homme furieux. Non pas qu’il n’aimait pas les cheveux bouclés, au contraire, mais il trouvait que sur lui, ça ne lui allait pas. Point. Et puis, avouez qu’un punk arborant de magnifiques boucles anglaises, ça ne rend pas très bien.

Fin du débat capillaire.

Aisya commençait à avoir mal à la nuque. Pourquoi ? Il lui semblait que cela faisait une éternité qu’il contemplait ce géant qui lui apparaissait comme une force tranquille de la nature. Tous ces gestes, que ce soit la simple ouverture d’un sac ou un regard vers l’horizon, reflétaient une classe et un souffle puissant. Admiration. Enivrement. Extase. Fascination. Tous ces termes se répétaient. Mais ils furent les seuls qui traversèrent l’esprit de l’écossais. Puis, toujours de cette voix caverneuse et capiteuse, l’inconnu s’adressa à Aisya. Celui-ci se rendit compte de sa bêtise et agita la main, comme pour chasser l’idée qu’il ait pu lui affliger un quelconque mal.

-« Nan, t’inquiète, tout va bien. J’ai juste été ... un peu surpris. »

Il baissa le regard. Il ressemblait presque à un clown triste.

-« En fait, je m’ennuyais un peu. Je viens juste d’arriver ... »

Il désigna d’un geste las ces valises et réajusta sur ses épaules son manteau qui s’effondrait sur ses bras fluets. A ce moment-là, il semblait vraiment minuscule, microscopique par rapport à l’étranger. Mais ce n’était pas cette différence de taille qui allait le désemparer, au contraire. Et puis ce type-là, c’était un punk, bordel ! Quelqu’un comme lui ! Avait-il le même état d’esprit ou ne jouait-il seulement que sur une apparence rebelle ? Peu importe, il avait la classe, na ! De nos jours, ce n’était pas à tous les coins de rue qu’on en croisait de ce genre. Aisya lui-même était devenu un spécimen rare.

-« Ah, j’en oubliais les convenances. Je m’appelle Aisya Dimitri Théodore True-May. Mais appelle-moi Aisya. »

Malgré le fait qu’il ait depuis la nuit des temps fréquenté des punks, les origines de Aisya étaient nobles. Il lui arrivait donc parfois d’utiliser des tournements de phrases ou des expressions qui ne seyait guère au langage punk. Mais lui, ce jeune homme au corps d’échassier devant lui, était-il réellement comme tous les autres ?

Vous est-il déjà arrivé de vous sentir inférieur à quelqu’un ? Oui, sans doute. Cela arrive à tout être normalement constitué sur cette planète, au moins une fois dans sa vie. A cause d’un parent, d’un professeur, d’une quelconque personne au niveau au-dessus de vous dans la hiérarchie qu’Aisya haïssait tant. Et ensuite, dans la plupart des cas, la personne qui s’est sentie inférieure devient la personne qui domine, afin qu’il montre aux autres ce qu’il a enduré et ce qu’il peut leur faire enduré.

Aisya se sentait en ce moment-même, dominé. Mais cela aurait pu paraître normal, étant donné l’impressionnante différence de taille entre les deux anarchistes. Nicolovitch alluma une cigarette et fuma en silence en lui tendant une main immense. Aisya la serra non sans difficulté, et le considérait toujours, avec cette fois-ci, un regard teinté d’une légère désinvolture. Il tentait en vain de se remémorer tous les noms du géant.

-« J’crois que je vais m’en tenir à Nico ! » déclara-t-il en se passant les bras derrière la tête.

L’odeur âcre de la fumée de cigarette vint lui effleurer les narines, et avec elle, une légère envie. Une envie ? Non, plutôt un manque. Oui, cela se rapprochait plus du manque qu’autre chose. Un manque de quoi ? A votre avis ? Lorsque l’on vous cite le mot punk (si bien, sûr, le sujet a été engagé dans la conversation), à quoi pensez-vous en premier ? Anarchie ... Oui, mais encore ... Drogue ? Bingo ! You are the Winner ! Voilà, c’était dit : Aisya se droguait. Il fumait, prenait de la came, se piquait. Et vivait de ça. Le jeune écossais avait pris le soin d’en emmener et de s’accorder une dose avant de monter dans la voiture pour le nouveau monde. Cependant, le voyage avait été long. Très long. Trop long. Maintenant, ses cellules criaient famine et attendaient avec impatience qu’Aisya ingurgite une portion de poison. Mais il ne pouvait le faire devant Nicolovitch. Cela ne se faisait pas en plein jour, devant tout le monde. Quoique, Nico était un punk, lui-aussi, non ? Mais il ne le connaissait pas assez pour prendre ses aises de cette manière. Il opta donc pour ne rien prendre pour l’instant, se contentant de s’agiter un tant soit peu, ses veines hurlant à la faim. Le jeune homme se dirigea vers ses valises, les prit avec maladresse et s’adressa à sa nouvelle connaissance :

-« On ne va tout de même pas s’enterrer ici, non ? Il faut que j’aille me trouver une chambre. T’en as déjà une, toi ? »

En vérité, chambre, rimait avec possibilité de se camer un bon coup. Ainsi va la vie, pendant que les gens honnêtes travaillent, les voleurs volent, les tueurs tuent, les camés se cament ...

On ne décide pas d’être drogué. Un matin, on se réveille malade et on est drogué. Aisya s’était réveillé un matin. Malade. Et était devenu drogué. Cet événement n’avait pris que cette tournure. Tout s’était passé sans bruit. Un souffle. Douloureux. Un manque soudain. Des médicaments. A porter de main. Junk.

Personne dans sa famille n’avait été mis au courant. Evidemment. De toute façon, ses parents avaient baissé les bras depuis longtemps. Il ne savait même plus à quoi ressemblait le visage de son frère et sa sœur avait passé la plus grande partie de son temps en hôpital psychiatrique ou un autre lieu dans le même genre. Cependant, il n’arrivait pas à oublier son visage. Ses traits si fins tordus par la folie. Ses cheveux si noirs enroulés frénétiquement autour des doigts du garçon qui tentait en vain de la retenir. Les True-May n’avaient pas été gâté par la vie : un père abominable, une mère malade, un frère absent, une sœur frappée de folie, et un petit dernier anarchiste et perdu. Famille de clowns tristes et pourtant pleins d’ambitions. Petit clown ? Prince charmant ? Chat au sourire maussade ? Aisya s’apparentait à toute sorte de ces créatures esseulées. C’est ainsi que la drogue était apparue comme un remède, une échappatoire dans ce monde sombrant dans le chaos.

Cependant, le jeune punk attendit patiemment que Nicolovitch termine sa cigarette, non sans impatience. Ses cellules, ses veines, tout son corps criaient à la faim. Il n’y pouvait rien. Toutes ses pensées étaient rivées sur ce petit bout de plastique blanchâtre qui sommeillait secrètement dans le fond de sa poche. Il ne pouvait s’empêcher de se frotter les mains, de courber la tête sur le côté, dévisageant son voisin. Sans s’en rendre vraiment compte, il se mit à chantonner quelques paroles qui lui effleurèrent les lèvres :

- “You’re romancer. You're a romancer. You're a romancer ... I am the cause of your headache ... And this is your song ...”

Aisya D. True-May n’en pouvait plus. Il voulait ... Il avait faim ... Faim de drogue ... Ses paupières s’alourdirent. Ses gestes se ralentirent dangereusement. Sa respiration également. Comme le premier jour où il avait fait la connaissance de Dame Toxicomanie.

-« Ah ... »

La silhouette chétive du jeune homme s’effaça sans bruit dans le paysage, s’effondrant sur le sol comme un flocon de neige dans la tempête ...

On ne décide pas d’être drogué. Un matin, on se réveille malade et on est drogué. On devient drogué car on n’a pas de fortes motivations. Les gens qui se droguent sont la plupart du temps tristes. C’est désolant. De voir tous ces clowns tristes entrer dans la spirale sans fin de Dame Toxicomanie. Et certains étaient encore si jeunes. Les ravages de la drogue sont terribles. Il suffisait de voir dans quel état était Aisya lorsqu’il était en manque. Il perdait tous ses moyens. Il s’évanouissait. Il vomissait, tombait malade, croyait qu’il allait mourir. Tout ça pour quoi ? Un manque. Un vide à combler.

Dans son sommeil agité, il sentait que le monde bougeait autour de lui. Il sentait une présence imposante à ses côtés qui le touchait, le portait, le fouillait ? Et soudain, dans le noir, il se mit à rêver. Etait-ce vraiment un rêve ? Peut-être. Ou pas. Il discerna sa sœur dans les brumes de son esprit. Elle était là, se dressait devant lui, campée sur ses deux jambes nues. Son visage était différent. Elle était ... belle. Oui, pour une fois, il la rencontrait différemment. Elle ressemblait enfin à une jeune fille sereine. Ses longs cheveux se prélassaient autour des doigts meurtris du garçon. Il se sentait minable à côté d’elle. Il se sentait triste. Puis plus rien. Un vide. A combler.

Quelque chose s’enfonçait dans sa peau. Ses cellules s’apaisèrent. Oui, on venait de le droguer. Un ange gardien venait le tirer des eaux tumultueuses du manque. Aussitôt, ses paupières se rouvrirent, et il se redressa, la tête lourde. Au-dessus de lui, un géant qui penchait son visage clair. Nicolovitch ? Evidemment. Avant qu’il ne s’effondre, c’était avec lui qu’il conversait. Il eut honte. De quoi ? D’être si faible. Un large sourire gêné s’accrocha à ses lèvres lorsqu’il vit le russe avec la seringue glissée entre les doigts et dit précipitamment :

-« Je suis désolé. D’habitude, j’arrive à me contrôler. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je suis navré, ça ne se fait pas, je ... suis si faible ... »

Ses grands yeux dévisagèrent son compagnon.

Sa sœur, dans son rêve était si puissante.

Lui-même, dans la réalité était si faible.

Pourquoi tant de différence en si peu de temps ? Pourquoi le temps ne pouvait-il pas s'inverser ? Ne serait-ce que l'espace d'une vie ? Car le temps est un labyrinthe dans lequel le monde se perd. N'était-ce pas Alice qui s'était perdue dans le labyrinthe de la diabolique Reine de Coeur ?

Nicolovitch était quelqu’un de bien. Modeste, il ne savait même pas ce que le mot « bonté » signifiait. Oui, Nicolovitch devait faire ses premiers pas dans le monde des gens biens. Aisya, de son côté, ne pensait même pas qu’un tel endroit pouvait exister. Dans son cas, le mot « bonté » ne faisait même pas partie de son dictionnaire interne. C’est ainsi, on ne change pas les gens de cette manière. Il y avait les gentils et les méchants. Aisya était chez les mauvais. Et il semblait s’y plaire. Vous savez, dans les films, les romans, la plupart du temps, l’histoire narrée est celle d’un élu, qui se doit de porter la lumière sur le monde. Mais ne vous est-il jamais arrivé de vous demander quel était le réel rôle des méchants de l’histoire ? Ce qui les pousse à jouer ce rôle ? Non ? Alors vous n’êtes pas quelqu’un de bien. Car les gentils viennent toujours en aide aux plus démunis. Et dans l’histoire, les méchants sont en réalité des êtres malheureux. Aisya était un méchant pris au hasard. Il était tout le contraire d’un gentil dont le destin est tracé. C’est ainsi, on ne change pas les gens de cette manière.

Bien, Aisya allait mieux maintenant, ces cellules s’étaient apaisées. Il ne lui vint pas à l’esprit de remercier Nicolovitch. Cela pouvait être pris comme un acte égoïste. Toute personne normalement constituée en aurait déduit ceci. Mais les punks étaient-ils des êtres normalement constitués ? Dans le cas de Aisya, non, puisqu’il avait besoin de substances illicites pour survivre. Il s’accrochait tel un parasite à ces rêves perdus. Et la consommation de drogue lui permettait de se fixer toujours un peu plus à ces chimères. Connaissez-vous le langage du pavot ? C’est une plante hallucinogène et nocive pour l’homme qui signifie ‘Console-toi’. Oui, Aisya se consolait des pertes qu’il avait endurées tout au long de sa vie. Ce qu’il ignorait cependant c’est qu’il existait en ce monde, une seconde sorte de pavot. Et celui-ci voulait dire ‘Oublie’. Alors, de quelle fleur de pavot le jeune punk avait-il réellement besoin ? Pour le moment, personne au monde n’aurait su le dire. Les méchants sont des gens incompris.

Le russe se débarrassa de la seringue avec habileté même s’il prétendait qu’il ne prenait pas de drogue. De toute manière, le jeune écossais s’en moquait totalement de ce que le soviétique pouvait faire de sa vie. Lui-même avait entrepris de détruire la sienne, si jeune. Romanov lui demanda ce qu’il souhaitait faire par la suite. Question que toute personne attentionnée aurait posée. Il secoua la tête et haussa les épaules. Il devait se reprendre. Etre si faible, même avec un congénère pouvait ternir son image. Il se releva, épousseta son manteau et respira profondément. Même debout, il ne dépassait qu’à peine le géant du nord accroupi. Avec un effort considérable, il afficha un étrange sourire et regarda au-dessus de sa nouvelle connaissance.

-« On ne va tout de même pas s’enraciner ici ? Il faut que je trouve un endroit pour poser mes affaires, je ne sais toujours pas si ma chambre a été retenue ... »

C’était des paroles banales mais il n’aurait su dire autre chose.

-« A l’avenir, j’essayerai de faire plus attention ... »

En d’autres termes, dans le langage de Aisya, cela pouvait être pris comme un ‘Merci’.