J'aime observer le ciel, me baigner dans le silence et faire de la musique. Non attendez...! Je ne suis pas un poète, bien que je ne sorte que très rarement de chez moi de jour, car j’aime vivre durant la nuit, je ne m'enferme pas comme un … Un Otaku ?! Oh non, les jeux vidéo me donnent mal à la tête. J'aime le calme, mais en fait j'aime aussi la « tempête » et le rythme du « ploc ploc » de la pluie sur mon parapluie. Le tonnerre est fascinant et excitant à la fois.
Je ne suis pas très bavard en réalité, mais cela ne veut pas dire que je suis timide; non rien à voir, au contraire, je n'ai pas peur des mots. Par contre, il est vrai que je manque de confiance, pourquoi ? Peut-être parce que je suis « solitaire » ? Mais ne vous faites pas des idées, je ne rejette pas les autres ! Je suis aussi à l'aise seul qu’accompagné. Mais solitaire car j'ai très peu d'attache. On peut me qualifier de musicien, mes doigts dansent sur le piano, je peux y passer des heures, voire des jours et pourtant personne ne m'entend. C'est peut-être çà, ma peur, que personne ne comprenne ce que je joue. Alors peut-être suis-je un peu têtu, car je refuse de dire ce que je ressens, je veux qu'ils le devinent à travers ma musique. Est-ce là ma fierté ?
Voudra-t-on m'écouter ? Et m'entendra-t-on enfin jouer ? Et puis parfois, j’ai ce côté un peu étrange qui ressort, buté, si on me résiste, je deviens « dangereux », j’aime qu’on aille dans mon sens mais bien sûr, je ne suis pas non plus irrationnel, disons que si un jour, j’accorde ma confiance, j’estime que la personne n’a pas intérêt à me décevoir, dans le cas contraire, je dirai que c’est « à vos risques et périls ».
« Pourquoi est-ce que j’aime vivre pendant la nuit ? » Et bien parce que j’aime faire la fête, aller draguer tout ce qui bouge, j’aime particulièrement ce côté mystérieux de la nuit, dans le noir, on peut tout faire n’est-ce pas ? La nuit, tout est permis. Je suis comme qui dirait un vagabond. Mais un vagabond des temps moderne bien sûr, pour moi, il n’y a pas de limites, tant que mon cœur bat encore, je n’ai peur de rien…Et pourtant, oui nous avons tous des peurs cachées au fond de nous, et je l’ai dit plus haut, ma véritable crainte est que les gens ne comprennent pas ce que je joue, pourquoi est-ce si important ? Et bien tout simplement parce qu’il est très rare que je joue pour quelqu’un, hors, si jamais cela arrivait, et que la personne ne comprenne pas mes sentiments…Et bien, je serai dans l’obligation de la tuer. Oh, non, je blaguais bien sûr. Voyez-vous, j’ai une fierté de fer, le piano est mon unique moyen d’être « sincère », jouer devant une personne est ma façon de m’exprimer et si l’on ne me comprend pas, je prends tout de suite cela pour une trahison. Ah oui, je suis têtu en plus. Vous voyez, je ne suis pas si « étrange » que çà, je suis un humain après tout, j’ai de sentiments aussi et plus drôle encore, je sais aimer. Et maintenant, voulez-vous que je vous berce d’un morceau de piano ?

Vous ai-je parlé d'un prince : à la chevelure dorée, aux pommettes saillantes, au regard azur et à la peau blanche et douce comme du coton ? Vous ai-je déjà parlé de cet ange ?
Ou bien, vous ai-je parlé du diable : à la chevelure sombre, au sourire narquois, au regard malicieux et au charme ravageur ? Que choisiriez-vous, puisque le physique compte autant ?

Non, je n'ai pas de boucles blondes digne d'un prince, j'ai des cheveux ébouriffés et totalement lisse, j’ai plutôt un regard perçant. Puis mes pommettes sont creuses et ma peau pâle. Voudra-t-on poser un regard sur moi ? Mes long bras si maigres pendent et mes doigts squelettiques se cachent dans mes poches. Mes interminables jambes flânent, traînent et vagabondent à longueur de journée. Je suis un épouvantail déguisé en humain. Voudra-t-on me donner la main ? Qu'est-ce que je dégage ? Je n'étincelle pas comme ces beaux gens qui brillent, non je n'ai même pas d'aura. Mon sourire n’en n’est même pas un, qui a déjà vu mes dents ? J'ai peu d'expression, mes cheveux désordonnés cachent mon front ridé lorsqu'un sentiment déplaisant me traverse. Se souviendra-t-on de moi ? De mon physique si banale. De mes cheveux en batailles, de mes yeux sombres et singuliers dont la forme serait comparable à deux lames de couteaux tellement ils sont petits et inquiétant ? Mon regard peut paraître froid au premier abord mais en réalité je suis moins étrange que j’en ai l’air, si mes yeux se posent sur vous, ils vous observeront avec minutie, ils rechercheront les détails et si vous avez de la chance, vous séduiront. Ah ! Ai-je dis « chance » ? Non, je rectifie, remplacez le par « malchance », car mes yeux ont tendance à manipuler, ainsi que mon sourire, je possède un sourire auquel personne ne résiste, je sais que le physique est important et le mien est plus qu’une apparence, c’est devenu comme un outil. Maintenant, regardez-moi et cherchez votre reflet dans mes yeux…

« Mon style de vêtement ? ». J’aime les robes <3 ! Ah non, excusez-moi, je confonds avec mes propres fantasmes. C’est très simple, en général, j’arbore un jean, une chemise ou un t-shirt et des sneakers. Look totalement jeune et décontracté, après tout, je n’ai que 19 ans. La nuit, lorsque je « travaille », ce sera costard-cravate, look chic et séduisant. Ah, vous vous demandez ce que je fais comme métier pour me métamorphoser et passer d’un style ado à un style plus « soigné » ? En fait, je nettoie les toilettes dans le plus luxueux hôtel de la ville… Bien sûr que non. Je suis un simple réceptionniste dans un hôtel, mais je ne mentais pas totalement, car c’est bien l’hôtel le plus luxueux du coin et c’est plutôt bien payé, avec mon petit minois, j’en ai attiré des clients croyez-moi…Disons que même si financièrement, je ne manque de rien, je me suis déniché un petit boulot afin d’avoir une excuse pour sortir mais aussi pour prouver que je suis capable de travailler et d’avoir un salaire.

Il n'y a pas que les filles qui rêvent de contes de fées, c'est juste que les garçons ne se retrouvent pas dans le rôle du « prince charmant »... En tout cas, de nos jours. Je suis né dans une petite province quelque part au Japon et j'y ai passé une bonne partie de ma vie. Et non, il n'y avait ni royaume, ni château. Mon enfance a été bercée par la musique classique que me jouaient mes parents. Puis comme tous les « vieux », ils quittèrent ce monde sans regret. C'est après leur mort, à l'âge de 11 ans et considéré comme un petit génie du piano que des connaissances me firent traverser les continent et j'atterris pour la première fois en Europe : La France me disait « Bonjour ». Jeune et talentueux, mon avenir semblait tout tracé. C'est en passant mes jours et mes nuits, enfermé dans une salle avec pour seul compagnie un piano que mon style dit « renfermé » s'était crée. Mais qu'y pouvais-je faire ? J'exprimais ma solitude, mes doutes d'enfant et mon manque dans ma musique. La mine des professeurs français se renfrognait de jour en jour, « cet enfant ne sait plus jouer comme avant ». C'était comment avant ? J'y ai passé deux ans à réfléchir en perdant toutes les compétitions, d'autres « petits génies » me devançaient. Puis j'ai du grandir par moi-même, ici, on ne m'enseignait que la musique et le piano (ils se multipliaient comme des petits pains ), alors j'ai dû trouver par moi-même les réponses. Avant il y avait une famille, des dîners chaleureux et des rires, aujourd'hui il y a une chambre, des pianos, des orchestre et des applaudissements d'inconnus. Mais je fis des efforts, j'honorerai mon nom, je m'avançais sur scène avec plus de confiance et enfin, les honneurs me revenaient.

Puis, à l'âge de 15 ans, lors d'une tournée avec un orchestre, je revenais au pays natal. L'air me manquait même si je m'étais complètement accoutumé à la vie française. J'en ai profité pour visiter l'ancienne maison. Mon piano était resté intact, bien que poussiéreux. C'est bien d'être chez soi. Après la tournée, la troupe devait revenir en France, mais on m'accorda une faveur, j'avais décidé de rester au Japon, jugeant mon pays natale plus susceptible de m'offrir le calme et la sérénité dont j'avais besoin. Mais inquiet à propos de mon sort d'orphelin, mon professeur ( et mentor ) m'avait alors inscrit dans un pensionnat qu'il jugeait adapté pour moi, comment s'appelait-il déjà ? Ah oui, le pensionnat Rayen, sa réputation n'était pas à plaindre selon mon mentor, il m'avait dit qu'en vivant dans un milieu entouré de jeunes de mon âge, je pourrai m'adapter plus facilement et...me faire des amis ? Voyez-vous çà, à quoi servent réellement les amis je me le demande, mais, étant donné que je n'ai nulle intention de jouer les difficiles avec un homme qui a tant d'affection et d'espoir en moi, j'ai donc accepté d'intégrer ce pensionnat. Il parait même qu'il y avait de nombreux talents venant même de l'étranger, cette école offrait donc un large choix d'études nécessaire au développement de ses étudiants. Alors " pourquoi pas ?" me suis-je dis.

Bonjour, je suis Kei, j’ai aujourd’hui 18 ans, si vous voulez que je vous raconte ma vie, je vous la raconterai bien volontiers à travers un morceau de piano. Chaque jour, je suis conscient que la Terre tourne et c’est pourquoi, je suis toujours prêt à évoluer moi aussi. Alors, si nos chemins se croisaient, voudriez-vous bien me donner votre main et nous pourrions faire un bout de chemin ensemble, peut-être aurais-je l’honneur de la tenir jusqu’à la fin ? Ou je devrais alors la lâcher un jour ou l’autre, dans ce cas là, j’espère que dans votre mémoire, mon image s’éternisera. Vous voyez, mon histoire n’est pas très originale, voire pas du tout. Mais qu’attendiez-vous ? Je ne suis pas un héros, je n’ai sauvé la vie de personne. Je ne suis pas une figure tragique non plus, quoi, mourir pour le peuple, en tant que sacrifice ? Voyons, nous sommes déjà au XXIe siècle. Je ne me plaindrai pas de mon sort mes chers, car je n’ai pas vécu de drame tragique digne des scénarios de Shakespeare. Oui, ma vie a juste été solitude et piano, mais çà va bien ensemble, enfin je trouve.