Un petit moment seule...ou pas [PV: Shimeku]

La journée de cours est terminée. C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne nouvelle dans la mesure où même si j’adore aller en cours, je vais pouvoir travailler à mon rythme et en autonomie. Mauvaise nouvelle car les élèves vont tous être en train de se promener partout dans le pensionnat. Par conséquent, trouver un endroit calme est quasiment impossible. Surtout que je ne connais pas encore bien le pensionnat. Je rassemble mes affaires et commence à errer dans les couloirs, sans vraiment savoir où je vais. Je traverse les couloirs bondés par les élèves. Les endroits remplis de monde, ce n’est vraiment pas quelque chose que j’apprécie. Si ma mère me voyait à éviter les personnes du pensionnat, elle s’en mordrait surement les doigts. Son plus grand souhait étant que je m’intègre enfin aux personnes de mon âge.
Je traverse des couloirs, des couloirs, des couloirs et encore…des couloirs. Au fur et à mesure que je m’enfonce, je découvre le pensionnat sous tout son envergure, retenant mon chemin sans problème. Plus j’avance, moins je croise de personnes. Ce qui est une sorte de réjouissance pour moi. Je m’arrête devant un plan du pensionnat, visualisant où je me trouve en cherchant un endroit où je pourrais être tranquille. Mon doigt glisse jusqu’à une indication, le sous sol du pensionnat m’apparait comme parfait. Qui irait dans les sous-sols? Personne d’assez sain d’esprit, je pense. Je retiens rapidement le chemin puis me dirige dans la bonne direction. Le sous sol, j’aurai du y penser beaucoup plus tôt. Espérons qu’il soit en bon état et que ce ne soit pas juste un trou à rat.

Même si cela ne fait que quelques jours que je suis ici, je me demande encore pourquoi je me suis inscrite ici? Pour mes parents? D’une certaine manière oui, mes parents veulent que je côtoie plus de jeunes de mon âge et le pensionnat apparait comme la meilleure des solutions pour m’y obliger. Être vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec des personnes obligent à aller vers eux, à leur parler. Du moins, c’est-ce qu’ils pensent surement. Leur idée n’est pas stupide mais autant que possible, je m’efforce à rester en retrait. Je ne suis pas vraiment une personne très sociable et cela me va très bien. J’arrive au bout de quelques minutes devant la porte qui mène au sous-sol. Tout ce qui me vient sur le moment, c’est Amen. Je pousse la porte sans prendre en compte l’interdiction d’entrée et descends au sous-sol.
L’endroit est en meilleur état que je l’imaginais et il est surtout…vide. Parfait, c’est-ce que je cherchais. Je m’installe sur le sol, dos contre le mur, posant mes affaires juste à côté de moi. Je profite du calme en fermant les yeux, malgré le fait que les tuyaux fassent un boucan pas possible. Je trouve ce bruit reposant. Personne, ici. Le paradis. Il n’y a vraiment pas à dire, les endroits où personne ne met les pieds sont les meilleurs. Je m’accorde même de retirer mon cache-œil délicatement. Je n’ai presque pas pu le retirer depuis que je suis arrivée ici car peu importe où je vais, il y a des gens. Même dans les douches, c’est mission impossible à moins que je me mette dans un coin et que je scrute le mur en cachant mon visage. Les dortoirs? Ce n’est pas la peine, on est plusieurs dans les chambres donc je dors avec les trois quart du temps.
Je prends un de mes livres à côté qui aborde la question de la physique quantique, ses principes, ses fondements et ses limites. Je l’ouvre tranquillement et reprends ma lecture, appréciant le silence. Je remets une mèche de cheveux blonde derrière mon oreille pour libérer la vision de mon œil valide quand soudainement quelqu’un arrive par le même endroit par où je suis passée, il y a une seconde. Je réagis en moins d’une seconde et remets mon cache-œil en baissant la tête vers mon livre pour cacher mon visage et ma cicatrice. Je relève la tête en moins d’une minute.

- Qui es-tu?

Demandai-je sur la défensive, mes mains sur le livre ouvert qui se trouve sur mes jambes, allongées sur le sol.

J'avais fini de travailler il y a a peine deux heures, manquant ainsi les cours toute la journée... Mais de toute façon, les cours c'est le mal. Surtout quand tu ne comprends rien et que tu te ramasses tout le temps avec des mauvaises notes ! Quoi faire d'autre que passer le temps en gribouillant dans tes cahiers, en dormant ou en placotant ? Et tant qu'à faire ça, autant ne rien faire du tout et ne même pas y assister. Et c'était exactement mon cas.

Elle se promenait dans les couloirs, ces couloirs que la jeune fille connaissait par coeur. En même temps, quand ça fait trois ans que tu es là... Et puis elle avait assez de temps libre pour s'ennuyer et se promener à la recherche de je-ne-sais-trop-quoi. Peut-être quelqu'un pour lui tenir compagnie, surtout depuis que Nicolovitch était parti... Enfin, reparti en Russie, comme ça. Pour une urgence, une histoire de famille à ce qu'il lui avait dit. Et depuis il n'était plus revenu. En se promenant, elle avait fini par se retrouver dans un petit couloir. Un petit couloir étroit, un petit couloir clair. Et puis une porte au bout.

La curiosité l'emporta ; la brésilienne s'élança au bout du couloir. La curiosité pouvait être mal, mais elle pouvait aussi être bien... Aujourd'hui, tout allait dépendre de ce qui ce trouvait derrière cette porte. Peut-être que c'était une fausse porte, comme à Poudlard. Avec tous ces escaliers qui changent de place à tout bout de champ, c'est sûr et certain que Shimeku n'aurait pas encore mémoriser tout les couloirs et passages de ce château. Mission impossible !
Après quelques secondes, elle posa sa main sur la poignée métallique, et puis l'ouvrit : derrière se trouvait tout de ce qu'il y avait de plus normal, des marches.

Elle descendit les marches qui tournaient sur eux-même, et ils finissaient plus. Elle s'enfonçait peu à peu dans les profondeurs de Rayen... La chambre des secrets ? Fallait qu'elle cesse d'écouter ces films, films qu'elle connaissait par cœur.

Ses pas résonnaient dans la cage d'escalier. Chaque pas qu'elle faisait semblait se répéter en écho. Elle se demandait de plus en plus où elle se trouvait. Shimeku, étant plongée dans ses pensées, n'avait pas regarder par où elle allait. Lorsqu'elle eut fini de descendre les marches, une nouvelle porte se présenta à elle : celle-ci semblait vieille, et il y avait quelques taches. Comme si elle était sale. À ce moment là, sa curiosité était au plus haut. Elle s'attendait à tout. Du basilic qui allait surgir au petit poussin mort. Peut-être une montagne de pizza ? Ça expliquerait les taches de saleté. Ou bien peut-être c'était un simple placard à balai... Mais pourquoi si bas ? Quelques secondes passèrent avant qu'elle se décida enfin à ouvrir la porte.

C'était un sous-sol. Un simple sous-sol avec un tas de chaises et de bureaux qu'ils avaient en surplus, empilés les uns sur les autres. Une voix m'extirpa de me pensées, malgré le chaos des tuyaux.

« Qui es-tu? » s'exclama la même voix, sur la défensive.

Une fille, blonde aux yeux bleus. Tout le contraire de moi, qui avait cheveux foncés et yeux foncés. Rien de clair dans tout ça, à part peut-être ma peau, mais même à ça... Elle était assise là, dans un coin au fond. Et chose bizarre, elle avait un bandage sur un de ses yeux. Un bandage ? Une pirate, c'était cool ! Ou une borgne. Ça, ça l'était un peu moins, elle avait déjà du recevoir des commentaires désagréables. Je lui souris avant de m'avancer vers elle et de m'asseoir en tailleur.

« Shimeku Nagasahi. T'es nouvelle ici ? »

Mes yeux descendit vers le livre qu'elle avait déposé sur ses genoux. Je reconnaissais pas la pochette, mais c'était normal : je ne lisais pas réellement, à part les mangas et les bandes-dessinées. Mais en même temps, je n'avais jamais essayer autre chose. Ça me décourageait de voir les 250 pages et l'écriture minuscule.

Les mains posées autour de mon ouvrage, j'observe lentement l'inconnu... Enfin l'inconnue puisqu'il se trouve que c'est une demoiselle en réalité. Moi qui croyais être tranquille ici, c'est plutôt raté, loin de toute agitation. Vous ne trouvez pas? Elle a certainement eu la même idée que moi, se disant que peut-être elle serait tranquille au sous-sol. Ou il est possible qu'elle erre seulement dans les couloirs. Allez savoir, en réalité, cela m'importe peu. Il s'avère que je vais surement devoir quitter les lieux et trouver un autre endroit. Je ferme délicatement mon livre quand la jeune fille répond à ma première question, et la seule d'ailleurs.

« Shimeku Nagasahi. T'es nouvelle ici ? »

Je me ravise face à ma première idée de décamper de décamper immédiatement du lieu où je me situe actuellement. Ce que en temps normal, je fais tout le temps. Que se soit ici ou quand j'étais à l'extérieur du lycée. M'exposer aux yeux des autres n'est pas ce que j'apprécie le plus. Surtout pour voir leur mépris. Cela a le don de me mettre sur les nerfs dernièrement, et à ce moment précis, je ne désire qu'une chose: les enfoncer tout simplement dans un mur. J'ai trop longtemps souffert du regard des gens, maintenant je ne l'accepte plus. C'est clair que la violence n'est pas vraiment un moyen de changer la vision des gens. Mais, au moins, sur le coup cela me défoule énormément. Même si, littéralement parlant, je ne l'ai encore jamais fait. Je devrais peut-être y penser. Cette idée me fait sourire intérieurement sur le moment. Je réagis seulement quelques secondes après, me rendant compte, qu'une nouvelle fois je suis partie dans un monologue intérieur sans me préoccuper des personnes qui se trouvaient autour de moi. Mon dieu, vivre en ayant l'attitude d'une ermite, n'est vraiment pas une bonne chose.

« Miki Nakagawa... » Finis-je par articuler doucement.

Moi ou l'art et la manière d'avoir l'air d'une idiote dès qu'on est censé se comporter normalement quand on se retrouve face à des relations humains. Aïgo, même un ermite, aurait l'air un peu plus aimable. Si ma mère était là, elle s'en arracherait les cheveux. Rien que le fait que je me fasse des monologues intérieurs plutôt que de parler aux autres l'énervait au plus haut point alors me voir avoir du mal à juste me présenter face à un camarade du lycée. Je ne vous explique même pas l'histoire qu'elle m'en aurait fait si elle avait été là. Je reporte mon attention sur Shimeku qui se trouve en face de moi. J'en profite pour la détailler un peu. Elle ne sort pas vraiment de l'ordinaire, ce n'est bien évidemment pas une critique. Ses cheveux sont plutôt foncés par rapport à moi. Faut dire que ma couleur est plutôt anormale pour une fille qui a grandis au Japon. Ici, les couleurs foncés prédominent souvent. Du moins, les couleurs naturelles. Celles avec lesquelles on nait à la naissance. Après, on peut régulièrement voir des personnes sortir avec des cheveux roses fluo. Ou peu importe quelle couleur. Une couleur peu courante quoi. C'est une mode en ce moment. Bref, stop au monologue intérieur, deuxième partie. Je deviens comme les vieux à force. Je ne réfléchis par encore à haute voix, c'est toujours cela de gagné sur le moment. Je retourne mon attention sur Shimeku, posant mon regard sur elle un instant avant de le détourner vers mon livre de nouveau.

« Je suis arrivée il y a quelques jours...»

Le plus dingue dans tout ça, c'est que en quelques jours, j'ai du adressé la parole à environ dix personnes et pour la plupart se sont des professeurs. Au secours, cas désespéré, demandant assistance dans la seconde. Parfois, je me désespère moi-même et pourtant je ne cherche pas à changer et à approcher plus facilement les jeunes de mon âge. D'une certaine manière, c'est un sacré paradoxe. Savoir que l'on est dans un mauvais chemin et pour autant ne pas chercher à sortir de ce chemin pour en prendre un nouveau. En poussant un peu, on pourrait presque dire que je cherche mon éloignement. D'une certaine façon, c'est peut-être ce que je chercher. Vivre mais sans être obligée de parler aux autres. Ce qui est quasiment impossible en pratique, mais parfois j'aime croire que c'est possible. A dire vrai, j'abuse un peu car en réalité j'arrive à discuter avec les gens mais seulement quand ils sont plus âgés. C'est avec les jeunes que ça coince...

- Shimeku Nagashi. T'es nouvelle ici ?

Je m'étais présentée, tout comme elle. Mais elle, elle était sur la défensive. Comme méfiante, un peu. Quoi que finalement, c'est que je la dérangeais. Tout simplement. Enfin, je crois. Parce qu'elle prit plusieurs secondes avant de me répondre. Ce n'était pas vraiment la réponse que j'attendais, puisque...

- Miki Nakagawa...

Au moins, j'avais mon nom. Même si au départ ce n'était pas le but, j'en savais un peu plus sur elle. Le véritable but c'était de savoir si elle était nouvelle, comme ma question le stipulait pourtant... clairement? C'est ce qu'elle pensait. À vrai dire, si elle serait déjà au Pensionnat Rayen depuis un bout de temps, j'en aurais déjà entendue parler. Non pas que je me tenais ou même étais une de ces filles qui était au courant de tout, mais d'absolument tout, non. C'était plûtot qu'une fille se baladant avec un bandeau sur les yeux, c'était assez rare. Il fallait l'avouer. Je souris faiblement, hochant la tête. Miki Nakagawa, alors. Forcément elle devait être japonaise, avec un nom de famille pareil. Mais... Blonde aux yeux bleus ? J'hésita sur sa nationnalité, du coup, mais je préféra garder le silence et ne pas poser une question comme ça deux minutes après notre rencontre.

- Je suis arrivée il ya quelques jours...

Ainsi, tout se comprenait. Une fois de plus, j'hocha la tête tandis que je me redressais. Regardant les alentours. Il faisait noir, pour lire. Enfin, pas noir. Mais la pièce n'était pas des plus éclairées, et pas la plus idéale pour lire... Pourtant, ce qu'elle s'obstinait à faire, comme si ma présence ne lui faisait tout simplement rien, contrairement à ce que j'avais cru quelques secondes auparavant. Car en effet, la prénommée Miki avait retournée ses yeux vers son livre. Je fis la moue, un peu vexée.

- Je vois... Enfin, si ma présence te dérange, je peux toujours faire demi-tour.

Dis-je sur un ton sec, quasiment froid. J'aimais pas me faire ignorer, mais je ne cherchais pas à être le centre de l'attention ; pas du tout, même. Disons que j'aimais être écoutée quand je parlais, comme tout le monde. Mais certains préféraient vivre dans leur coin, isolés du restant du monde. Dans un sens, je ne comprenais pas réellement. Même si je préférais être seule que mal accompagnée ! Après un moment, je décida à me rassoir, mais plus loin. Près des tables. Comme ça, si je la dérangeais... Bah. Puis je sortie ma DS de mon sac, l'allumant pour aussitôt la mettre sur Pokémon, la joyeuse petite musique du jeu comblant l'ambiance silencieuse.

PS - Désolée pour la longueur, je n'étais pas tellement inspirée. :/ Je ferais mieux au prochain post, c'est promis. ♥

- Je vois... Enfin, si ma présence te dérange, je peux toujours faire demi-tour.

Sa phrase m’interpelle immédiatement. Je décroche les yeux de mon livre pour les poser sur elle. Je ne comprends pas pourquoi son ton était si froid envers moi. Je la vois partir un peu plus long pour jouer à un jeu vidéo. Je déteste ce genre de chose. Les jeux vidéos, je trouve que cela n’a aucun sens. Après chacun fait ce qu’il veut mais je préfère être un rat de bibliothèque. Pour tout vous dire, je n’ai jamais touché à un jeu vidéo de ma vie car je trouve que c’est sans intérêt. On n’apprend rien avec ça et moi je suis désireuse d’apprendre. Pour voir quelle limite peut atteindre mon cerveau. Je finis par décrocher mon regard d’elle, me rendant compte que c’est extrêmement impolie de ma part. Elle veut surement être tranquille tout comme moi. D’où le choix de cet endroit, enfin je le suppose. Je ne peux que faire ça avec les éléments que j’ai. J’appuie ma tête contre le mur en soupirant doucement. Je retourne mon attention sur mon livre une nouvelle fois. Reprenant le livre, là où je l’ai laissé.

La physique quantique, aussi passionnant que compliquée. Ce n’est pas le genre de chose que j’apprends en cours mais j’adore justement, car j’apprends quelque chose que je ne sais pas. En cours, je m’ennuie royalement. Mais alors là, le mot est même faible. J’ai l’impression que les professeurs répètent trente fois la même chose alors ça n’a aucun intérêt pour moi. Une intello qui sèche, vous vous y attendiez pas hein? Bref, je m’égare. Je finis par me replonger dans ma lecture. Au bout de quelques lignes, je remarque que je n’arrive pas à me concentrer, pourquoi? Je lâche un soupir puis referme mon livre en posant mon regard sur Shimeku. Est-ce elle qui me dérange, avec ma musique? Non, c’est n’importe quoi, je divague. J’arrive à me concentrer sans problème quand des personnes sont autour de moi, en entrant dans mon monde comme je l’ai toujours fait. Faut vraiment que je dorme un peu, je réfléchis beaucoup trop pour mon bien. Je pose mon livre sur le côté.

- Désolée, d’être si froide, dis-je sans réfléchir.

Je m’excuse sans vraiment savoir pourquoi. Parce que je manque d’impolitesse? Ce n’est pas totalement faux. Peut-être aussi pour briser le silence pesant qui traine dans la pièce entre nous deux entrecoupés par la musique de son jeu et les bruits des tuyaux, silence que je cherchais à la base soit dit en passant. Je crois que je perds totalement la tête. Rectification, je suis une fille étrange doublée d’une associale. Quelle association, ça promet. Mes pauvres parents, je les plains en fait. Je suis intelligente mais je n’ai que peu d’amis. Je suis jeune mais je ne parle pas aux gens de mon âge. Je suis plutôt jolie, il faut l’admettre mais je n’ai pas de petit copain. Ma vie toute entière cloche en réalité. Je laisse échapper un sourire suite à cette pensée. Je ne suis vraiment pas commode.

» Moment d'inattention (pv Miyako, Aiko )
» Fin de la sieste - Shimeku Nagashi

Un petit moment seule...ou pas [PV: Shimeku]

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