Il est tard .. très tard même. Pour tout vous dire, je ne sais même pas ce que je fais encore dans la rue à cette heure-ci. Ce n'est pas du tout dans mes habitudes de rester si tard, mais là, je ne pouvais pas partir avant. En effet, c'était un jour spécial. Et de quoi je compte vous parlez une nouvelle fois ? De basket bien sûr. Pour quels motifs est-ce que je pourrais rester si tard en ville ? Uniquement le basket et rien d'autre. Du moins, normalement. Il y avait tout un rassemblement de joueurs de basket de toutes les villes qui avaient composé des équipes de cinq joueurs afin d'organiser un grand tournoi de streetball. Bien sûr, je faisais partie d'une de ces équipes.

Le tournoi durait toute la journée, tout le monde s'amusait bien et on pouvait s'absenter des terrains lorsque notre match était terminée pour aller manger ou autre pour ensuite revenir à l'heure de notre match suivant. L'ambiance était bien au rendez-vous, c'est tout ce qui comptait après tout. Nous allions manger tous ensemble des hamburgers, des pains saucisse, des frites et toutes les crasses possibles. On éliminait tout une fois qu'on jouait notre petit match, donc autant se faire plaisir ! Concernant la boisson, c'est autre chose .. Moi je n'y touchais quasiment pas hormis un verre ou deux avec ce que j'aimais dedans. Mais les autres abusaient un peu au risque de jouer comme des loques sur le terrain. Ça ne ressemblait plus à rien durant le match, mais au final, on s'en foutait de gagner ou perdre. Le seul qu'on avait en arrivant était de s'amuser. C'est bien une des seules fois où je n'ai pas envie de gagner car c'est souvent le contraire en général ...

Le dernier match du terminé s'est terminé aux alentours de 22-23 heures, ce qui n'est pas très tôt. Sans compter le fait qu'il y a la remise des médailles, le classement dévoilé et toute la "cérémonie" de fin du tournoi, cela a duré jusque 23h30 - 0h00 facilement. Et pour conclure le tout, tout le monde était invité à faire la fête tous ensemble sur le terrain, boissons et nourriture à volonté. Vous vous doutez que tout le monde en a un peu profité. Surtout moi, au niveau de la nourriture ! Haha. Les autres, eux, étaient un peu plus éméchés donc ils faisaient un peu n'importe quoi. Durant cette "soirée", certains dansaient, d'autres buvaient, d'autres tentaient tant bien que mal de jouer au basket dans un état assez pitoyable. Bref, c'était un peu n'importe quoi. J'étais resté jusque 2 heures du matin avec eux, ce qui me semblait plus qu'assez. Je retournais vers le pensionnat en compagnie d'un de mes équipiers. Arrivé à hauteur d'une ruelle qui était un sacré raccourci pour mon trajet, je dis aurevoir à mon équipier et je m'engageai dans cette ruelle.

Cette ruelle était on ne peut plus sombre, on n'y voyait quasiment rien. Il faisait nuit, certes, mais il n'y avait même pas un lampadaire ou autre pour un peu éclairer cet endroit. Il faut regarder où l'on marche dans ce genre d'endroit car on ne sait jamais sur quoi tomber. Et effectivement, cette nuit, j'allais tomber sur quelque chose d'inattendu. Une chose à laquelle je ne m'attendais pas, franchement ... C'était une fille, seule, assise en plein milieu de cette ruelle, la tête dans ses genoux en train de chanter des chansons dont je ne comprenais rien. Une bouteille plus loin, elle devait surement être dans un sale état. La chose à laquelle je fis le plus attention ? Ses cheveux .. Ils étaient d'une couleur peu commune, un bleu cyan. C'est rare de voir ça. Bref, elle devait surement être bien bourrée pour avoir terminé ici, toute seule dans cet endroit. Personnellement, je n'aime pas voir des gens dans cet état là. Généralement, je passe à côté d'eux et je pense très fort que c'est bien fait pour eux, qu'ils ne méritaient que ça et qu'il fallait apprendre à se retenir de boire de temps en temps. Mais cette fois-ci, c'était différent. Je ne l'avais jamais vue auparavant, elle était toute seule, elle avait l'air d'avoir mon âge. De plus, il était assez tard, il serait préférable qu'il ne lui arrive pas quelque chose. Autant l'aider comme je peux, si c'est possible bien sûr ...

Euh ... excuse moi, tu te sens bien ?

La situation dans laquelle je me retrouvais était on ne peut plus bizarre, il faut l'avouer. Il est plus de deux heures du matin, je suis seul dans une ruelle sombre accompagné d'une fille complètement saoule, qui ne tient même pas debout et qui ne sait pas aligner plus de dix mots sans bégayer. N'empêche, vous pourriez vous imaginer tous les scénarios possibles et inimaginables, c'est compréhensible mais ce n'est pas du tout ce que vous croyez, je vous rassure sur ce point. Je ne suis juste qu'un pauvre innocent revenant d'une journée crevante passée sur un terrain de basket qui vient de croiser une fille assise en plein milieu de cette ruelle. Et en bonne âme que je suis, je lui avais demandé si ça allait car en général, je passe mon chemin. Mais là, il s'agissait d'une fille seule dans une ruelle, et j'préférais ne pas retrouver un article comme quoi une fille s'était fait enlevée ou violée et qu'il s'avérait que c'était celle que j'avais vu plus tôt dans la nuit.

Je me tenais debout, face à elle, qui était assise, tête dans ses genoux. Elle tenta tant bien que mal de sortir quelques mots de sa bouche mais je voyais bien qu'elle avait pas mal de difficulté à le faire. Tout ce que je pouvais faire, c'était assister à la scène et esquisser un sourire en coin même si ça ne se fait pas. Mais j'ai toujours bien rigolé quand je parlais avec ou regardais des gens complètement morts. C'est toujours des évènements marquants de ta vie que tu ne pourras effacer tellement c'est épique. Je ne pouvais tout de même pas apercevoir son visage concrètement, tout ce que je voyais était la couleur de ses cheveux. Elle releva la tête vers moi avant de lâcher un gros "Oh un géant". Cette expression me fit rire légèrement, mais intérieurement j'étais tout aussi surpris qu'elle puisse remarquer que je sois grand, c'est déjà un bon point, elle ne voit pas en double !

Elle tenta tant bien que mal de se relever comme elle pouvait. Pour ne pas tomber et trébucher en arrière et s'étaler de tout son long sur le sol, elle s'accrocha un peu à moi. Je me contentai simplement de la retenir par l'épaule pour qu'elle soit stable et pour voir si elle pouvait tenir quelques secondes debout. Apparemment, ça marchait, elle pouvait tenir. Mieux encore, elle pouvait me parler ! Elle arriva à me faire comprendre qu'elle était perdue. Merci, je ne l'avais pas remarqué. Qu'est-ce qu'une fille qui savait exactement où elle était ferait dans cette ruelle, à cette heure-ci, assise en plein milieu de celle-ci ? Franchement ... Et puis, elle commença à parler aux objets. Personnellement, je ne comprenais pas trop où elle voulait en venir mais bon, ça me faisait toujours rire ce genre de choses.

Je voyais bien qu'elle ne pouvait plus tenir très longtemps debout toute seule, rien qu'à sa façon de me fixer dans les yeux en me suppliant d'une chose qu'elle ne m'avait pas demandée, je voyais bien qu'elle pouvait tomber à tout moment. C'est pourquoi, j'avais décidé de la retenir par son bras pour lui servir d'équilibre. Comme ça, si elle partait trop sur sa droite, je pouvais la tirer vers moi et elle ne tomberait pas. Quelle idée ingénieuse ! Par contre, ça risquerait d'être plus délicat quand on va marcher, mais bon, je ferai avec. Cependant, je devais tout de même lui demander où est-ce qu'elle se rendait pour pouvoir la raccompagner sans trop de soucis. Je croise les doigts pour qu'elle s'en souvienne et que ça ne soit pas trop loin .. sinon je ne suis pas couché avant le lever du jour.

Au fait, où est-ce que tu dois aller ? Tu vis dans les environs ?

Je tentais tant bien que mal de tenir cette fille complètement morte bourrée en équilibre, mais je peux vous dire que c'est pas le plus facile à faire. Les gens qui sont dans cet état là sont carrément hyperactifs. Ils bougent dans tous les sens, ne tiennent pas bien sur leurs deux jambes et partent à gauche et à droite sans savoir se rattraper hormis à l'aide d'un mur ou d'une chute tout court pour les stopper dans leur élan. C'est pourquoi j'avais proposé mon aide à cette fille saoule pour ne pas qu'il lui arrive des choses la nuit mais bon. J'aurais peut-être dû m'abstenir en voyant ce qu'elle allait me réserver. Enfin, maintenant je suis sûr que je ne voudrais jamais terminé dans un état pareil, ce serait trop honteux, franchement. Je me demande d'ailleurs comment on peut arriver à boire pour atteindre un tel état ..

Durant notre trajet, j'essayais de récupérer un maximum d'informations pour savoir où elle se rendait exactement pour pouvoir l'y déposer afin qu'elle soit tranquille et en sécurité je vais dire. Déjà avec mon aide, elle avait du mal à se tenir debout alors seule, je n'imagine même pas. Enfin, voilà qu'elle se met à se lancer des compliments à elle-même. Elle est complètement morte, ça je peux le dire. Elle s'agrippait à mon bras d'une telle manière que j'ai cru qu'elle allait me déchirer ma blouse. Mais bon, tout ce qu'elle trouva de mieux à faire était d'essuyer ses larmes sur mon bras. Super ... Elle se met à pleurer pour on ne sait quelle raison. Quel état honteux, je me demande comment les gens peuvent aimer boire pour en arriver là. Sans rajouter qu'elle se mit à me gueuler dans mon oreille alors qu'elle se trouvait à quelques centimètres de moi. Géant vert .. super surnom. Au moins j'avais une jolie voix, c'est déjà ça de gagné. Tout ce qu'elle trouva de mieux à faire était de me taper sur le front. Bon, je n'allais pas réagir à ça, vu son état, ça se comprenait mais je n'avais toujours pas la réponse à ma question.

Je ne sais pas comment, mais au final, j'ai eu la réponse à ma question. Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans sa petite tête pour qu'elle se souvienne de certains mots sensés ? Ok, elle n'avait pas été super claire mais ça suffisait amplement pour que je comprenne. Les seuls mots qu'elle a pu sortir étaient : genre de prison, profs et jeunes. Il n'y a pas cinquante endroits où se trouve ce genre de personnes. Je n'étais pas dans la ville depuis longtemps mais le seul endroit possible était le pensionnat lui-même. Alors comme ça elle vivait au sein du pensionnat, elle aussi ? Étrange, je ne l'ai jamais vue. Bref, je savais où je devais me rendre maintenant, puisque c'était ma destination de base. Au moins, je n'aurai pas de détour à faire.

Et bien, direction le pensionnat dans ce cas ...

Après une dizaine de minutes à marcher et à la retenir pour ne pas qu'elle tombe et s'écroule en plein milieu de la rue, nous étions enfin arrivés devant l'entrée du pensionnat. Il était presque 3h, c'était pas du tout une heure pour rentrer. La mission allait être compliquée, il fallait rentrer sans faire trop de bruit. Le problème c'est que, vu son état, la tâche allait être on ne peut plus compliquée et on allait se faire choper. Mais bon, tant pis, fallait bien la faire rentrer. Il fallait passer par les grilles du pensionnat et rentrer par l'arrière afin d'arriver dans le hall principal. Avant de rentrer, je voulais m'assurer de plusieurs choses.

Au fait, tu te sens capable de retourner dans ta chambre seule ? C'est quel numéro ta chambre ? Ah oui ... une fois à l'intérieur, essaye de ne pas trop crier pour ne pas qu'on se fasse choper, sinon ça risque de mal tourner.

Je suis sûr et certain que mes paroles n'auront aucun effet sur elle, qu'elle n'y comprendrait rien et qu'elle ferait tout le contraire ce que je lui ai dit. Elle criera surement, pleurera, dira n'importe quoi. Je vois déjà le bordel que ça va être. Mais bon, on ne sait jamais ce qui peut arriver avec les personnes dans cet état là .. autant essayer !

Décidément, ce genre de chose n'arrive qu'à moi. Pourquoi est-ce que je dois me retrouver dans ce genre de situation alors que je n'ai absolument rien demandé ? Voilà ce qui arrive quand on veut être trop gentil avec les autres. M'enfin, la fille était complètement saoule et je ne voulais pas la laisser là. J'aurais peut-être dû le faire quand je repense à tout ce qu'elle a pu me faire subir sur le chemin du pensionnat. Elle est l'exemple type des gens qui boivent pour rien et qui finissent dans un état déplorable, à la limite du déchet ambulant. C'est bien pour ça que je ne boirai jamais, pour ne pas terminer dans un état pareil et être complètement ridicule. Tant mieux pour elle, elle s'est bien amusée mais elle n'a pas su se contrôler, tant pis. Je me remémorais tout ce qu'elle m'avait fait durant cette "balade" si on peut appeler ça comme ça. En effet, je devais batailler pour ne pas la laisser tomber, supporter ses cris, ses chants incompréhensibles et ses réflexions du genre "C'est mou" en touchant mes bras ou encore que je craignais. Je ne suis pas du tout genre à me vanter à montrer mon corps en public mais je pense que si elle était dans son état normal, elle n'aurait pas dit la même chose, elle serait même pas surprise mais bon, je peux toujours rêver avant qu'elle dise quelque chose de sensé ce soir.

Nous étions arrivés depuis peu de temps devant les grilles du pensionnat et vu l'heure, je lui ai bien fait comprendre qu'il ne fallait pas gueuler, qu'il fallait être discret et tout le blabla qui va avec pour ne pas qu'on se fasse choper. Seulement, vu son état, je sentais bien que ça allait partir en live et qu'on allait se faire remarquer très vite puisqu'elle ne comprend surement rien à ce que je lui ai dit. En plus de cela, vu les quelques questions que je venais de lui poser, elle péta complètement une case et commença à crier comme une tarée.

Bordel .. je suis du genre à rester calme et gentil en général mais là, ça commençait réellement à me saouler. C'est bien simple, vu la façon dont elle venait de réagir, j'ai voulu la laisser en plan dans le couloir et lui dire de se démerder comme une grande. Mais je ne suis pas un connard, maintenant que je l'ai aidée, autant le faire jusqu'au bout. Elle gueula que je devais la ramener et qu'il y avait sa clé avec le numéro de la chambre dans son sac. Je ne savais pas que les sacs des filles pouvaient être aussi bordéliques que ça, je n'en reviens pas. On y trouve un peu de tout d'ailleurs. Je vais quand même vous épargner les détails. Une fois la clé trouvée, je me retournai vers la fille en question et je la vis toute calme, assise contre un mur. C'est pas possible .. voilà qu'elle s'endort maintenant. Et le pire, c'est qu'elle me prend pour sa mère en me demandant de la porter sur mon dos. Pas le choix de toute façon, c'est la manière la plus simple pour montrer le plus rapidement. Seulement, j'allais devoir me taper 3 étages avec une fille bourrée sur le dos puisque sa chambre est le numéro 36.

Bordel ... Pourquoi ça n'arrive qu'à moi ce genre de truc ? Au moins, ça me fera de l'exercice ...

Une connerie qui me fit décompresser quelques secondes avant de commencer à la porter. Je la pris tant bien que mal et la mis sur mon dos de manière à ce qu'elle ne tombe pas. C'était un poids mort, elle s'endormait complètement en buvant sur moi. Je ne compte même pas le nombre fois qu'elle a bavé sur moi, c'est dingue. Je montais les marches une à une, le plus rapidement possible mais sans tomber. Quelques fois, je me laissais tomber en arrière à cause de son poids mais je me rattrapais grâce à la rampe d'escaliers. Si jamais on tombait, on serait dans un sale état, croyez moi. Après 10 minutes, j'avais le dos en compote mais on était finalement arrivé à destination. Je pris la clé que j'avais mise en poche et la mit dans la serrure avant de la tourner. Ses colocataires allaient être heureux, en espérant que je ne les réveille pas à mon tour. Au point où j'en suis de toute façon .. Je la déposai au sol en la tenant par les épaules pour qu'elle reste debout avant de lui dire quelques mots.

Voilà, c'est ta chambre. Je peux te dire que tu m'as fait galérer cette nuit ! Enfin, j'espère ne plus devoir te retrouver dans cet état, Myrtille ...

Comment est-ce que je savais son prénom ? C'est simple, en fouillant dans son sac, je suis tombé sur sa carte d'identité et j'ai pu voir son prénom. Ayant une bonne mémoire, je ne pense pas oublier cette fille de si tôt avec ce qu'elle venait de me faire subir. Et puis, une fille avec des cheveux de cette couleur, ça ne s'oublie pas. Serait-ce la fin de mon calvaire ? Je n'en sais rien, dans cet état, elle est encore capable de tout ...