Les nuages commencèrent à décliner, dévoilant le soleil, aveuglant soudainement Mark. Il mit alors ces mains face à devant ces yeux pour ne pas être ébloui d'avantage.
C'était un peu ironique quand on y pense: fallait dire que Mark avait grandi dans l'ombre des rues de Moscou et c'est toujours dans l'obscurité qu'il avait vécu avec un seul espoir: qu'il verrait le jour, ciel bleu, soleil et non nuages gris, flingues et compagnie. Pour une fois qu'il voit ce qu'il à toujours voulu voir, il se cache les yeux comme les vampires dans les vieux feuilletons. En même temps il était habitué à la monotonie de son ancien foyer: ciel toujours gris, sinon caché par les immeubles de la ville (sans oublier la pollution dans le ruisseau), le proprio qui te gueule sans arrêt dessus, une ou deux berlines à piquer pour le boss, boulot minable, dodo.
Il pensait à un peu de tout ça; ces souvenirs ne cessaient de graviter dans sa tête.
Soudain quelqu'un s'approcha et vint s'allonger. Sur le moment, l'immigré se demandait bien si la jeune fille était aveugle ou si elle cherchait de la compagnie.
"On joue a quoi ?"
Que répondre à cela? rien vu qu'il ne jouait pas mais en même temps ne pas lui répondre n'aurait pas été poli.
Il regarda son interlocuteur: c'était une jeune adolescente aux cheveux roses avec des yeux violets.
"Euh...je joue à rien... faire juste que regarder nouage flotter..."
Mark faisait peut-être des progrès en français mais il était encore loin de le manier parfaitement. Et puis il ne pouvait cacher son accent russe: ou pour dire u, les r qui roulent...
Enfin bref, ça donnait un mélange un peu étonnant, assez embarrassant pour Mark, car il se disait toujours que son accent pourrait facilement faire fuir les gens qu'il rencontre (ou presque).
"Et toi...que faire toi ici?"