Que dire... Oliade est assez mignonne en vérité. Elle a un visage fin, délicat, si on excepte les immenses cernes qui soulignent ses yeux. Et quels yeux. Marrons, couleur très classique certes, ils reflètent tellement souvent des écrans qu'on a presque l'impression d'y voir courir des chiffres et des lumières bleues quand elle fait autre chose. Bien qu'elle ne se maquille pas, ses cils sont tellement longs au naturel qu'ils lui posent problème pour mettre ses lentilles de contact... quand elle les met.
Oliade est une fille nocturne, une fille d'intérieur. En conséquence, sa peau est si blanche qu'elle est à la limite de la transparence. Entendre par là : si vous voyez toutes les veines de ses bras, de ses mains ou de n'importe quoi d'autre, ça n'a absolument rien d'anormal. Elle a les cheveux mi-longs, châtains, qu'elle attache la plupart du temps en une queue de cheval lorsqu'elle passe devant son miroir. En plus concis, elle passe devant un miroir, retient ses cheveux, voit que ça fait bien et les attache à l'arrache. Parfois, elle les laisse libres mais comme ça la gêne pour voir son écran, elle le fait très peu. Sinon, le casque de gamer qui quitte très rarement sa tête se charge de retenir les mèches rebelles en arrière.
Oliade fait très peu de sport, mais comme elle mange peu ça ne se ressent pas sur son physique. Elle prend suffisamment soin d'elle pour ne pas être couverte de boutons et pour ne pas se retrouver avec un ventre proéminent. Quelques abdos entre 1h et 2h du matin, et elle est de nouveau en forme pour traîner sur son ordi. Elle n'est pas très grande, 1m63 tout au plus, sa poitrine est très peu développée du fait de sa minceur naturelle. De toute façon, ses vêtements mettent rarement son corps en valeur. Pas qu'elle porte des vêtements très larges, en fait elle porte souvent des tee-shirts ou des débardeur classiques, mais leur col n'est pas assez décolleté pour dévoiler autre chose que sa gorge. Pas plus haut non plus, sinon elle a l'impression d'être étranglée. Souvent pieds nus, il est très rare de la voir porter ne serait-ce que les "chaussons" rituels d'intérieurs. Ses chaussures d'origine sont très soigneusement planquées dans un casier, et elle n'a pas l'intention de les remettre de sitôt. En conséquence, la corne de ses pieds est suffisamment solide pour qu'elle ne sente plus rien en posant le pied sur des cailloux. Le problème, c'est qu'elle passe tellement de temps assise qu'elle n'a absolument pas arrangé son problème de déséquilibre. Elle tient à peine sur ses jambes, quand elle choisit de se lever, et ça ne va pas en s'améliorant.
Beaucoup de gens la trouvent étrange, voire carrément malsaine. Ce n'est pas forcément faux.
Première chose à noter, Oliade cache ses tendances dépressives derrière une vie virtuelle totalement informatisée. Elle a renoncé au monde réel depuis bien longtemps. Si elle a toujours eu tendance à s'isoler, sa vie ne lui a pas facilité la tâche, et elle est bien plus à l'aise derrière un ordinateur qu'en face de quelqu'un. Peut-être parce que l'écran la protège des remarques sur l'étrange faiblesse de ses jambes.
Longtemps, Oliade s'est haïe. Elle a même, pendant de nombreuses années, été en proie à de nombreuses envies de suicide, alimentées plus qu'elles n'étaient soignée par tous les forums d'entraide qu'elle trouvait sur internet. Oui, elle n'est pas la seule à avoir des problèmes. La seule chose qui cloche, c'est qu'elle a frôlé la mort de très près dans son enfance. Qu'elle a trouvé ça agréable. Et que, du coup, contrairement à de nombreux autres, elle serait tout à fait capable de concrétiser ses tendances suicidaires.
C'est pour ça, principalement, qu'Oliade est une solitaire. Pour ça et parce qu'elle a une peur maladive de l'avis des autres. Sur elle, son physique, son comportement, son insupportable faiblesse. Elle s'est réfugiée dans un monde imaginaire qui ne l'a jamais rejetée. Mais le monde virtuel, en soi, lui fait parfois peur. Parce qu'elle a vu ce dont étaient capables dans le monde réel ces personnes qu'elles ne connaissaient qu'au travers un écran. Comme Kaymon. Comme Kraus... En fait, Oliade est assez simple à analyser : elle a peur. Peur de souffrir. Peur des autres. Et c'est cette peur qui a totalement rongé son entrain naturel.
Aussi curieux que cela puisse paraître, malgré sa faiblesse physique et ses peurs plus que concrètes, Oliade n'est pas quelqu'un qui se laisse marcher sur les pieds. Ou disons plutôt qu'elle a choisi, depuis un certain temps, de ne plus se laisser faire. Elle a mis ses tendances suicidaires de côté pour une nouvelle joie de vivre, qu'elle s'efforce d'entretenir au travers de jeux vidéos, de mangas et de vidéos en ligne. Disons qu'elle prend sur elle, et du coup, elle devient plus agréable à vivre. Moins flippante, aussi. Parce que sa façon de parler de la mort a toujours eu tendance à effrayer les gens autour d'elle. Elle prétend ne pas avoir peur de la mort. Et, si on y réfléchit bien, ça doit finalement être la seule chose au monde dont elle n'a pas peur.
De manière générale, c'est une fille difficile à comprendre. Disons que quand on lui demande de se décrire ne ressortent que trois mots : faibles, manipulable, stupide. Bon, sauf qu'elle est loin d'être stupide vu que son cerveau doit contenir à lui seul la totalité des cours d'informatiques au monde, que ce soit ceux présents sur internet, ou ceux qu'elle avait trouvé ailleurs. Et elle est aussi très douée en systèmes électroniques, même si elle s'est jurée de ne plus jamais utiliser ses connaissances pour qui que ce soit d'autre qu'elle même. De toute façon, elle s'est forgée une coquille de faux égoïsme. Il faut bien qu'il y ait au moins une personne au monde qui s'inquiète d'elle, après tout, non ?
Piratage des données en cours« -Vous croyez que je suis folle ?
La question était on ne peut plus sérieuse. Assise en face du psychologue censé l'aider à surmonter ses angoisses, elle ouvrait la bouche pour la première fois depuis une demi-heure, et son regard détonait une étrange frayeur, mêlée d'un éclat d'amusement. L'homme secoua la tête.
-Vous n'êtes pas folle, mademoiselle Karemi.
-Pourtant j'ai vraiment l'impression d'être folle.
Un sourire reflétant l'effet de son regard s'afficha sur ses lèvres. Oui, elle était folle, elle le sait.
-D'ailleurs, je pensais que je devrais voir un psychanaliste, pour trouver l'origine de mon problème.
-Vous connaissez l'origine. Vous êtes ici à cause des brimades de vos camarades qui...
Le rire qui lui coupa la parole lui fit froid dans le dos.
-Eux ? Ils ne sont rien. Juste des conséquences. Le véritable problème, ce sont ces jambes.
-Pardon ?
-Déformation génétique, malformation naturelle, appelez ça comme vous voulez. Ce sont elles, mon enfer.
Décryptage à 10 % - We were born like thisOliade Karemi est née le 19 février 1993, sous la neige. Première enfant de ses deux jeunes parents, elle s'avèrerait aussi être la dernière. Bien qu'ils aient toujours souhaité en avoir plusieurs, l'état de leur petite fille les inquiéta suffisamment pour qu'ils renoncent à cette idée. En effet, dès sa naissance, les médecins décelèrent chez elle une anomalie génétique entraînant une anormale faiblesse des jambes. Incapable de supporter l'idée que son enfant ne puisse jamais marcher, son père dépensa toute sa maigre fortune pour corriger le problème, mais sa déficience ne put être totalement guérie. On parvint seulement à lui assurer qu'Oliade pourrait marcher, difficilement certes, mais marcher tout de même.
Sauf qu'ayant dépensé toutes ses économies, il fut contraint d'abandonner ses études pour permettre à sa fiancée de poursuivre les siennes. La petite dut dormir dans le lit de ses parents, en l'absence d'argent pour lui payer un berceau.
Il trouva un travail quand sa fille atteignit l'âge d'un an. Dès lors, leur niveau de vie alla en s'améliorant. Comme les médecins l'avaient promis, Oliade parvint à marcher, bien qu'ayant un certain retard par rapport aux autres enfants puisqu'elle ne put marcher qu'à partir de quatre ans, et avec le soutien des murs et autres objets de son environnement. Mais aux yeux de sa famille, c'était mieux de la voir ainsi qu'en fauteuil.
Décryptage à 20% - Wakes up haunted, with voices in the headA son entrée à l'école, Oliade comprit très rapidement qu'elle ne pourrait pas jouer avec les autres. Trop fragile pour courire, elle ne pouvait pas suivre leur rythme et elle se résolut finalement à rester dans son coin avec une ou deux amies, jouant à la poupée. Sa première année de primaire fut la seule année calme de son parcours scolaire.
Très vite, elle devint "la fille différente". Comme la fille dont la père était en prison avait quitté l'école, elle devint la nouvelle victime. Plaisanteries douteuses voire dangereuses, moqueries, provocations, ses années de primaire tournèrent au calvaire, malgré les actions de ses parents. Oliade se changea en enfant solitaire, se coupant des autres dans un silence qui lui permettait de lutter contre la dépression. C'est à neuf ans qu'elle bascula du mauvais côté : celui dont on ne sort pas en un seul morceau.
A la piscine avec sa classe, Oliade fut poussée à l'eau par un de ses camarades. Incapable d'en sortir sans aide, elle ne parvint qu'à déclencher les rires des autres enfants en se maintenant à la surface avec ses bras. Puis elle craqua. Alors que le maître nageur accourait pour la sortir de l'eau, elle aperçut le visage de celui qui l'avait poussée, celui qui la martyrisait depuis deux ans. Et, sur une dernière insulte, elle cessa de se débattre et se laissa couler.
« -Vous savez quel effet ça fait la noyade, docteur ? C'est une sensation étrange. Ce regard, ce dernier regard de mépris que l'on jette à son assassin. Cette impression de voler lorsqu'on n'essaye plus de se maintenir à la surface. Les larmes de douleur dues à la brûlure qui se mêlent au désespoir. Cesser de respirer, puis avaler de l'eau dans un dernier sursaut du corps pour survivre. Le noir qui nous envahit alors qu'on perd doucement conscience. Non, vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est à la fois agréable et désagréable.
L'homme frémit. Ses parents avaient pris un rendez-vous pour qu'elle sorte de dépression, mais elle avait presque l'air plus folle que dépressive. Alors qu'il réfléchissait, la jeune fille commença à fredonner une chanson, comme un murmure litanique.
-Took me down to the river, so I could drown, drown, drown...
-Que s'est-il passé ensuite ? demanda-t-il en essayant de dissiper le malaise ambiant.
-Oh, ensuite ? »
Décryptage à 30% - It's so hard to find someonce who cares about youEnsuite, on l'avait sortie de l'eau, on lui avait sauvé la vie, puis on l'avait emmenée en agence psychiatrique. Pour lutter contre ses soi-disantes envie de mort. Tout ce qu'elle savait, c'est que ses anciens bourreaux avaient été traumatisés par la brutale confrontation à la mort. Tant mieux. Quand on eut déterminé la raison de cette tentative de suicide et tenté de réparer son esprit, on la renvoya dans une autre école. Mais rien ne changea . Elle n'était plus la fille différente à cause de ses jambes mais juste la petite solitaire qui pleurait sans raison. De nouveau narguée, victime de farces et de moqueries, elle ne tint le coup que parce qu'elle avait interdiction de s'approcher d'une piscine ou d'eau profonde et qu'elle ne connaissait aucun autre moyen de retrouver la sensation de libération de sa première noyade.
En entrant au collège, elle opposa un refus catégorique aux médecins qui lui recommandaient de s'aider d'une canne pour marcher. En première année, elle retrouva les pires teignes de ses deux écoles précédentes, qui ne tardèrent pas à retourner toute sa classe contre elle. Sauf qu'entre temps, Oliade avait obtenu un accès internet. Et que l'usage qu'elle en avait était loin de celui qu'elle en a actuellement. Très vite, elle sut qu'à neuf ans elle avait fait une véritable tentative de suicide. Elle tomba dans une période sombre et, à la fin de l'année, elle sauta par la fenêtre.
Elle ne dut la vie sauve qu'à un élève un peu plus âgé qu'elle, Keishi Takaedo, qui la retint au dernier moment. Coup de foudre instantané, ils furent en couple à peine une semaine plus tard. Même s'il la défendait au début, il posa rapidement des question à propos des rumeurs qui couraient sur elle. A coup de photos truquées et d'histoires tordues, on parvint à l'éloigner d'elle et elle sombra de nouveau dans la dépression. Trois tentatives de suicide plus tard, ses parents finirent par lui prévoir des séances chez le psy.
« -Voilà où j'en suis. Et comme l'heure est passée, vous allez oublier tout ce que je viens de vous dire. Jusqu'à la prochaine fois.
Oliade se leva, salua l'homme d'un signe de tête et quitta son bureau en s'appuyant sur les murs, vacillante. Elle monta dans sa voiture, toujours aussi sombre, et se planta devant son ordinateur une fois chez elle »
Connexion
Décryptage à 40% - Life starts now, you've down all the things that could kill you somehowAprès un certain nombre de séances, Oliade parvint à remonter la pente. Elle déménagea avant la rentrée de deuxième année et fut inscrite dans une nouvelle école. Ses premiers jours de classe furent difficiles. Systématiquement, lorsqu'elle allait entrer en classe, elle était prise de panique et faisait demi-tour pour se réfugier à l'infirmerie. Il lui fallut une semaine pour oser francher le seuil de sa classe, aidée par des amis de ses chats en ligne.
A la fin de sa première journée de cours, elle fut abordée par une jeune fille, Meina Kanjo, qui se présenta sous le pseudo "Kaymin". Il ne lui fallut pas longtemps pour s'apercevoir que Meina était celle qui l'avait encouagée. Et, pour la première fois, elle cessa d'avoir peur de l'école.
- Extraction de donnée indépendante:
« 19 Avril 2005
Oliade s'approcha. On la prétendait guérie, elle en doutait. Après une semaine d'hésitation, elle ne se sentait toujours pas le courage d'entrer. Nerveuse, elle ne franchit pas la porte et s'adossa au mur de la pièce.
Connexion,
Je suis devant ma classe. Je ne veux pas entrer. Si j'arrêtais les cours ?
Ce serait plus simple non ?
Perso, ça n'a rien changé
Ne l'écoute pas, Lig-chan
Prends ton courage à deux mains ! Montre que tu n'as pas peur !
Tu crois ?
Ca fait une semaine que tu hésites, non ? Allez, tente le coup !
Si ça se passe mal, tu pourras envisager d'arrêter
Mais essaye au moins avant
...
Entre dans ta classe ou je fais le déplacement et je t'y traîne de force !
Kaymin a quitté le salon
Déconnexion
Après un dernier soupir pour se donner du courage, Oliade ouvrit la porte et lutta de son mieux contre l'angoisse grandissante que menaçait de la faire vaciller.
-Mademoiselle ? demanda le professeur, interrompu
-Karmi. Karemi Oliade. Désolée du retard.
Elle s'inclina très légèrement et alla s'asseoir en s'appuyant sur les tables en chemin. En dehors de deux ou trois commentaires qu'elle s'efforça d'ignorer, elle n'entendit pas de moqueries, et son angoisse retomba. […] La fin des cours sonna. Enfin calme, Oliade regarda les jeunes filles qui s'approchaient avec méfiance.
-Lig-chan ? demanda l'une d'elle
Elle ouvrit de grands yeux. Seules Maru et Kaymin l'appelaient comme ça. Comment ?...
-Kanjo. Meina Kanjo. Mais je pense que "Kaymin" te sera plus familier.
-Sérieusement ?
Elle n'en revenait pas. Près d'elle, elle entendit un ricannement et son sang se glaça dans ses vaines. Une table plus loin, quelqu'un l’interpella et se moqua de sa peur. Oliade baissa la tête. Non, rien ne changerait. Jamais rien ne...
… Une main souleva son visage.
-Bats-toi, Lig-chan.
Les doigts d'Oliade se refermèrent sur un stylo qu'elle lança d'un grand geste circulaire en direction du garçon. Dans un mouvement parfaitement calculé, le stylo l'effleura sans le toucher.
-Pas de commentaires.
Après un regard menaçant, elle quitta la pièce en s'appuyant sur son amie. »
Sa deuxième année se passa donc sans encombre, et elle ne regretta jamais d'avoir osé entrer dans sa classe. Ce fut la troisième qui fut un peu plus compliquée.
Un de ses anciens camarades de classe ne tarda pas à la reconnaître malgré son profond changement d'attitue. Il fit ce qu'il savait faire de mieux : répandre des rumeurs. Le fait qu'il soit le seul à l'avoir connue par le passé pesa lourd dans la balance. Refusant de déprimer à nouveau, Oliade trouva refuge dans le monde virtuel. Forums, chats, jeux vidéos solos ou multijoueurs, elle se tourna vers un comportement d'otaku compulsive, mêlant son identité virtuelle à son identité réelle. Bien que renfermée, elle gagna en assurance et oublia rapidement la faiblesse de ses jambes. Le virtuel représentait 80% de son temps d'éveil, et tout était simple.
Décryptage à 50% - I am not alone,not beaten down just yet ! I am not afraid of the voices in my headIl lui fallut cinq moi pour se rebeller contre les rumeurs. Elle avait quitté tous les channels où elle risquait de recroiser Kaymin puis s'était dressée face à son ennemi. Elle l'avait frappé avec toute la force dont elle était capable, puis était partie en lui hurlant de ne plus raconter de mensonges à son sujet. Si ça ne changea pas l'opinion sur elle, ça suffit à stopper la circulation de rumeurs et ça lui fit un bien fou, ce qui n'était pas plus mal.
A partir de ce jour, malgré sa solitude, Oliade retrouva sa tranquillité d'esprit. A treize ans, elle se lança dans le codage html, créant ses propres structures et signatures. Elle troqua "Weaklig" contre "Ashitano" et se forgea une réputation sur toutes les communautés de jeux en ligne en se hissant des les premières places du classement. Elle créa aussi des sites annexes pour ses jeux préférés et a chambre devint bientôt une collection de consoles, jeux, pc et manuels en tout genre. La plupart du temps, elle se déplaçait sans se lever de sa chaise et ses jambes ne lui servirent bientôt plus qu'à se déplacer dans les couloirs du collège, ou en guise de levier pour sa chaise.
Du côté du monde réel, Oliade s'efforçait de rester bonne élève malgré ses longues heures de jeu, même si ses nuits d'insomnies se compensaient la plupart du temps sur sa table de cours. Elle ne prêtait plus aucune attention au monde extérieur, si bien qu'elle ne fut plus atteinte par les commentaires des autres. Lassés par son manque de réaction, les teignes locales se trouvèrent rapidement d'autres victimes. Mais elle n'y prêta pas plus attention qu'au reste.
Décryptage à 50% - This world will never be what I expected A quatorze ans, après le html, Oliade se lança dans le codage à proprement parler. Java d'abord, puis C, C++, Python et autres langages de programmation. Elle apprit les bases, approfondit son apprentissage en jonglant avec ses examens trimestriels et ses jeux vidéos. Sa communauté d'amis virtuels s'élargissait de jour en jour, elle aida même plusieurs d'entre eux à créer des jeux et modifia les siens, rajoutant des lieux, des personnages, des possibilités.
Avec le temps, elle finit par amener carrément ses consoles portables à l'école et le virtuel prit rapidement le pas sur le réel. Ses rares amis du collège étaient d'autres otaku rencontrés parmi la masse de joueurs et de chatteurs qui composaient ses réseaux IRC, Mumble et Skype. Elle parvint quand même à décrocher son diplôme avec de bonnes notes et entra au lycée.
Rapidement, elle comprit qu'elle ne pourrait pas tenir son rythme de vie actuel. Elle se programma des siestes en rentrant des cours pour parvenir à y rester éveillée. Elle ne coda plus que sur commande et retira un certain nombre de jeux du programme de ses soirées.
Décryptage à 70% - This can't be happening to meL'ennui commença à la ronger le jour où toutes ses boîtes de jeu empilée eurent la possibilité de dépasser le plafond. Ayant déjà fini la plupart dix fois et recodé une bonne partie d'entre eux, elle se tourna vers l'aspect mécanique de l'informatique. Elle étudia le fonctionnement de chaque machine, de chaque système. Ensuite, elle améliora les capacités de ses appareils à leur maximum, et ses connaissances intéressèrent pas mal de monde, autant dans l'univers virtuel que dans l'univers réel.
Côté virtuel, elle se renomma "Stormkreis" (littéralement circuit électrique en néerlandais), pseudo qui lui est resté, et fit la connaissance de Kraus-Over, un jeune homme au moins aussi geek qu'elle qui vivait à des kilomètres de Tôkyô. Pirate informatique notoire, il passa une bonne partie de ses soirée avec elle par écran interposé pendant au moins six mois.
Côté réel, Oliade rencontra Shin Meiruko, élève d'une classe supérieur approximativement adulé par une bande de décolorées au bronzage UV trop marqué. Après s'être débarrassé de ses adoratrices idiote, il passa une grande partie de ses journées avec elle.
Très vite, malgré la gentillesse et l'intérêt évident de Kraus, Oliade commença à se sentir attirée par Shin. Et elle prit rapidement conscience qu'elle n'avait pas rêvé les sous-entendus de son ami réel. Premier rendez-vous, premier baiser, il lui fallut à peine une semaine pour sortir avec lui.
Mais son idylle tourna court. D'abord, son ami virtuel perdit peu à peu le contact avec elle, notamment parce qu'il attendait d'avoir sa chance. Mais surtout, après quatre mois de relation, Oliade surprit Shin dans les bras d'une autre. Leur rupture fut aussi brutale que définitive.
- Extraction de donnée indépendante:
« Novembre 2008
Oliade rentra chez elle en larmes. Sans un regard pour ses parents, elle s'enferma dans sa chambre, débarrassa ses boîtes de jeu et s'écroula sur son lit en sanglotant. Elle savait très bien ce qu'elle avait vu, et personne n'arriverait à la convaincre du contraire. Comment masquerait-il l'odeur de cette fille avant de venir ? Comment avait-elle pu ne pas s'en rendre compte plus tôt ? Et pourquoi, pourquoi n'avait-elle pas eu le courage d'intervenir quand elle les avait vus enlacés.
Serrant les poings, elle s'efforça de retrouver son sang-froid et s'assit devant son ordinateur.
Connexion
Kraus ?
Je suis là
Aide-moi...
Qu'est-ce qui t'arrive, ma belle ?
…
Shin, je parie
Shin et une autre, pour être précise
…
Je crois que j'ai jamais autant eu envie de lui casser un bras
J'aimerais pouvoir te réconforter
Ca ira... Merci de t'être énervé pour moi. Il arrive là, il me semble
Que ça ne t'empêche pas le lui faire regretter.
Je serai là, si tu as besoin de moi.
Merci Kraus
Déconnexion
Lorsque la clenche s'abaissa, Oliade se retourna et jeta un regard noir à Shin. Ne se doutant de rien, il marcha dans sa direction. Elle l'arrêta d'un ton sec.
-Shin.
-Qu.... Qu'est-ce qui t'arrive, ma chérie ?
-Oh, tu le sais très bien.
L'air perdu dans son regard montrait au contraire qu'il n'avait pas tout saisi.
-Jolie fille, quoique je ne savais pas que c'était ton genre. Cet uniforme, c'était celui de Raira, non ?
-P... Pardon ?
-Oh par pitié arrête de bégayer et arrête de me prendre pour une conne. Tu mériterais que je te coupe la langue, histoire que tu arrête de la fourrer n'importe où. Et quand je parle de langue, je suis gentille.
-Oliade, je...
-Stop. Pas d'excuse vaseuse, par pitié. Je t'ai vu, ça m'a suffit. N'essaye pas de me faire croire que c'est un malentendu, un malentendu n'implique pas un échange de langues.
Elle se leva malgré ses jambes trop faibles et se planta devant lui, lui collant une gifle qui la fit trébucher. Elle se releva sans l'ombre d'un sourire.
-Maintenant sors de chez moi et réfléchit tranquillement à ta lamentable erreur.
Elle lui fit un vague signe de la main pour lui dire de partir et relança la conversation avec Kraus. Comme Shin ne faisait pas mine de sortir, elle se retourna.
-T'es toujours là ? T'attends quoi, que je change d'avis ? Oublie. Dégage d'ici. »
Décryptage à 80% - You keep coming back to the scene of the crimeAprès ça, le père d'Oliade fut muté à Matsuyama et Oliade scolarisée dans un lycée d'une ville voisine. Lycée où, par un étrange hasard, elle rencontra Kraus. Son vrai nom était Aru Karoso. La rencontré irl ne freina pas son intérêt pour elle, bien au contraire ; et il mit tout en œuvre pour la séduire et lui faire oublier Shin.
Dès lors, il entraîna Oliade sur la voie du piratage. Ses multiples connaissances en informatique lui furent énormément utiles. Mais le piratage informatique, qui n'était pas encore trop grave, tourna rapidement à autre chose. Sa connaissance des systèmes électroniques lui permettait sans trop de mal de désactiver bon nombre d'alarmes et la bande d'Aru la mit à profit pour cambrioler diverses maisons. Prise dans l'action, elle ne chercha même pas à savoir si ce qu'elle faisait était mal. Sa relation avec Aru était presque totalement physique en dehors de leurs petites escapades illégales, mais elle ne se rendait pas compte de la pente glissante qu'elle était en train d'arpenter.
Cela dura presque deux ans. Elle avait dix-huit ans quand tout tomba en ruines. Tout le groupe de voleurs fut arrêté, sauf elle car elle n'était jamais présente sur les lieux et que personne n'était remonté jusqu'à elle. Tous furent envoyés en prison et Oliade se retrouva seule. Et c'est dans cette solitude qu'elle constata à quel point Aru l'avait changée.
Décryptage à 90% - Show me a world that I can understandIl lui fallut plusieurs semaines pour redevenir elle-même. Toujours à 80% virtuelle, elle aapprit très rapidement qu'un de ses anciens camarades s'était évadé de prison.
Yuri Maeko, le camarade en question, entra dans sa chambre à peine quelques jours plus tard. Ce qu'elle comprit dans le vague mélange d'insultes qu'il lui envoya au visage, ce fut qu'il lui reprochait de ne pas être allée en prison en même temps qu'eux alors que sans elle leurs actions n'auraient jamais pris une telle ampleur. Ce fut cet incident, qui lui laissa une bonne dose de bleus et d'hématomes, qui décida ses parents à la changer de lycée. Pour la protéger plus qu'autre chose, ils l'envoyèrent au pensionnat Rayen.
Décryptage à 100% - Données mémorielles reconstituées.
Raph. Tout le monde m'appelle comme ça.