Pourquoi fallait toujours demander pour recevoir ? Attendre que l'on demande pour donner ? Dans une vie sentimentale, en amitié, en amour, en fraternité ou n'importe quel autre relation, je n'étais pas d'accord. Je n'attendais jamais qu'on me demande pour apporter mon aide, pour être serviable, pour aimer. Je donnais sans compter. On avait beau ne rien me donner en retour, je m'en fichais, je n'étais pas du genre à compter les points, à me dire « Tien, il a fait ceci pour moi alors je vais devoir faire cela. ». Alors, Térence, comme n'importe quelle autre personne pour qui j'avais de l'affection, aurait beau ne demander pas grand chose, ce n'était pas pour autant que je n'allais lui donner que pas grand chose. C'était peut-être un comportement que la plupart des gens qualifierait de... naïf. Un peu cruche. On disait souvent des gens trop gentil qu'ils étaient naïf, qu'on abusait d'eux. Peut-être que j'étais idiote de parfois trop faire de choses pour des gens qui eux s'en fichent complètement. Mais je me dis malgré tout, être gentil, même trop, ne pourra jamais être quelque chose de mal. Même si de temps en temps, cela pourrait se retourner contre moi.

« Rester ton ami, ca sera quelque chose de vraiment facile. Et, tu sais, même si tu ne demandes pas grand chose, c'est pas pour autant que je ne donnerai pas grand chose. En amitié, pas besoin de demander pour recevoir. Pas besoin d'attendre qu'on demande pour donner. Je pense que c'est une des bases la plus importante. »

C'était peut-être à cause de ca que j'avais pas mal d'amis. Que j'arrivais facilement à me faire des amis. Si on pouvait les considérer tous comme mes amis, car j'imagine, que sans le savoir, certains ne faisaient que se servir de moi. Mais maintenant que j'étais arrivée à Rayen, je devais me faire de nouveaux amis, et j'essayerais cette fois de ne pas me faire « pigeonner ». Je n'étais pas si naïve et idiote que ça, et j'arrivais à voir qui se moquait de moi, et qui ne le faisait pas. Et Térence n'était pas ceux pour qui je devais avoir de la méfiance. Je ne le connaissais pas depuis longtemps, mais je lui avais déjà accordé une partie de ma confiance, et à moi qu'il ne soit très bon acteur et manipulateur, il me paraissait sincère.

C'était fou comment nous partions dans des discours plus loufoques les uns que les autres. Pour ma part, c'était peut-être le fruit de mon esprit créatif. J'arrivais beaucoup à partir dans des choses un peu étranges. Aussi peut-être à cause des films de sciences-fiction que je regardais depuis que j'étais petite.

«On est certainement plus proche de l'immortalité que de revenir de la mort. On trouve déjà comment régénérer des cellules. Mais, en même temps, quelqu'un qui fait un arrêt cardiaque, on peut dire qu'il est mort non ? Et si on arrive à le réanimer, il est théoriquement revenu de la mort ? Je sais pas trop... »

Vous savez, il y a des gens qui on été ranimés qui on dit qu'ils avaient vu une lumière blanche... Les médecins ont évidemment une explication scientifique, mais qui sait ? Peut-être que ses gens on raison. Mais comme je l'ai dis, après tout, je n'en savais vraiment rien. Les personnes qui passaient à coté et qui entendaient notre conversation devaient vraiment se poser des questions. Ici, d'habitude, les gens on plutôt des conversations frivoles. Ou pas de conversation, juste quelques mots, un ou deux signes, et c'est fini.

Lorsque qu'ensuite j'entendis Térence dire que j'étais une fille super, et qu'il ne comprenait pas pourquoi un garçon pouvait me laisser tomber, j'eus un petit sourire. Généralement, lorsque que j'ai un petit-ami, rien de sérieux, c'est plutôt moi qui suis du genre à me débarrasser du garçon. Parce que je ne ressens jamais vraiment d'amour. Et la seule et unique fois ou j'ai vraiment été amoureuse, ce n'était ni la décision du garçon, ni la mienne. La distance pendant plusieurs mois avait fait elle même les choses. Mais j'avais tout de même un peu d'amertume en moi. Parce que je me dis qu'il aurait peut-être faire un peu plus d'efforts. Et j'en avais aussi après moi qui aurait du en faire un peu plus aussi. En fait, je ne pouvais pas savoir si les garçons pouvaient se lasser de moi au fil du temps, étant donné que mes expériences n'avaient été que courtes, et sans sentiments autre qu'un attachement, grands, certes, mais amical.

La deuxième partie de la phrase de Térence m'arracha un sourire espiègle. Surtout ses bégaiements à la fin. Il avait sûrement du mal tourner sa phrase. Ou se sentir gêné par ses propos, qui m'avaient rendu pourtant la fille la plus heureuse de cette boîte de nuit. Même si je n'étais pas d'accord, j'aimais toujours savoir que je n'ennuyais pas la personne avec qui je discutais.

«Je sais pas vraiment de quoi je parle... Ca ne m'est arrivé qu'une fois d'avoir été blessée. Mais une fois c'est déjà trop. Le reste du temps, c'est plutôt moi qui ai du blesser des gens. Enfin bon, si tu comprends pas, c'est normal. Même moi des fois, j'ai du mal à comprendre certaines choses. Et merci... Même s'il doit y avoir un tas de fille bien mieux que moi ici, je suis contente que ce soit à moi que tu es parlé en premier. »

Et puis, en voyant Térence boire d'un seul coup son verre, j'eus un petit rire en ouvrant un peu la bouche, comme choquée. Il m'avait dit que c'était la première fois qu'il avait bu, et boire aussi vite pouvait lui réserver des surprises. Bonnes, ou mauvaises. Bonnes étaient celles qui l’amèneraient à danser sur le bar, d'être joyeux, sans gênes. Les mauvaises étaient celles qui le conduiraient droit vers les toilettes, lui donneraient des vertiges et la tête qui tourne. Sans parler du mal de tête du lendemain. Mais avec un seul verre, je n'avais pas à m'inquiéter. Je fouillais dans mon sac, sortis un crayon, mon plus petit carnet à dessin sur lequel je pourrais écrire tout ce qu'il faisait. Et d'un coup, je pris mon verre et le bu d'un coup. L'entendant rire, je ris aussi, avec lui. Je ne ressentais pas vraiment l'effet de l'alcool, j'y étais habituée. Et j'en étais à mon deuxième verre. Je posais ma main sur l'épaule de Térence, amicalement, comme le font les bons potes.

« Tu sais, si j'ai bu aussi, je risque d'avoir un peu de mal à écrire correctement. Alors sois indulgent sur l'orthographe d'accord ? Je pense que tu commences déjà à être saoul. Il va falloir aller danser tant que l'alcool fait son effet. Mais la danse permet aussi de désaouler plus vite... »

Sûrement parce qu'en dansant, l'alcool passait dans la transpiration. Charmant. Je commandais rapidement un petit shooter de vodka citron pour moi, car je ne ressentais pas assez l'effet de l'alcool, ce dont j'avais pourtant envie. Il fut servie en deux secondes, et bu en deux secondes aussi. J'écrivis alors rapidement l'heure sur le carnet, avec le mot « danse », et je fis en trente seconde un petit dessin en dessous d'un garçon en tutu de danse, plutôt réussi. Je me levais alors de mon tabouret de bar, rangeais mon carnet, pris la main à Térence, en l’entraînant dans la foule où tout le monde dansait, en rigolant. Ca y est, je me sentais bien. Alcoolisée. Euphorique, et partie pour faire la fête.

« Allez, c'est parti. Défoule toi, et copie sur les autres si tu sais pas comment faire ! »

Une fois dans la foule, tout le monde était plutôt collé. Je m'en fichais, j'étais habituée, et je dansais au rythme de la musique, facilement.