Pour une fois que ce n’est pas moi qui me fait des idées! Je déteins vraiment de manière favorable sur Dwayne –enfin, dépendamment du point de vue. C’est moi ou ses joues sont pivoine maintenant? Il y a comme un temps d’arrêt et j’en ressens les effets. Tout-à-coup, moi qui étais si pur et si chaste *tousse*, je me mets aussi à avoir des scénarios très chauds en tête. Sauf que, je ne rougis pas. Nous sommes tellement différents l’un de l’autre, si jamais on devenait un couple par miracle, nous formerions un beau couple antithèse. Blanc sur noir. Ou noir sur turquoise en ce qui nous concerne. Je nous imagine très bien nous entremêler. Je suis certain que nous formerions un match parfait, opposé –certes-, mais parfait. Comme la dernière pièce d’un puzzle. C.A.R (Conscience amoureuse de Ren), je t’ai déjà dit de me foutre la paix avec tes images shakespeariennes à la con! Un énorme sourire sur le visage, j’hésite encore entre le taquiner en affirmant son intuition ou en m’excusant de la confusion, avouant mes intentions les plus pures. Bien entendu, je ne suis qu’un connard, devinez l’option que j’ai choisi?

« Ce que j’entends par là? »

Un sourire mesquin aux lèvres, une lueur espiègle au fond des yeux, je me penche vers lui. Je laisse mon souffle se balader sur son cou, frôler son menton et aguicher ses lèvres. Effleurements insoutenables, mais je sais qu’ils en vaudront la peine et ils me confirmeront enfin quelque chose de crucial. Je plonge vers lui, mes mains sur ses épaules pour le faire basculer sous mon poids. Encore aucun réel contact. Mes prunelles bleues sont plongées dans ses yeux. Je pourrais l’embrasser, cesser ce petit jeu cruel, mais je préfère que ça vienne de lui. Je ne lui en ferai pas la demande verbalement. Je réclame de mon corps. Mes mains jouent dans ses cheveux, mon bassin se presse contre le sien, sans se faire trop insistant.

J’attends.

L

e sourire qu'il a étampé sur la bouche me fait presque peur, un frisson parcourt mon dos. À la fois de peur et d'autre cho-. Hum, oui bon, bref. Je sursaute quand je sens son souffle sur moi et une pression dans mon espace vital. Je tourne mon regard dans sa direction, les yeux légèrement écarquillés. Je suis presque en train de loucher quand je ferme les yeux, son visage trop près du mien. Je me crispe de partout alors qu'il m'effleure, me forçant à m'allonger, lui sur moi, ce faisant j'ouvre les yeux de nouveau pour le regarder, choqué. Je crois que je n'ai jamais été aussi rouge et aussi crispé et raide de toute ma vie. J'ai peur, atrocement peur, mais en même temps je suis rassuré. Des sentiments tout à fait contradictoire et stupide et inadéquat et, bon dieu de merde. Je fixe les deux orbes océaniques qui sont ancrés dans mes yeux, incertain, effrayé. Mais bordel de couille il me TOUCHE. De tout son corps ! Même son.. hum.. bref, il est tout appuyé contre moi et me joue dans les cheveux - ce qui me donne d'atroce et agréable frisson -. Je commence à gigoter, pour tenter de me défaire de son emprise.

« Euh, Ren, je.. arr-...... »

Je stoppe tout mouvement en m’apercevant que ça frotte... là, quand je bouge. Je soupire, rouge, et détourne le regard, atrocement mal à l'aise. Bien que mon cerveau y pense, y mette le plus d'images détaillés qu'il est capable de produire, moi, je ne veux pas. Je ne veux pas qu'il continue dans cette voie là. J'ai peur et... Non, je ne veux pas.

« Je ne.. veux pas que tu... hum.... D'accord ? »

S'il ne comprend pas, ou qu'il s'amuse à ne pas comprendre, je crois que je vais lui foutre une baffe dont il va se souvenir toute sa vie. Je veux bien, les baisers.. les caresses, tant que ça reste sage. Pour aller plus loin, je ne suis pas encore... à l'aise, ni en confiance. Et j'ai peur. Merde, pourquoi je me justifie à mon esprit ? Soupirant dans ma tête, je soulève ma tête légèrement pour effleurer son nez du mien, me recouchant ensuite.

C’est bien drôle qu’il me demande d’arrêter, alors qu’il ne fait qu’attiser un peu plus fort un désir que je tente de refouler pour ne pas l’effrayer. Je ferme les yeux un moment, essayant de me soustraire à cette vision de Dwayne, à ma merci et tentant de s’enfuir. Je dois être un psychopathe refoulé, j’aime quand mes conquêtes se débattent, démontrent une légère frayeur. J’ai quelque chose de sadique en moi que je me refuse d’aimer ou d’accepter. Je suis soulagé quand il arrête ses gigotements insupportables. Il n’a pas complètement réveillé une partie de mon anatomie, mais il s’en est fallu de peu. J’ouvre à nouveau les paupières, remarque qu’il évite mon regard, les joues dix fois plus rouge si c’est possible. Ça le rend très mal à l’aise, je le vois. Il a du comprendre tout l’effet que sa tentative de fuite me faisait. Je continue de l’observer, j’attends. Tout ce que je veux, c’est un baiser. Une confirmation de son accord à me toucher, m’embrasser, à avoir des contacts physiques plus soutenus et plus fréquents. Si je peux canaliser mon désir pour lui en de petites attentions par-ci, par-là, je devrais m’éviter 10 ans de thérapie dans un institut psychiatrique pour meurtre et nymphomanie. J’exagère… un peu. « Je ne.. veux pas que tu... hum.... D'accord ? » Et là, je comprends. C’est certain, après l’apparition inattendue dans son lit, le trop plein d’amour contre la banquette dans le bar, il est parfaitement en droit de me craindre à ce niveau-là. Son nez vient se frotter contre le mien. Ce n’est pas ce que j’espérais, mais c’est mieux que rien. Je vais prendre ce petit pas de bébé.

« On en est pas encore là, Dwayne. Panique pas. »

Je lui souris gentiment, réprimant toute malice en moi. Doucement, je dépose mes lèvres contre les siennes en un baiser qui est beaucoup trop tendre. C’est bien loin de me rassasier, mais je vais accorder mon rythme au sien. Doucement, mais sûrement. Je me redresse et le libère de mon poids. Je prends une barre de chocolat et la lance à mon petit poney.

« Un drinking game, ça te dit? »

Je sais que Rei a une bouteille de vodka quelque part. On aura qu’à mélanger la vodka avec le jus que j’ai apporté. Enfin, s’il accepte.

« Pour une fois, je te laisse choisir les règles du jeu. »

«

On en est pas encore là, Dwayne. Panique pas. »

Je ne panique pas ! Je ne panique pas du tout ! Non mais bordel, j'vais me coucher sur toi, à moitié nu, me collant à des endroits incongru et après ne panique pas, pense pas que je vais te violer tout cru ! Non mais ! Il me sourit, et ça me réconforte un peu dans ma soudaine montée d'émotions fortes. Puis il m'embrasse et là je tombe à la renverse. C'est doux, c'est tendre et j'aime ça. J'espère que je ne vais pas réagir aussi fort à chaque baiser... Non, parce que je vais faire de l'arythmie à ce rythme. J'essaie de lui rendre ce baiser, mais je ne sais pas trop comment faire alors je me contente de participer du mieux que je peux. Mais, trop tôt à mon goût, il se redresse et mon corps le suit tout seul, restant blottit contre lui. Je me fais honte avec tant de.. de... je ne sais pas comment ça s'appelle, mais je me donne l'impression d'un mollusque collé et dépendant de Ren. Ce qui ne me donne qu'une seule envie ; me frapper aussi fort que je le peux.

Il me propose un drinking game. Je ne sais absolument pas ce que c'est, mais j'imagine que c'est un jeu d'alcool, eh. Mais quelle perspicacité, Dwayne, franchement tu m'impressionnes. Je le regarde, un peu perdu alors qu'il me dit que je peux choisir les règles. Mais c'est quoi ? Un genre de vérité-conséquence, ou je sais pas ? Les seuls drinking game que je connais c'est le jeu d'échec, mais avec des shots... Et un jeu sexuel que mon amie m'a expliqué une fois, mais bon... on élimine d'avance - mais bordel je ne pense qu'à ça ? Il faut vraiment que j'arrête -. Je m'éclaircis la gorge, toujours collé contre lui - un molusque que je dis, un mollusque -.

« Euh.. J'ai jamais jouer à un drinking game et les exemples qui me viennent en tête ne sont pas.. enfin. C'est pas très inspirant. »

Puis je me rappelle une ancienne et première sortie lui et moi, puis je le regarde, de nouveau presque effrayé, mais tentant d'alléger le tout avec un ton de blague.

« Tu te rappelles ce que ça a donné quand tu m'as fait ingérer de l'alcool ! »

J’ai lancé la barre de chocolat un peu trop fort et elle a atterrie juste à côté de lui. Je ne crois pas qu’il l’ait remarqué, alors je n’en fais pas de cas. Si je me mets à être insistant sur la question, il va surement se douter de quelque chose. Faisons profil bas pour l’instant. Je me prends moi-même une barre, parce que, ce n’est plus un secret pour personne, je suis un ogre. J’en mange quelques carrés, savourant cette injection de sucre. Ça me surprend que Dwayne reste attaché à moi. Je le taquinerais bien là-dessus, mais je suis certain qu’il se décollerait illico. Je suis confortable, alors autant profiter de ses contacts qui se font rares. Enfin, c’était mon impression jusqu’à ce soir. J’ai vaguement l’impression qu’à l’avenir, je pourrai m’en permettre un peu plus, et lui aussi. Décidément, même quand je ne veux pas être maitre de la situation, je me retrouve quand même à tout décider par son manque d’expérience. C’est mignon, dans un sens. Toutes ses premières expériences se font avec moi. Je me sens privilégié. Je ne sais pas trop comment interpréter son dernier commentaire, cependant. Est-ce que je dois prendre ça pour un « je ne veux pas jouer »? Personnellement, je prends la décision de faire comme si je n’avais pas entendu. J’aime bien l’idée que je viens d’avoir. Je me lève et sors de la tente improvisée. J’espère que Rei ne m’en voudra pas pour cet emprunt. Je lui en rachèterai une autre bouteille au besoin. Je farfouille un peu dans ses affaires, essayant le plus possible de ne pas foutre le bordel par-dessus le marché. Je finis par trouver la fameuse bouteille de vodka et la ramène sous le fort. J’avais acheté cet après-midi des petits verres en plastique. J’en sors deux et y verse du jus et une quantité à moitié calculée de vodka.

« On va jouer à je n’ai jamais. C’est très simple, je dis par exemple : Je n’ai jamais volé dans un supermarché. Si tu l’as déjà fait, tu bois. Si tu ne l’as jamais fait, tu ne bois pas. Ça te va? Avec toutes les conneries que j’ai faites, t’as plus de chance de me saouler que l’inverse. »

J

e le regarde sortir pour chercher quelque chose, puis il revient avec une bouteille de vodka et j'appréhende. Il m'explique alors le jeu et je rougis à son exemple. Si ça aurait été une vraie question, j'aurais bu pour ce coup. Je me racle discrètement la gorge et m'installe plus confortablement pour le regarder faire, acceptant le jeu. Bien que le malaise que je ressens depuis tout à l'heure est toujours présent, il y a aussi un peu d'enthousiasme qui vient teinter mon humeur. Je suis certain qu'il sera saoul à ramper par terre, car comme il vient de le dire, il doit avoir fait des conneries que j'imagine même pas. C'est mon nouveau but de la soirée, bien que je ne pense pas aux conséquences fort probables qui pourront suivre. Je réfléchis un peu avant de commencer, me demandant ce que je n'ai jamais fait qu'il a surement du faire des milliers de fois. Ah !

« Je n'ai jamais passé une soirée en boîte de nuit ! »

Je lui fait un sourire innocent, gâché par mon regard sournois. S'il boit pas, je vous jure que je l'applaudis ! Non, en fait je le frappe et je l'accuse de tricherie. Bwahaha. Il sera tellement saoul qu'il va tomber dans un coma éthylique et j'aurai la paix pour quelques temps ! Aussitôt que je pense cela, je me dis qu'il ne va pas trop falloir que j'exagère et que je le laisse aller, parce que s'il tombe réellement dans un coma, je pense que je vais tout simplement mourir d'inquiétude. En pensant à ça, je réfléchis au fait que rien ne l'empêche d'aller se saouler partout et de faire des tas de conneries sans que je sois là pour le surveiller et j'ai envie de l'attacher à moi pour l'avoir sous les yeux continuellement. En réalisant mes pensées, je me fous une claque mentale. Mais à quoi est-ce que je joue ? Il fait sa vie et s'il se fait renverser par une voiture en traversant la rue, c'est pas mon problème ! Aussitôt que je pense ça, j'ai la gorge qui se serre. C'est un peu peut-être mon problème finalement... Ooh que je le déteste d'être devenu aussi important dans ma vie en un si court laps de temps !

« Je n’ai jamais passé une soirée en boite de nuit! »

Je n’ai pas vraiment le choix, il faut que je prenne une gorgée. Enfin, je ne vais pas me faire prier non plus. Je suis donc le premier à entamer la beuverie. Je ne suis pas vraiment surpris qu’il n’y soit jamais allé. Ce n’est pas une grande perte pour quelqu’un qui a peur des espaces confinées. Moi-même, et je ne suis pas claustrophobe, j’ai parfois l’impression d’étouffer dans ses endroits. Ce serait peut-être une idée de sortie… dans un petit club, pas trop bondé, peu populaire. Si seulement je connaissais mieux les environs. Si nous serions en Angleterre, j’aurais pu lui montrer tous les endroits que je connais et lui faire visiter mon pays d’origine; ma maison. À cette pensée, j’ai un petit coup de nostalgie, j’en oublie presque notre petit jeu. Faisant mine de réfléchir, je prends d’autres bonbons et les gobe tous pour me remettre un peu dans l’atmosphère festive de cette soirée. Je ne vais pas gâcher celle-ci également parce que, tout-à-coup, j’ai le mal du pays. Ressaisis-toi, Ren. Il faut que je pense à quelque chose que je n’ai jamais fait, mais qu’il a probablement déjà fait dans sa vie. C’est… plutôt dur.

« Je n’ai jamais… vu de kangourous en vrai! »

Je lève mon verre à cette trouvaille. Si je suis assez malin, je vais peut-être réussir à le saouler moi aussi. Et qui sait ce qui pourra bien se produire par la suite… Ne pouvant m’en empêcher, je me colle de nouveau contre Dwayne, l’observant malicieusement, attendant qu’il prenne sa gorgée. S’il ne la prend pas, je remets en doute ses origines australiennes!

I

l boit et j'ai un sourire que je sais triomphant aux lèvres. Évidemment, lui il l'a déjà fait, c'est un grand fêtard alcoolique, très certainement ! C'est là que vont les connards pour s'enfiler quelques conquêtes... C'est horrible, mais probablement vrai, dans son cas. S'il me fait le coup une seule fois d'aller voir ailleurs, je m'arrange pour le faire souffrir le plus possible et je disparais de la circulation pour toujours, pour ne pas avoir à le croiser après ça. Je ne supporterai jamais, jamais qu'il fasse ça. Je regarde son visage, contrarié de devoir avoir peur qu'un jour il succombe à la luxure vite fait bien fait avec quelqu'un d'autre, mais l'air qu'il affiche me fait oublier mes tracas éphémères. Il semble triste. Mais ça passe vite et il gobe des bonbons avant de dire « Je n’ai jamais… vu de kangourous en vrai! » Mon sourire triomphant et mon air je-vais-te-niquer-à-ce-jeu disparaît d'un coup et je le tue du regard. Mais merde, ça c'est injuste ! J'attrape mon verre en marmonnant un petit « Va te faire foutre » et je prends une gorgée, grimaçant légèrement. Ça a beau être coupé avec du jus, c'est quand même fort et ça brûle le fond de ma gorge, sensation fort agréable. Bon, mon tour. Mais Ren vient se coller à moi et ça me fait perdre toute ma concentration. Je le laisse faire, raide, puis finit par me calmer, me laissant aller contre lui et je dis la première chose qui me passe par la tête ;

« Je n'ai jamais bu d'alcool au point de me réveiller le lendemain et de ne plus savoir où je suis. »

De nouveau mon sourire machiavélique. J'appuie ma tête sur son épaule et l'observe. C'est fou comme l'ont peut être dépendant d'une personne aussi soudainement et même si l'on a tout fait pour que ça n'arrive pas. Baffe mentale. Ta gueule, Dwayne, t'es pas dépendant. Ou peut-être que si. Enfin, juste un peu.

J'apprécie qu'il ne tente pas de s'enfuir à mon contact. Ça fait changement. J'observe son petit sourire machiavélique et j'émets un rire nerveux. C'est qu'il m'a bien cerné, le petit. Pour rester totalement honnête, je suis bien obligé de prendre ma gorgée. Mais qu'est-ce qu'il va penser de moi après ce jeu stupide. C'était vraiment pas une bonne idée tout compte fait. En même temps, il aurait beau me juger sur mes agissements plus que discutables, aucune histoire mémorable ne commence avec une salade! Je me souviendrai toujours de cette soirée. Au moins, ça ne m'est arrivé qu'une seule fois dans ma vie! J'étais avec des copains, on avait bu comme des trous. J'étais encore à Londres et je croyais connaitre tous les recoins de la région. Pour ma défense, j'avais pris plus que de l'alcool... Oui, bon, ça ne m'aide pas beaucoup en fait... Bref, j'étais loin d'être dans mon état normal et j'avais entrepris de faire une quête. Je recherchais un dragon et l'or qu'il cachait. C'est la dernière chose que je me souviens, avant de me réveiller le lendemain dans un quartier sombre, dans une benne à ordure au fond d'une ruelle. Personne ne me laissait entrer à cause de l'odeur que je dégageais. Il me prenait tous pour un ivrogne et un clochard, alors j'ai du marcher pendant des heures jusqu'à atteindre une avenue que je connaissais. Ah la la ~ Que de souvenirs. J'ai vomi presque toute la journée, chaque fois que j'avais quelque chose dans l'estomac, cette journée là. À ne jamais refaire. Une chance que je ne suis pas obligé de raconter tout ça.

« Très bien. Je n'ai jamais... »

J'ai vraiment l'air d'un énergumène à chercher des trucs que je n'ai jamais fait. C'est pas comme si j'avais absolument tout fait et tout vu sur la planète, mais tout ce que je n'ai pas fait, je suis certain qu'il ne la pas fait non plus. Enfin... je pourrais toujours être surpris, mais je préfère le saouler que prendre des chances inespérées.

« Je n'ai jamais eu d'animal de compagnie! »

Et juste après avoir eu ce petit sourire triomphant, parce que c'est vrai, je me rends compte à quel point c'est triste. Mais vraiment... De quoi j'ai l'air, là? J'en perds un peu l'éclat de mon sourire.

Ç

a semble très difficile pour lui de trouver quelque chose à dire, mais il trouve finalement et je fronce le nez. Il n'a jamais eut d'animal de compagnie ! Moi, j'avais un rat dans mon tiroir. Mon père est allergique à tous les poils d'animaux, sans exception. Nous n'avons jamais eut de bon vieux toutou gardant la maison en notre absence, mais je me suis déjà procuré illégalement un rat, il était gris et je le laissais dans mon tiroir. J'ai réussi à le garder pendant plusieurs mois avant que mon père veuille aller ranger ma lessive et ouvre le fameux tiroir... Ça n'a pas prit deux minutes que je disais au revoir à mon copain. Papa était furieux ! Je soupire, revenant à l'instant présent. Je bois une autre gorgée, tirant la langue à Ren. S'il continue à être aussi intelligent, je vais me retrouver saoul avant lui ! Quoique j'ai beaucoup plus d'arme en poche !

« Je n'ai jamais.. »

Qu'est-ce que je n'ai jamais fait ? C'est pas évident de trouver, comme ça. Il y a des tas de trucs que je n'ai jamais fait. Machinalement, sans vraiment y penser, trop absorbé que je suis à trouver quelque chose à dire, j'apporte mon verre à ma bouche pour prendre une autre gorgée, puis je réalise ce que je fais quand la morsure de l'alcool me pince la gorge. Mince ! C'est pas égal ! C'est pas juste ! Il doit boire lui aussi sinon c'est pas.. pas équitable ! Je lève le verre de Ren vers sa bouche à lui.

« Tu dois prendre une gorgée ! Sinon c'est pas juste ! J'ai pas réfléchis, j'avais soif et.. Bois !! »

Je refuse qu'il ait une longueur d'avance ! Déjà que je ne supporte pas bien l'alcool et que je risque d'être saoul avec la moitié de ce que ça lui prendrait à lui pour être "réchauffé". Sans vraiment m'en rendre compte, je suis presque à moitié monté sur lui pour l'obliger à boire. Lorsque je réalise notre proximité, je me calme soudainement et mon regard accroche les deux prunelles azur qui compose le sien. Il fait chier avec ses yeux, bordel...

« Je n'ai jamais.. embrassé personne avant toi.. »

Mais qu'est-ce que je viens de dire comme connerie ENCORE ? Mes joues me brûle, foutus yeux qui me font dire des trucs cons, arg.

En moins de deux, j’ai Dwayne sur les genoux, me forçant à prendre une gorgée de mon verre de jus et vodka. Je profite de cette proximité pour passer un bras dans son dos et le serrer plus étroitement contre moi. Le verre a cogné contre mes lèvres, mais comme il est en plastique, je n’ai presque rien senti. J’ai déjà la moitié de mon verre dans la gorge quand il m’explique maladroitement pourquoi il agit aussi bizarrement. Je souris. Comme si une petite gorgée de rien du tout allait changer quoi que ce soit. Enfin, je ne dirai rien. Je recrache la moitié du jus que j’avais dans la bouche dans le verre et reprends une petite gorgée. Je ne vais pas quand même pas me plaindre vu la position dans laquelle nous sommes maintenant. Son regard est ancré dans le mien, intense.

« Je n'ai jamais.. embrassé personne avant toi.. »

Ça, je le savais déjà, mais ça me fait toujours le même effet. Je suis le premier, le seul, l’unique. Il a les joues en feu. Je le serre encore plus fort contre moi en me sentant un peu stupide de prendre cette gorgée. J’ai envie de lui dire qu’il n’est pas le premier que j’embrasse, mais qu’il est le premier que j’aime vraiment. Aussitôt que cette pensée traverse mon esprit, je pense de nouveau à toutes ces interrogations qui me martelaient le crâne. Est-ce vraiment de l’amour que tu éprouves ou bien est-ce uniquement un désir frustré qui réclame récompense? Si je mélange mes questionnements à l’alcool, je suis certain de perdre les pédales avant la fin de la soirée. Je décide donc de chasser ses sombres idées. Bon. C’est fait. Maintenant, je dois le faire boire, moi aussi.

« Je n’ai jamais voulu t’embrasser autant que maintenant. »

Sur ces mots, je dépose mon verre à côté de moi et vient glisser ma main derrière sa tête. Rapidement, avant qu’il ne puisse se débattre, parce que je m’attends toujours à ce genre de réactions de sa part, je le penche vers mon visage et l’embrasse passionnément.

I

l boit. Et je le fixe toujours intensément. Bien sûr qu'il boit. Je ne serai jamais son premier dans rien, il aura tout déjà fait. Alors que pour moi, tout ce que je fais avec lui c'est de la nouveauté. Son bras qui entoure ma taille, me serrant un peu plus contre lui, ne me dérange plus. Il n'y a que cette petite voix entêtante qui me hurle de me détacher au plus vite avant qu'il ne touche ces affreux défauts qui ornent mon corps, mais le magnétisme de son regard m'empêche de faire tout mouvement. Ce bras chaleureux est même agréable. C'est fou de voir à quel point il me change. Et je n'arrive pas à déterminer si c'est positif ou négatif, ce changement qui s'opère en moi plus je me rapproche de lui.

Est-ce que je l'aime ? Dire non, ce serait mentir effrontément. Entre l'amour et la haine, il n'y a qu'un pas. Pourquoi est-ce que cette expression est tellement vraie dans ce cas précis ? Je le déteste de m'avoir fait tombé amoureux de lui. Amoureux. Ça semble si grand, tant étranger à ce que je ressens d'habitude que j'ai l'impression que ce n'est pas le bon mot. Ce n'est pas pour autant que je suis prêt à tout lui donner de moi sur un plateau d'argent... Mais je peux me laisser aller un peu plus. Parce que j'en ai envie, parce que je me sens capable de le faire. C'est un miracle qu'il puisse me tenir dans ses bras comme ça, sans que je ne me débatte. Je déteste profondément le touché des autres, pour des raisons que j'ai déjà dites. Mais, maintenant, avec lui, je m'en sens capable. Et ça me surprend de moi-même à un point tel que j'en oublie même sa présence. Présence qu'il ne tarde à me faire rappeler.

« Je n’ai jamais voulu t’embrasser autant que maintenant. »

Et sans même me laisser le temps d'assimiler ce qu'il vient de me dire, il fond sur ma bouche comme l'aigle pique vers le souriceau pour le happer dans ses serres. Sauf que, loin de la douleur que ces dernières occasionneraient, la douceur de ses lèvres me fait frissonner. Je pousse un petit cri étouffé par sa bouche sur la mienne, surpris. Mon coeur veut de nouveau faire une fugue hors de ma cage thoracique, comme à chaque fois qu'il m'embrasse, alors que je réponds timidement à son baiser. Mes mains s'en vont voyager sans ma permission dans sa chevelure, l'ébouriffant doucement, mon corps se moulant au sien dans l'intention d'avoir le plus de contact avec le sien alors que mon cerveau passe sur le mode automatique. Je crois que j'ai de nouveau battu mon record de visage rouge pivoine.

Est-ce que ce sont ses mains que je sens dans mes cheveux? Il s’agrippe aussi à moi, de toutes ses forces, dans un abandon total et inconnu. Je ne discute pas et savoure ce moment autant que je peux. Je me laisse même retomber sur le dos avec Dwayne sur moi. Il ne devrait pas paniquer cette fois-ci. C’est lui qui est au-dessus de moi, c’est lui qui a le contrôle. Enfin, c’est ce que je veux qu’il croit, parce que j’ai quand même ma main derrière sa nuque et je refuse de le laisser partir. Ma main qui s’est aventuré dans son dos, s’aventure de nouveau dans son dos, mais glisse sous le chandail. J’effleure sa peau, chaude et frémissante sous mes doigts. Mes lèvres glissent de ses lèvres jusqu’à son cou que je couvre de baisers. Je suçote sa peau, la mordille gentiment sans y laisser la trace de mes dents. J’ai envie de lui faire un gros suçon pour signaler aux autres prédateurs qu’il appartient déjà à quelqu’un. Je me retiens de justesse. Je continue mon manège, je l’embrasse de nouveau sur les lèvres, chastement et je l’observe. Je dois m’arrêter sinon mon cerveau va disjoncter et me pousser à faire des choses que je vais bien malheureusement regretter à mon réveil. Mon regard s’ancre dans le sien, quelques secondes passent où je reprends mon souffle et tente de me vider l’esprit. Or, mon esprit ne se sent pas coopératif aujourd’hui et une partie de mon anatomie décide de se réveiller. Des images déferlent dans mon crâne et je n’arrive bientôt plus à me faire violence. Je dévore de nouveau ses lèvres, incapable de penser à autre chose.

C’est moi ou il commence à faire chaud dans la tente improvisé?

S

ans m'en rendre compte, il bascule, m'entrainant avec lui dans ses bras. Je me retrouve couché sur lui et la position me trouble. C'est un peu un rappel de tout à l'heure, sauf que je suis sur le dessus et ça me parait moins "sexuel" que tout à l'heure. Mes questions et mon trouble se font vite balayer par sa bouche qui descend dans mon cou, provoquant des frissons de plaisir partout dans mon corps et sa main qui caresse mon dos qui s'arque sans que je ne puisse le retenir, accentuant le contact entre une certaine partie de mon anatomie et la sienne. Mon visage est dans son cou à lui et, incertain, j'ose quelques petits baisers hésitants, tentant de reproduire ce qu'il me fait, en partie. Sa peau est douce, et il sent bon. J'aime son odeur, j'aurais envie de m'y lover jour et nuit. Il revient devant mon visage, nos souffles se mélangent et il m'embrasse de nouveau, chastement cette fois ci, ce qui est tout aussi agréable. Je plonge mes yeux dans les siens et nous nous observons un moment. J'ai chaud, très chaud et ma respirations est légèrement saccadée. Mais qu'est-ce qui se passe? Qui a prit possession de mon corps ? Pour que je me laisse faire comme ça, que je me laisse toucher de cette façon, je ne dois pas être dans mon état normal, ça c'est sur.. Qu'est-ce qui m'arrive ?

Sans avertissement, Ren s'empare de nouveau de mes lèvres, déjà rouges et un peu gonflées. Tout de suite je remarque un changement qui me donne un frisson qui parcourt toute ma colonne vertébrale. À la fois de peur et d'excitation. Je me laisse faire, profitant de la situation, jusqu'à ce que ma peur prenne une avance sur l'excitation lorsque je sens une protubérance là. Je me recule juste assez pour pouvoir lui souffler d'une voix que je veux forte, mais qui se fait tremblante ;

« Ren.. ? »

J’ai très, très envie de lui, tout-à-coup. J’ai envie de le mordre, de le dévorer, d’aspirer son essence. C’est un besoin qui se fait pressant et qui se bouscule sous ma chair. Tout le sang dans mon corps est dirigé vers un seul endroit. Je n’arrive plus à réfléchir correctement, je ne pense plus à rien, je ne veux qu’une chose. Et quand Ren veut, il obtient. La testostérone est trop forte et Dwayne doit en sentir l’arôme, car il se redresse et lâche mon prénom, dans le vide, d’une force fragile. Je m’arrête un moment pour l’observer. Je détaille ses yeux émeraudes, les quelques mèches turquoises qui dansent sous ses mouvements, ses lèvres rougies par la passion… Je me fous de son avertissement muet et me lance de nouveau à l’arrachée dans cette étreinte forcée. Je l’embrasse plus fort, plus violemment, comme si ma vie en dépendait. Nos deux corps roulent et je me retrouve en position de force, sur lui. Je balance mon bassin contre le sien, mon visage de nouveau enfoui dans son cou. Mes lèvres descendent sur sa clavicule, puis vers son ventre. Ce n’est qu’une fois arrivé à son nombril qu’un éclair de lucidité me frappe. J’ouvre grand les yeux et appuie mon front fiévreux contre son ventre. C’est confortable, doux. J’inspire, j’expire. Je me redresse vivement, prend mon verre et le vide d’un coup. Je m’éloigne de Dwayne et vais dans mon coin me resservir un verre. C’est douloureux sous la ceinture, mais je devrais survivre.

« Bon, euh… On en était où? C’était à ton tour, non? »

P

endant à peine trente secondes, il cesse ses baisers fougueux pour me regarder. Son regard me fait frémir de la tête au pied. C'est celui d'un prédateur qui n'attends que le moment propice pour dévorer sa proie. Ça ne dure qu'un court instant, mais ça me fait oublier jusqu'à mon prénom tant il est... sensuel en ce moment. Sans avertissement il plonge de nouveau sur ma bouche et sa violence quasi désespérée m'entraine avec elle. Sans réaliser exactement ce qui est en train de se passer, mes lèvres bougent avec les siennes, je ne remarque qu'à peine qu'il nous a fait rouler et qu'il est désormais sur moi, capable de m'empêcher de bouger, de m'enfuir... Mes bras vont se loger autour de son cou, mes mains dans ses cheveux alors que son visage est au creux de ma gorge. Ce n'est que lorsqu'il se met à descendre que je refais surface et commence à paniquer. Je tire un peu ses cheveux, couinant son prénom, frissonnant malgré moi sous la caresse de ses lèvres.

Sans prévenir, il cesse de bouger et je retiens mon souffle. Son visage est enfoui dans mon ventre et je sens son souffle sur ma peau. On dirait qu'il respire comme pour se calmer. Mes mains sont toujours posées sur son crâne et je les enlève prestement alors qu'il se relève. J'oscille entre la terreur et l'envie. Je suis soulagé aussi, qu'il se soit arrêté. J'ai aussi l'impression que mon coeur est gorgé d'amour à son encontre, simplement parce qu'il s'est repris en main avant d'aller trop loin. Le niveau de confiance que je lui porte vient de level up. Je reprends mon souffle en me redressant, l'observant avaler cul sec son verre puis aller se resservir. Je laisse le miens là où il est.

« Bon, euh… On en était où? C’était à ton tour, non? »

Je ne comprends pas ce qu'il dit. Je me contente de le regarder fixement, comme fasciné, terrifié et, je ne sais pas. Puis mon cerveau fait tilt et j'ouvre la bouche.. Ma voix est rauque, je me racle la gorge avant de continuer.

« J-Je crois... Euh.. Je n'ai jamais autant aimé les soirées sous les cabanes avant celle-ci. »

Je lui fais un piètre sourire, gêné.

Je viens à peine de me ressaisir, et de justesse qui plus est, que Dwayne se montre sous ce jour adorable. Je m'attendais à des injures, quelques cris et un regard offensé de jeune vierge, ce qui m'aurait refroidit de façon plus efficace qu'une douche froid. Je comptais en fait sur sa pudeur et ses réactions effarouchées pour calmer cette partie en moi qui ne cessent de hurler à la luxure. Et voilà que monsieur décide de jouer les petits garçons adorables, les joues rouges, l'air intimidé par ses propres confessions. J'aurais voulu me noyer dans mon verre, mais ce serait surement mal interpréter. Si je bois, c'est que j'ai déjà eu une expérience de tente encore plus agréable... Et, c'est faux. Malgré ma frustration et mon désir obligatoirement refoulé, ça dépasse toutes les autres soirées de camping improvisé que j'ai eu dans ma jeunesse. Je passe donc mon verre sur mon front, espérant que le froid qui s'en dégage me calme. Est-ce nécessaire de dire que ça ne fonctionne pas vraiment? Voire, pas du tout? J'ai envie de le frapper pour avoir oser se montrer vulnérable et fragile dans un moment où j'avais vraiment besoin de son côté farouche. Si j'ose me plaindre après tout ce temps à vouloir obtenir ce résultat précis? Oui! OUI! Ce n'est pas le moment! Ç'aurait pu survenir n'importe quand, mais pas là, alors que je suis à deux doigts de lui sauter dessus, de déchirer ses vêt-... arrête d'y penser, arrête d'y penser...

Je me rends alors compte que je le fixe depuis un moment, sans rien dire, le verre collé au front. Dwayne doit se dire que je suis complètement débile ou que j'ai péter un cable. C'est peut-être le cas, en fait. Mais là n'est pas la question. J'inspire, j'expire, les paupières closes. Je répète les mêmes étapes plusieurs fois de suite sans que ça ne change quoi que ce soit au résultat dans mes pantalons. Je me redresse donc sans un mot, sors de la tente et m'enferme dans la salle de bain annexé à notre chambre. (parce que, je décide qu'on a des salles de bain dans les dortoirs. :D ) J'enlève tous mes vêtements, soit mon bas de pyjama et mon caleçon, et me glisse sous la douche. J'ouvre uniquement le robinet à eau froide. Aaah. Ça me replace enfin les idées.

Quelques minutes plus tard, je ressors encore un peu humide de la douche, de nouveau dans mon bas de pyjama et je retourne dans la tente. Je m'assois, tout sourire, comme si de rien n'était et prends mon verre.

« Je n'ai jamais été autant frustré que ce soir! »

C'

est comme un rêve, en dehors de la réalité. Ça ne me ressemble pas d'agir de la sorte. Ce n'est pas moi. Jamais je n'aurais réagis comme ça dans une situation aussi... intime. Ou peut-être que si, finalement ? Je passe discrètement ma langue sur mes lèvres sensibles, m'assurant que Ren ne me voit pas faire. Est-ce vraiment moi ? Je regarde mes mains, identique à l'apparence de celles de la veille. Je suis choqué par mon propre comportement. Ren appuie son verre sur son front et je l'observe à la dérobée. Est-ce qu'il va bien ? Ça ne semble pas être le cas et j'ai envie de m'approcher pour lui demander, puisqu'il s'est éloigné de moi autant que la tente le lui permet. Mais une petite voix dans ma tête me souffle que ce n'est peut-être pas une bonne idée et je reste là sans bougé, choqué. Il me regarde comme si j'étais sa proie et ça commence vraiment à me faire peur. Puis il ferme les yeux et je le vois respirer profondément. Mais qu'est-ce qu'il a ? Et qu'est-ce que j'ai, surtout ?

Il se lève et sort de la tente. Je ne dis et ne fais rien du tout, le regardant juste passer. Quelques minutes plus tard, j'entends la douche couler et les larmes me montent aux yeux. Est-il dégouté de ce qu'il s'est passé ? En fin de compte, j'avais raison depuis le début, ce n'est qu'un jeu pour lui. Il m'a vu, il a toucher ma peau plus que jamais je ne l'avais autorisé à quiconque et maintenant il va se nettoyer pour se débarrassé de tout moi. Puis la colère me gagne et j'ai envie d'entrer dans la salle de bain et de le frapper avec la première chose qui va me tomber sous la main. L'eau arrête de couler et je suis si furieux que j'ai la gorge nouée. Je l'entends revenir, et il entre comme si de rien était, et j'ai envie de lui faire mal comme il me fait mal. Sans regret, je m'apprête à lui balancer les pires insultes qui me viennent à l'esprit, les pires bassesses que mon cerveau est capable de produire et..

« Tu- »

« Je n'ai jamais été autant frustré que ce soir! »

Frustré ? Frustré de quoi ? Frustré dans quel sens ? Frustré sex- Oh putain. Je sens mes yeux s’écarquiller et mes joues s'empourprer violemment. Toute colère est retombé. Frustré. Il est frustré. Bien sûr, mais quel imbécile je suis ! Ce renflement qui m'a tant gêné lors de.. hum. C'est si incroyable, improbable qu'il puisse... ressentir cela pour moi. Ça me choque tellement que la première chose qui me vient à l'esprit c'est... Ohh, je suis ridicule. Pathétique. Je viens tout récemment de me convaincre de croire que ce qu'il dit est vrai, je viens tout juste d'arriver à lui accorder un peu ma confiance et voilà que je m'emporte encore contre moi-même. C'est si irréaliste. Je ris silencieusement, une larme solitaire roulant sur ma joue que je tente de lui cacher. Je suis ridicule. Tellement ridicule que j'en ris moi même. Je mérite des baffes assez forte pour me faire tomber dans les pommes.

« Désolé. »

De quoi ? De tout ce qui me viens à l'esprit et qui se résume à mon pathétisme, entre autre. J'ai complètement oublié le jeu de je n'ai jamais et très franchement, je m'en balance.

J’ai à peine le temps de réaliser qu’il semble en colère que je peux déjà voir sa perplexité qui se transforme en gêne après avoir compris ce que je voulais dire. Je souris à ses joues encore très très rouges, pour faire changement. J’ai le temps de penser que nous sommes diamétralement opposés, lui tout son sang se concentre dans ses joues, et moi, eh bien, ailleurs… Un petit sourire coquin se dessine sur mes lèvres, mais il disparait bien vite quand j’aperçois une larme glisser le long de la joue de Dwayne. Hein? Quoi? Mais pourquoi il pleure? Qu’est-ce que j’ai fait, encore? Et, en plus, il s’excuse. Oh, mais fallait pas me prendre au sérieux. En fait, si, c’est vrai, mais fallait pas le prendre personnel ou comme une attaque. Maintenant bien refroidi de ma douche, je me permets d’approcher de nouveau mon petit poney. Je me dirige à quatre pattes vers lui et le prends dans mes bras sans réfléchir à ce que je fais. Ça me vient un peu naturellement, comme n’importe qui protégerait un enfant en détresse. Je commence à douter de la santé mentale dudit enfant, puisqu’il a une sorte de rire amer qui sort de ses lèvres. Le rire et les larmes ne se prêtent pas bien à toutes les situations, sûrement pas celle-ci. Je caresse ses cheveux turquoise en silence. Je ne sais pas quoi faire d’autre. Je prends son verre qui est tout près et l’éloigne de lui.

« Suffit l’alcool pour ce soir, je crois que ça ne fait de bien, ni à toi ni à moi. On devrait aller se coucher ou… écouter un film sur le portable, emmitouflé dans des couvertures, qu’est-ce que t’en dis? »

Je ne veux pas que cette soirée se finisse, d’autant plus ainsi. Dwayne n’a pas l’air bien et j’ai la vague impression que de prolonger ce moment d’intimité ne fera qu’aggraver les choses. Pessimiste, Ren? De plus en plus. Pourquoi est-ce que chaque soirée doit avoir sa note négative, ce petit détail glauque qui ternit la magie? L’amour sur plus d’une nuit, ça ne me va pas comme un gant, on dirait.

N

on, mais je ressemble à quoi là ? Pleurer comme une fillette, c'est ridicule. Et pour rien, en plus. Enfin pour aucune raison valable. J'essuie rapidement, et discrètement, cette larme unique qui a décider de faire un voyage sur ma joue et tourne la tête vers Ren, qui vient d'attirer mon attention en bougeant. J'écarquille un peu les yeux en le voyant s'approcher de moi pour me prendre dans ses bras. Je m'y blotti sans rechigner. C'est agréable et j'appuie ma tête dans le creux de son cou, mes bras entourant sa taille comme ils peuvent. J'ai réellement l'impression d'être une femme en symptômes pré-menstruels, mais très sincèrement je m'en fous, je suis juste bien là, Ren me caressant les cheveux.

« Suffit l’alcool pour ce soir, je crois que ça ne fait de bien, ni à toi ni à moi. On devrait aller se coucher ou… écouter un film sur le portable, emmitouflé dans des couvertures, qu’est-ce que t’en dis? »

Il déplace les verres et je lève la tête pour le regarder. Si on va se coucher, est-ce que ça sera ensemble ou chacun dans notre lit ? Parce que je n'ai pas spécialement envie de quitter ses bras - en réalisant cela, je me choque de nouveau moi même. Au pire, j'ai qu'à dire que je veux écouter un film et je m'endormirai dessus ! Comme ça on dormira ensemble sans que ça ne soit évident que je le voulais. Mouaha, je suis diaboliquement intelligent. La témérité grandissante en moi me fait aller lui donner un baiser papillon sur la mâchoire et cette fois j'essaie de ne pas rester surpris devant mon propre comportement face à Ren.

« Je disjoncte encore, comme d'hab, n'en fait pas de cas pour mes sautes d'humeur ridicules. Un film ? »

Et j'hésite un peu, légèrement honteux, puis je glisse mon nez dans son cou pour aller m'y blottir et respirer son parfum que j'aime tant. On devrait me rebaptiser avec un nom de fille, je pense même qu'il est en train de me pousser un vagin.. ah, non, c'est bon, tout est encore à sa place. Ah, dérision. Que ferais-je sans toi pour alléger mon comportement étrange et imprévisible. Suis-je vraiment amoureux, pour que ça me change autant ? Il faudrait vraiment que j'arrive à faire un tri dans tout ce que je ressens et que je clarifie mes émotions...

Comme il s’est calmé, je décide de ne pas commenter sur ses sautes d’humeur, ni sur ses soudaines marques d’affection si clairement déclarées à mon égard. Il y a comme quelque chose qui s’opère en moi. Quelque chose qui sent le bonheur et la volupté, un mélange des deux. C’est un parfum auquel je ne suis pas accoutumé, mais que j’adore déjà. Je laisse Dwayne se lover contre moi alors que je parcours rapidement la liste des films que j’ai sur mon ordinateur. Ren, tu sais comment télécharger illégalement des films? Si, un copain m’a appris et maintenant j’écoute ce que je veux, quand je veux. C’est pratique! Je vais dans la liste des comédies, mais je n’arrive pas à choisir. J’en choisis un au hasard et je m’installe avec petit poney. J’ai réussi à garder de côté deux oreillers et deux coussins pour que l’on puisse être installé confortablement. Une couverture relativement épaisse et chaude nous couvrait. C’était la première fois que Dwayne me laissait être si près de lui pendant autant de temps. Enfin, après la nuit improvisée lors de notre première rencontre. Quand j’y pense, ça ne fait pas si longtemps et pourtant ça me parait à des années-lumière. Je profite de sa docilité présente pour lui masser le dos d’une main pendant qu’on écoute le film. Une heure et demie passe ainsi dans ce moment de pure intimité. Je suis aux anges. Je me penche vers Dwayne et réalise qu’il dort. Il est mignon comme ça, les traits détendus, le souffle lent et régulier. J’ai envie de l’embrasser, mais j’ai peur qu’il se réveille et qu’il demande à aller dormir seul dans son lit. L’opportuniste en moi prend le portable et l’éloigne, avant de se coller plus étroitement contre mon compagnon de tente. Je le suis bientôt dans les bras de Morphée.

Q

uelle heure il est ? Il fait encore sombre, derrière mes paupières, il doit faire encore nuit... mais les sensations que j'ai me donne l'impression d'avoir dormit assez longtemps. Oh et puis zut, je vais me rendormir. J'essaie de m'installer confortablement, mais je sens quelque chose autour de moi qui m'empêche de bouger, ainsi que quelque chose de chaud plaqué contre mon corps. Qu'est-ce que c'est, une bouillotte possessive géante ? J'y suis presque. J'ouvre les yeux pour voir le visage de Ren à quelques centimètre du miens et c'est à peine si je ne louche pas pour le regarder. Éclair de lucidité ; je me suis endormi, comme je l'avais prévu, en écoutant le film d'hier. Et comme je m'en doutais, cet opportuniste en a profité. Je souris, frottant ma joue contre sa peau. Je baille à m'en décrocher la mâchoire et poireaute encore quelques minutes, profitant de cet état de plénitude après un sommeil agréable. Puis je tente de me lever pour aller aux toilettes, ainsi que pour voir l'heure, mais l'étreinte possessive de ses bras autour de moi m'empêche de quitter le cocon de chaleur que nous formons. Je soupire tragiquement. Et voilà, je suis dédié à une mort certaine à cause d'une vessie qui explose.

« Reeeeeeeeeeeennnn, j'ai envie de pisser bordel lâche moi ! »

Et je le secoue du mieux que je peux en continuant de l'appeler. Il a vraiment une poigne de fer ! Je retiens un rire, mais un sourire bienheureux est quand même plaqué sur mes lèvres. J'ai bien dormi, Ren me servant d'oreiller et de bouillotte, je commence à m'habituer à ce nouveau moi, ce nouveau lui et moi, ce possible nous. Pour la première fois depuis bien longtemps, le fait que je sois collé contre lui comme jamais je ne me suis blotti contre quelqu'un d'aussi loin que je ne me souvienne, eh bien, bien que ça me gêne encore, ça ne me dérage plus, c'est même vraiment agréable, même si certaines choses me rende mal à l'aise... Bref, je suis juste bien, pour une fois et.. c'est vraiment génial. Différent, étrange.. mais génial. Et j'ai surtout l'air très con à sourire comme un imbécile heureux dans le vide.

Reeeeeeeeeeeennnn. J’émerge tranquillement, mais sûrement, du monde des rêves. J’ai encore le souvenir d’un Dwayne enfoui dans une montagne de chocolat. Pendant un moment, le fantôme olfactif d’un samedi matin avec des crêpes vient me chatouiller les narines. Mes paupières papillotent par réflexe, mais il n’y a pas beaucoup de lumière qui traverse tous les matelas, oreillers et draps qui constituent la tente que j’ai bâtie hier soir. Ah oui, la tente! La soirée sauvée de justesse. J’ouvre difficilement les yeux et je souris à la petite bouille adorable qui se trouve à quelques centimètres de mon visage. Je l’entends se plaindre, parce qu’il a envie d’aller aux toilettes et que mes bras entourant sa taille l’en empêche. Plutôt que de relâcher ma prise, je le serre encore plus contre moi. Approbation ou pas, je me penche vers Dwayne et l’embrasse doucement. J’enfouis ma tête dans son cou et mordille son oreille découverte. Encore engourdi par le sommeil, je lui susurre à l’oreille.

« Bon matin, petit poney. »

J’en profite pour appuyer un peu plus mon corps, le surplombant et le clouant au sol de mon poids. Je suis par-dessus lui, je l’embrasse encore. Je profite de cette diversion pour courir vers les toilettes avant qu’il ne puisse y aller. Connard, moi? Pour toujours. J’entre dans la salle de bain et soulage ma vessie. Je m’observe un moment dans le miroir et je trouve que j’ai quelque chose de changer, de nouveau. Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus, et puis, ça me saute au visage, d’un coup, comme une claque en pleine gueule. J’ai l’air heureux. Il y a comme une lumière qui irradie sous ma peau. Mon sourire est légèrement niais et éperdu comme tous ceux qui tombent amoureux pour la première fois. Mais est-ce que je suis vraiment en amour avec Dwayne? Est-ce que ce n’est pas seulement un défi à accomplir? J’ai l’impression que je n’aurai pas le choix d’entrer dans une relation sérieuse pour en avoir le cœur net. Et, je n’ose même pas penser à tout le mal que je lui ferai si jamais ce n’est pas le cas. J’ouvre les robinets et me jette de l’eau au visage pour effacer ses sombres pensées et retourne dans la chambre. J’entre de nouveau dans la tente et tout sourire, je déclare :

« Tu peux y aller, maintenant! »

J

e le sens finalement émerger et, loin d'obéir à ma requête, il me serre plus fort contre lui et m'embrasse comme si de rien était. Je soupire par les narines, répondant cependant à son baiser jusqu'à ce qu'il se glisse vers mon oreille pour me murmurer un bon matin, suivi de cet abominable surnom qui, contre toute attente, commence à me charmer. Rougissant, le coeur déjà en train de faire des galipettes, je songe vaguement qu'il va me rendre cardiaque si ça continue comme ça, puis il interrompt mes pensées en basculant au dessus de moi et m'embrassant de nouveau... pour mieux s'enfuir vers les toilettes avant moi. Oh le.. Oh le... BOULET.

« CONNARD D'HYPOCRITE DE MERDE. »

Que je lui lance, me redressant et m'étirant en baillant à m'en décrocher la mâchoire. J'ai envie de lui foutre une baffe, ce que je fais dès qu'il revient dans la tente, accompagné de ce sourire pédant. Ma claque - pas très enthousiaste finalement - n'émet aucun son quand sa joue entre en contact avec ma main. Cette dernière se fait caressante juste qu'à son oreille que j'agrippe et que je tire pour le pousser de mon chemin, puisqu'il bloque la sortie de la tente. Je lui tire la langue en sortant, puis me dépêche à aller aux toilettes. Je désamorce la bombe qui risque de me tuer d'une minute à l'autre - en gros je pisse -, tire la chasse et vais me brosser les dents en levant les yeux au ciel quand j'aperçois mon visage. Mes joues sont roses et mes yeux brillent comme des feux d'artifices qui auraient foutu le bordel dans ma tignasse. Je passe rapidement mes doigts dedans pour remettre un peu d'ordre et je me fais une grimace devant mon échec.

Avant de retourner dans la tente, je jette un oeil au réveil. Il est environ 10 heures moins le quart et je me plains en rejoignant Ren sous le tas d'oreillers, de couverture, etc.

« On a manqué le début des couuuuuurs, j'ai pas enviiie d'y alleeeeer. »

Je me laisse tomber la tête première dans un oreiller et continue de parler dedans, bien qu'il ne puisse pas comprendre ce que je dis.

Je reçois sur la joue ce qui aurait dû être une claque tonitruante. Je souris bêtement. Je commence à peine à me rendre compte que je suis en train de gagner le cœur de Dwayne. Pendant qu’il est aux toilettes, je m’interroge sur mes motivations pour la énième fois. C’est la première fois que je panique autant à l’idée de tomber amoureux. En fait, on pourrait carrément dire que c’est la première fois que j’entreprends délibérément une relation à long terme. À long terme… c’est encore à voir, puisque Dwayne peut subitement changer d’idée à la fin de ses deux semaines quasi idylliques. Devant la réalité, les gens ont tendance à fuir. C’est effrayant de se lancer dans une relation. Enfin, je ne crois pas qu’effrayant soit le mot juste. Ça tourne plus autour du bizarre, de l’inconnu et du manque de contrôle. J’essaie un moment d’imaginer ma vie sans cette petite tête turquoise et je n’en éprouve qu’une profonde tristesse. Il est entré dans ma vie un peu à l’improviste et je ne veux pas qu’il en sorte hasardeusement. Je crois… je crois que je l’aime vraiment, qu’il y a plus qu’un désir charnel dans mes intentions. Encore une fois, je ne pourrai m’en convaincre qu’en laissant aller la relation jusqu’à son point culminant, son apogée.

Dwayne revient dans notre petite tente improvisée et se plaint d’avoir manqué son premier cours de la journée. Il n’a pas envie d’y aller, et très honnêtement, moi non plus. Après avoir passé une si bonne nuit et devant ce réveil prometteur, je n’ai pas envie de gâcher tout ça en allant en cours me morfondre devant un enseignant ennuyeux. Je ne vois plus que la tignasse de mon petit poney, sa tête est enfouie dans son oreiller, grommelant des paroles incompréhensibles. Je profite de son inattention pour me coucher de nouveau contre lui. J’embrasse sa nuque et ses épaules, avant de murmurer à son intention :

« On a qu’à sécher les cours. Qu’est-ce que tu aurais envie de faire aujourd’hui? C’est à ton tour de me proposer une sortie. »